mi-temps en IME

[maiden]

Je vais dans ton sens, mais je rajoute qu'il y a des jeunes normaux : sympa, polis, calmes, désireux d'apprendre, capables d'initiatives (même si pas toujours celles qu'on attend / souhaiterait ).

A titre d'anecdote, a Noël un de mes élèves a réussi à laborieusement déchiffer un autocollant sur une boîte de chocolat. Il a adoré la phrase et l'a collée sur la porte de la classe.

L'étiquette disait :

"Entrez et laissez-vous porter par l'arôme".

Ce me file la banane tous les matins en entrant

J'ai 3 élèves suscepibles de crises violentes, et j'ai la chance que les signes avant-coureurs soient facilement décryptables. Du coup je les sors de la classe avant que ça pète. Ils vont soit à l'infirmerie, au salon des jeunes se reposer, ou avec l'éduc spé s'ils ont le "sac à colère" à vider.

Sinon je vous rejoins sur le fait qu'il vaut mieux réfléchir sur notre rapport à la douleur et à la violence avant d'aller en ASH.

Il faut avoir de l'empathie mais garder à l'esprit qui on est et pourquoi on est là.

Comme dans tous les postes difficiles de l'ordinaire je suppose ?

[Loki]

La proportion de "jeunes" plus ou moins violents varie d'un IME à l'autre.

Dans mon département ( le 92 ), il y a une hierarchie implicite des IME, certains IME dans les communes riches voisines du mien accueillent plutôt les enfants "calmes, polis, désireux d'apprendre... ", le mien situé dans une ville qui comporte au moins 50 pour cent de HLM accueille plutôt les enfants déficients avec troubles du comportement.

Si le population d'un IME change la donne, la manière de traiter les "débordements" y fait beaucoup.

Ce que Maiden descrit " ils vont soit à l'infirmerie, au salon des jeunes se reposer, ou avec l'éduc spé s'ils ont le "sac à colère" à vider " n'existe pas dans mon IME peu pourvu en moyens humains et matériels : pas d'éduc spé pour "récupérer" l'enfant ( ils sont tous en ateliers avec 9/10 enfants dont la moitié de "durs" parfois ), pas de lieu type "salon des jeunes" ( les instits partagent déjà les salles avec les éducs alors... ) et l'infirmière a "peur" des enfants...

Bref, on gère très souvent seul. On essaie de garder l'enfant qui "pète les plombs" dans sa salle quand cela est possible ou sous sa surveillance ( dans le couloir, dans la cour avec un ballon ) pour éviter qu'il aille exprimer son désarroi dans l'IME et déranger les collègues. L'enfant est livré à lui-même, n'avance pas, empêche les autres ( les "sympas, polis, calmes, désireux d'apprendre..." et ceux qui n'ont pas encore fait de crise ) d'avancer...

Au mieux, on s'arrange : on confie l'enfant en crise ou qui en a les signes avant-coureurs à un collègue qui accepte de prendre le relais, on accueille parfois un ou des enfants avec lesquels on a un bon relationnel pour soulager un collègue et on les/ le calme tout en faisant classe aux autres... <_< Du bricolage... pas très heureux.

Mon IME va mal ( turn over, au moins un enseignant volontaire désigné sans spécialisation par an ). Ce que je te descris n'est pas représentatif des IME ( en tout cas, je l'espère ) : il y a des établissements qui tournent bien où il y a encore des moyens humains ( un adulte pour 3 enfants ) et financiers, où les choses sont réfléchies.

Pour éviter un établissement où il ne fait pas bon travailler et pour que tu aies envie de rester dans le secteur spécialisé, renseigne-toi bien sur :

1 ) les enfants accueillis

2 ) la manière de travailler ( groupe de vie ou/et atelier ), les temps de classe, les activités éducatives proposées, la manière dont on accueille les enfants ( au quotidien et quand ils sont en crise ), les prises en charge thérapeutiques ( épisodiques, régulières, à la convenance de l'enfant... )

3 ) les moyens de l'IME ( budget éducatif, sorties, transfert mais aussi matériel à disposition, locaux => auras-tu ta salle de classe ou non ? Etc... )

3 ) les heures supplémentaires ( réunions, repas... )

Par exemple, je fais 3 repas ( imposés ) sur 4 avec les enfants. J'enchaîne souvent de longues journées sans pause ( et sans possibilité d'aller aux toilettes )

4 ) les pauses ( et le lieu où l'on se repose )

Par exemple, 30 minutes par jour au mieux dans des lieux changeants pour moi car je n'ai pas la pause déjeuner. C'est important car on a parfois besoin de souffler et d'avoir du recul.

