soucis avec des parents d'élèves

[Fanoue]

Constanze, cette année je vis difficilement mon métier pour des conflits avec des parents, seulement moi je suis la dirlette en prime

J'ai parlé de mon cas sur un autre post "on me juge mauvaise maîtresse" parce que les parents se sont plaints de régression dans la classe, 4 parents sur 24 élèves...J'ai tenu le coup je ne sais comment encore sûrement parce que j'ai toujours fait mon métier avec passion et que c'était la première fois qu'on me sortait ces remarques...

J'ai appelé l'inspection, deux conseillers ont passé un après-midi entier avec moi, le soir nous avons reçu des quatre parents, nous avons essayé de les calmer du mieux, ils me reprochaient avoir du retard (retard fondé avec le recul de mes stages de direction) Je les ai rassuré du mieux. J'ai continué jusqu'aux vacances en faisant de mon mieux, et surtout en gardant la tête haute aussi !

Pendant les vacances de noël j'ai remodelé toute mon organisation, je suis passée d'une instit pleine de projets transversaux à une instit de "vieille école" en me disant que j'y trouverai mon compte. Deux semaines et demi se sont déjà écoulées et j'y trouve mon compte et je pense que mes élèves aussi, on avance plutôt bien même très bien grâce à mes changements. J'en tire des leçons de tout ça, déjà dans les rapports parents/instits je ne les laisserai plus me juger ainsi ! Je ne sais si ils voient des changements si ils estiment ma façon de faire. Je sais bien que je ne suis pas là pour faire de l'offre et de la demande mais n'empêche que le constat est le même !

En appelant l'inspection, j'ai retourné le problème en leur disant "vous voyez me faire inspecter ne m'effraie pas puisque je sais ce que je fais" Je suis dans les clous

Les autres parents ne se plaignent pas du tout des apprentissages, ils pensent que leurs enfants travaillent bien et progressent, ils regrettent que mes rapports ont changé !

4 parents m'ont cassé, je suis encore abimée et pas tout à fait réparée, je vis chaque jour de classe comme une inspection et quand je vois ces parents discuter entre eux devant la grille ou sur le parking, mes tripes se tordent...Je pense que ça reviendra la flamme mais pour l'instant mes yeux de maîtresse sont éteints !

Samedi matin, les deux conseillers sont venus pour m'aider à préparer !!! Jusqu'alors de ma petite carrière je n'ai jamais eu de critiques négatives que de très bons rapports en pe2, une super inspection l'an passé ! Je leur ai montré que toutes mes séances étaient prêtes jusqu'aux vacances prochaines. Ils m'ont alors dit que le travail était conséquent (ils me l'avaient déjà dit lors de leurs visites) qu'ils trouvaient que j'avais vraiment eu l'esprit de me remettre en question (là de toute façon je suis ouverte à toutes propositions afin de toujours améliorer mes pratiques) Alors nous avons discutés sur comment je gérer ceci et cela, pendant deux bonnes heures j'ai donné tous mes ressentis, mon cassage, ma reconstruction...L'inspection est rassurée et de toute façon je ne pense pas que si je faisais mal elle m'aurait laissé tomber Lundi prochain une collègue se fait inspectée, je pense que mon chef viendra me voir et je pourrais de nouveau en discuter tout en sentant mes tripes se tordre mais bon...

Je crois que tout ce qui nous arrive et aussi "en partie" de notre faute*, j'en tire des leçons pour l'avenir, je me grandis de tout ça, pourvu que cela dure...

* j'ai laissé les parents me bouffer bêtement...

Fanou.

[sihaya]

Ton témoignage est très fort Fanoue.

J'espère que tu finiras l'année avec plein de retours positifs.

Ceperndant, en début de carrière, on sort de l'iufm avec beaucoup d'idées sur la classe, et notamment celle que ne pas faire des projets à tout va c'est synonymes de mauvais enseignement.

Avec le temps, on comprend que la classe a besoin d'activités régulées , que dégager du temps pour les plus en difficulté ne peut se faire que sur des temps de systématisation.

Les projets sont alors mieux inclus dans nos progressions, on a moins peur de se disperser parce qu'on cerne mieux nos objectifs...

et les parents sont rassurés.

et les enfants aussi.

et nous aussi.

[Fanoue]

Ton témoignage est très fort Fanoue.

J'espère que tu finiras l'année avec plein de retours positifs.

Ceperndant, en début de carrière, on sort de l'iufm avec beaucoup d'idées sur la classe, et notamment celle que ne pas faire des projets à tout va c'est synonymes de mauvais enseignement.

