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Parcoursup: Il autorise les universités à définir des « attendus » qui serviront de critères pour examiner les dossiers des bacheliers (Options, séjours à l'étranger et engagement associatif...)...


nonau

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Comment est-il possible qu’un pays qui possède d’aussi bons services statistiques et qui a planifié la réussite de 80% d’une génération au baccalauréat depuis 1984 soit si surpris de voir son nombre d’étudiants à l’université augmenter? N'aurait-on pas vu arriver les étudiants supplémentaires, alors que 99% d’entre eux fréquentent l’école depuis la maternelle? Il semble que l'adage selon lequel «gouverner, c’est prévoir» n’est plus respecté depuis longtemps.

Vers un renforcement des inégalités

Ce nouveau mode de sélection ("les attendus") renforce les inégalités entre les bacheliers. Beaucoup des attendus n’ont pas grand-chose à voir avec le parcours scolaire. Est-on obligé de parler de cursus, de CV pour des élèves qui sortent de l’école? Je crois qu’en terminale, je n’aurais rien pu dire qui ne soit indiqué dans mon dossier scolaire, à moins de faire la liste de mes colonies de vacances et de mes goûts musicaux.

La capacité à se valoriser et à mettre ses atouts en avant est très variable suivant les individus; elle recoupe des compétences sociales qui n’ont sans doute pas à entrer en compte comme critère de jugement dans un pays déjà très inégalitaire scolairement –nous sommes champions en la matière.

Les activités extra-scolaires dépendent hélas encore beaucoup du milieu d’origine et de l’engagement familial dans le parcours de l’enfant, notamment financier: les inscriptions en club de sport, en cours de musique... ont un coût. De même, faire des «séjours à l’étranger» un attendu confirmé relève purement et simplement du tri social.

Cette sélection pose également la question de l’anticipation: à quel âge est-on censé commencer à préparer son orientation et cocher les bonnes cases des attendus? Est-ce vraiment trop tard de choisir une voie à 18 ans?

Un recrutement basé sur les compétences sociales et les activités extra-scolaires s’opère déjà dans de nombreuses filières sélectives et à l’entrée des grandes écoles. Science Po et l’Essec –entre autres– ont dû créer des dispositifs d’ouverture sociale tant il leur était impossible d'offrir autre chose qu’un entre-soi de privilégiés à leurs étudiants. Ce sera désormais peut-être aussi le cas dans certaines universités.

.... «Pour départager des dossiers similaires, les universités valoriseront aussi certains éléments du parcours de lycéen en cohérence avec la formation demandée. En droit, à Cergy-Pontoise, il pourra s'agir des cours de latin ou grec suivis jusqu'en terminale ou encore le fait d'avoir été en classe européenne ou en section internationale. De même, les options “Droit et grands enjeux du monde contemporain” en terminale L et “sciences sociales et politiques"” en ES seront considérées comme un plus dans le parcours de l'élève. L'université d'Aix-Marseille tiendra compte des séjours à l'étranger, de l'engagement citoyen ou associatif… À Bordeaux, en STAPS, les éléments permettant d'apprécier les compétences sportives ou l'investissement associatif seront pris en compte dans l'analyse des dossiers, comme les licences ou le BAFA. Pour certaines formations, un CV détaillant tous ces éléments est ainsi demandé.»

https://www.slate.fr/story/157405/education-parcoursup-enseignement-superieur-universites-attendus

« Quand les parents d’élèves à Aulnay-sous-Bois, Sevran ou Tremblay, découvriront dans les attendus que leur fils pourra faire une croix sur Staps (sports) parce qu’il n’a pas le Bafa ou qu’il ne s’est pas investi dans une association, ils seront en colère. » Que diront ceux, aussi, qui s’apercevront qu’il faudra avoir fait un séjour linguistique pour prétendre entrer en fac de langues ?

https://humanite.fr/parcoursup-selection-luniversite-une-reforme-ni-legale-ni-legitime-649050

Un système à deux vitesses se met en place avec un "bac à la carte" d'un niveau différent suivant les établissements, une inscription à l'université qui sera encore plus inégalitaire, car les attendus seront bien entendus, plus à la portée des familles aisées qui connaissent bien le système. C'était déjà le cas pour les classes prépas ou les écoles privées, ce sera désormais le cas pour l'université. Il y aura aussi les "universités élitistes" avec des "attendus" ambitieux et des universités poubelles pour les autres...

Comme pour les autres secteurs publics, ces politiques ont mis à genoux le service public de l'enseignement (loi LRU, APB, 80% d'élèves avec un bac et des notations "à la carte" pour y parvenir...) pour faire passer leur système libéral basé sur de vagues compétences subjectives plutôt que sur des savoirs disciplinaires directement rattachés à des conventions collectives...

D'ailleurs "parcoursup" est soutenu par le MEDEF!

 

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Je ne suis pas choquée que les filières aient des attendus. Leur priorité d'ailleurs est l'adéquation entre le bac préparé et la formation proposée. Je trouve par contre dérangeant que les élèves de terminale aient découvert ces attendus en janvier pour une clôture des dossiers en mars. 

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Concernant le CV il est loin d'être demandé par toutes les écoles. Mon fils a demandé des CPGE et des licences et n'a eu aucun CV à faire.

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Qu'est-ce que tu proposes pour sélectionner les étudiants à l'entrée en fac ?

Je pense que c'est un énorme gâchis de faire croire à tous les bacheliers qu'ils peuvent réussir en fac. Ce serait plus honnête de dire franchement à certains qu'ils ont une probabilité proche de zéro de réussir leur première année.

