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Cahier de nuit


Thierry73

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"Quelle est la fonction d'un esprit holistique ? Par esprit, nous entendons toutes les réactions des sens, les émotions -qui sont totalement différentes de l'amour- ainsi que la capacité intellectuelle. Actuellement, nous donnons une importance fantastique à l'intellect. Par intellect, nous entendons la capacité de raisonner logiquement, sainement ou non, objectivement ou subjectivement. C'est l'intellect, avec son mouvement de pensée, qui conduit à la fragmentation de notre condition humaine. C'est l'intellect qui a divisé le monde du point de vue linguistique, national, religieux, qui a séparé l'homme de l'homme. L'intellect est le facteur central de la dégénérescence de l'homme partout dans le monde, car l'intellect ne forme qu'une partie de la condition et de la capacité humaines. Quand cette partie est exaltée, louée et tenue en honneur, quand elle prend une importance primordiale, alors la vie qui est relation, action, conduite, devient contradictoire et hypocrite. L'anxiété et la culpabilité apparaissent. L'intellect a sa place dans la science, par exemple mais l'homme a utilisé le savoir scientifique non seulement à son profit mais pour créer des instruments de destruction.

L'intellect peut percevoir ses propres activités qui conduisent à la dégénérescence mais il est absolument incapable de mettre fin à son propre déclin parce qu'essentiellement, il n'est qu'une partie d'un tout"

"L'avenir de tout être humain, des jeunes comme des vieux, semble sombre et effrayant. La société elle-même est devenue dangereuse et totalement immorale. Quand un jeune affronte le monde, il est inquiet et plutôt effrayé par ce qui va lui arriver au cours de sa vie. Ses parents l'envoient à l'école puis, s'ils ont les moyens, à l'université et ils veulent qu'il trouve un travail, qu'il se marie, qu'il ait des enfants. Quelques années après leur naissance, les parents consacrent peu de temps à leurs enfants. Ils sont préoccupés par leurs propres problèmes et les enfants sont à la merci de leurs éducateurs qui eux-mêmes ont besoin d'éducation. Ces derniers ont peut-être un excellent niveau d'études et ils veulent que leurs élèves acquièrent les meilleurs diplômes, que l'école ait la meilleure réputation. Cependant, les éducateurs ont leurs propres problèmes et à l'exception de quelques pays, leurs salaires sont plutôt bas et socialement, ils ne sont pas tenus en haute estime. Donc, ceux qui vont être éduqués connaissent des moments plutôt difficiles avec leurs parents, leurs éducateurs et leurs compagnons d'études. Ils sont déjà dans ce flot de lutte, d'angoisse, de peur et de compétition. C'est le monde qu'ils ont à affronter : un monde surpeuplé, sous-alimenté, un monde en guerre, un terrorisme grandissant, des gouvernements incompétents, la corruption et la menace de la pauvreté. Cette menace est moins évidente dans les sociétés d'abondance.

Voilà le monde que les jeunes doivent affronter et naturellement, ils ont vraiment peur. Ils pensent qu'ils doivent être libres, dégagés de toutes activités routinières, qu'ils ne doivent pas se laisser dominer par leurs aînés et ils refusent l'autorité. Pour eux, la liberté, c'est de choisir ce qu'ils veulent faire mais ils sont confus, incertains et ils aimeraient malgré tout qu'on leur montre ce qu'ils doivent faire.

Ainsi, l'étudiant est pris entre le désir de liberté et les exigences de la société qui le presse de se conformer à ses besoins à elle.

Voilà le monde qu'ils ont à affronter et auquel ils doivent s'intégrer au cours de leur éducation.

C'est un monde effrayant."

Krishnamurti.

Je rappelle que ce texte a été écrit en 1982...

Non seulement, rien n'a été fait pour améliorer la situation mais il est même évident que tout s'est aggravé.

Les "sociétés d'abondance" ne sont plus à l'abri de leur "croissance". L'économie ne peut plus valider la pression éducative parce que les perspectives d'avenir ne sont plus portées par cette fameuse évolution sociale. Le conditionnement de l'individu dans ce contexte prend désormais son vrai visage. Etant donné que les valeurs matérialistes ont perdu de leur aura, il ne reste rien. Et la perdition générale apparaît au grand jour.

La solution ne viendra pas des structures politiques étant donné que celles-ci tentent par tous les moyens de sauver l'ancien système. Le moi encapsulé. Le système économique impose un système éducatif, un système de pensées, un système familial, professionnel, un engagement complet de l'individu dans une voie de croissance économique. Mais pas de croissance spirituelle. Et le mot "spirituel" continue à être perçu comme une dérive sectaire ou religieuse. La plupart des gens n'y voient que des connotations "New Age" ou de gourous infatués. La spiritualité a une intention : la liberté de conscience. Pas la religion...La philosophie, quant à elle, n'est pas une valeur marchande et la lucidité qu'elle préconise ne doit pas être mise en valeur. Sa pratique, cognitive, dans une classe de terminale ne met pas en péril le conditionnement. Il est déjà en place. C'est pour cela que la philosophie est enseignée aussi tard et dans des registres très limités.

La crise n'est pas encore autre chose qu'une crise économique et sociale. Elle ne prendra sa vraie mesure qu'avec la prise de conscience de l'état intérieur des individus. Pour l'instant, les politiques, les économistes, les financiers, s'évertuent à placer des pansements sur les blessures. Les dégâts collatéraux d'ordre existentiel ne sont perçus qu'à travers la détresse sociale. Il n'est pas question de nier la gravité des faits. Il y a des millions d'exclus. Et quelques milliers de privilégiés qui vont œuvrer au maintien de leurs privilèges. Tout ça n'est toujours qu'un état des lieux superficiel. Dans le sens de l'observation intérieure. C'est le changement de paradigme qu'il faut envisager. Il viendra de chaque individu et sûrement pas d'une structure étatique. Aucun état ne voudrait d'une Révolution spirituelle. Les candidats à la Présidence ne parlent que de changements matérialistes. Aussi importants soient-ils au regard de ces millions d'exclus, ces changements ne représentent qu'une tentative de maintien du paradigme. Pour la raison évidente que ce maintien permet le maintien des privilèges.

Pour ce qui est de l'éducation nationale, il est évident qu'elle ne proposera jamais ce changement. Elle est au service de l'Etat et les "éducateurs" sont eux-mêmes les serviteurs. La pyramide est en place. Système féodal. Lorsque j'ai écrit au ministre, il y a de ça, une vingtaine d'années, j'ai été convoqué par l'inspecteur d'académie et "cassé". Blocage de salaire pendant sept ans. Il leur suffisait de ne pas venir m'inspecter. Je n'ai pas changé de point de vue pour autant. Et je sais même avec le recul combien j'avais raison. Je n'avais juste pas perçu totalement l'ampleur de la manipulation.

Il y a une chose qui m'interpelle dans le texte de Krishnamurti. À mon sens, ça n'est pas "le monde qui est effrayant." C'est l'état intérieur des individus qui le constituent. Un groupe n'existe pas pour lui-même. Il n'est que l'assemblage des individualités. Il conviendrait donc de dire plutôt que "les individus sont effrayants" et que l'assemblage de ces individualités forme un monde effrayant.

Plus effrayant encore est de considérer le fait que ces individus, une fois unifiés, n'existent plus individuellement. Là, on entre dans l'horreur.

Et lorsqu'un groupe existant dès lors par lui-même s'écroule, non seulement les individus perdent leurs repères, mais ils ne peuvent plus exister individuellement. C'est la que la "crise" prend toute son ampleur.

Oui, mais il y a les élections présidentielles qui viennent à point nommé pour rassembler et magnifier de nouveau les identifications. Et on repart pour un tour...Un petit tour...Tout petit...

"Nous avons voulu mettre de l'ordre dans notre société par une action politique et ainsi nous sommes devenus dépendants des politiciens. Pourquoi les hommes politiques ont-ils pris une telle importance, de même que les gouvernements et les dirigeants religieux ? Est-ce parce que nous dépendons toujours d'agents extérieurs pour mettre de l'ordre dans notre maison, est-ce parce que nous dépendons de forces extérieures pour contrôler et façonner notre vie ? Les autorités extérieures comme les gouvernements, les parents, les leaders de toutes sortes semblent nous rassurer sur l'avenir. Cela fait partie de notre tradition de dépendance et de soumission. C'est cette tradition accumulée depuis très longtemps qui conditionne notre cerveau. L'éducation a admis ces coutumes et c'est ainsi que le cerveau est devenue mécanique et répétitif."

Krishnamurti.

Plus cette société est complexe dans ses réseaux, plus la dépendance se renforce. Pour une raison très simple : chaque individu est encore plus égaré. Il lui est impossible de se servir des réseaux pour trouver en lui une éducation individuelle. C'est comme être perdu dans une forêt. Plus le sentiment d'être perdu est grand, plus la perdition se renforce. La peur annihile toute réflexion, la panique conduit l'individu, l'orientation devient anarchique, l'individu erre au hasard de ses intuitions et ses intuitions sont totalement fausses parce qu'il n'est pas en lui, dans une plénitude d'esprit mais dans un chaos intellectuel, sensitif, émotionnel.

Au regard de la société, le fonctionnement est identique et les individus se tournent vers des "leaders" pour qu'un chemin soit proposé. Alors que ce sont justement ces "leaders", tout aussi égarés intérieurement, qui ont déclenché le chaos.

Dans une classe, les jeunes enfants apprennent déjà à se soumettre à l'autorité de "leaders" alors que ce sont ces leaders qui les ont placés dans une situation chaotique. Le fait que les apprentissages soient imposés, sans aucune nécessité réelle, mais en fonction de "programmation ministérielle", génère une inquiétude. Cette inquiétude instaure un phénomène de dépendance étant donné que les enfants doivent se soumettre à la parole du maître pour s'extraire de ce chaos. Leurs aptitudes ne sont reconnues que dans ce cadre limité des apprentissages.

