celynett Posté(e) 24 mars 2007 Posté(e) 24 mars 2007 Que répondriez-vous au jury s'il vous posait ces questions ? 1.La prise en compte de l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec une école à visée égalitaire ? 2.En évaluant l’élève, l’école peut-elle éviter de le juger ? 3.L’idée de « provoquer » la motivation chez l’élève ne contient-elle pas une contradiction dans les termes ? 4.Comment, selon vous, le métier d’enseignant peut-il prendre en compte à la fois la diversité culturelle et religieuse des élèves, et le principe de laïcité ? Bonne réflexion !
Gummibear Posté(e) 25 mars 2007 Posté(e) 25 mars 2007 Que répondriez-vous au jury s'il vous posait ces questions ?1.La prise en compte de l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec une école à visée égalitaire ? Le but est de donner à tous la même chance, cela ne veut pas dire leur donner la même chose à tous. Je donne toujours l'exemple de l'alimentation : Deux enfants doivent-ils manger exactement la même chose pour être en bonne santé? Même s'ils ont le même âge, doit-on les habiller avec des vêtements de la même taille sachant que l'un est plus petit que l'autre? 2.En évaluant l’élève, l’école peut-elle éviter de le juger ? Personnellement, j'évalue la maîtrise des compétences acquise par un élève, et pas l'élève lui-même. De même, mettre en place un PPRE pour un élève ne signifie pas qu'on considère qu'il est nul. Quand on donne des béquilles à un enfant qui s'est cassé une jambe, considère-t-on que c'est parce qu'il ne vaut rien? 3.L’idée de « provoquer » la motivation chez l’élève ne contient-elle pas une contradiction dans les termes ? Alors, changeons les termes! Je reviens à mon alimentation : Si je présente une assiette bien présentée à un enfant ou plein de choix qui incluent aussi des choses qu'il n'a pas l'habitude de manger, aura-t-il plus de curiosité à goûter, à tester, à connaître de nouvelles saveurs? C'est sur, si on lui présente tous les jours la même chose...vous feriez quoi, vous? 4.Comment, selon vous, le métier d’enseignant peut-il prendre en compte à la fois la diversité culturelle et religieuse des élèves, et le principe de laïcité ? Oui, laïcité selon moi ne veut pas dire que l'on nie les différences d'origine et de religion des élèves, mais qu'on est capable de toutes les présenter, de dire qu'elles existent toutes, et qu'elles sont toutes à respecter, pas à abolir. Bonne réflexion ! Je trouve ces questions très intéressantes. Elles proviennent de ta réflexion ou sont-elles des questions déjà posées par un jury? J'aimerais bien connaître l'avis d'autres collèguues sur ces sujets.
celynett Posté(e) 25 mars 2007 Auteur Posté(e) 25 mars 2007 Supers vos réponses ! J'ai choisi ces questions car elles sont contradictoires et je ne trouvais pas évident d'y répondre, vos réponses m'aident à y voir + clair ! Gummibear, j'ai trouvé ces questions sur un document mais elles ont sûrement été posées plusieurs fois à l'OP. Je trouve très intéressant de réfléchir sur ce genre de questions, pourquoi ne pas en poser d'autres ?
celynett Posté(e) 4 avril 2007 Auteur Posté(e) 4 avril 2007 Je vois que tu es en PE1 babybelle, tu dois avoir accès à une bibliothèque. Et bien dans les prépa+annales oral pro, tu peux trouver des questions. J'en remets quelques-unes : -La socialisation n'est-elle qu'un embrigadement? -En quoi les savoirs élémentaires permettent-ils d'atteindre l'autonomie intellectuelle? -Les normes scolaires sont-elles la reproduction des normes sociales? -Punitions et discipline: sont-elles encore de rigueur à l'école? Sinon, moi je reviendrai + tard car là je suis surtout concentrée sur les écrits, puis je vois que ces questions "n'attirent pas les foules" pour la même raison je pense.
