anne27 Posté(e) 30 novembre 2006 Posté(e) 30 novembre 2006 À La Verrière, les profs soignent leur déprime CHRISTINE DUCROS. Publié le 24 novembre 2006 Le profil du patient soigné à La Verrière est plutôt celui d'une femme en milieu de carrière travaillant dans une école élémentaire. Ici, vingt psychiatres, des kinés, des ergothérapeutes sont au chevet d'un millier d'enseignants épuisés par leur métier. Le but ? Les aider à remonter un jour sur une estrade. « SECOUE-TOI, tu files du mauvais coton, si tu continues à broyer du noir, tu vas finir à La Verrière... » Dans les salles de profs des collèges et lycées de France, la boutade mi-enjouée, mi-menaçante est connue de tous. Pour mieux s'en prémunir, chacun préfère l'agiter avec désinvolture. Comme un gimmick corporatiste, une connivence qu'on se transmet d'un air entendu. Car La Verrière, tout le corps enseignant le sait, c'est la maison de repos des profs vraiment au bout du rouleau. De ceux qui, un jour, devant trente chères têtes blondes et brunes trop agitées, en plein chahut, ont jeté l'éponge, la craie, le tableau et souvent aussi pour toujours leur métier. Fondé en 1951 par Marcel Rivière, l'instituteur qui avait déjà créé la MGEN (la principale mutuelle enseignante), cet hôpital psychiatrique est implanté dans une bourgade des Yvelines de 6 000 âmes, La Verrière, à côté de Trappes. Près de 1 000 patients s'y font soigner chaque année, dont une large majorité d'enseignants. C'est le cas de Martine, professeur des écoles, qui a fait un séjour ici l'hiver dernier et vivote désormais d'un travail administratif sans gloire dans un rectorat. Malmenée par une classe difficile, après quinze ans de métier, elle a progressivement eu l'impression de perdre la main. « J'étais agacée, je ne supportais plus les cris des enfants. Je fuyais leurs parents qui me semblaient agressifs. L'équipe enseignante me semblait hostile et quand je rentrais chez moi, rien ne tournait rond non plus. Je ne pouvais pas continuer, et, pourtant, ce métier, je l'ai vraiment aimé. » Un constat d'échec. Un sentiment d'impuissance. Une perte de reconnaissance que connaît bien le Dr Richard Rechtman, psychiatre, chef de l'établissement. « Les enseignants ne sont pas plus exposés que d'autres professions aux souffrances psychiques, mais ils font un métier qu'on ne peut pas exercer quand on est mal. Un prof ne pas soigner sa dépression face à 40 élèves turbulents. » «Ce n'est pas le Club Med» Pour ce spécialiste, la première souffrance des enseignants, c'est de ne plus être entendus dans notre société. « Ils sont devenus inaudibles. S'ils évoquent la dégradation de leurs conditions de travail, on sourit et on leur parle de leurs vacances, de leurs horaires. En fait, en les jugeant corporatistes, on ne voit plus que certains souffrent...» L'expérience du médecin fait aussi voler en éclats quelques clichés. « Paradoxalement, dit-il, nos patients se plaignent moins des violences physiques ou verbales émanant des enfants que des angoisses qu'ils éprouvent quand les parents les remettent en cause en critiquant leurs méthodes. Là, ils se sentent diminués, humiliés. » France Doppia, une institutrice qui vient justement d'écrire un ouvrage sur « les maternelles à la dérive » connaît bien ces moments douloureux où l'enseignant est cloué au pilori. « Il n'y a rien de plus terrible que les intrusions des parents. En maternelle, quatre fois par jour, ils sont à la porte de la classe. Ils nous méprisent. Leurs critiques systématiques nous font perdre notre dignité. On se sent humiliés. » France Doppia connaît bien La Verrière. Elle est récemment venue y voir une amie qui avait l'âme en miettes. « Ce lieu est saisissant, on y souffre beaucoup ». Une enseignante arrivée à la fin de l'été confie : «Je n'avais plus le goût. Je n'avais plus envie de venir en classe le matin. Un ressort s'était cassé. Je ne pouvais pas continuer. » A ses côtés, un bibliothécaire n'envisage pas non plus « d'y retourner ». Le profil du patient de La Verrière ? Plutôt une femme en milieu de carrière travaillant dans une école élémentaire. La durée moyenne de son séjour est d'un mois environ. « Ce n'est facile pour personne. Une dizaine de nos patients sont là depuis vingt ans, mais il n'y a pas de fatalité, la majorité s'en sort », reprend le psychiatre, résolument optimiste. Il en veut pour preuve les enseignants qui, avant de reprendre le chemin de leur propre établissement, repartent faire des stages dans les écoles autour de La Verrière. La thérapie des débuts est plutôt stricte. Pas de télé, excepté un film par semaine choisi par tous les pensionnaires d'un pavillon. Pas de téléphones portables, source, selon l'équipe soignante, d'angoisse plus que de réconfort. « Sûr que ce n'est pas le Club Med », prévient le Dr Rechtman en faisant pourtant visiter des ateliers poteries, des salles de gym, des salles de bains relaxants qui pourraient faire illusion. Mais ici, les GO portent des blouses blanches et les gentils membres ne sont pas là pour faire la fête. Ils ont surtout besoin d'être chouchoutés.