Vingt ans d'éducation à la soumission. Le conditionnement est en place. Les enseignants se retirent, les politiciens les remplacent, les marchands s’enrichissent, les financiers se réjouissent.

Le Mal est ancré…

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VISUALISATION

Septembre. Une semaine de classe...

Des mathématiques, du vocabulaire, de la grammaire, de l'orthographe, de la géographie, des sciences mais surtout, surtout, beaucoup d'explications orales.

Les séances de natation, comme tous les ans, ont été un excellent point de départ.

Visualisation, observation interne, conscience de soi, connaissance des phénomènes intérieurs, parvenir à s'extraire des actes pour devenir l'observateur...

Un exemple : Un enfant n'arrive pas en crawl à garder les deux jambes dans l'axe, son genou gauche part en diagonale, comme s'il faisait une demi-brasse. Je peux toujours répéter inlassablement la même consigne, ça sera inutile si l'enfant ne parvient pas lui-même à "observer" ce qu'il fait. Il doit parvenir à ressentir cette jambe.

"Tu n'es pas un nageur, tu es un corps qui tente de réaliser un geste technique destiné à te faire nager. Mais si tu restes juste enfermé dans ce corps, tu ne peux pas voir ce qu'il fait, tu te contentes de reproduire des gestes que tu ne "vois" pas et donc, tu ne peux pas les corriger. Tu ne dois donc pas rester à l'état de nageur mais devenir celui qui observe ce nageur. Tu dois prendre conscience de tes actes afin de ne pas être simplement un corps qui agit mais devenir pleinement celui qui œuvre à la maîtrise parfaite de ces gestes de nageur. Le fait de nager n'est pas une fin en soi, ça n'est pas un objectif, ce qui importe, c'est que tu apprennes à observer ce que tu fais. À partir de là, tu ne seras pas qu'un nageur mais le maître du nageur, le maître de ton corps. Je sais bien que tu ne peux pas voir réellement tes jambes derrière toi quand tu nages mais tu peux les voir par l'intérieur. Apprends à te concentrer sur cet endroit précis, défais-toi de tout le reste."

Séance de mathématiques, calcul mental : 123+13

L'enfant n'arrive pas à visualiser l'opération et il répète plusieurs fois la même erreur, mauvais alignement des colonnes, les autres enfants qui lèvent le doigt, mon regard posé sur lui dans l'attente de la réponse, l'incapacité à se libérer de toutes ces pressions. Je maintiens cette attente et montre volontairement un certain agacement...Nouvelle erreur de sa part. Là, je stoppe le calvaire.

"Pourquoi est-ce que tu ne parviens pas à trouver la réponse ?

-Je mélange tout.

-Non, ça c'est une conséquence mais ça n'est pas la raison première. Ce qui se passe, c'est que tu as beaucoup trop d'émotions en toi pour que ton cerveau parvienne à réfléchir : tu as peur de ne pas trouver, tu vois les autres qui lèvent la main, tu vois mon regard impatient et du coup, dans ta tête, c'est le chaos. Imagine une éponge que tu aurais trempée dans l'eau et ensuite tu la poserais sur une flaque, elle ne pourrait rien absorber puisqu'elle est déjà gorgée d'eau. Dans ta tête, c'est pareil. Toutes les émotions prennent une place immense, ton cerveau n'est pas libre. Et plus tu as du mal, plus ça prend du temps, plus tu te remplis de peurs. Il est absolument indispensable que tu parviennes à garder la paix en toi, le silence, le calme et que tu observes ce qui se passe. Ton objectif, c'est le résultat de ce calcul, le reste tu dois apprendre à t'en défaire, ne pas laisser ton cerveau être envahi.

On est comme à la piscine, vous devez observer tout ce qui se passe en vous et établir un contrôle, rejeter ce qui n'est d'aucune utilité, vous alléger pour pouvoir absorber ce qui va vous permettre de progresser, vous devez donc apprendre à vous observer intérieurement. C'est ça qui est important. Je m'en fiche du résultat de cette opération. Je sais très bien que tu es capable de le trouver si je ne t'interroge pas devant la classe, que je ne te regarde pas fixement, que je ne laisse pas les autres vouloir répondre à ta place. Tu sais faire ce calcul mentalement mais tu ne sais pas ce qui se passe en toi. C'est ce travail mental qui est important. Le calcul n'est pas une fin en soi, ça n'est pas un objectif suffisant, ce qui compte, c'est ce que tu vas apprendre de toi grâce à l'observation que tu auras de tout ce qui se passe en toi.

À la piscine, quand j'ai dit que vous deviez apprendre à plonger, certains savaient déjà le faire et d'autres ont eu peur immédiatement. Aujourd'hui, vous savez tous le faire. Je ne vous ai pas poussés à l'eau, vous m'avez écouté, vous avez essayé, vous avez raté, vous avez écouté, vous avez recommencé, vous avez raté, vous avez encore écouté, vous avez recommencé, vous avez réussi...Le plongeon en lui-même n'est pas le plus important, comme le calcul. Ce qui importe, c'est tout ce qui s'est passé en vous pendant tout ce chemin, du premier plongeon raté à celui que vous avez réussi. Rappelez-vous Socrate : "La chute n'est pas un échec, l'échec est de rester là où on est tombé. "

C'est vrai à la piscine, en mathématiques, en vocabulaire, en ski, en amour, en amitié, dans tout ce que vous allez rencontrer dans votre vie. Vous ne devrez pas vous contenter d'exécuter des actes. Vous devrez vous observer pendant ces actes. C'est là qu'est la vraie compréhension de soi. Le reste, c'est juste de la connaissance. Il faut visualiser intérieurement votre vie et ne pas vous contenter d'être vécue par les événements extérieurs. Quand vous aurez appris à être en vous, vous pourrez tout apprendre.

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RETOUR DE FLAMME

Agressions sur les professeurs

On ne les compte plus depuis le début de l’année, mais qu’en est-il envers les élèves ?…

Hier, un ancien élève vient me voir en classe. Il est dégoûté, désespéré, déprimé, au fond du trou. Un petit gars, dans une situation familiale très difficile, aucun soutien, non pas parce que les parents ne le souhaitent pas mais parce qu’ils ne peuvent pas, en survie constante, une maladie lourde pour le père, une maman qui gère comme elle peut. Et bien, ce petit gars a reçu cette appréciation sur un devoir d’Anglais : « Qu’est-ce que tu fais au collège, tu viens te chauffer près du radiateur ? »

Au CM2, il a bossé comme un mort de faim, il a progressé toute l’année, il était fier de lui, il avait retrouvé une estime, une envie d’apprendre, ses faiblesses n’étaient plus une condamnation mais une opportunité de se battre, de devenir meilleur. Et là, en un mois de classe, l’image qu’il a de lui, c’est celle d’un « nul ».

Tous les jours, en France, des enfants sont spirituellement « poignardés » par des professeurs qui n’ont aucune conscience du mal qu’ils font, qui sont incapables de comprendre, de ressentir, de partager, d’avoir la moindre compassion, d’éprouver le moindre amour.

Et les médias vont hurler quand ils seront poignardés.

Qui se pose la question de ce que vivent les enfants ?

Je dirai que le prof est responsable de ce que les élèves lui font vivre. Non pas qu'il est responsable de la situation extérieure à sa classe, de toutes les difficultés inhérentes à la société, chômage, misère sociale, angoisses générées par les images de ce monde, contre tout cela il ne peut rien mais il se doit d'être le "Maître" du sanctuaire que doit être l'école. Les enfants qui y viennent n'ont pas à y souffrir et cela n'enlève en rien leur devoir de travail. L'immense différence au regard du monde extérieur, c'est qu'à l'école ils sont en droit d'attendre un regard accueillant, attentif, respectueux, une attitude nourrie par la patience, l'écoute, l'échange surtout, l'échange...Combien sont-ils ces professeurs qui connaissent réellement leurs élèves? S'ils ne voient face à eux que des élèves, comment pourraient-ils espérer établir une relation respectueuse puisqu'ils nient dès le départ, l'individu lui-même ? C'est à l'adulte enseignant de faire le premier pas. Pas l'inverse. Les enfants et même les adolescents ne savent pas encore observer leurs propres fonctionnements. Ils agissent à l'instinct et leur instinct les conduit à une position défensive si l'adulte, face à eux, se contentent de monter au front... Je n'ai pas respecté mes professeurs "à priori" mais parce que je sentais profondément qu'ils nous respectaient. L'attitude inverse est tout autant vraie. Mais il est bien plus facile d'instaurer un rapport de forces, c'est à la portée de n'importe qui. La formation des enseignants est similaire à celle des gradés de l'armée. "Nous ne vous demandons pas d'en faire des hommes mais des techniciens. Montrez leur que vous possédez le savoir dont ils ont besoin pour trouver leur place. Qu'ils vous soient soumis. Mettez en place un conditionnement favorable à l'obéissance. Ils n'ont pas à comprendre ce qu'ils font, ils doivent juste appliquer vos directives."

À l'inverse, on peut apprendre aux enfants à observer ce qu'ils vivent. Un exemple : j'ai expliqué cette semaine que lorsque j'avais décidé au tennis de passer du revers à une main au revers à deux mains, j'avais réalisé que l'ensemble de mon jeu s'était détraqué. Tout à fait normal. On apprend par paliers et il faut accepter que les acquis précédents soient atteints lorsqu'un autre apprentissage se met en place. Il faut apprendre la patience et l'attention, apprendre à rester positif et appliqué, refréner la colère ou le dépit, ne pas considérer que l'objectif est plus important que l'acte présent etc etc...
Pourquoi les enseignants ne parviennent pas, pour beaucoup d'entre eux, à établir ces échanges existentiels, puisqu'il s'agit bien de ça ? Parce que la formation initiale ne les a pas amenés à cette voie ? Et pourquoi ne réalisent-ils pas que c'est le nœud du problème, pourquoi ne s'y engagent-ils pas d'eux-mêmes? Pourquoi attendent-ils des solutions techniques à un problème qui ne relève pas de la technique? On nous dit maintenant que tout ira mieux parce qu'on va travailler le mercredi matin, que le calendrier va changer, qu'on va revoir les programmes et patati et patata...Trente ans que je vois les mêmes plantages. On marche à l'envers et NOUS sommes responsables. Pas les enfants. Et qu'on ne vienne pas me dire que ce que je prône ne fonctionne que dans des classes "tranquilles". J'ai été éducateur sportif pour délinquants adolescents caractériels et j'ai enseigné en SEGPA. Et puis d'ailleurs, les classes "tranquilles", ça fait un moment que ça n'existe plus. Où que ça soit. Alors, on fait quoi ?

