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« Ne nous dites pas que vous ne saviez pas ! »


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Réflexions d’une soignante sur la situation.

Vous avez refusé de nous entendre, de nous croire, de nous écouter, de nous payer…
Vous nous avez humilié-es, menti-es, ridiculisé-es, moqué-es, ignoré-es, volé-es, accusé-es, réduit-es au silence, interdit de manifester, gazé-es…

Vous avez ri quand nous parlions d’humain, de moyens pour faire des soins de qualité.
Vous vous êtes moqué-es quand nous réclamions du personnel pour s’occuper des plus âgés. Non. Rien de cela n’était suffisamment rentable. Suffisamment utile.
Vous nous avez ridiculisé-es quand nous ne voulions pas fermer de lits, quand nous demandions des augmentations de personnels, quand nous voulions que nos collègues soient stagiairisé-es pour ne plus être précaires.
Vous nous avez humilié-es quand nous réclamions des salaires à la hauteur de nos responsabilités, de la pénibilité et de l’importance de nos métiers.
Vous avec refusé de nous payer pour notre travail de nuit. Refusé de valoriser notre engagement dans ces conditions difficiles et usantes. Cela ne rentrait pas dans le budget…. Vous nous avez gazé-es quand nous sommes descendus dans la rue pour demander des moyens pour travailler.
Vous avez fermé des lits, des services, des hôpitaux sur tout le territoire, vous avez diminué nos effectifs et crée des déserts médicaux.
Vous ne nous avez pas écouté-es quand nous vous avons dit que nos métiers n’avaient plus de sens. Nous ne pouvions plus prendre soin, qu’il nous manquait du temps, du personnel pour soigner.
Vous avez refusé-es d’écouter notre mal-être, nos peurs et nos craintes de mal accueillir les malades. De mal vous accueillir ou accueillir vos familles, vos proches.
Vous avez voulu réduire notre colère à un caprice, ridiculisé nos cris, éteindre notre révolte, notre indignation de ne plus pouvoir être humain. Simplement.
Vous nous avez accusé-es d’absentéisme alors que nous croulions sous les heures supplémentaires.
Vous nous avez infantilisé-es en nous disant qu’il n’y avait pas d’argent magique alors que nous parlions de soin de qualité, d’une société de qualité.
Vous nous avez ignoré-es lorsque nous avons tiré la sonnette d’alarme. Ca craquait de partout et cela depuis longtemps, il manquait de la reconnaissance pour tous les métiers hospitaliers, de l’ouvrier-e au médecin, de l’infirmièr-e à l’agent de service en passant par l’aide soignant-e, le-a brancardier-e…
Vous nous avez réduit-es au silence en essayant de nous acheter, de nous diviser en distribuant des petites primes aux uns et votre mépris aux autres.
Vous nous avez ignoré-es lorsque nous avons essayé de faire grève, humilié ceux et celles qui essayaient de faire respecter ce droit, accusé et culpabilisé ceux et celles qui avaient pris ce droit.
Vous avez voulu transformer l’hôpital en usine rentable avec des directions faisant des choix répondant à la productivité et la rentabilité alors que nous sommes un service public avec des valeurs humaines.
Vous avez privatisé, externalisé dans des objectifs de rentabilité alors que nous vous parlions de sens du travail et d’équipe…
Vous avez essayé de nous berner avec de beaux discours, mais vos choix concrets dans les ministères et les directions d’hôpitaux illustraient le contraire sur le terrain.
Vous nous avez montré-es des chiffres, des tableaux pour nous prouver qu’on pourrait être plus « efficient par la ré-organisation », mais nous ne parlions pas le même langage, nous n’étions pas du même monde…
Vous nous avez laissé-es nous tuer à la tâche. Nombre de soignant-es se sont suicidé-es à cause des conditions de travail, des pressions, de la perte de sens de notre travail.

