professeur des école et psychanalyse

[matitine]

Bonjour,

j'ai passé l'EOE et une question me reste sans réponse.

J'ai traité d'un conte et j'ai dis que les enfants pourraient s'identifier au personnage ce qui les aiderait à grandir (je résume).

Un des membre du jury m'a donc demandé d'où je tenais cette info : Des études de psychanalyse ... Il était d'accord et rajoute c'est Bétheleim et il a beaucoup fait rire dans les milieu pédagogique. Quel droit j'avais en tant qu'enseignante d'utiliser des sources psychanalytiques ... J'ai répondu en parlant du développement de l'enfant que l'on devait connaître ...Je me suis défendue comme j'ai pu mais il avait l'air d'insister sur "les droits". Je ne vois toujours pas .

Si quelqu'un pouvait éclairer ma lanterne ... Je continue de chercher de mon côté.

[emisnoop]

j'aurais dit la même chose que toi... pour connaître les différents stades de développement et ainsi adapter sa pédagogie à l'élève en fonction de son âge. Par contre pour les droits je ne vois pas trop où il voulait te mener ???

[Invité supersoso]

C'est compliqué quand même d'utiliser la psychanalyse. Par exemple, les satdes du développement de l'enfant par Freud, c'est quand même pas d'une évidence même. Il y a de nombreux présupposé et choses invérifiables. Voir par exemple dans l'enfant un pervers polymorphe ne s'accorde pas d'emblée avec de nombreuses idées pédagogiques. De même, pour revenir à Bettelheim, je comprends qu'il ait pu faire rire. Le moins qu'on puisse dire c'est que son analyse ne coule pas de source. Si tu prends l'idée que le conte permet à l'enfant de dépasser certains conflits, il faut déjà être d'accord avec cette idée de conflit (l'Oedipe ne se vérifie pas dans tous les endroits du monde!!!) familial. La belle-mère serait par exemple systématiquement une représentation de la mère et son désir inconscient de voir disparaître sa fille car finalement elle lui prend sa place de femme (ou au moins dans une projection futurre...)

Le moins que l'on puisse dire, sauf si on est tombé dans la marmite psychanalitique quand on était jeune, c'est que c'est à prendre avec des pincettes....

[harpège]

Je vois pas trop : pas besoin d'être psychanalyste pour tirer qq conséquences pratiques de la psychanalyse pour la pédagogie, comme il n'est pas besoin d'être philosophe pour se servir de la philosophie dans notre manière d'enseigner, comme il n'est pas besoin d'être chercheur en pédagogie pour utiliser les résultats des recherches pour orienter notre pédagogie. Donc, je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas le droit d'utiliser les théories de Bettelheim (si on les trouve convaincantes, ce qui est mon cas) qui, en plus, sont très accessibles, et sont parues dans des collections "tout public"!

Edit pour répondre à supersoso : il y a plein de théories qui sont controversées (en psychologie, en sciences selon les époques, en pédagogie aussi n'est-ce pas? tout le monde n'est pas d'accord). Il n'en reste pas moins que certaines théories, font autorité -ce qui ne signifie pas "unanimité"-(elles ont été reconnues comme valides par suffisamment de gens bien "placés", eux-mêmes reconnus dans leur domaine) et ne peuvent pas être écartées d'un revers de main, même si on est sceptique, même si on les discute. La psychanalyse en fait partie, elle est enseignée dans nos universités (surtout Freud), elle a donc un statut de reconnaissance sur lequel on peut s'appuyer.

D'ailleurs, il est à noter que Piaget est lui aussi, controversé, et que même ses successeurs (adeptes de sa théorie) ont relativisé ou abandonné certains aspects.

Pour répondre à Lilly_kiitos : il ne s'agit pas vraiment là d'utiliser des concepts compliqués de la psychanalyse, mais d'adhérer à ce qu'a dit Bettelheim sur l'effet des contes de fées sur les enfants (et là, c'est simple). De même que si on parle des effets de la notation sur l'estime de soi, sur la construction de la personnalité, on va aussi devoir se référer à des théories sous-jacentes plus ou moins compliquées, et encore plus si on parle des difficultés de séparation à l'entrée en maternelle, mais ce n'est pas une raison pour ne pas en parler, ni pour ne pas essayer d'y comprendre qqchose et de prendre en compte les "solutions" concrètes qui découlent de théories qu'on ne maîtrise que très superficiellement.

[lilly_kiitos]

Il ne faut pas confondre les stades du développement de l'enfant décrits par Piaget ou Wallon par exemple qui étaient des psychologues et qui ont fait des observations sur les enfants et Bettelheim et les psychanalystes.

La psychanalyse c'est une démarche très personnelle et très compliquée : on ne peut pas vraiment faire des généralités sinon ça devient vite de la psychologie de comptoir.

Bettelheim en plus, n'est pas forcément très apprécié dans les milieux psychanalytiques (je suis étudiante en psycho dans une fac très axée sur la psychanalyse) , il a une approche qui parait facile et compréhensible alors que les concepts sous jacents sont bien plus compliqués qu'il n'y parait.

Bref, en tant que professeur des écoles, on ne peut pas se permettre d'avoir une position de psy et donc de s'appuyer sur des concepts psys... les rôles ne doivent pas se mélanger... tu ne peux pas avoir une attitude de pédagogue d'un côté et d'un autre côté, une attitude de psy.

C'est peut être ce qu'a voulu dire ton jury.

[livall]

Personnellement, j'aurais répondu que le PE a obligation de moyens pour parvenir à la réussite de tous... Je pense que c'est ce que le jury voulait te faire dire.

[matitine]

Merci à tous de vos idées sur le sujet. La questions ne tourne dans la tête depuis mercredi.

Vu les tournures de phrase du jury, je pense qu'il attendait quelque chose comme ce que propose Lilly_kiitos.

Ce qui me pose quand même questions c'est que dans tous les livres de littérature qui parlent du conte et notament les livres pour le crpe, on cite Bétheleim. Si certain d'entre vous êtes allés à l'IUFM, vous en a t'on parlé ?