Pour ce qui est des bulletins trimestriels, je n'en fais pas. J'écris quatre lettres dans l'année à chaque enfant. Des lettres dans lesquelles je leur parle d'eux, de leurs progrès, de leur attitude, de mes attentes, de tout ce que je ressens à travers ces instants de vie commune. Aucun jugement. Un partage. Des droits et des devoirs mais surtout, surtout en ne mélangeant jamais que ce que l'enfant fait n'est pas ce qu'il est. Le contenant avant le contenu. Toujours.

Les médias ne parlent que de certains cas d'agressions, qu'il s'agisse de professeurs ou d'élèves. On connaît la vue extrêmement étroite des médias et leur parti pris pour leur audimat. La réalité du terrain est toute autre. Je pourrais vous parler pendant bien longtemps de tous les cas que je connais personnellement d'enfants humiliés, d'enfants qui quittent le système scolaire, non pas parce qu'ils n'ont pas les capacités à apprendre mais parce qu'ils sont au bout, psychologiquement. Non, je ne fais pas d'amalgame avec les professeurs agressés pour avoir abordé des sujets sensibles au regard de certains élèves. Le sujet est éminemment complexe. De la même façon, je connais aussi des professeurs qui œuvrent au bien être de leurs élèves à travers les apprentissages. Ils sont nombreux eux aussi. Mais je connais aussi leurs difficultés au regard de la hiérarchie, de "l'équipe pédagogique", des proviseurs, du ministère. Quand un professeur se voit reprocher une "trop grande complicité" avec ses élèves et la raison de leur rébellion avec des professeurs "autoritaristes", je me dis qu'il y a vraiment quelque chose de pourri dans ce royaume. Rudolf Steiner disait qu'il ne sert à rien de lutter contre la vieille école, il faut juste attendre qu'elle meure. Mais combien d'enfants "morts" compterons-nous avec elle ? Suffit-il de se dire qu'il en a toujours été ainsi et que l'école ne peut pas tout régler? Non, elle ne le peut pas, c'est évident. Mais, elle n'a pas pour rôle d'accroître les douleurs. Je me souviens très bien de ma scolarité. J'ai rencontré des hommes et des femmes remarquables. Peu, mais ils m'ont considérablement marqué. Je suis devenu enseignant en me nourrissant de leur exemple. Je me souviens aussi très bien de ceux et celles qui m'ont cassé. Jusqu'à en tomber malade. J'ai cinquante ans aujourd'hui et je ne supporte plus l'idée que rien n'a changé. Claude Allègre parlait de "mammouth". Je préfère le terme de "fossile". On ne change pas un fossile. On le brise, on le réduit en poussière ou on le met derrière la vitrine d’un musée.

Aucun professeur ne sera jamais parfait pour la simple raison que nous sommes dans une dimension humaine. En technologie, on peut parfois parler de perfection. Dans une classe, on peut viser la perfection en sachant qu’elle restera inaccessible. Elle consistera uniquement à refuser catégoriquement les stéréotypes, les amalgames, les « méthodes », les jugements péremptoires, l’idée que plus aucune évolution n’est envisageable, elle consistera à écouter, à ressentir, à être patient, attentif, accueillant. Elle consistera aussi à être rigoureux, intransigeant quand il faut l’être mais en étant capable de justifier chaque décision, non pas au regard d’un règlement intérieur mais au regard de l’humanité.
Dans une classe, chaque enfant est une individualité mais il évolue au cœur d’un système familial, sociétal, il a une histoire personnelle et elles sont de plus en plus complexes…Il ne s’agit pas pour tous les acteurs qui se croisent de "soutenir" l’un ou l’autre, de s’opposer, de soumettre, de convertir mais d’œuvrer conjointement, en bonne intelligence, à l’éveil de l’enfant. Bien évidemment que c’est difficile mais rien n’est possible en se figeant dans une citadelle. L'échec, sinon, est déjà programmé. Nous n’accueillons pas des élèves, nous accueillons des enfants. Ils rentrent dans les enceintes scolaires avec leur histoire et il est aberrant d’espérer les voir entrer, « nus » et disponibles. Soit, l’ensemble de l’individu est pris en considération, soit on se heurtera à un élève, c’est inévitable. Bien évidemment qu’il faut laisser du temps aux enseignants pour valider une telle démarche. Encore faut-il qu’ils l’acceptent. Je connais une professeur qui s’est vue reprocher par « l’équipe pédagogique » d’un collège sa trop grande complicité avec les élèves, c’était de sa faute si les élèves ensuite se rebellaient dans les autres cours. La hiérarchie n’aime pas les singularités pédagogiques, elle n’aime pas que les enfants soient considérés, qu’ils ne soient pas que des élèves.

« C’est le terreau du désordre, » lui a-t-on dit.

Non, c’est le ferment de l’humanité.

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LA PERFECTION

La perfection caractérise un être ou un objet idéal c'est-à-dire qui réunit toutes les qualités et n'a pas de défaut.

La perfection désigne aussi l'état d'accomplissement moral et spirituel auquel l'être humain serait destiné : un état de liberté totale et de félicité absolue auquel l'homme ne pourrait accéder que par un travail constant sur sa pensée, ses paroles et ses comportements.

wikipédia

Je me méfie grandement de cette idée de perfection...Elle me semble contenir davantage de dangers potentiels que de plénitude. Sur quelles données se construit cette perfection ? Tout le problème est là. S'il ne s'agit que d'une comparaison entre les individus et l'établissement d'une hiérarchie, cette exigence contribue à l'élaboration d'un contingent de douleurs. Pour ceux ou celles qui ne parviennent pas à se maintenir à flot au regard des plus performants et pour les plus performants à la peur de ne pas pouvoir préserver ce statut de "leader". On entre là dans le phénomène de la compétition. Et il n'y a rien de positif dans ce fonctionnement dès lors qu'il s'agit uniquement d'être le numéro 1.

Le sport se nourrit de cette exigence. Certains individus parviennent malgré tout à préserver une certaine distance, une capacité à relativiser ce statut. Roger Fédérer en est l'exemple le plus honorable. Les footballeurs en sont bien souvent les pires représentants... La puissance médiatique est un piège redoutable qui pose l'individu sur un piédestal illusoire. Être "détrôné" représente une douleur incommensurable. Mais c'est une douleur dont l'individu est responsable étant donné qu'il a accepté la perversité du système.

Qu'en est-il de nos élèves ? Si nous présentons la perfection comme un but à atteindre, nous créons une pression ingérable. D'autant plus ingérable qu'elle est construite sur des critères de comparaison. Les évaluations nationales sont les piliers de ce système. Il n'est pas question dans ce cadre étroit de juger de l'évolution de l'élève mais intrinsèquement de positionner l'individu sur une échelle de réussite globale. C'est son positionnement sur cette échelle qui est censée mesurer sa performance. Et c'est une absurdité absolue. Je connais des élèves qui sont "performants" dans ces épreuves et qui sont pourtant des individus partiellement "éteints". Ils ne sont juste que des récitants très doués. Le contenu a pris le pas sur le contenant.

La performance n'a de réelle valeur qu'au regard de la qualité du contenant et de l'observation constante du contenu. Roger Fédérer pourrait être un très grand joueur de tennis et un homme insignifiant. C'est l'équilibre parfait entre la qualité de son jeu et la valeur humaine qui en fait quelqu'un de performant.

La performance est un chemin et non une fin. Elle n'est pas un objectif mais un moyen. Le moyen de contribuer à l'évolution de l'individu et c'est donc une démarche éminemment individuelle. Il ne s'agit pas de le placer sur une échelle comparative mais de l'amener à observer son cheminement. Aucun état de perfection n'est accessible ni même durable s'il n'est que la participation à un étalonnage de la masse. Car le "premier" ne le sera qu'au regard d'un ensemble de critères limitatifs. Le seul classement acceptable est celui que chaque individu établit au regard de sa propre évolution. L'objectif est de contribuer à passer successivement devant soi et non devant les autres. La performance est individuelle et ne se mesure que dans le creuset de son propre cheminement. Celui qui cherchera à apprendre à jouer au tennis à cinquante ans sera le premier en soi. Et demain, il passera devant ce premier puisqu'il comblera ses insuffisances. Il serait vain et absurde qu'il se compare à Roger Fédérer. Sa performance n'existera qu'à travers son propre engagement.

Et c'est là que la notation et toutes les évaluations formatives, les applications de données cognitives ne sont que des ersatz de réussite. Ce n'est pas le contenu qui importe mais le contenant. Ce n'est pas ce que l'homme sait qui importe mais que l'homme qui sait se connaisse. Si l'humanité est en dérive, c'est justement parce que la connaissance cognitive est devenue la référence et que la comparaison est un critère de sélection. Si l'école participe à ce naufrage, elle n'est plus que l'orchestre du Titanic qui continue à jouer quand le vaisseau coule. Est-ce qu'il est acceptable que les musiciens usent de leurs compétences alors qu'il s'agit d'œuvrer à sa propre survie et à la survie des passagers ? Est-ce que l'éducation nationale doit chercher à être performante dans ces critères sélectifs alors qu'elle coule ?...La coque est déjà éventrée, l'eau s'engouffre, il n'est plus temps de changer de cap. Le vaisseau est condamné. Il s'agit maintenant de sauver les passagers.

