L'enseignement primaire sévèrement mis en cause

[piedsrouges]

L'enseignement primaire sévèrement mis en cause

LE MONDE | 23.08.07 | 09h56 • Mis à jour le 23.08.07 | 16h16

Dans un rapport sur l'enseignement primaire, le Haut Conseil de l'éducation (HCE) critique sévèrement l'insuffisance de ses performances, notamment dans le traitement de l'échec scolaire précoce. Ce texte devrait en principe être rendu public le lundi 27 août à l'occasion de sa remise officielle au président de la République par Bruno Racine, président du HCE.

Organisme consultatif composé de neuf personnalités nommées par les présidents de la République, de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social, le HCE a été institué par la loi d'orientation pour l'avenir de l'école du 23 avril 2005, dite loi Fillon.

A la demande du ministre de l'éducation, il émet des avis et peut formuler des propositions, mais c'est directement au président de la République qu'il remet son bilan ou rapport annuel.

Le texte en instance de publication, premier rapport annuel du HCE, a déjà été remis début août, dans sa version définitive, aux cabinets du président de la République, du premier ministre et du ministre de l'éducation. Ses auteurs et ses destinataires restent pour l'instant soumis à une consigne stricte de confidentialité.

L'un d'entre eux confie néanmoins que ce texte "se distingue de beaucoup de rapports par sa concision et son absence totale de langue de bois" : deux conditions assez rares dans l'éducation nationale pour assurer son impact et marquer la rentrée scolaire. "Je peux vous garantir que nous n'avons contourné aucun sujet par prudence", affirme pour sa part un membre du HCE, ajoutant que "cela ne va pas faire plaisir à tout le monde".

La mise en cause officielle des performances du primaire n'est guère fréquente. Il y a toutefois un précédent, qui figure parmi les sources avérées du HCE : le rapport remis en 1998 à Ségolène Royal, alors ministre déléguée à l'enseignement scolaire, par l'inspecteur général Jean Ferrier.

Intitulé "Améliorer l'efficacité de l'école primaire", ce rapport estimait à "25 % d'une classe d'âge la proportion des élèves en difficulté ou en grande difficulté à l'entrée du collège" et appelait à un "recentrage" sur les apprentissages.

"OBLIGATION DE RÉSULTATS"

Sur l'école élémentaire, il dénonçait notamment le "flou" des horaires d'enseignement, le défaut de pilotage des réseaux d'aides spécialisées et le caractère "embryonnaire" du travail d'équipe. Il jugeait aussi que la réputation avantageuse de l'école maternelle n'était étayée par "aucun état des lieux rigoureux" et qu'elle manquait d'objectifs précis adaptés à ce niveau de la scolarité.

Publié, ce rapport n'en a pas moins été enterré, restant sans conséquences, si ce n'est d'être abondamment cité dans les textes pamphlétaires qui dénoncent "l'effondrement" de l'école, alors qu'il n'avait pas été rédigé dans cet esprit et ne s'inscrivait pas dans la contestation des réformes pédagogiques.

Or, Jean Ferrier, aujourd'hui à la retraite, a été une des premières personnalités auditionnées par le HCE et "devrait tout à fait se retrouver dans notre texte", assure un des auteurs.

C'est une indication importante, même s'il a été fait appel à de nombreuses autres sources et auditions. Les avis émis jusqu'en 2005 par un autre organisme consultatif, le Haut Conseil de l'évaluation de l'école (dissous par la loi Fillon) en font partie, d'autant que son ancien président, l'inspecteur général Christian Forestier, est aujourd'hui membre du HCE.

Dans un livre paru en mars (Que vaut l'enseignement en France ?, Stock), M. Forestier développe l'idée que notre système éducatif obtient "des résultats excellents avec la moitié des élèves et très faibles avec l'autre moitié", se montrant incapable de s'occuper de ceux qui sont en difficulté.

