Eleves punis

[La p'tite chocolatine]

Bon dans ma classe, ça ne s'arrange pas. Aujourd'hui j'ai grondé un enfant (avec qui j'ai déjà eu des soucis en début d'année et la semaine dernière-->notamment avec sa mère ) car il avait insulté une autre élève (qui l'avait cherché mais bon c'est un autre débat).

Il s'est énervé et m'a dit textuellement "J'en ai marre je suis toujours puni alors CHUT!" d'un air de dire "ta gue..."!!!!! Je suis stupéfaite par tant de culot. Je lui ai mis les croix prévues pour insolence dans son livret de conduite et je suis partie discuter avec la directrice déchargée ce jour là. Je lui ai demandé de le garder toute la journée au bureau pour lui faire comprendre que je ne voulais pas d'enfant insolent en classe et que je ne tolérais plus ces débordements! . Il n'est pas revenu s'exuser pour son comportement et je ne sais pas top comment réagir au retour en classe.

Il y en a de plus en plus qui se permettent des choses en classe et ce n'est pas faute de tout faire pour les "tenir"!

Que faire? Je suis perdue.

[punky]

Charivari==> Je trouve tes conseils forts intéressants !!!

Cependant, il y a encore quelques points encore peu clairs (peut être qu'il faudrait que je lise les bouquins pour que je comprenne ! lol )

Les bouquins ne disent pas de dire "Je voudrais", mais d'exprimer un sentiment

Donc au lieu de dire "je voudrais" il faudrait dire "j'ai peur", "je suis inquiète" "ça m'ennuie que" "je suis triste", "je suis embetée".

S'il fait tomber un copain, par exemple, tu peux lui dire "j'ai peur que tu fasses mal à tes copains"

S'il crie, tu peux lui dire "j'ai mal aux oreilles", "ma voix est fatiguée parce que je dois parler fort", "je suis fatiguée d'avoir à répéter trois fois la même chose"...

A chaque fois, l'idée est de dire "j'ai un problème, est-ce que tu peux m'aider" ?

Je ne vois pas trop la différence entre dire par exemple "tu m'as fait peur" ou "j'ai eu peur pour toi"...

J'ai aussi l'impression (peut être mauvaise) que de dire à un enfant "j'ai un problème, est ce que tu peux m'aider ?" c'est se rabaisser par rapport à l'enfant ...

Voilà, j'aimerais avoir vos opinions, car j'aimerais m'améliorer à ce niveau, surtout avec mes cp avec qui j'admet manquer parfois de patience...

[tite_audrey]

Je ne vois pas trop la différence entre dire par exemple "tu m'as fait peur" ou "j'ai eu peur pour toi"...

La seule que je vois, c'est le changement d'objet grammatical (une nuance faible de grammaire, j'avoue) :

Dans "Tu m'as fait peur", tu ne décris pas tellement la peur (= peur qu'il se fasse mal), il peut aussi bien te faire peur avec un masque d'halloween. En plus, ça sonne comme un reproche, la phrase porte sur ce qu'il a fait...

Dans "j'ai eu peur pour toi", tu montres plus que l'élève représente quelque chose à tes yeux, que tu as une crainte par rapport à ce qui aurait pu se passer pour lui : il est au centre de tes préoccupations, tu t'intéresses à lui. Donc, ce n'est pas tellement un reproche parce que la phrase porte sur ton ressenti par rapport à la situation plus que sur ce qu'il a fait.

[Charivari]

Oui, c'est exactement ça. "J'ai eu peur pour toi" = je m'intéresse à toi, et pas seulement à tes comportements.

Je suis là pour te protéger.

"Tu m'as fait peur", c'est un reproche.

"J'ai eu peur pour toi", c'est un sentiment, un ressenti.

[Charivari]

J'ai aussi l'impression (peut être mauvaise) que de dire à un enfant "j'ai un problème, est ce que tu peux m'aider ?" c'est se rabaisser par rapport à l'enfant ...

Ben... c'est vrai. Ou plutôt, c'est "élever l'enfant" par rapport à soi, comme si tu lui donnais un tabouret pour qu'il arrive mieux à ta hauteur.

Ces éducateurs font le pari que quand on traite l'enfant comme un "plus grand", on le respecte mieux, on sort de la relation dominant-dominé, pour entrer dans une relation qui donne à l'enfant une vraie possibilité de grandir en autonomie et responsabilité.

"je me comporte bien, non plus parce que j'ai peur de me faire gronder, mais parce qu'il faut que j'assure, puisque je suis grand"

C'est une vraie question de fond ça : quelqu'un de totalement soumis à une autorité supérieure est-il autonome, responsable ? Le soldat qui n'a d'autre choix que d'obéir aux ordres est-il "responsable" de ses actes ?

Comment enseigner l'autodiscipline aux enfants si on reste dans une relation "adulte qui punit - enfant qui obéit" ? (d'où quand l'adulte n'est plus là, plus de risque de punition, donc je fais le cacou ... :P )