Dans une classe, il est impossible de ne pas avoir d'attente si on s'en tient à l'idée de l'accession au savoir mais je pense qu'il est inutile et même malsain d'en faire LA priorité. Parce que les enfants le perçoivent et que c'est le meilleur moyen de les brider par la peur que cela génère. Lorsque je leur enseigne les fractions par exemple, j'ai bien une intention, c'est celle de leur permettre de maîtriser une technique, une connaissance. Mais ça, c'est à moi que ça appartient et l'angoisse de ne pas y parvenir, c'est moi qui la fabrique. Et je ne dois pas la leur transmettre sinon je les alourdis de ce que JE porte. Et c'est depuis que je tente de me libérer moi-même de cette pression, sans perdre de vue l'objectif technique, que je perçois, parfois, chez certains enfants, ce plaisir simple, pur, de la connaissance pour elle-même. Non pas pour répondre à mes exigences, non pas pour accéder à un diplôme, à une note, à une évaluation mais juste pour se mesurer, soi, à la difficulté de l'apprentissage. C'est la connaissance qui est le but ultime et toutes les émotions qui viennent se greffer à ce cheminement sont des entraves. Même la fierté est une entrave car elle porte l'idée de l'espoir. Si je travaille dans l'espoir d'être fier de moi, je ne suis pas entrain d'apprendre mais de répondre prioritairement à une notion rapportée, à quelque chose qui émane de mon statut social d'élève. Et c'est une perversion de la connaissance elle-même.
Il ne me paraît pas sain d'attendre ou d'espérer que les élèves se détournent de nos projections, c'est déjà trop tard, le mal est fait. Ils sont entrés dans le champ de nos influences et leur liberté s'en trouve bafouée. Cette liberté d'œuvrer à sa propre évolution, non pas en se confrontant à un adulte ou à un groupe d'élèves mais juste à ce défi personnel de l'observation de soi. Il est préférable par conséquent, à mes yeux, de les absoudre de cette nécessité de se protéger de nos émanations de technocrates...Leur offrir simplement ce bijou de la connaissance, juste pour ce qu'elle est. La pression de la réussite est une émanation pestilentielle.
Apprendre à apprendre est le chemin parfait à mes yeux. Mais il faut désapprendre tout ce qui est venu se greffer sur le chemin, toutes les bornes fossilisées, les ossements du mammouth. Le mammouth de l’Éducation Nationale. Celui-là est mort depuis bien longtemps mais son souvenir perdure dans les récitants qui le vénèrent comme des croyants implorant des reliques.
Il est temps de passer à une autre dimension. Et seule, la démarche existentielle et non intellectuelle pourra apporter ces nourritures indispensables. Ce travail sur les émotions est le chemin de toute une vie...

Développer les émotions positives revient là encore à créer les conditions de la désillusion. C'est tout aussi néfaste que de subir les émotions destructrices. C'est vouloir apporter aux conditions de vie une "interprétation" qui n'a plus rien à voir avec la réalité. Si j'en viens à être déçu par l'évolution d'un enfant, ça n'est pas ce qui est qui me désole, ça n'est pas ce que l'enfant est, mais la désillusion envers ce que j'espérais. Cette attente que j'avais fabriquée est une pression énorme qu'ils perçoivent. Lorsque je dis qu'il n'est pas sain que nos élèves se détournent de nos projections, je veux dire par là que ces projections ne doivent pas être une opportunité d'évolution à travers la confrontation. C'est un combat dont ils n'ont pas besoin. Leur existence est déjà assez rude comme ça. Il est bien plus préférable à mon avis de les accompagner avec bienveillance, de les conseiller si nécessaire mais de ne rien imposer qui ne soit pleinement compris.
L'estime de soi est une valeur efficace lorsqu'elle est issue d'un réel rapport à soi et non à une mise en concurrence avec autrui, que ça soit le Maître ou les autres élèves. Sinon, cette estime de soi est un paravent. Elle n'est pas générée par une lucidité mais par des valeurs rapportées par l'environnement. Et c'est encore une fois le meilleur moyen de se placer dans la situation d'être déçu. L'estime de soi lorsqu'elle est issue d'un rapport de force est une aberration et le ferment de ce système destructeur des individus. L'école ne doit pas entrer dans ce marasme, elle doit protéger les enfants de ce fonctionnement pervers. C'est là sinon que se met en place l'homogénéité qui n'est qu'un conditionnement. Le travail existentiel a justement la force d'opposition, de résistance qui permet aux individus d’œuvrer à leur propre évolution et non de se soumettre à une évolution hiérarchisée. Le conditionnement est à la base de la formation du citoyen, pas de l'être humain. Le citoyen est un pilier de la nation. Et les nations entretiennent le conditionnement. La boucle se referme. Les élus du système travaillent au maintien de leurs privilèges. Uniquement. C'est pour cela que je travaille dans ma classe à établir un rapport d'équilibre. Non pas dans l'abandon de mon statut de maître et une liberté totale de mes élèves mais dans un rapport respectueux, une nourriture spirituelle partagée, un échange de leçons de vie. Ils ont autant à m'apprendre que moi. Puisqu'ils m'obligent à m'observer. Et sachant cela, étant donné que je le leur dis, ils savent que nous sommes des partenaires mais que mon expérience de vie me confère légitimement, et non pas par la force, un avantage sur eux. Je suis "l'Ancien". Un Ancien qui continue à apprendre sur lui-même à travers ce qu'ils me renvoient.

Il est bon pourtant de sentir que l'on réussit. Mais ce bonheur n'est pur et réel que s'il est libéré de toutes les entraves de l'environnement. Je réussis pour moi et pour honorer la connaissance qui se propose à moi. Pas pour les parents, pour mes professeurs, pour avoir un métier, pour être le "meilleur", pour être bien classé, bien payé, pour pouvoir consommer... C'est dans la réalité de ce bonheur qu'il faut observer les émotions et les raisons réelles qui le nourrissent.
"Quand tu les acceptes, les choses sont ce qu'elles sont. Quand tu ne les acceptes pas, les choses sont ce qu'elles sont. " C'est là qu'il faut observer ce que nous voulons être.

Le système scolaire est un mammouth crevé qui pue la charogne parce que ce travail existentiel n'a pas été présenté comme le fondement de toute l'évolution. Il n'est même pour la hiérarchie qu'une perte de temps. Il n'est qu'à voir le regard suspicieux de mes inspecteurs successifs sur les panneaux affichés aux murs de la classe…

"Si tu n'es pas toi-même, qui pourrait l'être à ta place ?" Henri David Thoreau

"Vouloir améliorer l'humanité, c'est à dire l'ensemble des hommes, sans améliorer la qualité de l'homme, est une utopie. Le monde ne deviendra meilleur que si chacun des hommes est meilleur. "Georges Roux.

"Une éducation capable de sauver l'humanité n'est pas une mince affaire. Elle implique le développement spirituel de l'homme et le renforcement de sa valeur personnelle. "Maria Montessori.

« La chute n’est pas un échec. L’échec est de rester là où on est tombé. » Socrate.

« Vous n’êtes point chargés de tuer l’homme dans les petits d’hommes, ni de les transformer en fourmis pour la vie de la fourmilière. Car peu m’importe à moi que l’homme soit plus ou moins comblé. Ce qui m’importe, c’est qu’il soit plus ou moins homme. » Antoine de Saint-Exupéry.

« Je crois qu’on ne peut mieux vivre qu’en cherchant à devenir meilleur, ni plus agréablement qu’en ayant la pleine conscience de son amélioration. » Socrate

« je n’aime pas le travail, nul ne l’aime. Mais j’aime ce qui est dans le travail, l’occasion de se découvrir soi-même, j’entends par là notre propre réalité, ce que nous sommes à nos yeux et non pas en façade. » Joseph Conrad

« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle. » E. Kant

Que quelqu’un ose me dire que tout cela ne me concerne pas...Que ça n'est pas mon travail...

Ah, bon, et alors qu'est-ce donc ? L'accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ? Le périmètre du cercle ?

Oui, bien sûr, ce sont des éléments utiles. Mais ça ne donne pas de la valeur à l'humain. C'est même un système carcéral si cela contribue à classifier, hiérarchiser, cataloguer, orienter, sanctionner...On n'est plus dans l'accession à la connaissance mais dans les dégâts collatéraux associés à cette impossibilité de parvenir à cette connaissance. Juste une connaissance technique.

J’ai vécu une belle scolarité à l’école primaire. Monsieur Leroux, Monsieur Navellou puis Monsieur Quéré. Trois hommes les trois dernières années. Trois hommes que je respectais, que j’aimais. Trois hommes qui étaient bienveillants et rigoureux.

Et puis, je suis entré en 6ème. Un désastre. J'ai redoublé ma 5ème au collège. Mes parents, consternés par cet effondrement, m'ont changé d'établissement. Et j'ai rencontré Monsieur Pichon. Professeur de français. Et d'élève déprimé, dégoûté, massacré, humilié, je suis devenu en un an un élève enthousiaste. Mon potentiel intellectuel était pourtant le même. Personne ne m'avait greffé de neurones supplémentaires. La seule différence, c'est que cet homme aimait ses élèves. Et que j'étais heureux avec lui, jusqu'à en oublier les autres professeurs, ceux qui continuaient à ne voir en moi qu'un rêveur paresseux, un poète boutonneux et asthmatique. J’ai aimé cet homme, comme un père spirituel.

J'étais entré dans le champ d'influences d'un professeur aimant, respectueux, attentif, calme, patient, et c'était l'ouverture de l'antre sombre de mon potentiel intellectuel. En seconde, en première et en terminale, il y a eu un autre professeur de français, Monsieur Ollier. Et puis Madame Sotirakis, professeure de philosophie. Il a suffi de trois professeurs pour que je ne sombre pas.

