Rélinette Posté(e) 11 mai 2007 Posté(e) 11 mai 2007 Coucou ! J'ai fait une recherche sur le forum et ai trouvé 52 sujets sur éducation et instruction, mais aucun qui réponde à ma question précise. Pour résumer, j'ai bien saisi que l'instruction, c'est une transmission de savoirs et de savoir-faire, et que l'éducation, c'est principalement une transmission de comportements et de savoir-être. Ma question est la suivante : initialement, Condorcet met en place le Ministère de l'Instruction Publique, en refusant l'idée d'une éducation publique, défendant le point de vue selon lequel l'éducation est l'affaire de la famille et ne doit se faire que dans la sphère privée ; quelques dizaines d'années plus tard (... si quelqu'un sait quand exactement, ça m'intéresse aussi ), le Ministère se transforme en Ministère de l'Education Nationale... mais je n'ai toujours pas compris pour quelle raison on a (d'un seul coup ?) accepté qu'il y ait une éducation dispensée par l'école, pourquoi l'éducation sort de la sphère privée ? Qu'est-ce-qui a fait passer le Ministère strictement de l'instruction à l'éducation ? Je vous remercie par avance !!
Aquacrea Posté(e) 11 mai 2007 Posté(e) 11 mai 2007 C'est poussé comme questionnement non ? Enfin, peut-être pas tant que ça, serait intéressant de savoir si quelqu'un a la réponse !
Moâ Posté(e) 11 mai 2007 Posté(e) 11 mai 2007 Pour le changement de nom, je crois que c'est en 1936, par le Front populaire. Pour le reste, la réalité n'a pas changé du jour au lendemain. Il s'agissait plus d'une proclamation de principe, selon laquelle on se proposait de prendre en charge la totalité de l'individu, et pas seulement son instruction. Rousseau contre Condorcet, en quelque sorte. C'est un très vieux débat qui opposait déjà les Révolutionnaires de 89. Les tenants de l'instruction estiment que seul le savoir émancipe vraiment, et qu'il y a quelque-chose de totalitaire dans l'ambition de former l'éducation des individus, hors de leur sphère familiale.
Nävis Posté(e) 12 mai 2007 Posté(e) 12 mai 2007 Y a peut être aussi dans l'idée de former des CITOYENS et pas seulement des gens instruits, il faut donc aussi leur apprendre a vivre ensemble, les regles de la société... bref, les éduquer quoi ! On peut aussi noter que depuis peu, des themes réservés à la famille font leur apparition dans les programmes (éducation à la santé, à la sexualité...). Là c'est plus une évolution de la société à mon avis, l'école répond à cette évolution pour des questions de santé publique (à mon avis).
Charivari Posté(e) 12 mai 2007 Posté(e) 12 mai 2007 Je ne réponds pas à la question, mais perso, ça me parait normal que l'école éduque mes enfants. Elle ne le fait pas "à ma place", elle "prend le relais" quand je ne suis pas là. Ce n'est pas pareil. Je ne ne me décharge pas de la responsabilité de l'éducation de mes enfants, mais j'attends que l'école et moi, on tire dans le même sens, qu'elle relaye et soutienne mes messages éducatifs. D'ailleurs, c'est valable pour tous les adultes à qui je confie mes enfants : même au centre de loisirs, je trouve normal que les animatrices exigent que les enfants leur disent s'il-vous-plait et merci, par exemple. Quand on confie ses enfants à quelqu'un, on demande à cette personne, plus ou moins explicitement, de tenir le même discours que nous, de prolonger notre message, de "tirer dans le même sens". Quel parent pourrait confier ses enfants tous les jours à une institution qui dirait "je ne m'occupe pas d'éducation" ? Une institution qui dirait "chez nous, on ne demande pas aux enfants de se respecter, on n'intervient pas si les enfants sont grossiers entre eux ou avec les adultes, etc" ? Et au-delà de cet aspect, il y a le fait que l'enfant vit à l'école dans un contexte qui n'a rien à voir avec celui de la maison : la collectivité. Apprendre à limiter sa "liberté" pour que tous les autres aient aussi des droits, dans un grand groupe, c'est aussi de l'Education, et, sauf famille très nombreuse, ce n'est pas faisable à la maison.
Rélinette Posté(e) 12 mai 2007 Auteur Posté(e) 12 mai 2007 Bonjour-bonjour ! Merci à toutes pour vos réponses ! Charivari, nous sommes absolument d'accord, et en lisant ton message, je me suis demandé ce que j'avais écrit exactement ; je pense que je me suis mal exprimée et je pense qu'effectivement ma question "je n'ai toujours pas compris pour quelle raison on a accepté qu'il y ait une éducation dispensée par l'école, pourquoi l'éducation sort de la sphère privée ? " pouvait être prise à double sens. Alors je recadre juste les choses , ma question n'était pas de connaître la légitimité de l'éducation à l'école, je ne la remets absolument pas en cause et je suis absolument d'accord avec tout ce que tu as écrit, Charivari ! Ma question portait simplement sur les raisons qui ont fait qu'on est passé d'une vision quelque peu "étriquée" des choses (la vision Condorcet, selon laquelle l'éducation ne se fait pas à l'école) à la vision d'aujourd'hui, plus large, qui inclut l'éducation à l'école : quelle évolution des moeurs, et des mentalités aussi sûrement, a fait qu'on est passé de l'un à l'autre. Voiloù... c'était juste pour l'info, et sans jugement de valeur puisque moi aussi je trouve normal que l'éducation fasse partie intégrante de l'école. Nävis, je suis d'accord aussi avec toi sur l'idée de la formation du citoyen. D'ailleurs, si j'ai tout bien suivi, d'après Condorcet et suivants, l'instruction, donnant des connaissances, permettait de former le citoyen en lui donnant les éléments pour comprendre la société. Par la suite, la formation du citoyen s'est appuyée sur l'éducation et non plus uniquement sur l'instruction, car la formation du citoyen passe également par la transmission de valeurs, et pas uniquement sur les connaissances. Moâ, merci pour tes précisions historiques !
