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que dire à un père qui dit à son fils "ne pleure pas comme une fille?"


titoine1

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Bonjour à tous, 

Je passe prochainement mon oral de CRPE et je me prépare activement. J'ai récupéré une liste de questions types dont celle-ci qui me paraît assez intéressante. Cependant je n'ai que la liste de questions. Je n'ai pas de réponses types. Je me suis donc dit qu'il pourrait être intéressant d'avoir votre point de vue. 

Typiquement nous sommes dans une situation qui pourrait avoir lieu. Ex: Les enfants sortent de la classe pour aller retrouver leurs parents qui les attendent à l'extérieur. L'un d'eux (un garçon) trébuche. Il se met à pleurer. Il va voir son père. Et son père lui dit : "Ne pleure pas comme une fille". Hop voilou décore planté. Que faire? 

Personnellement je pense que nous sommes dans une situation où le père exprime des propos qui sont contraires aux principes de l'éducation nationale. La sensibilisation des élèves à l'égalité filles/ garçons fait partie du référentiel des compétences des enseignants (section "agir en tant qu'éducateur responsable et selon des principes éthiques"). Il génère donc auprès de son fils un conflit cognitif. Certes dans l'instant l'enfant va essayer d'arrêter de pleurer pour faire plaisir à son père. Mais de manière plus profonde il se retrouve dans une situation où son enseignant lui dit que "les filles et les garçons sont égaux et droits et en devoir, que nous sommes tous des humains et que nous avons tous les droits d'avoir des émotions et donc de pleurer". Et de l'autre un père qui lui dit "ne pleure pas comme une fille". Ce qui implique une différence fille/ garçon et une idée selon laquelle pleurer serait une émotion "faible" donc de fille. Double stéréotype. Combo! Bref. Pour moi cette question implique donc plus largement une question qui est : "comment gérer vous dans votre classe, auprès de vos élèves, les divergences d’informations qu'ils reçoivent de leurs parents et de leur enseignants?"

A cette question je répondrais qu'il faut bien différencier savoirs et croyances notamment quand ce type de questions aborde un thème religieux. Expliquer par exemple que l'on a le droit de croire qu'une fois que l'on est mort on va au Paradis mais que c'est une croyance. Pas un savoir. Chacun est libre de croire ce qu'il veut sur ce type de questions. C'est la liberté d'opinion, la liberté de penser (du moment que ça n'affecte pas l'intégrité des autres). Chacun doit respecter les croyances des autres et doit se construire ses propres opinions. Mais que lorsqu'il s'agit d'un savoir il n'y a pas de discussion possible. L'eau bout à 100°C est un savoir. Bref. Voilà pour l'aspect religieux. En revanche si la question porte cette fois ci sur un point de vue parental, différent des valeurs morales et civiques prônées à l'école, là, la question peut être un peu plus dure. Car il s'agit d'une croyance pour les parents, diffusés à leurs enfants ("Ne pleure pas comme une fille"; "ne joue pas avec les noirs, ils sont différents" ...) mais qui d'un point de vue éducation nationale (et heureusement) sont des idées fausses puisque d'un point de vue "savoirs" : tous les Hommes naissent égaux en devoirs et en droits! Dans les questions religieuses on oppose parfois deux croyances entre elles. Mais ce sont toutes les 2 des croyances. Là dans la situation "Ne pleure pas comme une fille" ; ou mon papa a dit : "Ne joue pas avec les noirs" je trouve que c'est compliqué. On remet en cause complètement l'éducation parentale. Certes il faut le faire mais comment? Uniquement de manière brute: "ton papa dit n'importe quoi!" ; de manière un peu plus soft: "ton papa pense blabla... mais toi tu sais que les filles et les garçons sont égaux, que les noirs et les blancs sont égaux" en insistant ainsi sur le notion sur le fait qu'en tant qu'enfant on est pas soumis aux idées de ses parents et qu'on le droit de penser différemment. Mettre ainsi en avant le fait que la liberté de penser s'applique aussi en tant qu'enfant. Et que chacun est responsable de ces actes et des ces mots et que le fait de dire mon papa dit : "..." finalement ça n'a pas de sens. "Que penses tu toi en tant qu'enfant?"  