Je n'oublierai jamais leurs visages, ni même leurs voix. Je les bénis. Je les honore. Je pense à eux souvent et je les remercie. Infiniment.

Rien ne sera jamais plus important que l'amour. Aucune méthode, aucune technique.

Il n'est nul besoin de fabriquer des attentes, des espoirs de perfection ou de performances. Il suffit de rester là, dans l'instant, de ne pas voir en face de soi des élèves mais des enfants. Et de les enlacer dans les circonvolutions de la connaissance. La connaissance pure, sans intention.

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Vouloir combler le vide et l'agrandir

"Pourquoi posséder des objets ? Là est une question existentielle des plus captivantes. De nos jours, nous avons découvert une nouvelle drogue dont on est, sans le savoir, totalement dépendant. Cette drogue se nomme « le plus », mais du coup, la question qui devrait nous venir à l’esprit est de savoir pourquoi ? Pourquoi vouloir toujours plus ? Nous remplissons nos vies à un point inimaginable, entre nos obligations professionnelles, familiales, nos loisirs, nos projets. Rares sont les instants où l’on peut enfin se poser. Et lorsque c’est le cas, on prend un livre, on écoute de la musique, on regarde un film, une série, le dernier gadget que l’on a acheté, toutes ces occupations qui, au final, nous possèdent totalement. Mais quel vide cherche-t-on à tout prix à combler dans cette recherche illimitée de toujours plus quelque chose pour remplir notre existence. Combien de personnes de nos jours souffrent de solitude, d’ennui, de tout ce qui nous met au final face à ce vide que l’on refuse de voir ? Et pourtant, si la solution à notre bien-être se trouvait justement dans ce vide que l’on tente à tout prix de combler ? Et si le vide que l’on ressent était l’éloignement que ce système nous impose face à notre enfant intérieur qui ne demande qu’à s’exprimer, et vivre pleinement ? Ne serait-il pas temps de libérer de l’espace dans notre vie et accorder du temps pour écouter l’enfant qui est en nous et remplir réellement ce vide intérieur qu’on cherche à tout prix à combler ?"

http://r-eveillez-vous.fr/

Une évidence pour moi. Il me suffit de regarder vivre mes élèves, de les écouter parler. C'est là, dans la petite enfance que les mécanismes se mettent en place.

Par imitation.

L'agitation tournée vers le matériel est un mode de vie. La possession est proportionnelle au vide intérieur, à cette incapacité à explorer l'espace spirituel, à s'arrêter totalement, cesser toute agitation et penser. Ou ne plus penser. Et observer ce qui se révèle.

Il m'arrive parfois de me repousser dans mon fauteuil, de caler le dos, de poser mes mains sur les cuisses, de fermer les yeux et de me retirer. Totalement. Il n'y a rien, aucune pensée, aucune émotion, un vide absolu et c'est là, dans ce silence absolu, que les horizons inconnus se dévoilent...

C'est là que les désirs d'agitation s'effacent, irrémédiablement car ils n'ont plus aucune emprise, aucun point d'ancrage, aucun rappel possible. Ils tombent inévitablement dans le néant du Soi. Puisque le Moi se tait.

Vouloir combler le vide par des possessions dépossèdent l'individu. C'est comme une accumulation de déchets qui s'entassent sur le trésor. Mais le plus effrayant est de réaliser que c'est le propriétaire du trésor qui agit ainsi. Personne ne l'oblige. Il pense avoir effectué un choix. Le choix de posséder. Il a travaillé à l'école pour ça. Il a obtenu des diplômes, il a décroché un travail. Maintenant, il va pouvoir commencer à profiter de tous les efforts accomplis...

Non. Maintenant, il va juste continuer à mourir en remplissant les jours de lampions, de cotillons et de mirages.

Je regarde parfois mes élèves dans la classe. Ils travaillent sur leurs cahiers, ils sont appliqués, ils répondent à mes directives...Je suis leur "patron". Je pourrais me contenter de leur demander d'être productif...Mais j'aurais tellement honte de moi...Tellement honte.

Alors, je les regarde, je les aime, ils me bouleversent, toutes ces vies lancées sur un chemin qu'ils ignorent, j'ai vu tellement de visages en trente ans, plus de mille enfants...Que sont-ils devenus ? Ont-ils exploré en eux les territoires inconnus ? Possèdent-ils une maison, une belle voiture, un écran plat et un smartphone? Qu'ont-ils accompli ? Ont-ils oeuvré au bien être de l'Humanité ? Qu'ont-ils fait de leurs talents ?

Si seulement, si seulement, quelques enfants que j'ai connus pouvaient prolonger en eux les explorations entamées...Si seulement, si seulement, quelques enfants parvenaient à s'extraire du chaos matériel et à tendre leur esprit dans une quête d'éveil...

Mais que puis-je contre les forces en présence ? Que suis-je, sinon une poussière insignifiante dont la voix ne porte pas.

Je sais que si je prolonge cette interrogation, la souffrance va m'envahir.

Les espoirs sont des poisons, je le sais bien.

Je n'ai aucun espoir. Les enfants seront ce qu'ils doivent être.

Et j'aurai fait ma part. Non pas pour qu'ils soient ce que j'aurais pu imaginer mais juste pour être en paix avec moi-même.

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BULLETIN OFFICIEL

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, et George Pau-Langevin, ministre déléguée, chargée de la réussite éducative, s'adressent à tous les personnels de l'éducation nationale. La lettre est publiée au Bulletin officiel du mardi 26 juin 2012.

Au moment où nous est confiée une mission qui nous honore et nous engage, nous souhaitons vous préciser l'esprit dans lequel nous voulons, sous l'autorité du Président de la République et du Premier ministre, travailler à la refondation de notre École. Nous connaissons les difficultés auxquelles vous êtes confrontés au quotidien et le poids de vos responsabilités. Mais nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion et la vocation qui vous animent pour instruire, éduquer, servir une certaine idée de la France, de la République et de l'humanité.

Je m'intéresse principalement aux individus, dans leur spécificité avant de vouloir les instruire et plus encore de participer à leur insertion dans la République. La République ne sera accueillante qu'au regard de l'attention qu'elle portera aux êtres, à leur nature avant de vouloir contribuer à leur fonction. Il ne faut pas demander à un enfant d'être reconnaissant envers une structure dont il n'a pas conscience. C'est de lui qu'il s'agit prioritairement et c'est parce que l'école aura contribué à son évolution existentielle qu'il pourra éventuellement aimer la République.

Ensemble, nous avons rendez-vous avec notre pays : parce que son histoire n'est pas n'importe laquelle, ses attentes sont grandes à l'égard de son École. Nous devons les honorer. Le Président de la République a fixé clairement l'objectif d'une refondation républicaine de l'École et d'une refondation de la République par l'École. Cela nous confère à tous une responsabilité, mais aussi un devoir d'action.
Il va appartenir à chacun d'entre nous de donner le meilleur de lui-même et à nous tous, ensemble, comme corps collectif, de nous rassembler et de nous dépasser.

Trente ans que je donne le meilleur de moi-même. Il m'est impossible de me dépasser. Je ne cherche qu'à exploiter ce que je peux être. Même Usain Bolt ne peut pas se dépasser. Sinon, il serait battu par lui-même...C'est absurde. Il est assez consternant de voir des gens diplômés n’avoir même pas réfléchi à cette tournure.

Notre École peut renouer avec le progrès et l'espérance. Il n'y a pas de fatalité de l'échec scolaire. Tous les enfants peuvent réussir. L'École doit être au service de la promotion de tous et de l'épanouissement de chacun.

Ouah, "l'épanouissement de chacun ! C'est donc pris en considération le "chacun"? Formidable...Mais, je sais bien que ce ne sont que des paroles. Je suis trop âgé pour croire aux rêves. Je ne crois qu’aux actes.

Elle porte une idée de l'homme, mais aussi du citoyen, et une exigence de justice. Nous ne devons renoncer à aucune de ses missions ni de ses ambitions mais les tenir ensemble.

Dans cet ordre-là, ça me convient : l'homme, le citoyen, la justice. Très bien.

Ainsi, les réformes que nous entreprendrons et les moyens nouveaux que le Président de la République a décidé de consacrer à l'éducation nationale, dont il a fait la priorité de l'action publique pour le quinquennat, seront mis au service d'objectifs clairs et de valeurs réaffirmées et assumées. Ensemble, nous devons redonner le sens, rétablir le respect, et reconstruire un idéal et, ensemble, nous devons réussir à faire partager cet idéal comme un bien commun et un bien précieux.

Quel est le fondement de cet idéal ? Là est la question. Qu’y a-t-il derrière le terme ? Sous les dictatures, il y a aussi un « idéal »…

Pour engager la refondation et inscrire notre action dans la durée qui lui sera nécessaire, nous organiserons, au cours des prochaines semaines, conformément aux engagements du Président de la République, une vaste concertation. Elle conduira à l'élaboration d'un projet de loi portant refondation de l'École qui sera présenté au Parlement à l'automne.
Un nouveau contrat entre la Nation et son École sera passé, qui nous permettra de faire entrer la République dans sa modernité et de tenir à nouveau la promesse républicaine. Nous connaissons les enjeux pour l'avenir de l'École : l'amélioration des acquis scolaires, l'égalité plus grande dans la réussite des élèves, la réduction des sorties sans qualification, l'insertion professionnelle de tous.

Et voilà, le "chacun" ne concerne finalement que l'aspect cognitif en vue d'une insertion professionnelle et par conséquent la contribution à l'économie...On travaille à l’envers, encore et toujours.

