Vérifier la compréhension des albums lus?

[Mirobolande]

J'explique: en maternelle on lit souvent des albums en regroupement; or, j'ai l'impression que certains élèves ne comprennent pas les albums un peu difficiles, par les remarques qu'il me font(exemple: tu seras funambule, comme papa, de frédéric stehr, pourtant lu à des GS).

Alors ces lectures offertes: doit-on vérifier la compréhension? Systématiquement ou pas? Se contenter de lire le livre, le lire plusieurs fois pour asseoir la compréhension?

[calia]

Pour moi, il y a 2 façons d'aborder les albums:

- lecture plaisir: pas de travail spécifique, c'est juste pour le plaisir des mots. Mais parfois quand j'entends en cours de lecture une petite réflexion qui montre que ce n'est pas compris, je fais un petit aparté pour expliquer. Parfois, je m'installe avec quelques enfants volontaires à l'accueil pour les relire et là, c'est plus facile de se rendre compte de ce qu'ils ont compris ou pas.

- travail sur un album: là, l'objectif est que tout le monde ait compris, donc on décortique, on joue, on caractérise les personnages...

Mais c'est vrai que parfois, dans les lecture plaisir, ça me frustre de voir que certains n'ont rien compris...

[Mirobolande]

Moi, je vérifie la compréhension, très, très souvent. Au moins en début d'année.

Et j'ai des surprises, très, très souvent.

Il y a deux ans, j'ai dû peu à peu réduire mes prétentions jusqu'à "Petit Ours Brun" avec un groupe de trois ou quatre GS ! Et même comme cela, ça n'a pas été sans mal.

Je me suis rendu compte que, depuis leur entrée en PS, ces demoiselles (c'étaient quatre filles sur les huit élèves que j'avais alors en GS) avaient pris le temps de "lecture d'albums" pour une annexe de la sieste. De toute façon, L, M, A et R monopolisaient la parole en fin d'album (les maîtresses de maternelle avaient tendance à ne pas vérifier cette compréhension en cours de lecture parce que cela coupait le rythme et l'imprégnation). Elles n'avaient pas compris ce qu'on leur demandait et se laissaient bercer par la "musique".

Donc, en début d'année, je vérifie sur des livres très, très modestes (cette année, j'ai commencé par "La rentrée de la petite sorcière", Belles histoires de Pomme d'Api), il m'a fallu trois semaines pour lire les dix pages (une page par jour, parfois même deux jours sur la même) pour faire comprendre à L, L, L et K qu'elles devaient écouter ce que je racontais, regarder l'image que je montrais et répondre aux questions que je posais, seuls C et P avaient une vague idée de ce que cela racontait.

Nous avons fini le trimestre avec Peau d'Âne, tout le monde écoute, tout le monde comprend, tout le monde commence à écouter les hypothèses des CP/CE1 sur la suite... Chouette, j'ai une bonne GS. Les autres années, cela fut plus long...

D'accord pour ton travail, mais je trouve qu'il faut aussi laisser des moments de lecture pure, car décortiquer à ce point la lecture n'est-ce pas tuer le plaisir de lire? Je me questionne , hein!

D'accord aussi pour baisser les exigences et revenir à des livres très simples. Mais l'as-tu fait avec toute la classe ou seulement ceux qui en avaient besoin? Pomme d'Api pour de "bons GS" à raison d'une page par jour, ça doit les frustrer!

Deuxième remarque: tu montres toujours les illustrations? J'avais vu chez une IMF qui m'a convaincue dans sa pratique de classe (c'est pas toujours le cas, hein!) des modalités de lecture difgférentes chaque jour: 1. lire et montrer; 2. lire. 3. montrer les illustrations seulement;4. changer de support, en dehors de l'album; ça peut être un livre de photos, etc...

Ne pas montrer les illustrations c'est aussi obliger à écouter!

[sogil]

bonjour,

Je n'avais jamais pensé aborder la compréhension de cette façon , merci Akwabon et Mirobolande pour ces idées car j'ai des GS très faible cette année.

[Mirobolande]

bonjour,

Je n'avais jamais pensé aborder la compréhension de cette façon , merci Akwabon et Mirobolande pour ces idées car j'ai des GS très faible cette année.

Moi je ne m'étais jamais posé la question car l'an dernier ma classe carburait "toute seule"! Cette année des remarques m'ont fait saisir que la compréhensionn'était pas automatique dans cette classe, d'où la question!

[VinceEDP]

Bonjour,

Il y a effectivement une distinction entre lecture offerte, plaisir (où on attend rien en retour) et lecture au service de la langue (qui permet de travailler un certain nombre de compétence avec toutes les précautions de non-décorticage données dans les posts précédents).

Le travail sur la compréhension se travaille avant la lecture, pendant la lecture et après la lecture.

Avant la lecture, car c'est lorsque l'on lit l'album plusieurs fois chez soi, sans les élèves, que l'on peut déterminer où vont se situer les noeuds de compréhension. Pour cela, il faut le lire plusieurs fois.

Selon la difficulté du livre, se choisir un axe de compréhension : les caractères des personnages, leurs relations, les actions et leur déroulement ou le message de l'auteur. Et tu leur diras au moment de la lecture. "aujourd'hui, je vais vous lire/raconter une histoire, et on va essayer de comprendre XXX"

Pendant la lecture, une fois que tu as repéré les noeuds de compréhension, tu choisis un mode de présentation. C'est l'album qui influence ta présentation, cette dernière ne se fait pas au hasard. Et des modes de présentations, il y en a plus d'un qui permette de rentrer plus ou moins dans la compréhension : raconter sans livre, avec illustration (toutes ou quelques-unes), avec des marionettes, lire avec ou sans image, en dévoilement progressif (là, c'est forcément après un bon repérage des noeuds), écouter dans un coin-écoute, présenter cela avec un diaporama.

Et bien sûr, après cette présentation particulière, relire ou reraconter avec ou sans accessoires, mais évitant de trop varier ces présentations sur un même album.

Après la lecture, en atelier avec un retour sur les épisodes qui ont posé problème (le travail sur l'ordre chronologique ne garantit pas une bonne compréhension !!): revenir sur une illustration ou un passage particulier et laisser les élèves donnés leur explication et argumenter à partir des illustrations, faire dessiner un passage-clé, rejouer avec des marionettes, réécrire avec dictée à l'adulte (en jouant sur l'explicitation des pronoms de personnes, les lieux, les espaces)

Pour ce qui est de la question de s'adapter, toujours se méfier de l'élève qui ne comprend pas : il est rarement tout seul dans ce cas, sauf que lui on est arrivé à s'en rendre compte, et que d'autres passent plus facilement entre les mailles.

A titre d'avis,

Vince