Rélinette Posté(e) 12 mai 2007 Auteur Posté(e) 12 mai 2007 (re) Coucou ! Finalement, je suis allée me renseigner "à la source" : sur le site de l'éducation nationale ! :P Et voici ce que j'ai trouvé (Moâ tu n'étais pas loin du tout ! ) : "En 1932, le gouvernement d'Édouard Herriot décide de rebaptiser l'instruction publique "éducation nationale". L'expression date de la fin du 18e siècle, où elle était employée par les partisans de la prise en main par l'État des affaires d'enseignement. Elle était réapparue dans les années 1910-1920 sous la plume des adversaires de la division du système éducatif en filières distinctes. Anatole de Monzie est le premier ministre à porter cette nouvelle titulature. Il explique dès sa prise de fonction qu'elle est synonyme d'égalité scolaire et de développement de la gratuité et que, en somme, qui dit "éducation nationale" dit "tronc commun". Cette titulature sera remise en cause pendant les premiers mois du gouvernement de Vichy, où l'instruction publique fait sa réapparition, mais l'appellation "éducation nationale" sera rétablie dès le 23 février 1941. Elle avait d'ailleurs été conservée à Londres, puis à Alger, par les gouvernements du général De Gaulle. Aucun changement n'intervient sous la IVe République, ni d'ailleurs sous les mandats du général De Gaulle et de Georges Pompidou. Valéry Giscard d'Estaing innove, en 1974, en privant l'éducation de son épithète de "nationale" et surtout en confiant tout ce qui relève de l'enseignement supérieur à un secrétariat d'état, puis à un ministère autonome. Initiative appelée d'ailleurs à un certain avenir puisqu'elle s'est maintenue presque sans interruption jusqu'en 1995, sous des appellations diverses ("universités" de 1974 à 1986, "enseignement supérieur" de 1986 à nos jours) et avec des statuts divers (secrétariat d'état de 1974 à 1978, de 1983 à 1986 et en 1995 dans le gouvernement d'Alain Juppé ; ministère délégué de 1986 à 1988 ; ministère de 1978 à 1981 et de 1993 à 1995)." Source : http://www.education.gouv.fr/pid289/le-min...-nos-jours.html
nomade Posté(e) 12 mai 2007 Posté(e) 12 mai 2007 Le livre du CNED donne aussi des précisions au sujet de la dénomination du Ministère de l'Education nationale. Nous dépendons actuellement du Ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Bien après G. d'Estaing, il s'est appelé Ministère de l'Education nationale et de la culture (1989), puis Ministère de l'Education nationale et des sports, de la recherche et de la technologie (1998), puis Ministère de l'Education nationale et de la recherche (2000) pour finalement adopter la dénomination actuelle... Bref, apparemment, ça change souvent.... Etonnant que le Ministre actuel n'aie pas eu envie de personnaliser ça... Mais ce n'est peut-être pas lui qui peut en décider....
Charivari Posté(e) 12 mai 2007 Posté(e) 12 mai 2007 Fort intéressant tout ça (oui, j'avais pas commpris la question, moi )
Rélinette Posté(e) 12 mai 2007 Auteur Posté(e) 12 mai 2007 Fort intéressant tout ça (oui, j'avais pas commpris la question, moi ) Non, c'est moi qui me suis mal exprimée - j'ai intérêt à faire attention à ce que je dis le jour de l'oral !!
Moâ Posté(e) 13 mai 2007 Posté(e) 13 mai 2007 Faites attention avec des raccourcis comme "Condorcet étriqué" ! Outre que c'est faire peu de cas de ce très grand penseur de l'école, dans les jurys, il se trouve des tenants de l'idée qu'on est allé trop loin dans l'école lieu de vie qui transmet des valeurs et qui souhaitent un recentrage sur les fondamentaux de l'instruction.
Rélinette Posté(e) 13 mai 2007 Auteur Posté(e) 13 mai 2007 Faites attention avec des raccourcis comme "Condorcet étriqué" ! Outre que c'est faire peu de cas de ce très grand penseur de l'école, dans les jurys, il se trouve des tenants de l'idée qu'on est allé trop loin dans l'école lieu de vie qui transmet des valeurs et qui souhaitent un recentrage sur les fondamentaux de l'instruction. Oui, en effet, tu as raison ! Définitivement, fô que je fasse attention à ma façon de tourner mes idées !!
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