Je vous remercie par rapport à les réponses concernant l'intervention pédagogique auprès des enfants. 

Maintenant la questions auprès des parents!!?? 

Que dire à ce type de parents (et il y en a hein! Je vais pas vous donner les scores du FN ici) qui diffusent ce type d'idées à leurs enfants. Bon là dans la situation je pense que la pire des idées se serait de lui mettre la misère devant tous les autres parents. C'est clair qu'il prendrait cher. En plus avec tous les autres parents à côté il prendrait une bonne claque dans sa face cet abru... STOP! Ok je m'emballe. Ce n'est pas une bonne idée. On ne gère pas une situation de type dans un espace collectif. On demande à leur voir, on prend un rendez vous. Bon ok. Le rendez vous est pris. Que dire à ce parent à ce moment là sans rentrer dans quelque chose de trop infantilisant. L'objectif c'est qu'il arrête de dire n'importe quoi à ses enfants. Reconstruire ses idées je pense que ça va être compliqué mais bon... L'espoir fait vivre... Bref. Est ce que vous êtes dans ce type de discours (avec les formes hein) : "Monsieur, vous ne pouvez pas dire ne pleure pas comme une fille à votre fils. Vous laissez sous entendre que pleurer est une émotion de faible et que les filles sont faibles. Ce qui est faux. Pleurer est une émotion. C'est humain. Et les filles et les garçons sont égaux". C'est un discours peut être un peu infantilisant (voire complètement), moralisateur et frontal. Et je pense que ça passe uniquement avec un père ouvert d'esprit qui a dit sans faire attention à ce qu'il disait, qui va comprendre ce que l'on dit, admettre qu'il a eu tort et faire en sorte de faire plus attention dans le futur.... C'est à dire une proba de 0.1%. On squeeze cette idée? Elle risque de générer un conflit parents/ élèves et renforcera une image de l'école déjà peut être négative chez ce parent. Diffusée ensuite à ses enfants... Mais bon en même temps je pense que l'égalité filles/ garçons doit figurer dans les règlements intérieurs. Donc peut être rester dans cette idée moralisatrice pour essayer de lui retourner le cerveau... Je sais pas. .....  Personnellement j'aurais plus tenté une version soft dans laquelle on lui explique que cette vision c'est "sa vision des choses" mais qu'il doit laisser à ces enfants leur manière de construire leurs opinions, de penser. Qu'il ne peut pas imposer de manière de voir les choses, même de manière implicite. Que là il laisse sous entendre que pleurer est une émotion de faible et que les filles sont faibles. Ce qui est sa vision des choses mais que cette idée il doit la garder pour lui et laisser à son fils sa propre manière de voir les choses. 

Qu'en pensez vous? Je vous remercie pour votre réponse concernant l'action auprès des parents! 

De manière globale je remercie tous ceux qui seront arrivés au bout de ce pavé et qui apporteront un point de vue. 

Antoine 

 

 

 

 

 

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Très franchement, on ne dit rien à ce papa, dans cette situation qui ne regarde que ce papa et SON choix d'éducation, nous n'avons pas à lui dire comment il doit élever son fils.
Toi à l'école tu vas envoyer un autre message, que ton élève va entendre et vivre dans la classe, lorsqu'il sera plus grand il fera un choix éclairé entre les deux (enfin je synthétise hein)....

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Ok merci pour ta réponse. En résumé: "pas d'action directe auprès des parents qui donnent des idées différentes de celles véhiculées par l'école". J'imagine qu'il y a une limite? Elle concernerait quel sujet? Laïcité par exemple? 

