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Posté(e)

Merci à profécoles pour le lien et les citations.

Étude "Lecture au CP : un effet-manuel considérable" (Novembre 2013).

Sous la responsabilité scientifique de Jérôme Deauvieau. Avec la collaboration de : Odile Espinoza, Anne-Marie Bruno.

(Université de Versailles-Saint-Quentin)

Télécharger le compte-rendu de l'étude (pdf, 2,6 Mo)
Note de synthèse (site Démocratisation scolaire)

Notre enquête confirme à son tour que la réussite des apprentissages au CP est à la mesure de la place faite au travail sur le code. Elle permet toutefois de préciser que toutes les approches du code sont loin de se valoir, montrant que la question principale de la didactique de la lecture aujourd’hui n’est plus de savoir s’il convient ou non de faire place à l’étude du code, mais de la façon d’aborder cette étude. Ce sont les classes dans lesquelles l’apprentissage est résolument centré sur le déchiffrage, considéré comme la clé de l’accès au sens, et organise son étude de façon progressive et systématique, l’élève pouvant déchiffrer de façon autonome tout ce qu’on lui propose à lire, sans recours à la lecture devinette, qui obtiennent des résultats dont la supériorité est statistiquement bien établie. La fluidité du déchiffrage s’avère difficilement séparable, dans ces résultats, de l’appréhension du sens.

La présence dans l’enquête de quelques classes utilisant des manuels de la méthode syllabique et obtenant des résultats médiocres aurait pu, même si ces derniers ne suffisent pas à modifier la tendance statistique principale, affaiblir la portée de cette conclusion. Paradoxalement, ces classes « déviantes » viennent au contraire la renforcer, puisqu’il s’avère que les enseignants qui les ont en charge ont dérogé aux principes d’apprentissage dont notre enquête souligne l’efficacité supérieure.

L’observation des effets-classes met en relief, du même coup, un aspect complémentaire des données collectées. L’analyse des variations du rendement pédagogique des manuels ne renvoie pas à une opposition bloc à bloc entre méthode mixte et méthode syllabique. Tous les manuels de la mixte n’ont pas le même rendement, et il en va de même des manuels de la syllabique. En réalité, il semble que ce soit la même loi, selon laquelle le rendement d’un apprentissage de la lecture est à la mesure de la priorité donnée au déchiffrage et de l’efficacité de son enseignement, qui explique à la fois l’efficacité supérieure de la syllabique et les différences de rendement des manuels au sein tant des méthodes mixtes que des méthodes syllabiques.
Au plan plus général de la confrontation de l’institution scolaire aux inégalités sociales, cette enquête débouche sur deux constats de forte signification.

Elle souligne d’abord l’importance des marges de jeu dont dispose l’école face au poids des héritages culturels. Certes, ceux-ci ne se font jamais oublier, même dans les classes les plus performantes : mais leur impact y est considérablement réduit. Il existe donc des moyens sérieux de lutter contre les déterminismes sociaux, et l’institution scolaire ne saurait se satisfaire de prendre acte d’inégalités qui ne dépendent pas d’elle pour les transformer en inégalités scolaires.

En second lieu il est frappant de constater que le manuel qui se révèle le plus efficient avec les élèves des milieux les plus défavorisés soit aussi le plus exigeant non seulement dans l’apprentissage technique du code, mais aussi dans ses contenus intellectuels, de par l’ambition lexicale et littéraire des textes qu’il propose à la lecture des élèves.

Notre recherche contredit à cet égard, sous un double aspect, les orientations du « Plan de rénovation de l’enseignement du français à l’école élémentaire » (1971) qui a inspiré les instructions officielles de 1972. Les auteurs de ce plan plaçaient leurs espoirs de démocratisation de l’école dans une approche de la culture écrite qui, d’une part, donnerait la primauté à la compréhension sur le décodage, et éviterait d’autre part « les savoirs abstraits et la ‘performance’ littéraire », inaccessibles aux publics populaires du fait de l’insuffisance de leurs ressources culturelles et cognitives. Or on voit ici, quarante après, d’abord que déchiffrage et compréhension sont indissociables, l’accès au sens exigeant une grande habileté dans le déchiffrage ; et ensuite que la meilleure progression des publics populaires suppose une grande exigence à leur égard, tant en ce qui concerne la rigueur dans la qualité du déchiffrage que pour ce qui est de la richesse lexicale et littéraire des contenus.

Ces observations rappellent a contrario combien la culture professionnelle des enseignants du primaire reste aujourd’hui fortement marquée par la thématique de la rénovation pédagogique des années 1970/80. Lesquelles ont ouvert la voie à la grande modernisation pédagogique du système éducatif en France dans les années 1970/80. L’apprentissage du déchiffrage est souvent vécu comme le « sale boulot » de l’enseignement de la lecture, comme un temps soustrait à l’essentiel, le travail sur la compréhension, dont les publics populaires sont estimés avoir un besoin prioritaire. Ce qui explique sans doute la diffusion si paradoxalement faible de la méthode syllabique dans les quartiers les plus défavorisés, comme nous l’avons constaté.

Peut-on espérer, dans ce contexte, que seront entreprises des recherches sur l’apprentissage de la lecture portant sur de plus vastes effectifs que la nôtre, qui permettraient une mesure précise des effets-maître, de l’impact de la formation initiale et de l’ancienneté dans le métier ; et qui ne renonceraient pas a priori, au nom de la liberté pédagogique des enseignants (comme si celle-ci n’avait pas tout à gagner à s’exercer de façon mieux informée), à interroger le rôle des manuels, dont notre enquête révèle le poids si crucial ?

