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La liberté de parole des enseignants sur les réseaux sociaux menacée


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http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/12/12122018Article636801966942543096.aspx

Citation

Loi Blanquer : Ce que la confiance veut dire...

"L'école de la confiance" c'est le slogan préféré de JM Blanquer , celui qui a été utilisé pour justifier sa politique tout au long de ses 18 mois de présence au ministère de l'éducation nationale. C'est encore le nom de son projet de loi sur l'école qui devrait bientôt arriver devant le Parlement. La confiance c'est, selon le Larousse, "le sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre, à quelque chose". Mais le projet de loi de JM Blanquer redéfinit le terme et sa portée. Il éclaire du coup le véritable projet du ministre. L'école de la confiance c'est celle de la mise au pas des enseignant

L'article 1 de la loi Blanquer

L'école de la confiance a déjà pris de sérieux coups depuis le phénomène #pasdevagues. Les enseignants ont largement témoigné de l'absence de confiance de l'institution à leur égard. Un sentiment bien rendu en retour. On croyait d'ailleurs le slogan enterré mais le ministre n'a pas hésité à l'utiliser à nouveau, juste avant que les lycéens apportent à leur tour un net démenti...

Le projet de loi "pour une école de la confiance" commence par un premier article qui porte sur "l'engagement de la communauté éducative". Comme d'autres articles de ce texte, il cache bien son jeu.

L'article 1 du projet de loi demande d'insérer un article L. 111-3-1 dans le Code de l'éducation ainsi rédigé : " Art. L. 111-3-1 - Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation. Ce lien implique également le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. "

Un mot pour révoquer facilement

Apparemment c'est une simple déclaration philosophique dont on peut se demander  ce qu'elle fait dans un projet de loi. Mais l'étude d'impact du projet de loi, un document obligatoire fourni par le ministère aux députés, éclaire singulièrement ce que JM BLanquer appelle la confiance.

" Le Gouvernement souhaite inscrire, dans la loi, la nécessaire protection de ce lien de confiance qui doit unir les personnels du service public de l’éducation aux élèves et à leurs familles. Compte tenu de son importance, il serait en effet déraisonnable de s’en tenir à une simple consécration jurisprudentielle", explique l'étude d'impact.

"Les dispositions de la présente mesure pourront ainsi être invoquées, comme dans la décision du Conseil d’Etat du 18 juillet 2018 précédemment mentionnée, dans le cadre d’affaires disciplinaires concernant des personnels de l’éducation nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public".

L'arrêt en question avait annulé la décision d'une cour administrative d'appel  qui était revenue sur une décision de révocation d'un enseignant. Il s'agissait d'un professeur de Montceau-les -Mines coupable et condamné avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans. Pour chasser cet enseignant du métier , le Conseil d'Etat a argué de " l’exigence d’exemplarité et d’irréprochabilité qui incombe aux enseignants dans leurs relations avec des mineurs, y compris en dehors du service" et de l’importance de l’atteinte portée " à la réputation du service public de l’éducation nationale ainsi qu’au lien de confiance qui doit unir les enfants et leurs parents aux enseignants du service".

Faire taire les profs sur les réseaux sociaux

Exploitant cette affaire très particulière, le projet de loi Blanquer exploite cet arrêt dans un tout autre domaine. Il ne s'agit plus de délinquant sexuel condamné mais de n'importe quel prof. Il ne s'agit plus de la violation perverse de la relation pédagogique mais du lien d'obéissance au ministre.  En s'appuyant sur cet article et cette évocation de la confiance, le ministre veut pouvoir sanctionner ce qu'il n'arrive pas à punir actuellement.

L'étude d'impact donne des exemples. "Il en ira par exemple ainsi lorsque des personnels de la communauté éducative chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire. Ces dispositions pourront également être utilement invoquées par l’administration dans les cas de violences contre les personnels de la communauté éducative ou d’atteintes au droit au respect de leur vie privée, notamment par le biais de publications sur des réseaux sociaux".

La confiance c'est la soumission

Ainsi toute critique portée par un enseignant sur l'institution pourrait être légalement sanctionnée par une révocation. Ce que poursuit le ministre c'est la généralisation du devoir de réserve qui concerne aujourd'hui les seuls cadres du système éducatif ou des cas bien particuliers. Les violences tout comme la diffamation sont déjà punis par la loi. Le devoir de réserve peut être invoqué pour des enseignants qui feraient campagne contre l'institution (et non contre un responsable politique). Or la liberté de parole des enseignants est nécessaire à l'exercice du métier. Ils doivent éthiquement privilégier l'intérêt de l'élève avant celui de l'institution. Ils doivent pouvoir exercer librement un droit de critique sur le fonctionnement de l'institution. Celle-ci d'ailleurs le leur demande quand il s'agit des programmes par exemple.