La réussite des élèves repose sur la confiance et le respect que la Nation accorde à celles et ceux qui servent l'éducation nationale, quels que soient leur niveau de responsabilité et leur mission. Nous voulons restaurer un dialogue où chacun, personnel d'enseignement, personnel d'éducation et d'orientation, personnel administratif et technique, personnel du service social et de santé, personnel d'inspection et de direction, puisse contribuer à cette ambition. La refondation de l'École de la République repose aussi sur une information partagée, un jugement éclairé et l'idée que l'École appartient à toute la Nation. C'est pourquoi nous avons décidé de rendre publics les rapports des inspections générales qui n'avaient pas été diffusés depuis plusieurs années.

L'éducation nécessite une vision d'ensemble qui s'appuie sur une conception de l'homme et de la République. L'École de la République est une École de l'exigence et de l'ambition qui doit permettre à chaque élève de trouver et de prendre le chemin de sa réussite. C'est un lieu d'enseignement laïc, d'émancipation et d'intégration de tous les enfants.

"Ambition" : De quel ordre ? Pour quelles visées ?

"Réussite" : Avec quelles connotations ? Professionnelle, existentielle, philosophique ?

"Émancipation" : Au regard de quoi ? Du groupe humain ? Ou du Moi à travers la connaissance du Soi ?

C'est notre maison commune, vecteur de promotion et de justice sociale, lieu de transmission des valeurs de la République, des valeurs fortes que l'on doit enseigner, réfléchir, discuter, pratiquer. Ensemble, il nous appartient de donner à notre École l'élan nouveau qui apportera à la jeunesse les raisons d'espérer et de participer pleinement à son destin.

Il est absurde d'espérer. C'est une connaissance indispensable pour qui souhaite avancer un peu...Un manque évident de pratique philosophique…

Nous devons tous nous mobiliser pour l'accomplissement au quotidien de cet idéal pour notre pays. Nous savons pouvoir compter sur vous dans un esprit d'unité, de confiance et d'action, dans l'intérêt des élèves et dans celui de la Nation, et nous vous en remercions chaleureusement.

Dans l'attente de la refondation de notre École, et sans remettre en cause les travaux préparatoires déjà effectués, il est important que nous vous précisions dès maintenant les mesures de la prochaine rentrée qui s'inscrivent dans une démarche différente de celle qui avait conduit à écrire la précédente circulaire de rentrée. L'espérance et le changement doivent déjà se tracer un chemin et commencer, sans plus attendre, à faire entendre leurs voix. Notre volonté est d'abord, par ces mesures, de renouer la confiance qui a tant fait défaut ces dernières années.

1. L'école primaire est notre première priorité. Les débuts de la scolarité sont essentiels pour la réussite de tous les élèves. Les difficultés doivent être repérées dès les premières années d'apprentissage.

Ce sont avant tout les causes de ces difficultés qui doivent être identifiées. Les difficultés sont connues. Deuxièmement, il convient de ne pas considérer ces difficultés comme inhérentes à la nature des individus mais uniquement à leurs fonctions. Il ne s'agit pas de stigmatiser. Lorsque les difficultés sont générées par un système, c'est au système de les résoudre. Pas à l'enfant.

Nous accorderons donc une importance particulière à l'accueil des enfants les plus jeunes, en considérant ceux de moins de trois ans qui doivent pouvoir être scolarisés, en particulier dans toutes les zones qui rencontrent le plus de difficultés. Cet accueil doit être l'occasion d'établir des liens privilégiés avec les parents afin de bâtir avec eux les conditions de la réussite dans la durée.

C'est par une progression bien maîtrisée et par des réponses adaptées à des besoins clairement identifiés que l'école maternelle remplira au mieux sa mission, qui ne peut être une simple préparation à l'école élémentaire. L'école maternelle est l'école des premiers apprentissages et de l'installation de la confiance en soi. Elle mérite de retrouver une attention particulière et spécifique pour que les élèves s'y inscrivent dans un parcours de la réussite.

"Confiance en soi". Pour que ça soit envisageable, il convient de lancer les enfants dans une démarche existentielle. Prioritairement. Et cette "réussite" ne sera pas un condensé d'évaluations formatives mais la mise en action d'une formation individuelle. La connaissance du Soi avant la connaissance cognitive.

Nous veillerons à ce que l'encadrement des classes soit renforcé, notamment dans les écoles qui sont confrontées aux situations les plus complexes. Cette ambition trouvera une première traduction, dès la prochaine rentrée, avec la création de 1 000 nouveaux emplois de professeurs des écoles. Ces emplois seront mobilisés pour améliorer l'accueil des élèves, favoriser leur réussite, en particulier dans les écoles de l'éducation prioritaire et dans les zones rurales isolées. Ils permettront de conforter le potentiel de remplacement et de renforcer les dispositifs d'aide aux élèves en difficulté, notamment les Rased. Il faudra, par ces moyens nouveaux et cette amélioration de notre dispositif scolaire, trouver dans les écoles, avec l'aide des équipes de circonscription, les possibilités d'évolution des pratiques pédagogiques et des fonctionnements de chaque cycle.

Pour les RASED, il suffira de rétablir tous les postes qui ont été supprimés...Sacré défi...

Nous souhaitons aussi que, dès cette rentrée, tout soit mis en œuvre pour que le cours préparatoire ne soit confié qu'à des professeurs dotés d'une expérience d'enseignement et non à des enseignants débutants.

Ce qui laisse entendre que la formation initiale des enseignants ne donne pas toutes les connaissances inhérentes à cette classe. Aux autres non plus d'ailleurs. Un autre très grand chantier à mener. Le fait que la formation ne comporte aucune donnée sur la psychologie de l'enfance est très révélateur. Sur la psychologie des enseignants non plus d'ailleurs...

L'acquisition des savoirs fondamentaux doit rester l'objectif intangible de l'école primaire. Dans tous les domaines d'enseignement, avec l'appui des corps d'inspection, chacun veillera à une progression cohérente et efficace des apprentissages. La pédagogie doit être attentive aux travaux de la recherche. Elle doit évoluer et favoriser l'épanouissement de l'élève, son activité, sa motivation et sa pleine implication dans les apprentissages. Le travail en équipe doit être encouragé et nous demandons à l'encadrement pédagogique d'accompagner les écoles dans cette ambition.

"L'épanouissement de l'élève..." Et bien, non justement, sinon cela signifie que l'école ne s'intéresse qu'à l'élève et pas à l'enfant. Et c'est justement LE point d'achoppement. Tant que l'individu ne sera qu'un élève, il "n'existera" pas. Et s'il n'existe pas, il souffre.

Dans l'attente des décisions qui seront prises le moment venu pour réorganiser les rythmes scolaires, nous souhaitons que la pause méridienne ne soit pas, autant que possible, inférieure à quatre-vingt-dix minutes dans le premier degré. Nous souhaitons que chacun soit à l'écoute des besoins des élèves et prenne une part active dans la concertation à venir sur la réforme des rythmes scolaires et éducatifs. Nous savons que cette réforme est complexe mais elle est essentielle dans l'intérêt des élèves et de leur réussite.

2. Les résultats des évaluations qui se sont déroulées en CE1 et CM2 du 21 au 25 mai 2012 ne sont pas centralisés au niveau national. Ils sont collectés et analysés à l'échelle des écoles, et seulement à ce niveau, avec l'appui des inspecteurs des circonscriptions. Ces évaluations servent également de support aux échanges avec les familles et, s'agissant des évaluations réalisées en CM2, elles favorisent la liaison avec le collège de secteur. Pour l'avenir, la concertation traitera de la refondation de l'évaluation tant du système éducatif que des acquis des élèves.

"La liaison avec le collège..." Sacré débat là aussi. Quand certains professeurs ne souhaitent connaître que les résultats de ces évaluations nationales et ne lisent même pas l'ensemble des dossiers, c'est bien plus réducteur que tout. Une vraie catastrophe.

3. Le socle commun de connaissances et de compétences, inscrit dans la loi n° 2005-380 du 23 avril 2005, est le cadre de référence de la scolarité obligatoire. Chaque élève doit parvenir à la maîtrise du socle commun au terme de sa scolarité. La conception et les composantes du socle commun seront repensées. La réécriture des programmes de l'école primaire et du collège suivra cette révision et se fera dans un cadre concerté et transparent. Le livret personnel de compétences actuel est inutilement complexe. Il est trop tard pour le modifier pour la prochaine rentrée, mais il connaîtra des simplifications indispensables et des évolutions pour tenir compte des forces et des faiblesses de son format et de son usage. Il faut, pour le dialogue avec les parents, des outils de suivi des élèves clairs et compréhensibles.

Ce qui me surprend, c'est que cette idée que ça doit être "clair et compréhensible" ait été totalement exclue du livret actuel. Une vraie usine à gaz. Comme si le fait de produire un livret hautement technique et abscons pouvait être une marque de sérieux...Quand on complique à outrance un dossier, c’est juste un moyen de masquer son incompétence.

4. Le collège unique reste pour nous une ambition essentielle pour conduire tous les élèves à la maîtrise du socle commun. Nous connaissons les difficultés rencontrées par les enseignants de ce niveau d'enseignement pour assurer la réussite de tous.

Des difficultés qui s'expliquent en grande partie par une lassitude existentielle, générée par une impression nauséeuse de gavage, de pression, d'humiliations, de compétitions, de hiérarchisation. "Alors, je vais vous rendre vos contrôles de la meilleure note à la plus catastrophique..." Et quel est l'objectif pédagogique de cette méthode ?

On ne motive pas des enfants par la brimade mais par une rigueur bienveillante.