Charivari Posté(e) 9 avril 2007 Posté(e) 9 avril 2007 Allez je me lance dans les deux premières : La socialisation n'est-elle qu'un embrigadement? Je pense qu'il faut se garder de répondre un trop gros NON d'emblée, trop "facile"... Qu'est-ce qu'un embrigadement ? l'enrolement, plutôt forcé, dans un groupe. L'embrigadé a peu de choix, peu de libre arbitre, et on lui fait faire des choses qu'il n'aurait pas décidées lui-même. Un embrigadé obéit aux ordres, n'est responsable de pas grand chose (c'est le supérieur qui est responsable) L'école maternelle, au début, c'est un peu ça. Il faut le reconnaître. L'enfant est inscrit par ses parents, il est dans un groupe, sous l'autorité du maître. On le "conditionne", même sans le vouloir, à se comporter comme-il-faut, se mettre en rangs, partager les jouets, accepter la loi du groupe... Alors pourquoi est-ce qu'au fond de nous, cela nous gêne qu'on puisse parler d'embrigadement ? Parce qu'en tant que futirs PE, on veut croire que l'enfant doit pouvoir conserver une part de libre arbitre. Qu'on veut croire que l'école réussira à le faire grandir en autonomie, en initiative, en responsabilité, ce qui est tout le contraire de l'embrigadement. Cela veut dire que ça ne va pas de soi. Que la pente de l'embrigadement est un peu glissante et que c'est au PE de construire les conditions qui permettront de laisser à l'enfant cette marge de liberté qui fait de lui un être responsable, autonome. Ce era aussi au PE de donner du sens à tout ce qu'on demande aux enfants. Les aider à prendre conscience, petit à petit, que si on ne tape pas son copain quand il nous pique le camion, ce n'est pas seulement parce que "la règle l'interdit", mais surtout parce que "ce n'est pas bien". Le bien, le mal, ça va loin. C'est universel. "Se poser des questions sur ce qui est bien ou mal, c'est cela, être humain. Donc ce qui est bien ou mal n'est pas écrit une fois pour toutes quelque part. Tant mieux pour notre liberté" (Michel Puech in "Les gouters Philo : Le bien et le mal") Liberté ? Si on est libre, c'est qu'on n'est pas embrigadé. En quoi les savoirs élémentaires permettent-ils d'atteindre l'autonomie intellectuelle? Là il faut citer Condorcet, qui dit que instruire, c'est nourrir la raison, donc le jugement critique. Selon lui, la société doit au peuple une instruction publique pour que la société soit juste, pour qu'elle donne à chacun des chances égales d'être indépendant. Parce que l'instruction rend plus autonome, donc plus libre. Quand on est instruit, on n'est pas dépendant de quelqu'un qui est plus instruit, on peut juger par soi-même ("l'ignorance prive le peuple de sa souveraineté"). Condorcet défend le "savoir élémentaire" (le terme est de lui) qui doit suffire à l'autonomie intellectuelle et rendre possible l'ouverture à des savoirs plus élaborés. Cette idée de "savoir élémentaire" de Condorcet est (tarte à la crème) à rapporcher du socle commun.