Avec le temps, on comprend que la classe a besoin d'activités régulées , que dégager du temps pour les plus en difficulté ne peut se faire que sur des temps de systématisation.

Les projets sont alors mieux inclus dans nos progressions, on a moins peur de se disperser parce qu'on cerne mieux nos objectifs...

et les parents sont rassurés.

et les enfants aussi.

et nous aussi.

Les conseillers n'ont pas démonté mes procédures puisque je reste sur mes acquis iufmesques et m'ont alors dit que le naturel reviendrait vite, ils en sont convaincus et m'ont dit comme toi qu'une fois que je roulerai avec cette expérience et ce changement de pratique, mes projets viendront nourrir peu à peu

J'en suis convaincue et je me bats pour que les étincelles reviennent dans mes yeux...

[zavata]

bonjour,

Le plus important est de penser à ta santé et si tu ne te sens pas le courage de retourner en classe pour le moment, alors reste chez toi. De toute façon, ni l'Education Nationale et encore moins les parents ne viendront te remercier pour les efforts que tu pourrais fournir alors que tu ne vas pas bien.

Je voudrais aussi te raconter ce qui s'est passé dans mon école (élémentaire) il y a qq années. Une instit a subi une véritable fronde de la part de certains parents d'élèves dont une collègue instit qui avait son propre fils dans cette classe. Les parents avaient contacté l'IEN pour demander son changement. L'instit en avait été très affectée et s'est arrêtée pour maladie. A partir de ce moment, nous avons assisté à une valse des remplaçants avec des périodes sans instit pour les élèves. Là, les parents ont commencé à réfléchir et à ce dire qu'il valait peut-être mieux une instit à plein temps plutôt qu'une succession de remplaçants parfois totalement inexpérimentés. Donc, ils ont fini par rabattre leur caquet et "supplier" (je n'exagère pas) le directeur de convaincre l'instit de reprendre son poste.

La morale de cette histoire, c'est de laisser les parents mariner un peu dans leur jus. Ensuite, puisque tu n'arrives pas à obtenir toi-même ton changement d'école, et bien laisse les parents faire le boulot à ta place. S'ils ne sont pas contents qu'ils aillent voir l'inspection eux-mêmes et eux arriveront à obtenir pour toi ce que toi tu souhaites. Evidemment, on pourra toujours dire que les parents auront "gagné" dans cette affaire. MAis je n'en suis pas si sûre. Car si c'est vraiment ce que tu souhaites, toi tu seras dans une autre école (mais attention, pas de ton choix) et eux, leurs mômes auront une nouvelle instit avec tout ce que cela suppose de perte de temps d'adaptation.

Juste une question, à titre de curiosité : comment réagissent tes élèves au milieu de ce conflit ?

Dernière question: tu dis que qq parents sont très véhéments envers toi mais que pense la majorité silencieuse ? Ont-ils eux aussi des griefs à ton encontre ? Si, ce n'est pas le cas, ce serait peut être le moment de les faire s'exprimer ?

N.B : tu n'as pas à te justifier de ta manière d'enseigner auprès des parents. C'est le rôle de l'inspecteur et uniquement à lui que revient la tâche de contrôler le travail des enseignants. Une petite remise au point sur le rôle de chacun est peut-être nécessaire.

[Zephy]

Ce qui est difficile, c'est de ne pas avoir le soutien de la direction... C'est malheureusement (trop) souvent le cas!

Courage à toi...

[flitch]

Comme les autres, je me demande comment ta classe ressent les tensions actuelles? Est-ce que les élèves en pâtissent ou ont adopté un comportement différent avec toi, ou toi avec eux? Simplement pour te dire que si ça va mal avec les parents mais plutôt bien avec les élèves, et bien pense à eux et pas à leurs crétins de parents (je sais, plus facile à dire qu'à faire). En tout cas moi ça m'aide de penser ainsi. J'espère pouvoir les élever un tout petit peu au-dessus du niveau d'idiotie de leurs géniteurs. J'exagère à peine. On bosse pour les élèves, pas pour les parents.

bon sang c'est quand même incroyable qu'on ne puisse pas remettre chacun à sa place!

Bon courage à toi!

[matelot]

Ok avec Fanoue...sur le fait qu'il ne faut jamais se laisser marcher sur les pieds...