C'est pourquoi le collège fera l'objet d'un travail de réflexion dans le cadre de la concertation qui sera engagée dans les prochaines semaines. Maintenir l'obligation d'un tronc commun pour tous n'interdit pas de proposer aux élèves des approches pédagogiques différenciées, dès lors qu'aucun dispositif d'éviction précoce ne détourne ces élèves de l'objectif de maîtrise du socle commun et ne les enferme dans une filière. Nous demandons à chacun d'y veiller. Dans l'attente d'un projet de disposition législative abrogeant la loi n° 2011-893 du 28 juillet 2011, dite loi Cherpion, le dispositif d'initiation aux métiers en alternance (Dima) pour les jeunes âgés de moins de 15 ans est suspendu à la prochaine rentrée.
Nous tirerons les conclusions de l'évaluation nationale de fin de 5ème, expérimentée en 2011-2012, avant une éventuelle généralisation.
Le fonctionnement actuel des établissements de réinsertion scolaire (ERS) ne répond pas aux objectifs qui leur avaient été assignés. Nous nous prononcerons prochainement sur leur devenir.

5. La mise en œuvre de la réforme du lycée se poursuit à la rentrée 2012 selon les dispositions arrêtées en 2010. Les principaux enjeux et objectifs initiaux de la réforme - mieux accompagner chaque élève, mieux le préparer à l'enseignement supérieur, permettre une fluidité des parcours - sont maintenus, mais les modalités de leur application pourront être modifiées ultérieurement.
Les corps d'inspection seront mobilisés pour accompagner les personnels de direction et les enseignants dans la mise en œuvre de l'ensemble des composantes de la réforme - accompagnement personnalisé, organisation des enseignements d'exploration, groupes de compétences en langues vivantes, stages passerelles et de remise à niveau, vie lycéenne -, et soutiendront les initiatives des équipes éducatives.

Et oui, encore et toujours des formations cognitives. Elles ont pourtant depuis longtemps montré leurs limites. Toujours aucune réflexion sur l'individu...

Pour la prochaine année scolaire, et dans l'attente du rétablissement de l'enseignement d'histoire-géographie en terminale scientifique, l'enseignement facultatif d'histoire-géographie prévu par les textes en vigueur sera proposé à tous les élèves de terminale de cette série.

Les séries technologiques ont pratiquement toutes été rénovées dans le cadre de la réforme du lycée. Cependant, ces rénovations, pour les séries industrielles notamment, modifient en profondeur les approches pédagogiques et les conditions d'enseignement. Un accompagnement significatif par la formation continue des enseignants doit être mis en place en académie, en relais des actions nationales qui se poursuivront.

Les lycées d'enseignement général et technologique et d'enseignement professionnel doivent se rapprocher et favoriser la mixité des élèves. Pour atteindre cet objectif, le développement des lycées polyvalents sera favorisé. La mise en place de réseaux de lycées, qui permettent d'éviter une concurrence infructueuse entre établissements, doit se poursuivre, en concertation avec les partenaires et, tout particulièrement, les collectivités territoriales, pour favoriser la complémentarité de leur offre de formation.

6. La voie professionnelle doit être une véritable filière de réussite, avec des orientations positives et non pas imposées, et des débouchés assurés. La valorisation de l'enseignement professionnel, thème important de la concertation à venir, doit devenir enfin une réalité. Le nombre des sorties sans qualification de la voie professionnelle reste à un niveau beaucoup trop élevé. Des adaptations des parcours vers le baccalauréat professionnel seront nécessaires. Les élèves de l'enseignement professionnel doivent bénéficier du soutien de la Nation. Nous devons être particulièrement attentifs aux difficultés des jeunes bacheliers professionnels qui s'engagent dans des poursuites d'études auxquelles ils ne sont pas toujours préparés.

Les établissements scolaires mobilisent leurs compétences au service de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. Ils apportent ainsi une réponse essentielle aux besoins de formation continue des adultes, indissociable de la formation initiale. Nous veillerons à ce que cette mission de service public fondamentale soit préservée. La loi n° 2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d'amélioration de la qualité du droit (dite loi Warsmann) impose la transformation du statut des groupements d'établissements de l'éducation nationale pour la formation des adultes (Greta) au plus tard en mai 2013. Le processus d'audit, qui permet de dresser un bilan académique de l'appareil de formation continue, est en cours. Cette opération suscite beaucoup d'interrogations, voire d'inquiétudes légitimes de la part des personnels, formateurs ou administratifs, dont l'engagement doit être reconnu. En concertation avec leurs représentants, nous définirons l'organisation la mieux adaptée à leurs missions tout en garantissant leur statut.

7. L'enseignement des langues est un enjeu fondamental pour la poursuite d'études et l'insertion professionnelle. Il continuera d'obéir, pour la prochaine année scolaire, aux dispositions en vigueur. Nous souhaitons une meilleure continuité des apprentissages entre l'école élémentaire et le collège en renforçant le suivi des élèves par les équipes enseignantes : les acquis du niveau A1 doivent faire l'objet d'un travail en commun avant l'entrée en classe de 6ème pour aborder le plus tôt possible l'acquisition du niveau A2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). L'expérimentation de la globalisation des horaires de langues vivantes dans les collèges volontaires est maintenue, mais sera évaluée avant toute décision éventuelle de généralisation.
Les compétences de compréhension, d'expression et d'interaction orales seront évaluées à compter de la session 2013 du baccalauréat dans l'ensemble des séries générales et technologiques rénovées, aux côtés des compétences de compréhension et d'expression écrites. Cet enseignement doit bénéficier des possibilités pédagogiques offertes par les technologies numériques.

8. Le sport scolaire joue un rôle fondamental dans l'accès des jeunes aux sports et plus largement à la vie associative. C'est un élément de dynamisation et de cohésion des écoles et des établissements scolaires. Il doit être valorisé et développé.

Alors là, c'est le bouquet final. Le sport, lui-même, n'a pour seul intérêt que la cohésion des établissements scolaires. N'importe quoi. C'est quand même incroyable que l'individu soit ignoré à ce point. Le sport n'a pas d'autre finalité que la connaissance de soi et le bien-être, l'exploitation d'un potentiel immense qui ne se dévoile que dans l'activité sportive. Mens sana in corpore sano. Tout le reste est secondaire. Il faut sortir de cette idée que l'école est un lieu de cohésion sociale. Elle est avant tout l'opportunité du développement de l'individu et c'est ENSUITE que la cohésion devient possible. On travaille à l'envers. On veut associer des individus avant même qu'ils aient une idée exacte de ce qu'ils sont. Le résultat n'est qu'une mélasse difforme.

9. Des moyens supplémentaires seront mobilisés, dès la prochaine rentrée, pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Outre les emplois d'assistant de scolarisation supplémentaires d'ores et déjà inscrits en loi de finances, de nouveaux emplois d'auxiliaires de vie scolaire (AVS-i) seront créés pour permettre une meilleure couverture des besoins d'accompagnement.
Au-delà de ce nécessaire renforcement des effectifs de personnel d'accompagnement, nous souhaitons rappeler que les enjeux portent aujourd'hui sur la qualité de la scolarisation ; la formation et l'accompagnement des enseignants comme des AVS-i ; la personnalisation des réponses pédagogiques, la validation des compétences (socle commun, compétences professionnelles, etc.), l'accessibilité aux ressources pédagogiques et les certifications.
Tous les AVS-i, quel que soit leur statut, doivent recevoir une formation dès leur prise de fonction. C'est une première étape vers la professionnalisation des personnels chargés de l'accompagnement des élèves en situation de handicap que nous allons engager.

Très bien. Loin d’être le cas sur le terrain…

Ces formations seront menées en lien avec les grandes associations œuvrant dans le champ du handicap, sur la base d'un référentiel d'activité et d'un cahier des charges rénové. Nous saluons l'engagement de tous les personnels qui ont permis de très grands progrès dans l'inclusion scolaire des élèves en situation de handicap. Il nous faut désormais améliorer la qualité de leur parcours scolaire. C'est cette priorité que nous nous donnons en ce domaine.

10. La lutte contre le décrochage scolaire est plus que jamais une priorité nationale. Elle repose à la fois sur une attention plus personnalisée portée aux jeunes

Ah bon, et sous quelles formes exactement ?

sur le développement des actions de prévention au sein des établissements scolaires et sur la mise en œuvre opérationnelle des dispositifs d'appui aux décrocheurs comme la Mission générale d'insertion (MGI). Nous comptons sur votre mobilisation, en soutien des responsables départementaux et locaux des plates-formes, pour vous investir dans des dispositifs coordonnés et innovants pour un retour à une scolarité assidue. Cette lutte contre le décrochage va de pair avec l'aide individualisée pour que chaque jeune puisse faire des choix d'orientation informés et raisonnés. Nous connaissons l'engagement des conseillers d'orientation-psychologues et l'action des centres d'information et d'orientation (CIO) dans cette mission, comme leur contribution à la lutte contre le décrochage scolaire.

11. L'éducation prioritaire connaîtra une nouvelle étape de son développement et de son efficacité et sera au cœur des décisions qui seront prises dans le cadre de la concertation à venir. Son principe fondamental, qui présida à son déploiement il y a trente ans, demeure « donner plus à ceux qui ont le plus de besoins ». En conséquence, avec la participation de tous les acteurs concernés, le dispositif écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite (Éclair) a vocation à être repensé, les règles fixées pour la prochaine rentrée étant maintenues de façon à éviter toute désorganisation.

12. Les effets négatifs des mesures d'assouplissement de la carte scolaire sont connus. Avec tous les partenaires concernés, nous mettrons en œuvre des modalités véritablement adaptées, pour un renforcement de la mixité sociale et scolaire.

13. Tous les internats, dans leur diversité, doivent proposer l'excellence aux élèves accueillis pour contribuer à l'égalité des chances et à la réussite de tous. En étroite collaboration avec les collectivités territoriales, nous veillerons à l'amélioration des projets éducatifs de tous les internats. C'est pourquoi nous évaluerons les internats d'excellence, notamment sur leur rapport coût/amélioration de la réussite, afin que nous disposions des éléments d'appréciation permettant d'orienter efficacement les moyens pour la réussite du plus grand nombre.