Quoiqu'une simple dictée de niveau 3e pourrait suffire... ;)

 

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Il y a 8 heures, borneo a dit :

Qu'est-ce que tu proposes pour sélectionner les étudiants à l'entrée en fac ?

Je pense que c'est un énorme gâchis de faire croire à tous les bacheliers qu'ils peuvent réussir en fac. Ce serait plus honnête de dire franchement à certains qu'ils ont une probabilité proche de zéro de réussir leur première année.

Quoiqu'une simple dictée de niveau 3e pourrait suffire... ;)

 

Exactement...Mais il existait une sélection basée sur des champs disciplinaires que les politiques ont volontairement détruit...le bac!

Posons nous la vraie question: pourquoi avoir sournoisement et volontairement tué le bac?

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Je ne pense pas que le bac soit un bon indicateur. D'abord tous les bacs permettent d'entrer à l'université, alors que certains n'y préparent pas du tout. Et même dans les filières traditionnelles (S ES et L), un bac obtenu ric-rac avec 10 de moyenne, c'est trop juste pour réussir en fac. Et justement, ce sont ces élèves-là qui vont vouloir y aller, puisque c'est la seule voie ouverte sans dossier.

Il faut savoir qu'un élève "limite" n'a aucune chance d'être accepté en BTS ou en DUT. Il faut un dossier plutôt bon (élèves dans le créneau de la mention AB) pour être retenu. Donc il se retrouve en fac.

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Il y a 7 heures, borneo a dit :

Je ne pense pas que le bac soit un bon indicateur. D'abord tous les bacs permettent d'entrer à l'université, alors que certains n'y préparent pas du tout. Et même dans les filières traditionnelles (S ES et L), un bac obtenu ric-rac avec 10 de moyenne, c'est trop juste pour réussir en fac. Et justement, ce sont ces élèves-là qui vont vouloir y aller, puisque c'est la seule voie ouverte sans dossier.

Il faut savoir qu'un élève "limite" n'a aucune chance d'être accepté en BTS ou en DUT. Il faut un dossier plutôt bon (élèves dans le créneau de la mention AB) pour être retenu. Donc il se retrouve en fac.

Je ne te parle pas de la parodie de "bac" que l'on donne depuis la fin des années 80 sous l'impulsion de la magnifique loi d'orientation de Jospin, mais d'un vrai bac qui faisait office de sélection jusqu'à la fin des années 70...

Tuer le bac c'est tuer un diplôme national sur lequel sont basées toutes les conventions collectives et les grilles salariales. Plus de bac, plus de grilles...Et mise en place de vagues compétences subjectives...

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Après l’explosion des cours particuliers lancés par des entreprises privées, voici lancées les entreprises de l’orientation. Une nouvelle preuve que l’éducation est devenue un marché. Exemple avec tonavenir.net, ou comment acheter son parcours d’étudiant.

https://larotative.info/avec-la-loi-vidal-de-nouvelles-2631.html

 

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Le 04/03/2018 à 20:48, fleur7 a dit :

Je ne suis pas choquée que les filières aient des attendus. Leur priorité d'ailleurs est l'adéquation entre le bac préparé et la formation proposée. Je trouve par contre dérangeant que les élèves de terminale aient découvert ces attendus en janvier pour une clôture des dossiers en mars. 

c'est choquant entre autre car les attendus relèvent de l "extrascolaire" et que l'on sait très bien que selon les familles l'offre extrascolaire n'est pas la même. L'exemple des séjours à l'étranger par exemple, à lui seul c'est un vrai scandale ! Comme si toutes les familles pouvaient se le permettre ... On va bien assister à une sélection par l'argent et la classe sociale pour l'accès à l'université.

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Il y a 4 heures, nonau a dit :

Je ne te parle pas de la parodie de "bac" que l'on donne depuis la fin des années 80 sous l'impulsion de la magnifique loi d'orientation de Jospin, mais d'un vrai bac qui faisait office de sélection jusqu'à la fin des années 70...

Tuer le bac c'est tuer un diplôme national sur lequel sont basées toutes les conventions collectives et les grilles salariales. Plus de bac, plus de grilles...Et mise en place de vagues compétences subjectives...

Honnêtement, qui soutiendrait le retour à un taux de réussite autour de 50 % au lieu des 90 % actuels ? les syndicats sont contre, les élèves sont contre, les parents sont contre. On a vendu le diplôme pour tous et le droit à la fac. Va dire à l'UNEF que ce n'est plus possible. Alliance de tous les politiques et syndicats sur le sujet. On gère des flux, point barre.

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Il y a 9 heures, ronin a dit :

Honnêtement, qui soutiendrait le retour à un taux de réussite autour de 50 % au lieu des 90 % actuels ? les syndicats sont contre, les élèves sont contre, les parents sont contre. On a vendu le diplôme pour tous et le droit à la fac. Va dire à l'UNEF que ce n'est plus possible. Alliance de tous les politiques et syndicats sur le sujet. On gère des flux, point barre.

C'est vrai c'est tellement mieux la sélection par l'argent qui se profile...Car ne soyons pas dupes, ce système va entrainer des bacs à la carte à plusieurs vitesses d'une part, et d'autre part des universités qui sélectionneront (pour le moment, car rapidement nous allons assister à une inflation importante  des coûts d'inscription comme aux EU ou au RU) sur des critères extra scolaires. D'après vous les meilleures universités que vont-elles faire? Ou pour attirer une certaine frange de la population étudiante quels attendus vont-elles mettre en avant? Pourquoi le marché privé de l'orientation se développe -t-il de sorte (conseillers privés, coachs...)?

A la sélection par l'argent ou des "attendus" je préfère celle des connaissances disciplinaires, plus transparente et républicaine.

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