Nous vous avons chuchoté, écrit, dit, posté, parlé, dicté, pleuré, chanté, scandé, crié, hurlé pendant des années notre inquiétude à propos de la casse de l’hôpital public. La richesse qu’il était et ce que vous détruisiez, les risques que vous preniez, que nous subissions.
Nous vous avons prévenu que l’hôpital ne fonctionnait que grâce à ses ouvrier-es, ses soignant-es trop dévoués, qu’il était fragile, au bord du gouffre.
Nous vous avons dit qu’un hôpital ne peut, n’a pas à être rentable, que le privé lucratif n’a pas à exister dans nos secteurs.
Nous vous avons vu faire tous les mauvais choix, nous vous avons prévenu-es, nous avons essayer de vous le faire comprendre. En vain.
Vous ne nous avez pas écouté-es…

Et maintenant, vous voulez vous montrer solidaires, vous vous réjouissez qu’on nous applaudissent, vous dites même que « nous sommes des héros ».
Nous ne sommes pas des héros ou héroïnes, pas plus qu’hier et pas mieux que demain.
Nous sommes des soignant-es tout simplement. Des personnes qui pensent que la santé est une priorité dans notre société. Que chaque être humain a le droit d’avoir les mêmes soins de qualité. Quel que soit son âge, son genre, son compte en banque, son lieu d’habitation, son carnet d’adresse.
Nous sommes de ceux et celles qui prennent le même temps pour soigner l’infarctus du PDG mais aussi soigner celui du SDF, le même temps pour soigner l’enfant de l’élu-e politique mais aussi celui de l’immigré-e sans papier.
Nous sommes de ceux et celles qui pensent que la vie n’a pas de prix.
Nous sommes de ceux et celles qui pensent que santé et rentabilité ne peuvent pas cohabiter
Nous sommes de ceux et celles qui sont là, présent dans cette tempête. Au première loge, au front comme vous dites, au quotidien pour subir les conséquences de vos mauvais choix.

Et nous serons là après, pour vous rappeler vos erreurs, pour que vous portiez la responsabilité de ce massacre.
Nous serons là pour que les choix futurs soit les bons, pour que les priorités ne soient plus rentabilité, dividendes et actions boursières mais santé, éducation, logement, solidarité. Pour tout le monde.

Ne vous méprenez pas, nous gérons, nous sommes là, nous faisons des heures et des heures, nous prenons des risques, nous négligeons parfois nos familles parce que nous sommes attaché-es au service hospitalier, parce que la santé est une priorité, parce que le service public est la raison de notre engagement.

Cette crise transforme notre frustration et notre colère en rage. Nous aurions tellement préféré de pas avoir raison de cette manière là, c’est un trop lourd tribu à payer.

Cette rage ne nous lâchera pas, nous serons là, comme nous étions là avant, comme nous sommes là pendant…

Mais vous nous devrez des comptes, des excuses, des remords, des aveux, des démentis et des décisions rapides, fortes, claires, des engagements parce que la santé n’a pas de prix !

Une infirmière depuis 18 ans à l’hôpital public.

https://rebellyon.info/Ne-nous-dites-pas-que-vous-ne-saviez-pas-22109

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Une déclaration d’Acrimed qui invite les économistes à gages, les chroniqueurs et les éditocrates qui depuis trente ans chantent les louanges du libéralisme, à se taire au nom du pluralisme comme de la décence la plus élémentaire.

Voilà trente ans que les libéraux occupent tout l’espace médiatique, chantent les louanges de la mondialisation heureuse, de l’Europe des marchés, et de la baisse des déficits publics.

Trente années que ces zélateurs zélés du capitalisme nous abreuvent de doctrines libérales qui causent les crises, détruisent les emplois et bouleversent le climat.

Trente années qu’ils braillent contre les dépenses de l’État, appellent à réduire son périmètre, enjoignent d’alléger la pression fiscale, acclament la concurrence et roucoulent dès que l’on réduit le nombre de fonctionnaires.

Trente années qu’ils accompagnent la casse du droit du travail, qu’ils se félicitent des dividendes offerts aux actionnaires, prêchent inlassablement le « mérite » des riches et des rentiers. Trente années qu’ils accablent les travailleurs et les plus démunis, les « tire-au-flanc » et les « privilégiés » dans leurs médias gavés de subventions publiques.