5 ) les règles, la philosophie de travail

Quand elles sont fluctuantes dans le temps et varie d'un adulte à l'autre comme dans mon établissement : c'est mauvais signe. Si au bout de quelques semaines, un adulte à l'intelligence normale, volontaire comme toi ne comprend pas le fonctionnement et les règles de base, cela laisse augurer une année difficile. Ce ne sont pas des enfants en difficulté qui comprendront un fonctionnement et des règles nébuleuses pour les adultes. Au contraire, cela déstabilisera les enfants qui soit, en joueront ou soit, n'y comprendront pas grand chose et n'avanceront pas forcément... ( et qui seront plus enclin à être en crise )

6 ) la direction : présente, cohérente, qui défend le secteur spécialisé, qui t'accueille et te donne les billes pour travailler dans son établissement

J'approuve Maiden quand elle évoque la proximité des problèmes rencontrés dans le secteur spécialisé dans le "handicap" mental et de ceux rencontrés dans certaines ZEP.

[maiden]

Oh làlà, oui, mon petit IMPRO -vincial c'est le club Med à côté du tien.

L'autre IME où je travaille va mal, mais au moins on a des moyens en personnels, ça aide.

(ce sont des établissements ADAPEI).

Ah oui au fait un IME peut relever d'une association (dans ce cas tu es mis à disposition mais ton supérieur reste l'IEN) ou de l'EN.

Chez nous, nous sommes un adulte pour 4 enfants (c'est à dire 4 adultes pour 16 jeunes), déficients moyens et sévères + un éduc stagiaire très chouette qui est là de temps en temps + un éduc pour les repas du midi.

Je reste souvent manger le midi mais je suis en pause à ce moment-là.

J'ai 70 heures de réunion à faire dans l'année en tout pour les deux IME. Je me les répartis comme je veux, donc je vais à celles qui me concernent particulièrement, sinon j'aurais fait péter le quota depuis longtemps.

J'ai ma salle de classe à moi, minus, mais c'est chez moi.

(je mettrai des photos plus tard, aujourd'hui l'uploadage ne fonctionne pas )

[Loki]

Dites Maiden et les autres collègues en IME, est-ce que votre IME est ouvert 5 jours par semaine ( et parfois le samedi ) ?

C'est le cas du mien. Je trouve que cela est beaucoup trop lourd pour les enfants. Il était question de ne pas travailler le mercredi après-midi pour que le prix de journée soit quand même versé à l'institution et que les enfants puissent se reposer un peu... mais la Dass ne veut pas.

[sigfred]

OUi nous sommes "ouverts" 5 jours par semaine, mais le fonctionnement qu'on a mis en place il y a 5 ans c'est un fonctionnement à la demi-semaine : 2 jours et demi en classe, 2 jours en atelier et le samedi matin avec les éducs pour des activités sportives ou culturelles.

C'est plus facile pour tout le monde, les élèves supportent mieux la "pression" d'une semaine en établissement.

je précise que dans mon département (62), il n'y a que deux établissements (dont le mien) avec un internat : la moitié des élèves sont internes,et certains sont placés chez nous par décision judiciaire.

Parce qu'ils ont été victimes ... ou bourreaux ... dans leur famille ! :o

Tout ça pour dire à nouveau que , d'un IME à l'autre, le public et le fonctionnement d'équipe influent beaucoup sur la qualité d'un établissement !

Chez nous le public est difficile mais l'équipe est cohérente et soudée !!!

[maiden]

Dans mon IMPRO c'est

atelier-classe le lundi/ mardi

Atelier - / Activités culturelles et sportives ++ le mercredi

Atelier ++ / activités culturelles et sportives- les jeudi / vendredi.

Fermé le samedi matin, et les jeunes n'ont que la moitié des vacances scolaires, sauf Toussaint, mais ils ont les ponts de Mai (et moi aussi )

Une moitié des jeunes est en internat.

Dans l'autre IME c'est n'importe quoi toute la semaine, sauf le jeudi et le vendredi où je fais classe !

Fermé le mercredi après-midi et le WE, pas d'internat.