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Jean-Michel Blanquer : un cas d’école d’une fabrique médiatique


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Mais, à la fin de l’émission, les chiffres ont été sans appel : Jean-Michel Blanquer avait convaincu une proportion record de téléspectateurs : le ministre s’en est même dit « ému ». Et tant pis si l’émission n’a rassemblé que 1,54 million de téléspectateurs (7,2% du public) et qu’il s’agit de la… seconde pire audience de l'émission.

Pour le reste, un tel succès à l'issue l'émission n’était-il pas écrit à l’avance ?

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L’absence de journalistes spécialistes des questions d’éducation a pu expliquer non seulement l’absence de questions pertinentes sur les réformes engagées mais une méconnaissance sidérante des questions scolaires.

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Des accents poujadistes… sur le service public

Le tableau noir brossé de l'éternel « mammouth » (professeurs trop nombreux, dépenses d’éducation excessives) a rappelé les habituels anathèmes d’officines ultra-libérales comme l’iFRAP2. François Lenglet a dénoncé cette gabegie avec les mêmes termes :

« On figure parmi les pays qui dépensent le plus en pourcentage du PIB [...] Où passe l'argent ? Comment peut-on dépenser autant pour avoir des résultats aussi médiocres ? »

Les résultats de l’école, en fin de primaire ou de collège, sont effectivement médiocres et préoccupants. Mais les dépenses éducatives de la France sont tout à fait moyennes au collège et bien plus faibles en primaire que dans les autres pays européens3. En proportion du PIB, les dépenses publiques d’éducation ont d’ailleurs grandement baissé depuis quinze ans4.

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« Les professeurs sont souvent plus nombreux en France qu'ailleurs » a asséné le ministre et « L’Émission politique » lui a donné raison… en commettant une erreur grossière5 : en France, les taux d’encadrement sont en réalité scandaleusement faibles au primaire et au collège en comparaison des pays européens6.

Non, en France, on ne dépense pas trop pour l'école et non, en France, les professeurs ne sont pas trop nombreux : loin de là ! Et pourtant ces deux graves erreurs ont permis ensuite au ministre de fustiger à bon compte « la religion des moyens ».

Pour le reste, l’émission n’a fait que relayer la communication du ministère : par exemple, Léa Salamé affirmant benoîtement que le ministre « restaure les classes bilangues, relance le latin et le grec ».

Seule fausse note dans ce concert de louanges : confronté à la réalité des médiocres salaires des enseignants français, M. Blanquer a - maladroitement - invoqué la « considération immatérielle » dont devaient jouir les enseignants.

Considération dont l’émission a d’ailleurs donné un exemple : après la sympathique rediffusion d’images d’archives de Claude Allègre fustigeant l’absentéisme des enseignants ou leur scandaleuse formation professionnelle en dehors de leurs quatre mois de congés, M. Lenglet proposait, pour améliorer l’efficacité et la « productivité » du « mammouth », de faire travailler davantage les enseignants.

...

Pourtant les actions passées de M. Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire de Luc Chatel, ou ses réformes actuelles (sélection, productivité, réduction des coûts, autonomie des établissements, modèle du privé) s’inscrivent bien dans une honnête tradition libérale, d'autant plus efficace qu'elle apparaît plus discrète.

Le vrai scandale est que, par la vertu d'une émission caricaturale9, cette tradition libérale semble aujourd'hui la seule équilibrée.

http://www.laviemoderne.net/detox/173-un-cas-d-ecole-d-une-fabrique-mediatique

 

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