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Ce que je voulais dire c'est que je pense que nous avons des idées à véhiculer/inculquer/encourager... à l'école dans le cadre des activités scolaires et de la classe mais pas à intervenir au sein des familles. On peut dire à un enfant qu'on ne pense pas comme ses parents, on doit "dire" la loi quand ce n'est pas ce qui est prôné dans la famille mais dans le cadre scolaire seulement, nous ne sommes pas là pour éduquer les parents (même si parfois ça nous démange fortement).
Pour la Laïcité, c'est encore une fois à l'école que ça se passe, on rappelle qu'à l'école on ne fait pas bénéficier ses camarades de ses convictions religieuse, on ne pratique pas sa religion, ce n'est pas le lieu pour ça, c'est en dehors de l'école, pour autant je pense qu'il ne te viendrait pas à l'idée de dire à un papa ce à quoi il doit croire.... Pour moi c'est similaire.
Lorsque j'avais des MS, j'avais un coin déguisement dans la classe, un p'tit gars se déguise en princesse et n'a pas fini de se déshabiller lorsque sa maman arrive, elle a réagi en lui disant qu'il était un garçon, que les garçons ne se déguisent pas en princesse, l'élève était encore dans la classe, je lui ai dit (au gamin) qu'à l'école on avait le droit, si dans le couloir (sous la responsabilité de sa mère) ce p'tit gars avait parlé avec une camarade de se déguiser en princesse et que ça mère avait réagi, je ne serai pas intervenue je pense....
Je ne sais pas si j'ai réussi à éclairer mon point de vue.

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Bonjour Antoine,

 

tu défends bien ton point de vue dans ton post.

J'ai été attiré par le titre de ton message car en tant que prof, j'entends souvent ce genre de remarques des parents à leurs enfants et ça me met hors de moi mais je me tais.

Le point de vue de Juperlau me semble intéressant : tant que ça se passe dans la classe, tu décides. On pourrait étendre avec l'école toute entière mais comme tu le dis toi-même, c'est difficile d'aborder un parent pour lui dire une chose pareille sans créer de conflit.

Une chose est sûre selon moi : il ne faut pas le faire devant l'enfant.

Je n'ai moi-même pas d'enfant et ça m'empêche toujours d'intervenir, même au supermarché quand j'entends une maman dire à son fils qu'il ne peut pas acheter de poupées parce que c'est "pour les filles". Ça m'énerve mais je n'ai aucun argument à présenter à la personne dont elle ne pourrait se débarrasser aisément avec un "mêlez-vous de vos affaires" ou encore "vous avez des enfants?"

 

Il faut juste espérer, comme dit Juperlau, que le choix futur de l'enfant sera "éclairé" et qu'il aura connu d'autres personnes que toi qui défende l'égalité des sexes et l'ouverture d'esprit.

 

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Il y a 21 heures, sebastien001 a dit :

Je n'ai moi-même pas d'enfant et ça m'empêche toujours d'intervenir, même au supermarché quand j'entends une maman dire à son fils qu'il ne peut pas acheter de poupées parce que c'est "pour les filles". Ça m'énerve mais je n'ai aucun argument à présenter à la personne dont elle ne pourrait se débarrasser aisément avec un "mêlez-vous de vos affaires" ou encore "vous avez des enfants?"

Moi je serais plutôt du genre à dire suffisamment fort pour qu'on m'entende : "je me demande si je ne vais pas acheter une dinette pour l'anniversaire de Clément"... ;)

Pour le reste, plutôt d'accord avec ce qui a été dit, je n'en rajoute pas.
Petit rappel, pour info : http://elisegravel.com/fr/content/tu-peux-un-livre-gratuit-pour-enfants

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Une remarque liminaire : tu as visiblement réfléchi à la question, tu exposes clairement ta problématique. On n'en demande pas forcément beaucoup plus au CRPE. Continue comme ça !  (sans la moindre ironie..)

Cela dit, pour pinailler, je trouve ta position un peu condescendante. Personne ne t'a fait juge et éducateur des parents d'élèves, et tes propres préjugés ne valent pas forcément mieux que les leurs — dans l'absolu du moins. Dans ta classe, c'est toi l'arbitre et le représentant de la norme (ça tombe bien, tu sembles assez en phase avec l'idéologie ministérielle, sur ces questions). Mais dans ta classe seulement. En tant que fonctionnaire d'Etat, ton "objectif" ne sera en aucun cas d'instaurer une police de la pensée, d'obliger quiconque à "arrêter de dire n'importe quoi à ses enfants".