On mesure le glissement que permettrait le passage de cet article. JM Blanquer inscrit cet article pour permettre une systématisation des sanctions et faire en sorte que les enseignants se taisent, notamment sur les réseaux sociaux, dernier espace de liberté.

Cet article autoritaire, qui ferait des enseignants une catégorie spéciale de sous-fonctionnaires, montre à quel point le mot confiance est un piège. Si, pour Orwell, " la liberté c'est l'esclavage", pour l'auteur de ce projet de loi, la confiance c'est la soumission.

François Jarraud

 

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Mais ce que nous disons sur les forums, c'est ce que nous vivons !

Il n'y a pas de propos mensongers et on ne cite personne donc ce n'est pas diffamatoire non plus.

Quand on dit que notre hiérarchie ne nous soutient pas, c'est aussi malheureusement une réalité, dixit le mouvement "pas de vagues".

Et enfin, c'est notre liberté que de pouvoir nous exprimer en cherchant quelque part un réconfort que nous n'avons pas, ou très (trop) peu !

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J'ai comme le sentiment de ne plus reconnaître le pays où je vis depuis 40 ans... Et comme disait Roger Gicquel : "La France a peur!"

 

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j'ai juste envie de dire qu'ils me font c##er avec leurs lois à la mords-moi-le noeud! Et si on appliquait le principe du gouvernement de confiance, ils seraient déjà débarqués depuis longtemps et hors de portée de nuire au peuple! Et tant qu'on y est, il est grand temps de revoir la devise de la patrie, parce que la liberté, l'égalité et la fraternité ont pris un sacré coup dans l'aile depuis que les marcheurs en chaussures à glands et mocassins ont pris le pouvoir!

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Je suis partagé. Je suis assez d’accord avec l’idée que l’obligation de réserve mérite d’être reconsidérée au vu de l’évolution de la sociabilité, et en particulier de celle des réseaux sociaux.

Je ne suis pas loin d’admettre que s’exprimer, par exemple, sur un groupe facebook très local où l’on est parfaitement identifié comme « le maître des enfants » est plus ou moins l’équivalent d’une discussion sur le perron de l’école, où le devoir de réserve s’applique, du fait même de l’autorité de la fonction.

C’est très différent sur un forum comme celui-ci, où nul discours n’a d’autorité particulière, et qui est de toute façon largement anonyme.

Alors, une loi, pourquoi pas, mais à condition qu’elle ne confonde pas devoir de réserve et entrave à la liberté d’expression...

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On peut dire ce qu'on veut sur les réseaux sociaux, à condition de ne pas le faire sous son nom. Les gens qui ont des facebook avec nom, prénom et photo sont des irresponsables. Quand les ennuis seront là, ce sera trop tard pour réaliser que contre le cyberharcèlement, il n'y a aucun recours. La police ne fera rien, et la justice non plus.

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On dit tout et n importe quoi sur internet et les réseaux sociaux,sans justifications ni preuves,alors oui  s exprimer bien sûr mais avec réflexion .

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Il y a 11 heures, Argon a dit :

...Alors, une loi, pourquoi pas, mais à condition qu’elle ne confonde pas devoir de réserve et entrave à la liberté d’expression...

Eh bien je pense que là est le problème... où termine l'un et où commence l'autre? Qui le décide?  Serait-ce l'anonymat qui marque la frontière????

Attendez, je veux avoir la possibilité et le droit d'expliquer à mes parents d'élèves que:

- telles évaluations seront boycottées dans la classe car chronophages et n'apportant rien à ma pratique

- en CP, je choisis les méthodes que j'utilise en faisant jouer ma liberté pédagogique et non en fonction de ce que l'institution cherche à nous imposer propose

- en Cycle3, j'utilise la note chiffrée que j'estime plus précise que le remplissage à la louche du LSU

etc.

 

Concernant ce que l'on peut écrire anonymement, avec cette loi, le #pasdevagues aurait-il connu autant de succès? Beaucoup d'inspecteurs.trices, autres recteurs.trices, directeurs.trices et proviseurs.res  ou simplement des circonscriptions ont été identifiables ou identifiées: diffamation? dénigrement? mensonge? manque de respect? Qui décide?

 

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