Grève du 17 décembre

[michmich60]

Si je n'avais pas demandé une autorisation d'absence pour mardi pour l'opération de mon conjoint j'aurais fait grève. 2 sur 4 le 5, 4 sur 4 le 10 mais la je n'ai pas réussi à pousser mes collègues a faire grève. Pourtant c'est le jour où il faut. J'attends de voir dans mon département ce qu'ils proposent pendant les vacances mais j' en serai si qqch se fait 

[Sundy]

Et est redevenu en 2018 le premier syndicat de France, privé et public confondus. Il ne faut pas non plus sous-estimer la majorité réformiste du pays.

[ronin]

Moi j'ai une collègue assez anti-syndicats. A la rentrée elle m'annonce s'être syndiquée. Je lui demande pourquoi ce syndicat plutôt qu'un autre. Elle me répond "parce qu'ils n'appellent pas à la grève". 

 

Faire le choix de la docilité et de la soumission. Ça me dépasse. 

[ronin]

Il faut croire. C'est juste un job alimentaire pour elle. 

[ronin]

Alimentaire je pense. Fataliste. Et bien docile. Comme beaucoup, faut pas nuire aux élèves, y a pire que nous, on a pas le choix, etc. 

[ronin]

La majorité ne se projete pas plus loin que les prochaines vacances. 

[ronin]

Oui c'est vrai aussi. Mais la seule solution c'est l'action collective. Nous faisons le contraire. 

[kiko]

Nous avons pourtant un beau mouvement, ce serait dommage d'avoir fait tout cela pour rien... 

[Sundy]

Les enseignants ont changé de profil d'un point de vue sociologique. Avant, et il y a encore peu, on avait un fort sentiment d'appartenance au "corps". Donc, on faisait "corps". Désormais, chez les enseignants, y compris chez les PE, on retrouve peu cela chez les jeunes et certains anciens, même. Il ne faut pas attendre des moyens de pression d'antan (et j'étais là en 2003) fonctionner aujourd'hui parce que le sens collectif n'est plus aussi présent.
Et j'entends aussi que ceux-là ne se sentent pas représentés par des mouvements syndicaux dont la réponse quasi systématique est la grève. Moi je suis ravie que ta collègue se soit syndiquée, même à la CFDT qui est un syndicat tout aussi respectable que FO, Sud ou la FSU, plutôt que de ne pas le faire. Ce qui pêche aujourd'hui, ce n'est pas l'absence de participation aux grèves, c'est le manque d'engagement. Et ça, on le sait là-haut....

[kiko]

Et si, comme Delevoye, j'avais un problème de mémoire, j'en oublierais que j'ai fait grève et mettrais "j'ai assuré mon service" sur l'enquête de grève ... il paraît que c'est pas grave.  

 

[ronin]

Le souci c'est qu'elle se syndique juste pour avoir des services. En gros, elle veut un numéro vert, une hotline au cas ou. Le reste elle s'en fout. Et effectivement, je respecte la pluralité de syndicats, aucun problème avec ça. Sauf qu'un syndicat est aussi là pour revendiquer, faire des propositions, comment le faire si tout le monde la joue perso ? Si tout le monde fait comme elle, les syndicats n'ont plus de légitimité et vont mourir très vite.

 

En gros, je vois une analogie entre les syndicats/syndiqués et les élèves et nous. Les syndiqués ils sont aussi et surtout présents, pour moi, pour nous aider à nous prendre en main. Nous apprendre nos droits et devoirs, les textes de base, etc. Ce ne sont pas des sociétés de service. La force d'un syndicat c'est d'avoir des militants de terrain et quelques "experts" en coulisse sur les sujets complexes. Et ça ne fonctionne que s'il y a un roulement, de la formation interne parce que c'est usant et exposé d'être militant de terrain. L'application de la logique individualiste et consumériste amènera forcément à la disparition des syndicats. Il suffit de voir toutes les associations en manque de bras. A moyen terme c'est la disparition des syndicats donc des contrepoids à la hiérarchie intermédiaire. C'est l'absence de soutien aux collègues en difficulté voire aux prises avec la justice.

 

Donc, ce qui me pose un gros problème c'est pas tant le syndicat qu'elle a choisi. C'est la logique à l’œuvre. Plus de collectif, chacun pour soi. Face au rouleau compresseur de la hiérarchie, de la rgpp, de la technostructure, c'est le système américain du chacun pour sa gueule et mort aux faibles dans moins de dix ans. Et du coup, malgré tous leurs défauts ou leurs erreurs, j'avoue que ça me gonfle pas mal de voir des messages qui crachent sur les syndicats. C'est tellement difficile de faire bosser une équipe de dix personnes, donc une équipe de mille ou dix mille personnes c'est forcément un peu le bordel. Mais il serait temps de se réveiller,  à mon humble avis.

 

Un dernier exemple. Il y a quelques années, au début du ministre Peillon. Je suivais de près les négociations sur la réforme des rythmes scolaires par des compte-rendus internes des réunions au ministère. Je donne quelques infos sur ce qui se prépare à mes collègues. 4 collègues m'écoutent poliment mais n'en ont clairement rien à foutre et je sens que je les ennuie et qu'il faut parler d'autre chose. La dernière, non seulement ne me crois pas mais m'engueule presque en me traitant de mytho et en me disant que "jamais le PS ne fera ça".

 

J'ai laissé tombé. Quand le texte de la réforme est sorti au BO, j'avoue que je me suis fait plaisir et je lui ai mis sous le nez. En lui demandant ce qu'elle en pensait. Elle s'est mise à pleurer en me disant "c'est pas possible, ils ne peuvent pas nous faire ça, qu'est-ce que l'on va faire ?". J'avoue que j'ai été assez sec et cassant avec elle. Que les collègues ne sachent pas tout c'est normal. Mais ce refus de se renseigner, de comprendre, d'anticiper, de réfléchir, ça me fait flipper. Et on doit enseigner l’éducation civique et l'esprit critique aux élèves.

[Mirobolande]

il y a 12 minutes, kiko a dit :

Et si, comme Delevoye, j'avais un problème de mémoire, j'en oublierais que j'ai fait grève et mettrais "j'ai assuré mon service" sur l'enquête de grève ... il paraît que c'est pas grave.  

 

Tiens, ça serait un mouvement à mettre en route ça, pour protester et en se défendant de cette manière (j'ai oublié).Si on faisait tous ça, ou la grève, ou....On bloquerait le pays.