10 ans dans mon école (CM), il ya 3 ans, une maman contacte direct la dirlo pour lui faire part de son inquiétude car je ne donne pas assez de devoirs écrits pour les préparer à la 6ème...j'en donnais (genre 1 ou 2 exos écrits en plus des leçons), c'est surtout que le collège de mon groupe scolaire (privé) est très vieille école et donne trop de devoirs!!!...bref...

Je n'ai pas du tout apprécié, j'ai rencontré les parents et l'explication en présence de ma dirlo, a été très musclée!...Je n'ai rien lâché et j'avais préparé mes arguments sur le sujet...C'est une école rurale...radio trottoir a bien fonctionné...depuis plus rien...tranquille le mec....je sens qu'on me respecte et je pense qu'on me craint un peu aussi dans le sens où ils savent qu'on ne peut pas me marcher dessus...

Je crois que dès que l'occasion se présente, il ne faut pas hésiter à aller au combat, montrer qu'on sait ce qu'on fait et surtout ce qu'on est...

Maintenant, je conçois que ce n'est pas facile...pour moi c'est naturel...j'ai toujours réagi fortement face à l'injustice ou à l'irrespect envers moi ou envers d'autres (il m'est arrivé de me battre pour défendre des gens que je ne connaissais pas)...mais si c'est possible, si on y arrive, c'est une bonne attitude pour se sauvegarder dans cette vie agressive: être soi-même et l'assumer quoiqu'il arrive, ne rien céder là-dessus.

Courage et force, tu as certainement cette force intérieure au fond de toi...essaie d'aller la chercher...juste pour affirmer qui tu es et que tu ne donnes le droit à personne de piétiner ce que tu es: un être humain qui fait de son mieux dans un monde, un métier, une vie pas facile.

Dernière chose, pour relativiser...tu ne sais pas quand va s'arrêter ta vie...tu ne sais pas si ta vie ne sera pas gâchée par un évènement malheureux un jour...alors...qu'est-ce qui est important? cette école? ces c....?.............certainement pas!...alors réfléchis: de qui, de quoi as-tu envie de profiter avant la fin? quelles sont tes priorités pour le temps que tu as ici?...(perso c'est vraiment pas l'école!)

Un bisou pour te donner du courage.

[constanze]

Merci infiniement des vos soutiens. Ca fait du bien !

Vous me posiez des questions à propos des élèves, eh bien en fait j'adore ma classe et je pense que c'est réciproque, mais quand les élèves me rapportent parfois des propos qui semblent venir droit de leurs parents, je commence à avoir de plus en plus du mal à ne pas les mêler à cela et en ce sens, je pense qu'il vaudra mieux que je ne reste pas. Ca me déchire, car vraiment les bambins sont sympas, mais je n'arrive justement plus à me dire "je les emmerde, ces parents, ce qui compte c'est la classe".

En ce qui concerne l'ien, je l'ai rappellé aujourd'hui pour avoir vraiment un rdv (celui de lundi a été annulé de sa part) voilà que la secrétaire me dit que l'ien ne reçoit jamais les instits en congé maladie, qu'il faut d'abord reprendre son boulot avant de pouvoir le rencontrer... (je ne ferai pas de commentaire ) J'ai donc été obligé de lui expliquer ma situation et que je ne suis pas capable de reprendre dans cette école. Elle me dit alors, par rapport aux parents, "les parents jouent un petit jeu et vous ne voulez plus jouer, c'est ça ?" j'ai cru mal comprendre ! elle qualifie la situation de "petit jeu", (sans conséquences, j'imagine), sauf ma santé (j'ai perdu 2,5kg depuis vendredi, ça va, j'ai de la marge ...) Je lui ai donc quarrément dit que pour moi cela n'est pas un "petit jeu" mais du harcèlement moral. Du coup elle a changé de ton et va essayer de m'obtenir un rdv. Comme disait "zavata" voilà comment on vous soutient à l'EN ! La secrétaire m'a même carrément dit que si je n'arrivais pas à y aller, qu'en gros j'avais qu'à rester en congé maladie toute l'année. Quant à me changer de poste, c'est encore une autre affaire ...

Il y en a plusieurs qui m'ont dit de prendre mon courage en deux mains et d'affronter les parents, mais psychologiquement je n'en ai plus la force. C'est un cumul d'événements. L'année dernière s'est mal passée avec un poste de direction difficile, l'année d'avant je me plaisais bien mais ils ont fait une fusion d'école et dès janvier je savais qu'on n'aurait plus besoin de moi et que je dégageais en septembre, l'année d'avant j'étais nommée à 80 km en IME (je ne savais même pas que ça existe , j'étais T2) avec 1 bébé qui venait de naître et un enfant de 21/2ans, et mon annnée de T1 j'ai été nommée dans une grosse ZEP sur un CM2 ingérable dont ne personne ne voulait. Du coup, ça commence à faire un peu beaucoup même pour quelqu'un qui fait ça par passion ...