Trente années que ces spécialistes de la pensée jetable se trompent sur tout. Qu’ils célèbrent la finance triomphante à la veille de la crise des subprimes. Qu’ils vantent la « solidarité européenne » quand sont imposées des coupes drastiques aux pays en difficulté. Qu’ils applaudissent, malgré la crise climatique, le capitalisme et le consumérisme effréné dans leurs médias saturés de publicités.

Trente années que les économistes à gages – qui cachetonnent dans les conseils d’administration des grandes entreprises du CAC40 – les chroniqueurs libéraux ou les simples éditocrates cadenassent la parole et monopolisent des plateaux faits par eux et pour eux.

De « l’État obèse » et « boursouflé » fustigé par Laurent Joffrin dans les années 1980 à la « suppression de la cinquième semaine de congés payés » prônée par Christophe Barbier en 2011, en passant par « la mondialisation heureuse » appelée de ses vœux par Alain Minc à la veille des années 2000, ils ont asséné tant de fois le même discours, le même message, qu’il est connu de tous, et par cœur : « Vive l’individualisme et le marché » ; « À bas la solidarité et la puissance publique » !

Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire, certains retournent (une nouvelle fois) leur veste : c’est l’État tant honni qui est appelé à la rescousse. Mais alors que le système de santé est à bout de souffle du fait des politiques libérales et des coupes budgétaires, alors que des vies sont en jeu, que penser des sommations à la « baisse des dépenses de santé » d’Éric Le Boucher ? Que penser des prophéties de Nicolas Bouzou en 2014, selon lesquelles « dans 10 ans, nous aurons deux fois trop de lits d’hôpitaux » ? QQue penser des cris d’orfraie d’Agnès Verdier-Molinié contre « le taux d’absentéisme très élevé qu’il y a dans nos hôpitaux publics » ? Que penser enfin, en pleine crise du Covid-19, des railleries d’Yves Calvi contre « la pleurniche permanente hospitalière » (12 mars 2020) ?

Aujourd’hui plus que jamais, après ces trente années de captation de l’antenne, il est temps qu’ils se taisent.

 

https://www.acrimed.org/Au-nom-du-pluralisme-taisez-vous

 

 

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il y a 19 minutes, chableu a dit :

Pensées pour Bernard Maris...

Bernard Maris me manque vraiment! Que doit-il penser de là-haut?

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Il y a 7 heures, chableu a dit :

Pensées pour Bernard Maris...

Ah oui alors, j'aimais l'entendre, le lire ..

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Covid 19 : les éditocrates serrent les rangs derrière Macron

https://www.acrimed.org/Covid-19-les-editocrates-serrent-les-rangs

Ces derniers jours et semaines, le gouvernement est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise du Covid 19. Notamment de la part des personnels de santé, confrontés à un manque de moyens (équipements de protection, médicaments, etc.) et à une impréparation qui les mettent directement en danger. Mais dans les médias dominants, les éditorialistes serrent les rangs derrière Emmanuel Macron, « chef de guerre » autoproclamé : quand ils ne saluent l’action du gouvernement, ils balayent d’un revers de main les critiques.

Barbier continue encore et toujours de défendre malgré la crise sanitaire :

On sait ce que c’est que le coût d’un hôpital avec des lits vides, au cas où. C’est un coût énorme. […] Des choix ont été faits par des gouvernements de droite et des gouvernements de gauche qui correspondaient à des choix de gestion publique au mieux-disant.

Un « mieux-disant » qui conduit aujourd’hui à une pénurie de moyens aux conséquences dramatiques. Un détail, sans doute, pour l’éditorialiste.

 

....

 

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Regardez bien la photo s’il vous plaît. J’ai 2 patients potentiellement atteints par ce virus et je viens de faire la toilette d’une dame de 104 ans, équipée d’une charlotte, d’un simple masque chirurgical (dont vous connaissez parfaitement l’inutilité puisque lors de votre dernier discours à Mulhouse vous aviez la chance de porter un masque FFP2 depuis longtemps introuvable en pharmacie y compris pour les professionnels de santé, alors que je doute fort que vous ayez été en contact direct avec les malades), de surchaussures et d’un SAC POUBELLE gracieusement fourni par l’établissement parce que les stocks de blouses sont en rupture.