Selon plusieurs membres du HCE, cette grille d'analyse est reprise dans le rapport. Le HCE a également recouru à ses propres travaux antérieurs, notamment sur la formation des enseignants et sur le "socle commun" des connaissances.

Dans les deux cas, il avait plaidé pour plus d'exigences, souhaitant notamment que les jurys s'assurent de la "qualité de l'expression française" des candidats aux concours d'enseignants et, plus généralement, insistant sur l'idée que "l'école a une obligation de résultats, effectifs et vérifiables".

Dans son rapport, le HCE se limite au constat, et ne livre pas de recommandations : "Nous n'en ferons que si le ministre nous renvoie la balle", précise un de ses membres. Instance collégiale composée de personnalités de sensibilités diverses, le HCE a plus de poids qu'un rapporteur isolé, d'autant que ses avis sont approuvés à l'unanimité de ses membres "après débat et confrontation sérieuse des sources".

s'il ne se passait rien après la publication ? "Nous verrons dans les mois qui viennent. Dans un tel cas, nous réagirions."

Luc Cédelle

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Composition du haut conseil

Présidé par Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, le HCE comprend également : Valérie Hannin, professeure agrégée d'histoire; Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à Columbia; Alain Bouvier, professeur des universités de Poitiers et de Sherbrooke; Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme; Jean-Pierre Foucher, professeur des universités, Christian Forestier, inspecteur général; Michel Pébereau, président de banque. Stéphane Rials, philosophe et historien du droit, professeur à Paris-II, a démissionné en juin 2007 et n'a pas encore été remplacé.

[miren]

j'ai entendu ça aux infos de 20h.... on n'a pas fini d'être critiqués, d'entendre des commentaires...

moi j'attends les conseils de ces messieurs-dames maintenant: puisqu'on ne fait pas bien notre boulot, que faut-il faire????

[luisa 75]

Il jugeait aussi que la réputation avantageuse de l'école maternelle n'était étayée par "aucun état des lieux rigoureux" et qu'elle manquait d'objectifs précis adaptés à ce niveau de la scolarité.

Et voilà, ça recommence!

Libéralisez-moi tout ça, ça ira mieux!

[Betba]

Faut pas éxagérer : on peut faire un état des lieux sans pour autant que vous vous sentiez remis en cause... c'est incroyable ça!

[Mel(yMélo)]

Faut pas éxagérer : on peut faire un état des lieux sans pour autant que vous vous sentiez remis en cause... c'est incroyable ça!

je crois pas...

[elpissou]

Il jugeait aussi que la réputation avantageuse de l'école maternelle n'était étayée par "aucun état des lieux rigoureux" et qu'elle manquait d'objectifs précis adaptés à ce niveau de la scolarité.

Et voilà, ça recommence!

Libéralisez-moi tout ça, ça ira mieux!

Mais ils y travaillent !!!

"Composition du haut conseil

Présidé par Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, le HCE comprend également : Valérie Hannin, professeure agrégée d'histoire; Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à Columbia; Alain Bouvier, professeur des universités de Poitiers et de Sherbrooke; Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme; Jean-Pierre Foucher, professeur des universités, Christian Forestier, inspecteur général; Michel Pébereau, président de banque. Stéphane Rials, philosophe et historien du droit, professeur à Paris-II, a démissionné en juin 2007 et n'a pas encore été remplacé.

"

Comme dirait Desproges : "Etonnant,non ?"

[luisa 75]

Merci Betba, je remets ma pratique en question presque tous les jours au travail, et je suis consciente de faire partie d'un système qui le plus souvent laisse de côté ceux qui ne suivent pas son rythme.

Mais penchons nous sur la composition de ce conseil (merci Elpissou): où est l'équilibre? Des gens issus du secondaire et du supérieur (ok), un igen (oui), un banquier (! bon...), mais personne du primaire, aucun représentant syndical ou d'un mouvement d'éducation...

