zavata Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Bonjour, Cela fait une dizaine d'années que j'enseigne dans le 93 et en ce qui me concerne je ne me vois pas continuer à faire ce métier dans les mêmes conditions, voire pire dans les années à venir, jusqu'à ma retraite sinon je vais y laisser ma santé mentale ! Quand j'en discute avec mes collègues, la réponse est la même : c'est IMPOSSIBLE de continuer jusqu'à la retraite ! D'autant plus, que tout le monde sait que l'âge de la retraite ne fera que reculer d'ici qu'on y arrive et en plus pour toucher des clopinettes. Ce n'est pas le métier en lui même qui me déplaît mais bien les conditions d'enseignement et je ne peux pas pour des raisons familiales, changer de département. Donc, je suis "condamnée" à enseigner dans le 93. Pour ma part, je suis passée d'un temps complet à 77,78% pendant 2 ans, puis un mi-temps annualisé l'année dernière qui m'a permis de faire un break salvateur, puis un 80% cette année et j'envisage un 50% pour l'année prochaine avec une autre activité en complément, histoire de faire autre chose. Et vous, envisagez-vous de faire ce métier toute votre vie professionnelle ? Et si non, qu'envisagez vous de faire : vous reconvertir et si oui dans quoi, reprendre les études ... Merci de préciser dans votre réponse votre ancienneté dans le métier et votre département d'exercice.
tromboline Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Bonjour, je ne suis pas dans le 93, mais dans le 71, et pourtant... Je pense déjà, après 15 ans de bons et loyaux services, à ce que je serais dans 15 ans. Nerveusement, c'est très dur et le soir je suis insupportable... Mais j'aime ce que je fais, j'adore les relations qu'on a avec les gosses, j'aime quand leurs yeux s'agrandissent de curiosité, je suis satisfait quand je vois comment ils ont évolué en 10 mois... Alors je n'ai pas envie de changer. Et puis là ça fait un mois que je fais la police car j'ai une classe difficile avec des "cas lourds", un mois que je suis sous pression et que je ne dois pas lâcher si je veux que ma classe ne soit pas une jungle, un mois que je rentre vidé les soirs et que je dors tous les samedis AM. Et les problèmes avec les parents, les enfants qu'on rêverait de scotcher sur le mur du couloir, le sentiment de solitude qu'on a quand on demande de l'aide pour un enfant et qu'on a l'impression d'être seul au milieu du désert, les réflexions des gens comme quoi on fait déjà pas grand chose et qu'en plus on ose dire qu'on est fatigué... c'est l'overdose. Et mes enfants ? les miens, ils voient quoi le soir : une boule de nerfs. Pour l'instant, je réfléchis, et je n'ai toujours pas trouvé la solution. J'ai peur que faire la classe me manque... Je fais du sport, je vois du monde, et je prends du temps pour moi et pour ma famille. Je me dis que ça va passer et que la première période est toujours dure. En tout cas, si vraiment je veux changer de métier, je pense que je reprendrais mes études. Mais ce n'est pas pour tout de suite... Réfléchis bien, pèse les avantages et les inconvéniants, imagine-toi dans un autre métier et sans celui-là surtout, liste ce que ça va t'apporter de changer et ce que ça va t'enlever... MAIS prends ton temps. Après ce petit coup de blues de l'instit en ce mercredi matin, je vais préparer ma classe pour les jours à venir... Bon courage à toi Zavata
cailloune Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 22 ans de métier et le constat est le même: est-ce que je vais pouvoir enseigner jusqu'à la retraite sans m'user jusqu'à la corde? Marre des classes surchargées, des cours multiples, du réseau d'aide qu'on ne voit jamais, des stagiaires qu'on me refile à tout bout de champ parce que j'ai de l'expérience, de l'énergie immense qu'il faut dépenser pour que ça tourne correctement. Et le soir, à la maison, faut être encore dispo pour tout le reste...
delphinie Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Seulement 5 ans de métier et le constat est idem Pourtant j'aime ce que je fais mais honnêtement à 55-60 ans je ne me vois pas dans une classe <_< 22 ans de métier et le constat est le même: est-ce que je vais pouvoir enseigner jusqu'à la retraite sans m'user jusqu'à la corde?Marre des classes surchargées, des cours multiples, du réseau d'aide qu'on ne voit jamais, des stagiaires qu'on me refile à tout bout de champ parce que j'ai de l'expérience, de l'énergie immense qu'il faut dépenser pour que ça tourne correctement. Et le soir, à la maison, faut être encore dispo pour tout le reste...
ode Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Je ne sais pas encore mais je ne vois pas non plus dans quoi je pourrais me reconvertir ....
