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Travail précaire des femmes


Yseult

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Ce document est diffusé dans ma région; il devrait être sur France 2 au printemps

"La face cachée du monde du travail : plus de trois millions quatre cent mille salariés français travaillent à temps partiel et gagnent moins que le smic. Leur nombre est en augmentation constante et huit sur dix sont des femmes. Après "Trois cents jours de colère" et "Les Prolos", Marcel Trillat a choisi cinq d'entre-elles pour ce dernier volet d'une trilogie consacrée au monde du travail.

La critique :

Au bonheur ( ?) des dames

Elles sont agent d'entretien ou hôtesse de caisse. Elles vont de CDD en chômage. Elles gagnent moins que le SMIC. Femmes précaires brosse le portrait de cinq femmes confrontées à l'absurdité du monde du travail.

Femmes précaires. L'expression est malheureusement presque devenue un pléonasme. Largement concentrées dans les services dits « peu productifs », mais aussi victimes d'un sexisme aussi persistant que trop souvent inavoué, les femmes sont les plus touchées par la précarité au travail sous toutes ses formes : contrat jetable et temps partiel subi, horaires flexibles, pénibilité physique, sans parler du flicage des supérieurs. Marcel Trillat nous présente tous ces aspects dans son nouveau documentaire à travers le portrait de cinq femmes, dont les seuls points communs sont d'habiter le Sud-Ouest, et surtout de gagner chaque mois bien moins que le SMIC.

L'une d'elle travaille comme agent d'entretien, une de ces dénominations euphémisantes qui font florès à l'heure actuelle. Devant changer de site plusieurs fois par jour et travailler en dehors des heures ouvrables, elle commence la plupart de ses interminables journées à 5 h 30. Faute de disposer d'un passe, elle doit souvent attendre, dehors, qu'un habitant sorte de l'immeuble qu'elle est venue nettoyer, avec son propre matériel. Parfois, personne ne vient. Les journées à trous, Muriel, hôtesse de caisse chez Auchan, les connaît aussi. Ce qu'elle ne connaît plus, en revanche, ce sont les primes depuis qu'elle appartient à la CGT. Pourtant, Muriel s'oblige à pratiquer le sourire sur commande, des fois qu'un de ces nombreux faux clients chargés de les inspecter décide de passer par sa caisse. Une autre enchaîne les CDD à la Poste, qui lui accorde donc de temps à autre l'insigne privilège de venir trier le courrier avant d'être jetée comme une malpropre et de devoir retourner vivre chez sa mère.

À chaque période chômée, l'angoisse monte aussi d'un cran pour cette immigrée tunisienne, qui passe de petit boulot en petit boulot depuis que le mari, manoeuvre dans le bâtiment, est mort prématurément.

Chaque vie est un combat. Chaque femme déborde de dignité. Les enfants brillent à l'école, se projettent dans l'avenir, s'entraident, même si le manque d'argent les privera sans doute de longues études. C'est le cas des enfants d'Agnès, devenue « par hasard » ouvrière viticole pour deux patrons différents qui sont aussi ses amis - ce qui ne les empêche pas cependant de lui verser un salaire de misère. On suit donc tour à tour ces cinq femmes sur leurs lieux de travail, mais aussi en dehors, chez elles, en famille. Elles nous livrent leurs réflexions, leurs espoirs, mais aussi leurs rêves inaccessibles en dépit de leur simplicité. Malgré tout, chacune a su aménager de petites niches de vrai bonheur dans les brèches du quotidien, que ce soit avec sa famille, dans la randonnée ou la musique.

Arpenteur inlassable de la France laborieuse, Marcel Trillat signe ici le dernier volet d'une trilogie commencée avec 300 jours de colère et les Prolos. Un projet dont le but était de montrer les multiples visages du prolétariat aujourd'hui. Dans Femmes pré- caires, l'émotion ne prend cependant pas l'ascendant sur la réflexion. Comme dans les films précédents, Marcel Trillat ne cède jamais au misérabilisme. Il nous présente au contraire des personnalités bien entières, qui affrontent en toute dignité les injustices du monde du travail contemporain. Le film aborde entre autres la question de la peur au travail, à travers un entretien édifiant avec de jeunes caissières « choisies par la direction » et qui pour seul témoignage répètent d'une voix mécanique que « non, décidément, il n'y a pas à se plaindre ». Peur qui tend à isoler toujours plus les salariés. Plus qu'un documentaire, ce film constitue une incitation à s'interroger sur les multiples facettes de la précarité.

Femmes précaires devrait être diffusé au printemps sur France 2.

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