Mr le Président,

Nous sommes le 28 mars 2020, je vous écris depuis l’appartement de Mme T. qui devrait fêter, si le coronavirus ne la fauche pas avant, ses 104 printemps le mois prochain.

Elle vit dans une résidence pour personnes âgées, dans laquelle moi et mes collègues infirmières libérales, intervenons depuis plusieurs années.

Permettez-moi de vous montrer à quoi nous en sommes réduites en ce beau jour de mars. Regardez bien la photo s’il vous plaît. J’ai 2 patients potentiellement atteints par ce virus et je viens de faire la toilette d’une dame de 104 ans, équipée d’une charlotte, d’un simple masque chirurgical (dont vous connaissez parfaitement l’inutilité puisque lors de votre dernier discours à Mulhouse vous aviez la chance de porter un masque FFP2 depuis longtemps introuvable en pharmacie y compris pour les professionnels de santé, alors que je doute fort que vous ayez été en contact direct avec les malades), de surchaussures et d’un SAC POUBELLE gracieusement fourni par l’établissement parce que les stocks de blouses sont en rupture.

Alors moi, aujourd’hui, j’ai envie de pleurer, parce que comme beaucoup de mes collègues j’ai dû me résigner à laisser mes enfants à mon ex-mari pour ne pas les contaminer, je ne les ai pas vus depuis 15 jours maintenant. Parce que j’ai transformé ma buanderie en sas de décontamination et que malgré ça, je vis dans l’angoisse de contaminer mon conjoint. Parce que chaque jour, je vais voir mes patients avec la crainte de contaminer les plus fragiles d’entre eux.

Ni des héros, ni des soldats

Monsieur le Président, arrêtez vos discours de remerciements, c’est indécent. Quelle haute estime devez-vous avoir de vous-même pour imaginer une seule seconde qu’un simple merci de votre part suffira à nous faire oublier vos carences, ainsi que les gaz lacrymogènes dont vous nous aspergiez il n’y a pas si longtemps encore.

Arrêtez de nous promettre du matériel qu’on ne voit pas arriver.

Arrêtez de nous qualifier de héros. Un héros se sacrifie pour une cause. Je ne veux pas me sacrifier: en tout état de cause, c’est VOUS qui me sacrifiez.

Arrêtez de parler des soignants comme de bons petits soldats.

Les soldats ont des armes. Nous, on a des sacs-poubelle.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/m-macron-je-suis-infirmiere-et-je-ne-me-sacrifie-pas-cest-vous-qui-me-sacrifiez-blog_fr_5e85c990c5b6f55ebf48a018

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  • 1 mois plus tard...

Le syndicat sud claque la porte du Ségur de la santé. Motif: le gouvernement refuse déjà d'accéder à une des revendications des personnels c'est à dire une augmentation de 300 euros par mois. 

Voilà Macron a déjà oublié le contenu de son discours de mars.

Les médias ont oublié leur cinéma indigne en filmant tous les soirs des applaudissements.

J'espère que beaucoup seront du côté des soignants quand il faudra défendre dans la rue. Surtout ceux qui applaudissaient à leur fenêtre...

 

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Le 04/06/2020 à 07:38, nonau a dit :

Le syndicat sud claque la porte du Ségur de la santé. Motif: le gouvernement refuse déjà d'accéder à une des revendications des personnels c'est à dire une augmentation de 300 euros par mois. 

Voilà Macron a déjà oublié le contenu de son discours de mars.

Les médias ont oublié leur cinéma indigne en filmant tous les soirs des applaudissements.

J'espère que beaucoup seront du côté des soignants quand il faudra défendre dans la rue. Surtout ceux qui applaudissaient à leur fenêtre...

 

je pense qu'on sera tjs les mêmes dans les manifs du 16 juin ...

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