del20160722 Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Personnellement je dois encore 7 ans de métier à la fonction publique pour rembourser ma formation PE2, je ne tiens pas à les payer donc je vais profiter de ces années tant que je suis jeune Néanmoins, je ne me vois pas moi non plus enseigner jusqu'à 60 ans. Avec mon chéri nous avons des projets plein la tête, entre autres celui de partir en province, acheter un mas à transformer et faire chambre d'hôtes, gîte; j'ai trop l'impression de manquer de moyens dans mon métier et de passer pour la maîtresse qui est payée pour embêter les enfants. ca ne vous fait pas cette impression à vous? Notre société n'impose plus de contraintes aux enfants alors le travail qu'est ce que c'est faaaaaaaaaaaaatiguant. Et donc c'est un peu paradoxal je vous l'avoue mais j'ai envie de me tourner vers un métier qui donnera du plaisir pour donner du plaisir aux gens, peut-être que j'aurais plus de retours. :P Peut-être que je resterai à mi-temps, je ne sais pas encore...l'avenir me le dira
Caroline13 Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 J'aimerais bien enseigner à la montagne; mais c'est trop difficile de changer de département (pas assez de points, les enfants qui grandissent, le métier du mari ...). On a failli le faire il y a 2 ans, mais trop d'incertitude financière (et avec 3 enfants qui vont faire des études, on peut pas prendre de risques), et je n'aurai toujours pas eu ma mutation, donc pas trop de regret J'ai déjà 44 ans, et j'envisage de me mettre à 50 % et travailler à 30 % avec mon mari qui est hôtelier. Je me suis renseignée pour la retraite, possibilité de la prendre à 55 ans, mais je ne la toucherai qu'à 60. Par contre je pourrai travailler ailleurs à ce moment là. J'étais auparavant dans la finance, mais pas question d'y retourner. A part l'hôtellerie, je ne vois pas ... J'adore être maîtresse, mais à petites dose et je ne crois pas que notre situation aille en s'améliorant Les jours où je ne travaille que la demie-journée, c'est top pour moi, mais aussi pour les enfants. Comme par hasard, je suis beaucoup plus calme et à leur écoute, et bien sûr mon attitude rejaillit sur la leur
matelot Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Non. Un peu plus de dix ans que j'y suis...je sais que je vais partir...trop pris pour un con par les politicards, trop pris pour un laquais par les parents (pas tous, mais de plus en plus!), trop pris pour un boulot cool par la société...par contre les enfants eux, ils me manqueront.
tromboline Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Franchement, ça me fait chaud au coeur de voir que je ne suis pas seul dans cet état.... Mais ça me fait froid dans le dos de voir l'ampleur du malaise...
shandranee Posté(e) 3 octobre 2007 Posté(e) 3 octobre 2007 Franchement, ça me fait chaud au coeur de voir que je ne suis pas seul dans cet état....Mais ça me fait froid dans le dos de voir l'ampleur du malaise... C'est clair <_< Moi j'envisage une retraite anticipée; j'ai 17 ans de boîte et toutes les contraintes qui nous sont imposées au fil des gouvernements me saoulent Enseigner c'est que je fais de mieux aujourd'hui mais dans 20 ans ?? Et puis j'ai mis la priorité sur l'éducation de MES enfants (que j'ai l'impression de délaisser) et pour moi ça passe par ne plus être instit !
zavata Posté(e) 4 octobre 2007 Auteur Posté(e) 4 octobre 2007 bonjour, A lire les réponses des uns et des autres, je m'aperçois que tout le monde en est au même point, en tout cas pour ceux qui ont répondu. Je regrette presque d'avoir lancé ce sujet tant il est évident qu'il fait ressortir un profond malaise du corps enseignant. Vos réponses en disent long sur les conditions d'enseignement et les perspectives d'avenir ne sont pas très optimistes. En ce qui me concerne, il ne s'agit pas d'un simple coup de blues. Il m'apparait comme une EVIDENCE que je ne pourrai pas faire ce métier jusqu'à ma retraite. C'est tout. Donc, je cherche à me tourner vers une autre activité professionnelle en complément de celle d'enseignante. Ca me parait un bon compromis. Mon mari, qui travaille lui aussi dans un autre secteur de la fonction publique est dans la même démarche : il est en train de suivre une formation avec le CNED pour s'orienter vers une activité complémentaire liée à la randonnée en montagne. Avec mon mari, nous approchons de la quarantaine et nous pensons que c'est maintenant qu'il faut réagir et penser à notre avenir professionnel. Lorsque j'ai lancé le sujet, mon objectif était double : - premièrement, je voulais voir si le ras-le-bol que les enseignants connaissent étaient exclusivement liés aux conditions particulièrement difficiles d'enseignement dans mon département (et je m'aperçois que non) - deuxièmement, au-delà du constat unanime, je souhaiterais que les enseignants ayant décidé de réagir échangent leurs infos sur les possibilités ou idées de reconversion avec les démarches à suivre, les formulaires à remplir etc ... Dans mon cas particulier, envisager d'exercer une autre activité professionnelle est peut-être plus facile que pour d'autres car le métier d'enseignante n'est pas mon métier d'origine. Pour être enseignante, j'ai dû reprendre les études pendant 2 ans tout en travaillant : la licence par correspondance, et le concours d'instit avec le CNED. Ca a été très dur mais je sais que c'est faisable. En plus, je crois foncièrement que chaque adulte est tout à fait capable d'exercer plusieurs métiers différents au cours de sa vie. En tout cas, je n'ai qu'un conseil à vous donner : n'attendez pas trop longtemps pour réagir.
galoune Posté(e) 4 octobre 2007 Posté(e) 4 octobre 2007 Non. Un peu plus de dix ans que j'y suis...je sais que je vais partir...trop pris pour un con par les politicards, trop pris pour un laquais par les parents (pas tous, mais de plus en plus!), trop pris pour un boulot cool par la société...par contre les enfants eux, ils me manqueront. Les politicards te prendront pour un con dans un autre boulot, si ce n'est pas les parents, tu auras un patron sur le dos etc.... Chaque boulot a ses inconvénients et ses avantages...
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