orion144 Posté(e) 9 avril 2007 Posté(e) 9 avril 2007 Allez je me lance dans les deux premières : La socialisation n'est-elle qu'un embrigadement? Les aider à prendre conscience, petit à petit, que si on ne tape pas son copain quand il nous pique le camion, ce n'est pas seulement parce que "la règle l'interdit", mais surtout parce que "ce n'est pas bien". Le bien, le mal, ça va loin. C'est universel. "Se poser des questions sur ce qui est bien ou mal, c'est cela, être humain. Donc ce qui est bien ou mal n'est pas écrit une fois pour toutes quelque part. Tant mieux pour notre liberté" (Michel Puech in "Les gouters Philo : Le bien et le mal") Liberté ? Si on est libre, c'est qu'on n'est pas embrigadé. Plutôt que de parler de bien et de mal...on dirait du G. Bush, moi je ferais référence à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Charivari Posté(e) 10 avril 2007 Posté(e) 10 avril 2007 On a fait tout un cours sur l'éducation à la sociabilité. Le texte s'appelait "le vrai, le beau... mais aussi le bien" (de Jeannine Bardonnet) Il disait qu'il faut absolument oser parler de "bien et de mal" avec les élèves. Ne pas en faire un sujet tabou. Et ne pas toujours se cacher derrière la loi parce que la loi ne suffit pas, elle s'arrête très tôt. D'ailleurs il y a plein de choses légales qui ne sont pas "bien" (blesser intentionnellement l'autre avec des mots, appliquer la lettre de la loi en en contournant l'esprit...) "quand les maîtres procèdent à une éducation à la sociabilité, sorte de gentil conditionnement à une vie sociale harmonieuse (...) tout le corps social les suit encore. (...) mais remarque-t-on que ce parcours éducatif ne travaille qu'en surface le rapport de l'enfant aux valeurs du bien ? (...) les "bonnes habitudes" que l'on croit donner en classe ne se transfèrent pas automatiquement dans les milieux aux règles trop différentes, où elles explosent. C'est que l'appel à la raison ne suffit pas, à lui seul, à développer une conscience du bien qui sache se repérer entre les contradictions des conduites des adultes, les conduites dans et en dehors de l'école..." (elle enjoint ensuite les enseigannts à enfreindre le tabou qui consiste à s'interdire de parler du bien à l'école, par peur d'endoctrinement (si l'école s'interdit de toucher à la conscience des élèves "d'autres la plieront, et l'endoctrineront")
sabrinamarnet Posté(e) 17 mai 2007 Posté(e) 17 mai 2007 Elles sont difficiles ces questions!!!!!!Les normes scolaires sont-elles la reproduction des normes sociales? Etant donné que l'école appartient à notre société, nos comportements sociaux s'y produisent et s'y reflètent, donc c'est certain qu'il y a un lien. De là à dire qu'il y a reproduction, peut-être pas. L'école doit être le plus neutre possible, tout en dégageant les valeurs de notre société. En fait je réponds pas à la question je crois, car c'est pas évident! Punitions et discipline: sont-elles encore de rigueur à l'école? La discipline n'est pas à associer obligatoirement aux punitions. La discipline, c'est l'idée d'un ordre, d'une rigueur, d'un respect des gens et des choses qui nous entourent. On peut être discipliné sans être rigide. Je suppose donc qu'en tant qu'enseignant, on peut attendre de la part des élèves une certaine discipline dans pour autant les "enfermer" et leur ôter leur liberté. Quant aux punitions, tout dépend leur forme et la manière dont elles sont exposées aux élèves. On peut imaginer une punition "cohérente", par exemple un élève qui jette un papier au sol dans la cour devra faire une recherche sur le tri des déchets et l'exposer devant la classe, plutôt que de copier 100 fois. De même, une punition sans explication n'a aucun sens. L'élève doit comprendre en quoi ce qu'il a fait est mal, et pourquoi il sera donc puni. Il faut "motiver" sa décision de punir. Les normes scolaires sont-elles la reproduction des normes sociales? moi pour cette question, j'aurai répondu autrement: certes, on retrouve certaines normes sociales au niveau de l'école, par exemple le respect de la parole de l'autre, la politesse, ... mais par contre il existe des normes scolaires qui ne sont pas des normes sociales: lever la main avant de parler, ne pas se déplacer dans la classe sans en avoir eu l'autorisation... mais en fait je ne sais pas si je ne suis pas hors sujet également car je parle plus de règles, que de normes...(d'abord, qu'est ce qu'on entend par norme?) sabrina
