Quelques questions...pour changer!!

[harpège]

Dans le cas de maltraitance, il y a obligation de signalement (même si ça dérange l'enfant). C'est celui qui a reçu la parole de l'enfant qui doit faire le signalement (il n'y a que lui qui puisse rapporter les paroles exactes de l'enfant). Ce signalement peut se faire soit auprès des services sociaux (on contacte la Maison Départementale de la Solidarité), qui jugera bon ou non de transmettre au Procureur de la République, soit directement auprès du Proc. Dans les 2 cas, on informe aussi l'Inspection Académique qu'on a fait un signalement, et bien sûr le directeur de l'école.

Concrètement, c'est très difficile de faire ça, de faire ça tout seul, ne serait-ce que parce qu'il faut gérer son propre émotionnel par rapport à tout ça (et ça secoue drôlement, on peut être complètement déboussolé, ne plus arriver à penser...). Donc on peut faire appel au psychologue scolaire, au médecin scolaire, au directeur, aux services de l'IA (assistante sociale ou médecin) pour ne pas rester seul, pour en parler, pour savoir quoi faire, pour être accompagné (démarches et tout). Il faut aussi que les parents soient avisés (là, en général, c'est le directeur, ou les services sociaux, je pense que ça dépend des protocoles en vigueur dans les départements). Il faut aussi qu'il y ait constat, s'il y a qqchose à constater (traces de coup, viol), et là, c'est le médecin scolaire qu'on appelle en urgence (on évite de faire sa propre enquête auprès de l'enfant, qui va déjà devoir raconter son histoire à x personnes, de le faire se déshabiller, etc....).

A propos de "le PE peut-il tout entendre"? j'ai fait un stage sur la maltraitance où il nous a été rapporté que certains enseignants restent sourds face à certaines paroles de l'enfant, qui dit avoir été maltraité, violé. Cette surdité peut surprendre, mais elle a été constatée (pas chez tous, bien sûr) : les enseignants n'ont vraiment pas entendu. Tout ça pour dire que, quand ça secoue trop, on peut ne pas entendre (sans le faire exprès). Dans "entendre", il y a aussi ce qu'on répond à l'enfant. Et, quand on est trop secoué, on risque de répondre des choses inadéquates, c'est pour ça que ça peut être utile de renvoyer sur quelqu'un d'autre (si l'enfant est d'accord), ou d'en parler soi-même avec le psy scolaire. Je vous dis tout ça parce que cette question, si on vous la pose, ne peut pas être "neutre", c'est-à-dire de l'ordre du "bons sens", parce que dans certaines académies, il y a un psycho scolaire dans le jury, et que ce sera sa position : un PE n'est pas un psy. Il y a des "compétences" particulières à avoir pour recevoir des paroles qui sont loin d'être anodines, et pour savoir quoi en faire (pour soi et pour l'enfant). En tant que PE, on n'est pas formé pour ça, et vaut mieux en être conscient, histoire de ne pas faire de dégâts sans le vouloir (à soi-même, et à l'enfant).