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Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.


Zarko

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EXCLUSIF - Le directeur de l’UFR chimie de l’université est particulièrement «agacé». Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.

On les a peu entendus jusque-là au sujet de Parcoursup mais certains professeurs d’université se disent «décontenancés», voire «dépités» par les subtilités de la plate-forme informatique destinée à orienter les lycéens dans l’enseignement supérieur. En cause, les taux imposés des lycéens «hors secteur» qui ont fortement modifié leurs classements locaux.

Rémi Losno, le directeur de l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot, fait partie de ces professeurs «très agacés». L’an dernier, sur les 110 places offertes en première année de chimie au sein de cette université parisienne prisée, «environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province». Cette année, le rectorat, via le logiciel Parcoursup, n’autorise pas la filière à prendre plus de 3 % de bacheliers non parisiens.

Résultat: d’excellents élèves de banlieue sont aujourd’hui relégués dans les bas-fonds de la liste d’attente alors que des lycéens parisiens aux résultats moyens voire médiocres caracolent en tête des admis. «Les treize premiers admis ont des résultats corrects sans plus. Mais dès la 14e place, nous avons un élève parisien qui plafonne à 8 de moyenne générale. Malgré ses 17,5 de moyenne, un candidat du Val-de-Marne, lui, est relégué en attente à la 1 010e place!», rage Benoît Piro, le responsable de la licence de chimie. Des lycéens de «niveau faible voire très faible passent avant des candidats de banlieues limitrophes ayant 5 à 10 points de plus de moyenne générale !». Des jeunes qui habitent parfois à quinze minutes à pied de l’université Paris-Diderot. «Que répondre à leurs parents qui m’interpellent?»

«Le but était de ne pas introduire de déséquilibre important dans les flux entre les académies de Paris, Créteil et Versailles par rapport à l’an dernier»François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise

Pourquoi cette licence n’a-t-elle droit cette année qu’à 3 % de bacheliers hors secteur? Pour le rectorat, c’est la seule vraie filière de chimie identifiée dans Paris intra-muros. Il faut donc la réserver pour l’essentiel aux Parisiens. Et ne pas vider les facs de banlieue de leurs premiers de classe. Peu importe, aux yeux de l’administration, l’opinion de ces lycéens pour qui l’excellence se situe à Paris mais qui n’ont pas la chance d’y habiter. «Normalement, les taux hors secteurs sont définis par les recteurs en fonction des taux constatés l’année d’avant. Le but était de ne pas introduire de déséquilibre important dans les flux entre les académies de Paris, Créteil et Versailles par rapport à l’an dernier», assure François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise. Pourtant, le système précédent, APB, favorisait déjà les lycéens de l’académie. Ces derniers étaient prioritaires. Mais, visiblement, pas à ce point.

«Tout a été remis en cause. Nous avons l’impression d’avoir travaillé vainement. Un simple tirage au sort aurait presque donné le même résultat!»Benoît Piro, responsable de la licence de chimie de l’université Paris-Diderot

Le constat des professeurs en licence de chimie est partagé par celui des professeurs de biologie de Paris-Diderot, également amers, même s’ils ont «réussi à arracher 15 % de places hors secteur après négociation avec le rectorat, contre 40 % l’an dernier». Très mécontent, Benoît Piro estime de son côté avoir «travaillé pour rien» puisque son classement local a été entièrement remanié: «Pendant des semaines, nous avons classé nos 3 061 candidats selon les notes de première et de terminale, avec une attention particulière pour les matières scientifiques mais aussi littéraires car, en chimie, il faut savoir rédiger. Tout a été remis en cause. Nous avons l’impression d’avoir travaillé vainement. Un simple tirage au sort aurait presque donné le même résultat!» Il juge ce système «absurde» : «Si ça ne bouge pas, 90 % de nos potentiels admis échoueront l’an prochain! Ils n’ont jamais eu la moyenne aux matières scientifiques!» Certes, admet-il, il est possible que de «bons» candidats aujourd’hui mal classés finissent par être admis par le biais des désistements progressifs au fil des semaines, «mais nous sommes très inquiets».

La remise en cause des classements locaux est également mal vécue au sein des très prisés instituts universitaires de technologie (IUT). Les responsables de la filière gestion des administrations et des entreprises ont voté fin mai une motion dénonçant le fonctionnement de Parcoursup. En cause: les quotas minimaux de boursiers imposés. Destinés à favoriser une mixité sociale, ils modifient également fortement les classements des IUT concoctés par les professeurs…http://etudiant.lefigaro.fr/article/parcoursup-l-ire-des-profs-de-paris-diderot_57d4384c-6ccb-11e8-9dc3-e33fd227be33/

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Parcoursup me fait penser au PPCR...L'arbitraire, des sélections au "doigt mouillé"...Pauvre système éducatif à l'image de la destruction de toutes les autres fonctions publiques...