Rappelons qu’actuellement, loin de compenser les inégalités socioculturelles, l’école élémentaire les accompagne, et fait peut-être plus que les subir : les écarts culturels et cognitifs moyens entre un enfant de cadre et un enfant d’ouvrier sont multipliés par deux entre l’entrée au CP et la sortie du CM2 (voir Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald, « Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution », France, portrait social, INSEE, 2006).
Posté(e)

Bonjour Gurutiger

En second lieu il est frappant de constater que le manuel qui se révèle le plus efficient avec les élèves des milieux les plus défavorisés soit aussi le plus exigeant non seulement dans l’apprentissage technique du code, mais aussi dans ses contenus intellectuels, de par l’ambition lexicale et littéraire des textes qu’il propose à la lecture des élèves.

Est-ce que tu sais de quel manuel parlent les auteurs ?

Posté(e)

Bonjour Gurutiger

En second lieu il est frappant de constater que le manuel qui se révèle le plus efficient avec les élèves des milieux les plus défavorisés soit aussi le plus exigeant non seulement dans l’apprentissage technique du code, mais aussi dans ses contenus intellectuels, de par l’ambition lexicale et littéraire des textes qu’il propose à la lecture des élèves.

Est-ce que tu sais de quel manuel parlent les auteurs ?

On ne le sait pas mais on le devine à la lecture des listes de manuels au début puisqu'il n'y a que deux syllabiques : Léo et Léa (dont la "pauvreté" des textes a été largement critiquée par les "opposants" ) et Je lis, j'écris aux éditions les lettres bleues qui insiste dans sa préface sur l'exigence au niveau du vocabulaire et de la qualité des textes littéraires et de l'iconographie. Donc, le syllabique-2, c'est lui !.

Posté(e)

Une autre enquête, mais je trouve le résumé du communiqué très très incomplet. Il serait intéressant d'avoir accès à quelque chose de plus détaillé.

http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3309.htm?&theme1=7

Très incomplet ....et surtout qui enfonce des portes ouvertes non ?

On lit mieux si on sait déchiffrer, maîtrise la syntaxe et si on a un large vocabulaire. Certes !

Posté(e)

Une autre enquête, mais je trouve le résumé du communiqué très très incomplet. Il serait intéressant d'avoir accès à quelque chose de plus détaillé.

http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3309.htm?&theme1=7

Très incomplet ....et surtout qui enfonce des portes ouvertes non ?

On lit mieux si on sait déchiffrer, maîtrise la syntaxe et si on a un large vocabulaire. Certes !

Ben non, ça n'enfonce pas que des portes ouvertes. D'après ma collègue, par exemple, on lit mieux si on a un grand capital-mots appris en global au départ, un projet de lecteur et qu'on est confronté à des situations-problèmes où on va découvrir soi-même les valeurs phonétiques des lettres.

Posté(e)

Bon tant mieux alors, si ça peut en éclairer certains.

Posté(e)

Une autre enquête, mais je trouve le résumé du communiqué très très incomplet. Il serait intéressant d'avoir accès à quelque chose de plus détaillé.

http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3309.htm?&theme1=7

Très incomplet ....et surtout qui enfonce des portes ouvertes non ?

On lit mieux si on sait déchiffrer, maîtrise la syntaxe et si on a un large vocabulaire. Certes !

Ben non, ça n'enfonce pas que des portes ouvertes. D'après ma collègue, par exemple, on lit mieux si on a un grand capital-mots appris en global au départ, un projet de lecteur et qu'on est confronté à des situations-problèmes où on va découvrir soi-même les valeurs phonétiques des lettres.

Comme Archilecture, je pense que malheureusement les portes ne sont pas vraiment ouvertes... Mais peut-être vont-elles ENFIN s'ouvrir !...

  • 1 mois plus tard...
Posté(e)

Sur cette étude, lire l'article de Stanislas Dehaene : Enseigner est une science (décembre 2013)

La méthodologie utilisée est critiquée par R. Goigoux dans Apprentissage de la lecture : opposer méthode syllabique et méthode globale est archaïque (31 décembre 2013)

- - - - - - - - -

Voir les réactions...

* sur le Café pédagogique (anti-alphabétique) :
* sur le Figaro (pro-alphabétique) :
* sur Lire-ecrire (pro-alphabétique) :
  • 3 semaines plus tard...
Posté(e)

Tout cela est très intéressant mais qui croire ??? Toutes ces personnes sont-elles vraiment objectives ???

Il y a vraiment de quoi se sentir perdu !

Tout ce que je sais c'est que ma collègue et moi utilisons deux méthodes très différentes et que chaque année, les résultats de nos élèves aux évaluations communes de fin d'année sont sensiblement équivalents...

  • 2 semaines plus tard...
Posté(e)

Bonjour,

Si l'enseignement est plus un art qu'une science, l'objectivité risque bien de ne pas être toujours parfaite. Mais je pense que nous pouvons quand même discuter avec des arguments raisonnés. C'est ce que j'ai essayé de faire à la suite de la réaction de Roland Goigoux à l'enquête de Jérôme Deauvieau sur la question de la méthode. Contrairement à R. Goigoux, je pense que réfléchir l'enseignement de la lecture à partir des critères qui peuvent définir une méthode est tout à fait légitime. Je m'en explique sur le site des Lettres bleues, en essayant d'être démonstrative et claire...

Il est possible également de trouver sur ce site, le dossier des réactions au rapport de J. Deauvieau.

www.leslettresbleues.fr

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