2 élèves handicapés dans une même classe sans AVS

[orléanaise]

Un témoignage qui date d'il y a quelques années. En T1, j'ai eu le même souci en PS: pas d'AVS jusqu'en novembre avec un petit garçon trisomique pas violent mais très agité (il criait et lançait tout ce qu'il trouvait à travers la classe), une petite fille autiste qui avait des accès de violence ou d'automutilation, plus une autre fille plus âgée, qui, elle , avait déjà été scolarisée en TPS et avait d'importantes difficultés motrices (elle ne pouvait s'asseoir ni se lever seule et il fallait la porter pour les déplacements dans le couloir). Il a fallu que je m'accroche pour avoir mon AVS : j'ai appelé l'inspectrice un jour où je n'avais même pas d'ATSEM en lui disant que je démissionnerais de l'EN si ça continuait. Ah ! Changer les couches du petit trisomique pendant que la petite autiste griffait les copains qui hurlaient ! Au passage, "merci " aux collègues qui tout comme dans la chanson de Bénabar "étaient toujours là pour moi" mais ajoutaient "aujourd'hui, non ce n'est vraiment pas possible avec ce que j'ai prévu" .

Alors j'ai eu ma 1ère AVS : une fille qui arrivait en retard tous les jours (voire à midi!!!) et qui s'asseyait sur les coussins du coin regroupement pour faire des papouilles aux enfants les plus mignons en ne s'occupant évidemment pas du tout des enfants handicapés.Re-râlage et j'ai enfin eu en janvier une AVS efficace (Stéphanie ) qui m'a enfin permis de reconstruire ma classe.

[noa1974]

Bonjour,

je comprends ta difficile situation. D'une part j'ai du mal à comprendre que tu aies dans ta classe deux élèves avec de tels handicaps. A moins que tes collègues aussi vivent dans leur classe la même situation...

Nous avons dans notre école un enfant qui par la maison du handicap avait droit à un avs. A la rentrée 2007: personne. Cet enfant s'enfuyait, sautait par dessus les grilles, montait sur la rampe de l'escalier. Il était dangereux pour lui même. La référente est venue à l'école et dans la classe pour observer cet élève. La psychologue, une personne de la maison du handicap. Le médecin scolaire est aussi venu l'observer; elle a constaté, éffarée, qu'effectivement, il y avait un gros problème au niveau de sa propre sécurité car il s'enfuyait. Elle était choquée de voir que cet enfant (qui criait aussi quand il était dans un état de crise) n'était pas accompagné par un evs alors que les parents avaient reçu une lettre les avisant qu'un evs devait être présent pour leur enfant. L'école et les parents étaient en attente. Le médecin scolaire est donc entrée en contact avec l'ien pour l'informer de ce qu'elle avait observé. Elle était très inquiète pour la sécurité de cet enfant. L'ien a eu je pense très peur et une décision a été prise (de l'ien ou du médecin je ne sais pas.) : suspendre la scolarisation de cet élève jusqu'à l'arrivée d'un avs. Et ô surprise, la semaine suivante, un AVS a été trouvé.....

Cet avs n'est pas présent à temps complet mais l'élève oui. Quand l'avs n'est pas là (il s'occupe d'une autre enfant) le petit garçon en question vient à l'école. Si l'avs est en congé maladie, l'élève ne peut rester chez lui qu'à partir de 10 jours consécutifs d'abscence de l'avs. Est-ce un arrangement ? Est-ce dans les textes ?Je ne sais pas. Ma collègues est absente. Elle est fatiguée nerveusement.... Nous devons pouvoir intégrer les enfants porteurs de handicaps, oui, mais avec l'aide en personnel qui est insdispensable. Et ce personnel qui n'est pas formé est lui aussi en situation parfois difficile. Notre avs, très sympathique est lui aussi très fatigué nerveusement. Il ne sait pas toujours comment gérer le comprtement de cet enfant. Combien de personnes l'état va-t-il "fatiguer nerveusement "avant de mettre en place de vrais moyens pour recevoir dans de bonnes conditions ces enfants qui sont porteurs de handicap ou, comme celui de notre école, en souffrance.

Appelle le médecin scolaire. Qu'elle observe ces enfants, que tes collègues témoignent de ce qu'elles vivent aussi ne serait-ce que dans la cour. C'est ce que nous avons fait. Le point crucial est la sécurité.

Bon courage. Tiens nous au courant.

[del-120312]

En fait, comme vous le savez, je rentre d'un mi temps annualisé, donc j'ai fait les classes des PS avec les autres instits pour que la répartition soit équitable.

On m'avait dit qu'on me mettait le trisomique car il avait l'habtiude d'être accompagné tous les jours par la psychomotricienne, la conseillère, et une avs tout le temps.

Ce qui était vrai pendant 2 ans et ce jusqu'au 28 janvier.

J'ai commencé la classe le 29 janvier, l'avs a trouvé un autre job et l'evs qu'on m'a mise (pas du tout sérieuse et qui capte rien) s'est mise en maladie ( je l'ai vue qu'une seule fois) car elle aime pas cet élève!