ginie022 Posté(e) 19 mai 2007 Posté(e) 19 mai 2007 Que répondriez-vous au jury s'il vous posait ces questions ?1.La prise en compte de l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec une école à visée égalitaire ? Le but est de donner à tous la même chance, cela ne veut pas dire leur donner la même chose à tous. Je donne toujours l'exemple de l'alimentation : Deux enfants doivent-ils manger exactement la même chose pour être en bonne santé? Même s'ils ont le même âge, doit-on les habiller avec des vêtements de la même taille sachant que l'un est plus petit que l'autre? 2.En évaluant l’élève, l’école peut-elle éviter de le juger ? Personnellement, j'évalue la maîtrise des compétences acquise par un élève, et pas l'élève lui-même. De même, mettre en place un PPRE pour un élève ne signifie pas qu'on considère qu'il est nul. Quand on donne des béquilles à un enfant qui s'est cassé une jambe, considère-t-on que c'est parce qu'il ne vaut rien? 3.L’idée de « provoquer » la motivation chez l’élève ne contient-elle pas une contradiction dans les termes ? Alors, changeons les termes! Je reviens à mon alimentation : Si je présente une assiette bien présentée à un enfant ou plein de choix qui incluent aussi des choses qu'il n'a pas l'habitude de manger, aura-t-il plus de curiosité à goûter, à tester, à connaître de nouvelles saveurs? C'est sur, si on lui présente tous les jours la même chose...vous feriez quoi, vous? 4.Comment, selon vous, le métier d’enseignant peut-il prendre en compte à la fois la diversité culturelle et religieuse des élèves, et le principe de laïcité ? Oui, laïcité selon moi ne veut pas dire que l'on nie les différences d'origine et de religion des élèves, mais qu'on est capable de toutes les présenter, de dire qu'elles existent toutes, et qu'elles sont toutes à respecter, pas à abolir. Bonne réflexion ! Je trouve ces questions très intéressantes. Elles proviennent de ta réflexion ou sont-elles des questions déjà posées par un jury? J'aimerais bien connaître l'avis d'autres collèguues sur ces sujets. 1) L'école se doit de s'adapter à l'hétérogénéité de son public et cela est même un devoir et cela rejoint donc l'idée que l'école doit donner à tous les mêmes chances d'accéder à la réussite scolaire et ce quelques soient leurs origines sociales, leurs difficultés, leur niveau... D'ailleurs cela rejoint l'idée que l'enseignant lutte contre l'individualisme(doit travailler en équipe, pouvoir se remettre en question...) pour aller vers une individualisation des parcours (adaptation à l'hétérogénéité de son public d'élèves). 2) Il ne s'agit pas pour autant d'un jugement personnel ou d'un jugement de valeur auquel l'enseignant ne peut se soumettre par un souci de neutralité, de réserve et de discrétion professionnelle. L'évaluation porte sur les compétences devant être acquises à un niveau donné. En aucun cas, il s'agit de jugement. 3) Personnellement, je pense que la motivation doit être provoquée pour certains élèves pour qui il est nécessaire de donner du sens à leurs actes. 4) Le principe de laïcité ne représente pas la négation de toutes les croyances, il s'agit simplement de ne pas en mettre une en avant. Toutes les croyances ont bel et bien le droit d'exister.
Marcos Posté(e) 21 mai 2007 Posté(e) 21 mai 2007 Très intéressantes ces questions! J'aime beaucoup la réponse concernant la sociabilisation et l'embrigadement, car même si je pense que tout le monde est d'accord, on a tendance à partir à contre-pied et ça ce serait la catastrophe:) Globalement j'ai rien à ajouter, désolé
smen Posté(e) 22 mai 2007 Posté(e) 22 mai 2007 1.La prise en compte de l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec une école à visée égalitaire ? Tout a fait, si c'est la visée qui est égalitaire et non l'enseignement. 2.En évaluant l’élève, l’école peut-elle éviter de le juger ? Elle évalue les compétences scolaires de l'élève, elle ne juge pas l'élève lui même. 3.L’idée de « provoquer » la motivation chez l’élève ne contient-elle pas une contradiction dans les termes ? Provoquer n'est pas obliger, la motivation vient de l'élève qui a parfois besoin de "stimuli" pour cela . 4.Comment, selon vous, le métier d’enseignant peut-il prendre en compte à la fois la diversité culturelle et religieuse des élèves, et le principe de laïcité ? Respect de la personne, par le personnel de l'école en proposant par exemple des menus de quantine adaptés aux rites de chacuns (loi du début du siècle). Neutralité laîque de l'enseignant.
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