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Parcours sup donne des résultats surprenants. Ma fille a demandé des classes prépas, des universités, des itus et un BTS. Au final, elle a été accepté en BTS. Heureusement qu'elle a passé des concours privés pour des écoles. Le choix s'est fait : plus de parcours sup. Et vive les écoles privées. J'ai comme l'impression que parcours sup favorise les écoles privées. Un vrai problème : dans le primaire, les parents choisissent des écoles privées. Dans le supérieur, les parents préfèrent les écoles privées. Reste à espérer gagner assez d'argent pour payer la scolarité. 

PS : Ce n'est grâce à mon salaire que ma fille va en école privée....

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Parcours soupe c'est génial ...

https://www.marianne.net/societe/la-banlieue-lesee-par-parcoursup-au-blanc-mesnil-eleves-et-professeurs-n-en-doutent-pas

Citation

Ces réponses positives, à en croire professeurs et élèves, proposeraient très souvent des formations éloignées des envies d'orientation principales des étudiants, engendrant un fort risque d'orientation choisie et subie. La faute à la disparition de la hiérarchisation des voeux par les lycéens, en ordre de préférence, comme c'était le cas avec APB. Surtout, elles offriraient en grande partie des places dans des établissements du secteur. L'université Paris 8 de Saint-Denis sera de fait la première destination de ces futurs bacheliers, qu'ils le veuillent ou non.

Citation

"J'imagine que les élèves de Paris passent avant et qu'on aura les restes. Je sais pas, on ne nous dit rien. Le bac approche, mais on ne pense qu'à réactualiser l'appli, c'est pire que Facebook, dit-il en faisant de grands mouvements d'exaspération. C'est compliqué comme situation. C'est pas humain." Et il s'inquiète. Valider ce voeux qu'il ne souhaite pas voir se réaliser ou le refuser pour espérer avancer dans les listes d'attente des formations qu'il veut absolument rejoindre... sans être assuré d'y obtenir une place ?

 

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Et encore une bonne nouvelle !

Cela leur fait démarrer leur vie d'adulte plein d'espoir sur la société !

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Le 11/06/2018 à 22:37, Zarko a dit :

l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot   (...) cette université parisienne prisée  (...) la seule vraie filière de chimie identifiée dans Paris intra-muros.

On a le droit de pouffer ?  Si je suis bien, renoncer à former des étudiants "scientifiques" aux bases élémentaires des sciences, alors que la quasi-totalité des licences sérieuses, à commencer par celle de Paris-Sorbonne (ex-Jussieu en sciences) combinent au minimum physique et chimie à ce niveau élémentaire, fait de l'UPD une université d'élite ?

 

Cela dit, il faut savoir ce que l'on veut : on revendique une peréquation favorisant les étudiants locaux, comme le font les syndicats étudiants et une bonne partie des présidents d'université depuis des mois ; ou on admet enfin l'évidence que certaines licences sont meilleures que d'autres, et on les laisse entrer en concurrence pour les meilleurs étudiants...  Mais si préférence locale il y a, il n'y a pas de raison qu'elle ne s'applique pas aussi à Paris.

En l'occurrence, le problème n'est pas ParcoursSup — c'est la médiocrité de certaines facs. Et la solution n'est pas de laisser les étudiants de Seine-Saint-Denis fuir le département pour s'inscrire à Paris intra muros, c'est de donner à l'Université Paris Saint Denis les moyens d'être aussi bonne ou meilleure que les plus parisiennes (ce qui est par exemple le cas de Paris-Sud, à Orsay, encore plus loin de Paris).

 

J'ai par ailleurs un peu de mal à compatir avec les pauvres étudiants qui ne savent pas où ils iront l'an prochain avant même d'avoir passé le bac. Il n'y a pas si longtemps, sauf pour les meilleurs bienvenus partout sur dossier (ce qui est toujours le cas), on attendait les résultats du bac pour être fixé, voire septembre si on était en liste d'attente. Et on y survivait assez bien...

