Anwamanë Posté(e) 14 août 2007 Posté(e) 14 août 2007 Bonjour, Que pensez-vous de ce texte ? Tous ensemble protégeons l’École. (par J.Salomé) Protégeons l’école, car c’est un des derniers lieux de la vie sociale où l’état de droit est encore respecté, même s’il est de plus en plus menacé. Protégeons l’école car elle est fragilisée et déstabilisée. Déstabilisée, l’école l’est profondément, dans ses fondements mêmes. Voici quelques-unes des menaces qui pèsent sur elle : • L’inadéquation entre ses objectifs (autrefois légitimés par le souci de préparer à une insertion et même de renforcer le processus démocratique d’égalisation des chances sociales et professionnelles) et la réponse actuelle de la société qui ne peut plus promettre à travers la réussite scolaire un avenir plus ouvert, plus libre. • L’absence de convivialité et l’appauvrissement des relations interpersonnelles. La taille, l’importance des établissements et la difficulté à communiquer en réciprocité, de façon personnalisée et respectueuse face à des enjeux qui dépassent le cadre scolaire (auto-violence de plus en plus fréquente chez les enfants, violences et comportements atypiques conséquences et reflets de carences éducationnelles familiales, perte des valeurs ou absence de valeurs de références.) • Une inflation de l'expression. Aujourd’hui, en effet, l’expression des sentiments, des ressentis immédiats, des idées (souvent confondues avec des affirmations) et des opinions est, semble-t-il, plus importante que dans le passé, mais elle se fait sous un mode réactionnel, sous forme de passages à l’acte verbaux. Les mots ne sont plus utilisés pour communiquer, mais pour agresser, rejeter, tenir à distance ou même manipuler. La mise en commun fondée sur une communication relationnelle (autour du demander, donner, recevoir et refuser) permettant la confrontation, l’échange, le partage, est en souffrance, souvent inexistence, méconnue. • Une concurrence des savoirs. Les enfants arrivent avec un savoir (informel) chaotique, diffus mais suffisamment prégnant pour entrer en opposition sinon en conflit avec le savoir (plus formel) plus structuré, plus organisé proposé par les enseignants. • La rupture avec la réalité par une fuite vers le virtuel au travers d’une technologie envahissante et uniformisante. L’individualisme, renforcé par ce qu’il serait possible d’appeler une hémorragie des échanges directs. • Les manifestations de violence de plus en plus fréquentes, généralisées, suscitées par n’importe quelle frustration. La violence qui s’exprime actuellement, même si elle reste rare dans ses manifestations les plus outrancières, est devenue endémique, permanente et présente dans le ressenti de chacun des protagonistes de l’univers scolaire. Dans ses formes et modalités les plus visibles, les plus inquiétantes, elle pénètre tous les milieux, contamine tous les âges. C’est un phénomène relativement récent mais qui tend à ses répandre et à se banaliser au travers des agressions verbales et physiques, des dégradations des biens, des viols (parfois), de l’utilisation d’armes et de contraintes. La violence est à l’oeuvre dans de plus en plus d’établissements scolaires. Un autre phénomène, qui devrait interroger les adultes, parents et enseignants, c’est la précocité de cette violence. Elle touche des tranches d’âge d’enfants de plus en plus jeunes. Tout se passe comme si l’enfance était en prise directe, trop directe avec le monde des adultes. Sans filtres suffisamment solides, sans passerelles fiables, sans accompagnements cohérents, sans balises claires et respectées, sans références à des valeurs témoins. L’école ouverte d’aujourd’hui affronte plusieurs paradoxes. • N’étant plus un lieu protégé, l’intrusion d’éléments extérieurs y devient de plus en plus fréquente. Ces intrusions, non seulement parasitent la quiétude et la disponibilité nécessaires à des apprentissages et des intégrations de savoirs, mais déstabilisent le processus de transmission et de partage, insécurisent les enfants et déstabilisent les adultes. • Vécue comme un lieu d’accueil et de tolérance, l’école reste aussi un lieu de repli, de secours vers lequel se réfugient des enfants scolarisables (même absentéistes ou dont la présence aléatoire est fonction des hauts et des bas de leur vie familiale ou des remous de la cité). Certains enfants viennent (aussi) à l’école pour se ressourcer, se restaurer quand ils se sentent trop menacés à l’extérieur. • Mais la violence, la plus pernicieuse peut-être, c’est la tension générée par une insécurité collective et interpersonnelle, qui règne autour de beaucoup d’établissements, tant au niveau des adultes que celui des enfants et adolescents. Insécurité qui se nourrit de tout, qui prend prétexte du moindre incident pour éclater et se diffuser dans tout un quartier ou un village. Protéger l’école ce sera redonner aux enseignants une place plus valorisée, favoriser une disponibilité plus grande pour leur permettre de développer une communication relationnelle fondée sur des apprentissages au savoir être, au savoir devenir, au savoir créer. Ce sera proposer aux parents des balises et des ancrages spécifiques pour mieux se confronter à leurs enfants sans démissionner ou renoncer. Ce sera aussi renforcer le soutien individuel pour éviter un nivellement par le bas, pour compenser les carences liées aux importantes différences culturelles. Les chemins sont multiples même si parfois ils sont étroits, mais il peut être stimulant de les suivre.
André Jorge Posté(e) 14 août 2007 Posté(e) 14 août 2007 Personnellement, je partage les idées de Salomé ainsi que son point de vue sur la situation de l'école et de la société. J'ai acheté quelques uns de ses livres. Ce qui est intéressant c'est sa proposition de mettre ne place à l'école une nouvelle matière : l' enseignement et donc l'apprentissage de la communication.
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