Effectivement, j'ai ma partie de torts dans l'affaire, je n'aurais pas dû me laisser traiter comme ça, mais les envoyer bouler direct quitte à ne pas être appréciée. Mais perso j'ai du mal à vivre avec l'idée d'être détestée, du coup je veux faire plaisir, je cherche le dialogue, puis les gens du coup sentent que je suis qn de "faible". Et en prime de savoir que la directrice n'est pas de mon côté mais du leur, ça aide pas, parce que je ne me sens pas du tout crédible.

Je sais que c'est une "fuite" que de vouloir partir, mais actuellement, je ne me sens pas la "force" de les affronter, d'autant plus que j'ai appris pas une fille de la garderie qu'ils préfèrent un remplaçant qui ne se foule pas (attention, je ne dis pas que tous les remplaçants ne se foulent pas !!! il y a des titulaires qui ne se foulent pas non plus ! et puis je ne jette pas la pierre, chacun a sa conscience et ses raisons !) car cela est déjà arrivé, que d'avoir la maîtresse titulaire qui bossait bien, mais que les parents avaient décidé de faire dégager. Ce sont des gens purement malfaisants et cela n'a plus rien à voir avec une "petit jeu".

Cela étant, je viens d'apprendre que la maman d'une camarade de classe de mon fils qui était prof, s'est suicidée. Avec des réponses que celle qu'on vient de me faire à l'inspection, je comprends comment en arrive là ...

[matelot]

Ben oui.......ça se comprend............mais "aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie" et TU décides de ce que tu veux en faire et de comment tu entends la mener!...l'avis des autres, leurs remarques, ce qu'ils pensent de toi: absolument rien à foutre!!!...

Cen n'est pas une "fuite"...il y a des moments dans la vie où il s'agit de sauver sa peau, où c'est toi d'abord!...tu es dans un de ces moments...alors sauve-toi oui! (dans le sens sauver)...

Tu me fais penser à quelqu'un de très proche, qui faisait tout dans son boulot pour satisfaire et être aimée...du coup très flexible, qui n'ose pas dire non ou stop...un chef a décelé cette "faiblesse" (je dirais générosité et naïveté quant au monde dans lequel nous vivons)...harcèlement moral...elle a craqué...arrêt maladie, médecin sécu et du travail avec elle...et moi qui lui dis: quand tu vas reprendre, tu auras deux choix, soit tu continues comme avant et il recommence, soit tu lui rentres dedans et tu le menaces d'aller plus loin (syndicat, plainte...) et il va retourner vite fait à sa place...cette personne, qui ne pensait pas savoir faire ça, l'a fait...comment?...elle devait se sauver ou lâcher prise...elle a choisi...épilogue: le chef est retourné dans ses 18 mètres et n'en bouge plus!...

Sans doute trop tôt pour toi pour savoir ce que tu vas faire, mais il me semble que tu peux soit prolonger l'arrêt jusqu'à la fin de l'année parce que tu ne peux plus y retourner, soit revenir un jour à l'école avec un autre visage qu'ils ne connaissent pas encore...peu importe ce que tu choisiras, la seule chose qui compte, c'est de te sauver.

[Fanoue]

Constanze comment ça va ?

[constanze]

Constanze comment ça va ?

Ca va bof bof !

l'ien refuse toujours de me recevoir, enfin, la secrétaire ne dit pas non, mais elle ne me donne pas de rdv. Dernier prétexte : maintenant que vous êtes prolongée en arrêt maladie, il va vous recevoir ... mais pas de date. Il se défile complètement. Du coup j'ai recontacté le snu qui va essayer (en douceur ...) de voir si je peux rencontrer l'IA adjoint sans passer par mon ien.

Franchement, tout ce petit jeu ne m'aide pas non plus. on me dit faut trouver du courage et y retourner mais au vu de ce qui se passe là, je n'aurai aucun soutien, ni de la directrice ni de l'ien. Bref, pour l'instant je reste en arrêt, de toute manière suis trop abîmée par tout ça.

Merci à toi d'avoir pris de mes nouvelles, au moins ça montre qu'il y a des collègues très sympas !

[flitch]

Bon courage à toi constanze!