 

 

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Il y a 9 heures, Argon a dit :

 

En l'occurrence, le problème n'est pas ParcoursSup — c'est la médiocrité de certaines facs. Et la solution n'est pas de laisser les étudiants de Seine-Saint-Denis fuir le département pour s'inscrire à Paris intra muros, c'est de donner à l'Université Paris Saint Denis les moyens d'être aussi bonne ou meilleure que les plus parisiennes (ce qui est par exemple le cas de Paris-Sud, à Orsay, encore plus loin de Paris).

Et comment ? En augmentant les frais d'inscription ? En demandant aux entreprises de payer des formations ? En recrutant des étudiants qui devraient être pris dans des filières élitistes ? En spécialisant les facs : plus qu'une fac de droit à telle université ? Mais non, il y a qu'une seule fac de droit connue.... 

Orsay est aussi connu pour les grandes écoles. 

Dans une université, qui prépare des Master pour enseignants ( C'est pour rester anonyme), on aimerait que l'Education Nationale paie les masters au même prix que les entreprises ? !!! ? !!!

Je ne sais pas s'il est possible de trouver une solution. 

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Il y a 17 heures, Chiriro a dit :

Et comment ?

 Comment se doter de facs de bon niveau en dehors de Paris ? Ca me paraît évident : d'une part, en augmentant le budget des universités ; et d'autre part en rééquilibrant la répartition des moyens entre les facs parisiennes et les autres, et par ailleurs entre les grandes écoles et les facs.

Ca peut aller assez vite : les jeunes enseignants-chercheurs brillants iront là où l'on créera des postes, voire de nouveaux labos.

 

Il y a 17 heures, Chiriro a dit :

Orsay est aussi connu pour les grandes écoles.

 Oui et non. Orsay est un très bon exemple. A l'origine, c'était un bled paumé dans la vallée de Chevreuse, qui n'intéressait personne. Puis un labo est allé s'y installer, autour de Frédéric Joliot-Curie, qui avait besoin de place pour de grands équipements de physique nucléaire. Ses collègues physiciens ont suivi, alors même que tout ce beau monde continuait à enseigner à la Sorbonne et au Collège de France, au cœur du Quartier Latin.

  Puis, en 1968, le Gouvernement s'est avisé que ce n'était pas forcément une bonne idée pour lui que d'avoir des labos de chimie donnant sur le boulevard Saint-Michel, avec production locale de cocktails à l'acide (encore une invention de Joliot, au passage), etc., et que, emmerdeurs pour emmerdeurs, les littéraires étaient moins dangereux. Il a donc créé une fac à Orsay, où les chercheurs étaient déjà, et a renvoyé les étudiants en sciences les y rejoindre sur un grand campus sympa et très vert (pas cher : à l'époque, c'était la cambrousse). C'est tout de suite devenu un campus d'excellence, du coup les grandes écoles ont suivi (Supélec, Sup'Optique, puis l'école polytechnique elle-même pas loin)... et ça a donné en quelques années le plus grand campus scientifique d'Europe.

  C'est d'ailleurs l'une des différences entre les meilleures universités du monde et la plupart des facs françaises. Harvard ou le M.I.T. n'ont pas été créées dans le centre ville de Boston, ou Standford et U.C.L.A. dans celui de Los Angeles, pour que les pauvres petits étudiants (et les enseignants..) n'aient pas à vivre trop loin des attractions de la grande ville : elles se sont installées en grande banlieue, là où elles pouvaient créer un campus beau, grand et efficace pour pas trop cher, en mettant les moyens dans les labos et les enseignants. Et curieusement, les têtes les mieux faites ont suivi !

 

 

 

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Penses tu sincèrement que Macron voudrait faire ces choix ? Je n'en suis pas certaine. Il pourrait vouloir une privatisation des facultés. Les facultés augmenteraient leurs frais d'inscription. A priori, les facs veulent du e-learning, car c'est plus économique. Je ne sais pas ce qu'il va advenir de l'école publique. 

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Il y a 2 heures, Chiriro a dit :

Penses tu sincèrement que Macron voudrait faire ces choix ?

Non. C'est faisable, mais ce n'est clairement pas le sens du vent, malheureusement.

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Il y a 15 heures, Argon a dit :

Non. C'est faisable, mais ce n'est clairement pas le sens du vent, malheureusement.

Donc, nous serons spectateurs de la fin de l'école publique républicaine. Dans l'indifférence, on privatise l'école. 

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il y a 7 minutes, Chiriro a dit :

Donc, nous serons spectateurs de la fin de l'école publique républicaine. Dans l'indifférence, on privatise l'école. 

"Donc" ?   Je ne vois aucun lien logique entre les deux arguments.

Le modèle public ultra-élitiste et centralisé serait même, en fait, de la plus pure tradition républicaine !

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