14. Nous veillerons à ce que les outils, contenus et services numériques soient mis à la disposition des enseignants et plus largement des équipes éducatives, pour enrichir leurs pratiques afin de les aider à répondre aux besoins de leurs élèves. La formation des professeurs aux enjeux et aux usages pédagogiques du numérique sera développée. Avec la volonté de réduire les inégalités constatées dans ce domaine, le ministère favorisera la diffusion des usages et la production de ressources pédagogiques numériques et il en développera la mutualisation. Une concertation sera engagée avec les collectivités locales pour accompagner le développement des usages de l'e-éducation, et en particulier garantir plus efficacement la maintenance des équipements mis à la disposition des établissements.

15. Nous connaissons l'engagement de tous les personnels pour assurer la sérénité et la sécurité dans les établissements afin de créer un climat favorable aux apprentissages. Nous savons que les suppressions d'emplois survenues ces dernières années ont rendu la situation particulièrement difficile dans beaucoup d'établissements. C'est pourquoi la présence des adultes sera augmentée avec la création de nouveaux emplois de conseillers principaux et d'éducation et d'assistants d'éducation dès la rentrée 2012. Par ailleurs, en complément du travail effectué par les équipes mobiles de sécurité, la création d'une mission nouvelle de prévention et de sécurité donnera lieu à la création de postes supplémentaires, prioritairement affectés dans les établissements qui sont les plus exposés aux incivilités et aux violences.

Quelle formation pour ces personnels ? Surveillants pénitentiaires ? "Quand ton empire a besoin des gendarmes, c'est que ton empire est déjà mort. " Antoine de Saint-Exupéry "Citadelle".

16. L'autorité, comme la confiance, ne se décrète pas. Elle se construit grâce à des qualités morales et intellectuelles reconnues et sur l'exemplarité de celui qui détient cette autorité. Elle suppose que l'exigence de respect soit partagée par tous les élèves et par les membres de la communauté éducative : respect des élèves et de tous les personnels, respect des lois et respect du règlement intérieur de l'établissement. C'est en accordant la plus grande attention aux conditions morales et matérielles de votre activité, ainsi qu'à votre formation, que nous souhaitons manifester à tous les personnels de l'éducation nationale l'estime et la confiance que nous vous portons et qui nous paraissent fondamentales pour asseoir cette autorité.

Oui, et bien là, il faudrait que notre Ministre se renseigne un peu sur les relations entre les élèves et les enseignants. La "racaille" ne pousse pas pour rien. Les incivilités sont des symptômes et elles ne se combattent pas avec des personnels chargés de la répression. Entre l'autorité et l'autoritaire, la limite est infime. Et ni l'un, ni l'autre ne sont des appels à l'échange mutuel. "Le prof a toujours raison, même quand il a tort." On connaît les effets de ce genre d'arguments.

Oui, l'exemplarité est indispensable. Encore faut-il en avoir conscience et savoir ce qu'elle signifie.

17. Le décret n° 2012-702 du 7 mai 2012, relatif à l'évaluation des personnels, sera abrogé et ne sera donc pas mis en application au 1er septembre 2012. Conçu et publié sans l'adhésion des personnels, ce texte ne permet pas de fonder une évaluation satisfaisante. Pour autant, un simple retour à la situation antérieure n'est pas non plus souhaitable. C'est pourquoi, en concertation avec tous les partenaires concernés, nous préparerons de nouvelles dispositions qui entreront en application à la rentrée 2013.

18. Nous avons l'ambition de réformer totalement la formation initiale et continue des maîtres. Les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui assurent une formation initiale et continue de grande qualité des professeurs. C'est l'échange entre la théorie et la pratique, entre la recherche pédagogique

(existentielle, philosophique, métaphysique, psychologique...)

et l'exercice dans les classes, mais aussi entre les niveaux de formation qui doit nourrir cette formation. C'est ce qui a été oublié ces dernières années. Les conditions d'entrée dans le métier doivent être améliorées. C'est pourquoi, pour répondre au manque de formation pratique des jeunes enseignants, et avant la refondation d'une véritable formation professionnelle, des mesures d'aménagement de service et des formations spécifiques pour les stagiaires nouvellement recrutés en septembre 2012 seront mises en place.
Dans le cadre de la future loi, nous créerons des écoles supérieures du professorat et de l'éducation qui seront opérationnelles dès 2013. Tous les professeurs, quel que soit le niveau d'enseignement auquel ils se destinent, partageront un moment de formation commun dans ces écoles supérieures. Notre engagement est de développer une logique d'entrée progressive dans le métier d'enseignant et d'éducation par un parcours de professionnalisation. Une personne qui a la vocation d'enseigner doit pouvoir le plus tôt possible être encouragée et soutenue dans cette voie, tant par les bourses de l'enseignement supérieur que par les contrats spécifiques qui seront proposés.

Le Président de la République a clairement dit la priorité qu'il accordait à l'École de la République. C'est une question de moyens, mais aussi de valeurs. Les grandes orientations de la refondation ont été clairement affirmées par les plus hautes autorités de l'État. Il va falloir du temps, du courage, du respect et de la persévérance pour accomplir cette grande tâche que nous devons conduire ensemble dans l'intérêt de la Nation. Mais il convenait d'indiquer déjà qu'un changement a bien eu lieu, qu'une autre orientation et une autre ambition pour l'École seront à l'œuvre dès la prochaine rentrée.

Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon.

Deux élèves de l'an passé sont venus me voir pendant la classe. Comme on faisait un quiz de géographie, on les a invités à participer. Ils sont donc élèves de sixième. Et bien, c'était un désastre...Même la capitale de la Chine, ils ne s'en souvenaient plus. Constat alarmant. Le programme de géographie du CM2 a été effacé par le programme de la sixième. C'est pour ça que je parle de "consommation de la connaissance. " Nos élèves sont gavés pendant un an puis comme pour toute nourriture ingérée, ils se débarrassent des résidus. L'an prochain, ils subiront la même pression et ils apprendront par cœur le programme de cinquième et ils se débarrasseront de celui de la sixième. Au bout du compte, on peut espérer que de ce fatras, il restera quelques données éparses...Mais qu'en est-il de la connaissance qu'ils ont d'eux-mêmes ? Qu'ont-ils appris sur eux à travers ces années de conditionnements? L'image que j'en ai, c'est celui d'un vase que les enseignants s'efforcent de remplir alors que le vase lui-même ne sait pas de quoi il est constitué, la source de son existence, de son énergie, qu'il vit constamment dans l'urgence et n'a même pas le temps de s'observer, lui, en tant que vase, en tant que contenant et non uniquement comme une accumulation de contenus. Il n'existe en fait qu'au regard de ce qu'il a absorbé. Et c'est effroyable. Ceux qui parviennent à maintenir et à transformer en énergie cette nourriture échapperont à l'anorexie cognitive...Les autres vomiront jusqu'à ce qu'ils soient exclus du cycle "normal"...

Je renvoie à ce post pour la lecture du programme du cycle 3...

http://la-haut.e-monsite.com/blog/aporie.html

Alors, les efforts et les intentions de Mr Peillon sont éminemment louables mais il ne s'intéresse qu'aux contenus et aux méthodes pour qu'ils soient ingérés. Désolant et perdu d'avance. J'ai vu passer assez de refontes du système pour avoir le recul nécessaire.

Tant que les technocrates penseront en terme "d'élèves", ils propageront l'anorexie cognitive et toutes les rébellions et désastres collatéraux perdureront. C'est inévitable.

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Merci Thierry ....

De rien Petitpinpin. J'essaie à ma mesure d'analyser ce fiasco de l'enseignement. Pas nécessairement un fiasco sur les résultats mais sur les effets de cette course aux résultats...Une perdition existentielle. Et c'est effroyable.

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Merci Thierry, beaucoup d'apport réflexif.

Jusqu'où cette chute ?

Retrouver l'espoir, au prix d'un recul extraordinaire et rester persuadé de ce qui est important pour l'élève, liberté pédagogique, rigueur et appétit de connaissances de la part de nos élèves

Une belle chimère, mais cette lueur est encore intacte dans les yeux de certains d'entre eux

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Merci Thierry, beaucoup d'apport réflexif.

Jusqu'où cette chute ?

Retrouver l'espoir, au prix d'un recul extraordinaire et rester persuadé de ce qui est important pour l'élève, liberté pédagogique, rigueur et appétit de connaissances de la part de nos élèves

Une belle chimère, mais cette lueur est encore intacte dans les yeux de certains d'entre eux

et c'est à eux aussi qu'il faut penser.

Jusqu'où cette chute ? Et bien, tant que le paradigme en cours perdurera. Et aucun signe tangible ne vient indiquer qu'une autre direction est envisagée. Donc...C'est inéluctable.

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Merci pour toutes ces reflexions..

Tous les jours, en France, des enfants sont spirituellement « poignardés » par des professeurs qui n’ont aucune conscience du mal qu’ils font, qui sont incapables de comprendre, de ressentir, de partager, d’avoir la moindre compassion, d’éprouver le moindre amour.

Qui se pose la question de ce que vivent les enfants ?

Comme je comprends ce passage... Et pas seulement avec les professeurs...

K., CM1 travaille comme un fou depuis 1an et demi qu'il est dans ma classe, il commence à croire en lui, comprend qu'il est capable de réussir beaucoup de choses, il a fait d'immenses progrès, et je ne cesse de le lui dire, ainsi qu'à sa maman qui a besoin de l'entendre.

Et là, elle vient me voir totalement paniquée parce que l'orthophoniste a fait passé un bilan dans lequel elle a évalué que le niveau de K. était "très faible" en lecture et compréhension...

Pardon? A-t-elle vu les progrès qu'il a fait? D'où il part? Est-ce qu'un "examen" frontal, hyper stressant pour cet élève facilement impressionnable vaut quelque chose par rapport à tout ce qu'il sait effectivement faire?

Et la confiance en lui perdue, la maman qui se pose alors mille questions alors qu'elle a bien constaté elle même qu'il est beaucoup plus serein et fier de ses résultats..

Et oui, moi aussi je les aime mes élèves...

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