D'accord pour un état des lieux de l'éducation en France, parce que c'est sûr qu'il y a des choses à changer, mais à condition qu'il ne soit pas orienté politiquement, et surtout qu'il ne serve pas à démonter ce qui, justement, fonctionne dans le système (je pense surtout à l'école maternelle, mais c'est vrai que ça coûte peut-être un peu cher...)

[Betba]

Louisa, je suis d'accord avec toi... je me suis un peu emportée

Disons qu'on a l'impression que toute critique du système école est impossible... or critiquer le système ça n'est pas attaquer les instits (en même temps, je comprends bien que la plupart des gens assimilent tout ça avec un coup de "c'était mieux avant" et basta!).

Dans mes études, je lis bcp de choses sur l'école, rarement du positif puisque je cherche ce qui peut faire que les gens souhaitent s'en passer... pour autant, je n'ai pas une vision de l'école si catastrophique que ça et j'ai plutôt de la sympathie pour votre corps de métier

Concernant l'école maternelle, je dirais que e qu'on peut critiquer c'ets plus le fameux "nous avons le meilleur système d'accuiel des 3-6 ans au monde" souvent lui et dont se gargarise souvent certains (pas des instits hein) alors que nous n'avons pas d'études qui le montrent... c'est un excellent système pour les parents parce que c'est une prise en charge gratuite des enfants mais je ne suis pas si sûre que ça soit si formidable pour les enfants. Ce qui ne veut pas dire pour moi qu'il faut renoncer à l'école maternelle et engluer la GS dans l'élémentaire

[luisa 75]

J'enseigne en CP, en zep, dans un quartier de Paris où tradionnellement tous les primo arrivants se retrouvent.

Sans le travail de mes collègues de maternelle, j'aurais une très large majorité d'enfants non francophones en CP bien que depuis plusieurs mois en France, et, pour les rares qui parlent déjà français en petite section, sans familiarisation avec l'écrit.

Pour autant, elles ne fonctionnent pas comme une "pré-élémentaire": nous avons beaucoup travaillé sur nos objectifs respectifs, et elles ne commencent pas le travail de CP. Mais je ne pourrais pas faire mon travail comme je peux le faire aujourd'hui sans tout ce qu'elles ont fait en amont.

Tu es de Lille je vois... Peut-être que cet état des lieux-là t'interessera? Une critique du système, mais constructive, qui fait du bien!

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp...re&no=23822

(et désolée, je m'emporte aussi, mais ça me tient à coeur... quand je vois ce que les questions budgétaires font de l'école de mon quartier...)

[Betba]

C'est un prof de ma fac et que je connais qui a écrit le bouquin J'ai assisté à une conférence de son équipe de recherche sur cette école Freinet, vachement intéressant

[maille1]

Le Monde met en ligne le rapport intégral ici :

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/200...rimaire2007.pdf

Il est très intéressant . Les auteurs insistent justement pour que la maternelle reste spécifiquement "maternelle", et ne s'aligne pas sur l'élementaire, en comparant avec d'autres pays notamment ; ils mettent aussi en avant les problèmes de formation, d'inspection, regrettent la non mise en oeuvre effective des cycles, dénoncent les redoublements...

Mais je crois qu'on ne peut pas se voiler la face quant à l'enseignement essentiel de ce rapport : 40 ans après Bourdieu, on ne change rien, en gros, on sait à l'entrée en maternelle qui va réussir et qui va échouer. Le poids des déterminants sociaux reste écrasant, l'école ne réduit pas les inégalités.

Quant aux chiffres, ils sont quand même effarants, 40% d'élèves de CM2 avec de graves lacunes, 10% des élèves capables de comprendre finement un texte...

[Mel(yMélo)]

40 ans après Bourdieu, on ne change rien, en gros, on sait à l'entrée en maternelle qui va réussir et qui va échouer. Le poids des déterminants sociaux reste écrasant, l'école ne réduit pas les inégalités.

moi ça m'a fait mal au coeur cette année de me rendre compte de ça. et à la fois, c'est pour aller contre ces determionismes là que je fais ce boulot...