Pour l'autiste, la maman a caché à la dirlot le pb de sa fille et est arrivée le jour de la rentrée en pleurs en disant: je crois que ma fille a un pb, elle parle pas!

Si c'était que ça!!! Mais elle crie et devient violente! Je trouve ça complètement malhonnête de la part de la famille d'avoir caché sciemment cet handicap et à l'inscription ( et pourtant la dirlot exigeait que les parents viennent avec l'enfant pour ne pas avoir de mauvaises surprises) et le jour de ma réunion en juin! Je ne comprends pas pourquoi on l'a pas sanctionné en lui disant que dans ce cas là, vu qu'elle l'avait pas dit exprès, on ne lui accepterait pas sa fille.

Bref, la psy est passée et a décidé de ne pas les changer de classe! Encore une folie!

Je trouve ça aberrant car justement le fait d'avoir 2 instits dans l'année qui changent + 1 PE2 qui va venir me remplacer, aurait dû faire percuter la psy et l'équipe éducative en se disant que ces chamboulements ne pouvaient qu'affecter encore davantage ces élèves handicapés et les perturber!

Personne me propose de les prendre, une atsem me l'a proposé, même pas la maîtresse de la classe mais bon, on a essayé l'autre fois , elle reste dans leur classe même pas 5mn, elle s'échappe et les frappe, elle est encore plus douce avec nous, dans notre classe et puis ils ont pas l'habitude, donc elle se faufile encore plus vite et fugue.

Une instit a un élève qui a un pb, mais il est calme, parle, et sourit tout le temps. Il bouge pas comme les miens, et bien elle, a une AVS toute la journée, et coméptente:

On ne pense pas à la faire venir dans ma classe pour me soulager, bien sur.

Je suis pourtant la seule T1 de cette école.

D'un autre coté, je ne suis pas adepte de refiler ses pbs aux autres, ou de mettre mes élèves dans une autre classe.

Mais je ne suis pas adepte non plus d'être prise pour " le dindon de la farce" surtout qu'on est en train de me dire que l'an prochain , je me garde l'autiste, car de PS elle restera dans ma classe en MS!!!!!!!!!!!!!!!!! Je veux bien terminer l'année dans cette ambiance pourrie, mais pas renouveller une année entière ainsi surtout que je le répète, l'enfant perd son temps, les 23 autres aussi et moi ma motivation!J'espère bien être mutée chez moi l'an prochain!

Mardi, elle n'était pas là pour une fois, y'avait le conseiller péda qui était venu me voir ( dommage, il aurait pu constaté mon enfer) et du coup, j'ai passé une matinée super agréable,même avec le trisomique sans AVS.

Le conseiller était impressioné que je m'en sorte si bien mais lui aussi trouve injuste et rageant de voir que les 23 autres en patissent!

Ces deux enfants ne viennent que les matinées, mais si j'ai une AVS, le trisomique viendra aussi l'après midi.

Je vais suivre vos conseils et écrire un courrier à l'IA en parlant de la sécurité des enfants si ma situation ne se débloque pas.

Je vous remercie de tous ces témoignages!

[calia]

Tape du point sur la table et dis-leur que si tes collègues ne veulent pas te soulager un peu, tu exiges d'avoir un peu de temps de l'AVS dans ta classe. Ca me fait gerber ce "chacun pour soi"...

[del20160715]

N'oublions pas non plus que la véritable raison à l'origine de cette loi n'est pas du tout un sentiment philanthropique mais un argument économique. Ca coute moins cher à l'Etat d'accueillir les enfants handicapés à l'école dans des classes banales avec du personnel non qualifié que dans des structures adaptées avec du personnel spécialisé et payé en conséquence.

C'est clair ! La loi de 2005 est révoltante. Elle nous contraint à accueillir des élèves qui ne peuvent pas suivre dans une classe ordinaire. Leur place n'est pas ici. Je suis navrée de le dire, mais c'est la vérité. Je nuancerai cependant mon propos en disant que ça dépend du handicap. Par exemple je suis favorable à l'intégration des élèves handicapés quand ils sont capables de suivre et de respecter les règles de vie en classe malgré leur handicap. J'ai l'exemple, dans la classe d'une collègue, d'une élève handicapée moteur qui a une AVS à temps plein. Elle suit parfaitement bien en classe. Son intégration est une superbe réussite. Par contre, je ne comprends vraiment pas ce que font en classe ordinaire les élèves incapables de suivre scolairement (handicapés mentaux, troubles psychologiques). J'en ai encore un cette année (et avec la loi 2005 il paraît qu'on va en avoir de plus en plus, dixit une maîtresse G). Scolariser dans des classes ordinaires, qui frisent déjà la trentaine d'élèves, des élèves handicapés qui ne peuvent pas entrer dans les apprentissages, ça me laisse perplexe. Vraiment je ne comprends ce qu'ils font dans nos classes. J'espère ne pas trop choquer en disant ce que je pense. Je sais que je ne tiens pas un discours politiquement correct. Mais bon, voilà.