del-22-08-2010 Posté(e) 30 novembre 2006 Posté(e) 30 novembre 2006 Juste pour rajouter que certains enseignants ne font pas forcément de dépression à cause des élèves ou de leur profession... Je ne parle pas pour moi mais pour un proche qui y a été pour des motifs familiaux et non professionnels...
Betba Posté(e) 30 novembre 2006 Posté(e) 30 novembre 2006 C'est là que ma mère - institutrice - a fini :P Enfin, non, pas fini, elle a fini par en sortir quand-même et va trés bien maintenant!
Monsieurleprofesseur Posté(e) 30 novembre 2006 Posté(e) 30 novembre 2006 Ca alors... Saisissant! Qu'est-ce qui fait qu'on en est arrivé là? Car je rejoins sur un point ce qui est dit: le manque de reconnaissance. Les vacances, les jours vaqués les 6 heures de travail par jour, bref nous sommes des glandeurs. Et en plus, le peu qu'on fait, on le fait mal. A mon humble avis, nous sommes mal barrés.
Mel(yMélo) Posté(e) 30 novembre 2006 Posté(e) 30 novembre 2006 watchaaa ! au moins y a un endroit si tout va pire !
Kiwichick Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 C'est là que ma mère - institutrice - a fini :P Enfin, non, pas fini, elle a fini par en sortir quand-même et va trés bien maintenant! Ca fait peur quand même Contente qu'elle aille mieux maintenant
delphinie Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 C'est là que ma mère - institutrice - a fini :P Enfin, non, pas fini, elle a fini par en sortir quand-même et va trés bien maintenant! Ca fait peur quand même Contente qu'elle aille mieux maintenant C'est très encourageant cet article :P C'est vrai que les parents nous gonflent parfois! Mais aussi le système ! Quand on vous colle un gamin qui n'a rien en faire dans le circuit normal et qu'il vous met la classe en l'air tous les jours, il y a de quoi déprimer (pas vécu par moi mais par des collègues qui se partagent une même classe en ce moment !) Où qu'on vous intègre une enfant autiste (c'est pas le problème exactement, mais c'est plutôt les condition d'accueil : tout ce qu'il y a autour : dans une classe de 35 c'est tout de même , qu'elle pousse des cris, se tire les cheveux etc et que vous êtes complètement démunie autant que son AVSi qui débarque et qui n'a pas non plus été formé et vous non plus face à ce genre de cas) ben allez menez une classe, faire de beaux projets! Ca m'a personnellement énormément démotivé l'an passé et quand on ne va pas bien, ben certaines situations font déborder le vase et basculer dans la déprime ! Bref on fait pas un métier facile, quoi qu'en disent certains !
maiden Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 En même temps des métiers faciles y'en a pas tant que ça Mon garagiste vit très mal la réputation de sa profession, et sa mutuelle n'est pas hyper compatissante...
Héloïse44 Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 Vi, ça fait peur! Mais ça ne date pas d'aujourd'hui... Dans, mon département, un grand centre a aussi ce genre de clientèle, et j'en ai entendu parlé dès mes débuts, il y a 26 ans, comme la mecque des profs déglingués. Comme quoi, on a deux options: * le côté positif: bah, rien ne va plus mal! * le côté négatif: comment? C'est pas encore réglée, cette histoire de mal-être des enseignants? <_<
del-22-08-2010 Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 watchaaa ! au moins y a un endroit si tout va pire ! Je peux t'assurer que c'est tout sauf le paradis...
delphinie Posté(e) 1 décembre 2006 Posté(e) 1 décembre 2006 En même temps des métiers faciles y'en a pas tant que ça Mon garagiste vit très mal la réputation de sa profession, et sa mutuelle n'est pas hyper compatissante... Ouaip c'est sûr et ne parlons pas de ceux qui bossent à la SNCF mais euh pour nous la réputation est pas top non plus :P Mais faut reconnaître que le système a ses failles ... Et que beaucoup de gens ont un cliché du personnel de l'éducation national qui est erronné <_<
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