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Posté(e)

Bonjour à tous!

Je me tourne vers vous car j'ai une question à laquelle je ne parviens pas à répondre depuis... bientôt un an!!! J'ai passé le concours l'année dernière et j'ai présenté un album "Nuit d'orage" de Michèle Lemieux. Peu importe l'album en fait... Bref, pendant mon exposé j'ai dit qu'il fallait exploiter cet album (entre autres) par le biais de débats interprétatifs (ce qui est largement préconisé par les programmes et les documents d'application) Et là, un monsieur du jury s'est agacé assez sérieusement en me disant: "Mais mademoiselle faire un débat interprétatif c'est créer de la discriminiation au sein de la classe!" Sous entendu: les élèves n'ont pas tous la même culture, pas tous le même accès à la littérature (famille, bibliothéque, etc), pas tous le même bagage littéraire permettant de créer des liens ou du sens entre les oeuvres et donc le débat interprétatif n'est accessible qu'à ceux qui ont déjà cette culture et donc stigmatise les autres...

Et cela fait bientôt un an que je me demande ce que j'aurais dû lui répondre à ce monsieur qui s'énervait. J'avoue que sa "sortie" m'a laissée sans voix. Qu'aurais-je dû lui dire à votre avis? Quelque chose comme: "Mais c'est justement à l'école par le biais des projets d'école et des projets de cycle, des parcours littéraires, de remédier à cette discrimination sociale. L'école doit faire en sorte que tous les élèves aient un bagage culturel et ne pas pratiquer de débats interprétatifs au nom de la non-discrimination sociale reviendrait en quelque sorte à renforcer la discrimination..."

Pardon si j'ai été si longue mais j'avoue que ce truc me turlupine et j'aimerais beaucoup avoir vos avis.

D'avance merci.

Posté(e)

salut Tatane!!

je suis tout à fait d'accord avec ce que tu as dis... le problème c'est qu'il existe parfois un grand fossé entre ce qui est dit dans les programmes et ce que pensent les gens du jury.... d'où la difficulté de cette épreuve il me semble....

par curiosité....combien tu as eu???

Posté(e)

Si j'ai bien suivi les programmes du cycle 3, je lis que la compétence liée au débat interprétatif est la suivante :

participer à un débat sur l'interprétation d'un texte littéraire en étant susceptible de vérifier dans le texte ce qui interdit ou permet de vérifier l'interprétation soutenue.

Donc pour moi, dans un débat interprétatif on s'en tient à ce qui est dans le texte (ou ce que l'on peut en déduire).

Posté(e)

Je suis d'accord le débat interprétatif ce fonde sur le texte, les mises en réseau, l'intertextualité...

Bref, là tous les élèves sont égaux, la seule inégalité qui peut être perceptible est à l'oral pour l'aisance, la facilité face à la timidité.

Posté(e)

On peut peut être répondrre que c'est justement le rôle du maître d'organiser le débat afin de faire participer tout le monde et de "niveller" les différences de culture. Et qu'au contraire, ce genre de débat peut donner le gout de s'exprimer, de parler de ses idées, à ceux qui n'en ont pas souvent l'occasion.

Enfin, c'est une idée comme àa !

Posté(e)

Zazou 19 pour satisfaire à ta curiosité j'ai eu 10, 10 à l'entretien et 10 en LDJ. Note qui ne m'aide pas vraiment à comprendre.

C'est vrai que cette épreuve est subtile... casse gueule même si vous me permettez l'expression. J'ai eu peur de dire à ce monsieur que les IO n'abondaient pas dans son sens, peur qu'il se sente remis en question dans son "statut" Et pourtant j'aurais dû. Non pas lui dire "Vous vous trompez..." mais quelque chose comme "Les instructions officielles me permettent de penser qu'un travail sur l'interprétation est possible en classe et que c'est même un moyen d'accès privilégier à la littérature, les IO estimant qu'un travail de compréhension est réducteur" blablabla... Pfff. J'espère en tout cas mieux m'en sortir cette année!

Marie Claire, voici ce que disent (en partie seulement) le document d'application "Littérature au cycle 3" Je ne te mets pas tout mais comme je le disais à zazou, la nouveauté des programmes de 2002 par rapport aux autres années c'est justement cette ouverture sur l'interprétation qui semble désormais presque une condition sine qua none de l'accès à la littérature et ceci en opposition à une lecture "instrumentalisée" jusqu'alors de mise par le biais des "questionnaires de compréhension". Bien sûr le travail sur la compréhension est essentiel mais il apparaît désormais réducteur ou en tout cas "limitant" par rapport à la volonté d'amener les élèves "en littérature" et doit s'articuler avec travail interprétatif

"L’appropriation des œuvres littéraires appelle un travail sur le sens. Elle interroge les histoires personnelles, les sensibilités, les connaissances sur le monde, les références culturelles, les expériences des lecteurs. Elle crée l’opportunité d’échanger ses impressions sur les émotions ressenties, d’élaborer des jugements esthétiques, éthiques, philosophiques et de remettre en cause des préjugés. Les œuvres qui ont été sélectionnées permettent aux enfants d’interroger les valeurs qui organisent la vie et lui donnent une signification. Le sens n’est pas donné, il se construit dans la relation entre le texte, le lecteur et l’expérience sociale et culturelle dans laquelle celui-ci s’inscrit (la signification d’une œuvre n’est pas intangible). L’expérience de lecture engage tout lecteur à se donner une attente par rapport aux œuvres nouvelles qu’il aborde. Cette curiosité-là s’apprend, s’exerce, se développe progressivement. Elle forge les compétences propices à l’entrée en littérature. "

Posté(e)

et j'ajoute que parler de pratique discriminatoire ne vaudrait que si l'on attend quelque chose. Le débat interprétatif doit avoir (toujours selon les IO) la prétention d'admettre toutes les interprétations possibles dans la limite où celles-ci ne contredisent pas l'oeuvre en question. Il est précisé que ce type d'activité doit être menée sans attendre "une" réponse, mais bien pour ouvrir une sorte de "champ des possibles" ou la sensibilité de chaque élève peut et doit trouver sa place. Peut et doit être respectée.

Au maître de savoir dire "C'est intéressant" si un élève dit "Ca me fait penser à un poème de Rimbaud" et "C'est intéressant" si un élève dit "Ca me fait penser à une chanson que me chante ma grand-mère" Au maître de savoir écouter toutes les interprétations avec respect et intérêt. Et si c'est bien le cas, la discrimination ne peut avoir lieu.

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