Sens d'une citation

[ladis]

Bonjour,

quel sens donneriez-vous à la citation de Marc Aurèle "Ce qui n'est pas utile à la ruche ne l'est pas non plus à l'abeille".

Je vous avoue avoir du mal à trouver les mots pour l'expliquer à des élèves de cycle 3 ZEP.

Merci par avance pour votre aide.

[abcdefghij]

Ce qui n'est pas utile à tous ne l'est pas à chacun.

Je le comprends comme la nécessité de faire partie d'une collectivité et d'oeuvrer pour elle, et c'est en travaillant pour elle, ou en lui apportant quelque chose, que l'on est gagnant en tant qu'individu = au lieu de chercher les intérêts particuliers, il vaut mieux chercher l'intérêt commun.

Après, pour l'expliquer, il faudrait trouver des exemples dans la classe... Pas facile effectivement...

[Japet]

oui je comprends pareil : ce qui n'est pas utile à la société ne l'est pas à l'individu. c'est comme le communisme non?

[magh]

oui ou comme la dictature (Marc Aurèle ne parle pas de la Reine pour laquelle toutes ces joyeuses abeilles travaillent) Mais je ne pense pas que l'idée de travailler sur cette citation allait dans ce sens

En tous les cas, le débat peut être super intéressant : liberté individuel, droit et devoir, vie en collectivité ...

Tu penses voir cette citation sous quelle forme avec tes élèves ladis?

[Argon]

quel sens donneriez-vous à la citation de Marc Aurèle "Ce qui n'est pas utile à la ruche ne l'est pas non plus à l'abeille".

Pour les stoïciens, est "bien" ce qui est conforme à la nature. Une abeille se définissant comme un animal social, sa nature est d'être au service de sa ruche, et tout ce qui l'éloigne de ce service est par essence "mauvais". De même, l'humain est avant tout un citoyen, membre d'une société, et les seules activités "bonnes" sont celles qui sont utiles à la société — à l'exclusion de tous les caprices, de tous les désirs individuels.

L'exemple type est celui du maître de Marc-Aurèle, Epictète, qui était un esclave et dont le maître s'était un jour amusé à mettre la jambe dans un étau. Epictète l'avait prévenu que sa jambe allait casser, et que ce serait une perte sèche pour son propriétaire ; mais au-delà, il n'avait pas d'autre préférence personnelle que d'être un bon esclave, c'est-à-dire d'agir conformément à sa nature d'esclave, donc d'obéir. Et Crac !

Bref : c'est une philosophie passablement démodée, et qu'il me semble très difficile de faire passer à des jeunes d'aujourd'hui, auxquels on a répété depuis toujours que l'individu primait...

[magh]

quel sens donneriez-vous à la citation de Marc Aurèle "Ce qui n'est pas utile à la ruche ne l'est pas non plus à l'abeille".

Pour les stoïciens, est "bien" ce qui est conforme à la nature. Une abeille se définissant comme un animal social, sa nature est d'être au service de sa ruche, et tout ce qui l'éloigne de ce service est par essence "mauvais". De même, l'humain est avant tout un citoyen, membre d'une société, et les seules activités "bonnes" sont celles qui sont utiles à la société — à l'exclusion de tous les caprices, de tous les désirs individuels.

L'exemple type est celui du maître de Marc-Aurèle, Epictète, qui était un esclave et dont le maître s'était un jour amusé à mettre sa jambe dans un étau. Epictète l'avait prévenu que sa jambe allait casser, et que ce serait une perte sèche pour son propriétaire ; mais au-delà, il n'avait pas d'autre préférence personnelle que d'être un bon esclave, c'est-à-dire d'agir conformément à sa nature d'esclave, donc d'obéir. Et Crac !

Bref : c'est une philosophie passablement démodée, et qu'il me semble très difficile de faire passer à des jeunes d'aujourd'hui, auxquels on a répété depuis toujours que l'individu primait...

Très intéressant. Merci pour cet éclairage historique et philosophique. On en apprend toujours sur ce forum !