Ta distinction entre"savoir" et "croyances" (i.e. les "savoirs" des autres que tu ne partages pas ?) est un peu courte. Comment sais-tu ce que tu sais ? En l'occurrence, comment sais-tu que « les  filles et les garçons sont égaux » ? C'est au mieux un choix idéologique personnel, donc une pure adhésion à une croyance morale, au pire un écho servile d'une idéologie d'Etat. Pas exactement un idéal de rigueur épistémologique. Même ton exemple "scientifique" ne tient pas vraiment la route. Comment sais-tu que l'eau bout à 100* ? Parce que tu es capable de le démontrer a priori ? Par expérience personnelle ? J'en doute fort : quand on fait concrètement la manip, on obtient rarement ce résultat exact, pour tout un tas de raisons, bonnes et mauvaises (à commencer par le fait que tout le monde ne vit pas au bord de la mer...) ? Ou parce que tu l'as lu dans un livre auquel tu "croyais" vraiment ? Et en ce cas, quelle différence avec le Coran, par exemple ?

 

Pour ce qui est de "mettre la misère" à un parent d'élève, il n'est pas forcément si clair de savoir qui "prendrait cher". Si tu tombes sur un parent de personnalité docile, tu pourras peut-être jouer à "l'infantiliser", comme tu le dis toi-même. Mais s'il a une plus grande gueule que toi, c'est toi qui risques d'en prendre pour ton grade sur le trottoir, devant tes élèves. Et ça, ce n'est pas très facile à rattraper, ensuite. Pire : s'il est un peu teigneux, il peut te remettre poliment à ta place et faire un joli courrier à ton IEN, dans lequel il parle de défaut de neutralité et menace de déposer plainte pour détournement de l'autorité parentale...

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Je vous remercie pour vos réponses. Cette distinction entre croyances et savoirs est toujours très intéressante d'un point épistémologique même si ma question n'allait pas si loin. En tout cas merci d'avoir replacé les "connaissances" dans leur "paradigme". C'est toujours intéressant d'avoir un regard extérieur qui permet de prendre du recul par rapport à une situation. 

Imaginons maintenant qu'un parent ne souhaite pas que son fils fasse de la danse. Invoquer le règlement scolaire et celui de l'éducation nationale; et éviter dans un débat sur le sexisme semble donc la solution la plus pertinente.  

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il y a 7 minutes, titoine1 a dit :

Imaginons maintenant qu'un parent ne souhaite pas que son fils fasse de la danse. Invoquer le règlement scolaire et celui de l'éducation nationale; et éviter dans un débat sur le sexisme semble donc la solution la plus pertinente.  

De deux choses l'une : soit il s'agit d'une activité d'initiation à la danse dans le cadre scolaire, et le parent n'a pas de droit de regard, dans la mesure où c'est prévu par les programmes, sans distinction de sexe évidemment. Soit c'est une question plus générale, et c'est l'enseignant qui n'a aucun droit de regard sur ce que l'enfant est ou non autorisé à faire en dehors du cadre scolaire...

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Pour le coup, au concours, attention à ce genre de "bien entendu". Les questions sont précises et explicites, et chaque mot de leur formulation compte (ou devrait compter..).

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Il y a 21 heures, Moustache a dit :

Moi je serais plutôt du genre à dire suffisamment fort pour qu'on m'entende : "je me demande si je ne vais pas acheter une dinette pour l'anniversaire de Clément"... ;)

Pour le reste, plutôt d'accord avec ce qui a été dit, je n'en rajoute pas.
Petit rappel, pour info : http://elisegravel.com/fr/content/tu-peux-un-livre-gratuit-pour-enfants

Ahah, merci Moustache, je devrais essayer ça un de ces 4 ;)

Je vais voir ton lien également.

Merci Titoine pour ce sujet et bonne continuation

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