montaw Posté(e) 11 mars 2008 Posté(e) 11 mars 2008 Voilà, je vous expose le problème : depuis la rentrée de septembre, j'ai un élève qui refuse totalement de parler à l'école. Il parle très bien à la maison et à l'extérieur, mais à l'école rien du tout. Au début de l'année je ne m'en faisais pas trop en pensant que ça viendrait mais on est en mars et toujours rien. Il a évolué dans sa communication non verbale : il nous regarde (l'ATSEM et moi), nous sourit, mais ne décroche jamais un mot, ni à nous, ni aux autres enfants. Cependant, il est ravi de venir à l'école (dixit ses parents, ce que je crois volontiers vu qu'il est très souriant dans la journée). Je sais bien qu'il y aura de l'évolution dans ses années de maternelle, mais je me demande ce que je peux faire pour l'aider tout de suite. Comment mettre le doigt sur la raison du blocage ? Les parents sont un peu désespérés : je pense que le papa en fait toute une histoire à la maison et que ça n'aide pas. Ils ont fait venir des copains de l'école à la maison en pensant que ça aiderait par la suite en classe mais pendant tout le mercredi après-midi où il y avait des copains chez lui, il n'a pas desserré les dents. Le papa a pris rendez-vous avec la psy scolaire pour voir quoi faire, car on a tendance à penser qu'avant la rentrée les parents ont dû dire quelque chose qui l'a bloqué (2 aînés brillants). Si vous avez des suggestions, surtout, n'hésitez pas ! Merci d'avance!
VinceEDP Posté(e) 11 mars 2008 Posté(e) 11 mars 2008 Bonjour, des idées de pistes : - un cahier de vie avec des photos d'évènements de classe. Trier les évènements les plus forts. Organiser la présentation avec très peu d'écrit pour que l'enfant parle sur et à travers les photos, ce qui apparemment ne pose pas de problème à la maison. Puis demander de le rempli sur le même principe avec des photos de la maison. Pour éviter de stigmatiser (si c'est ce qui a été fait à la maison) : partir sur un cahier de vie de la classe qu'un élève ramène à la maison le mercredi ou le we. La présentation de la vie de la maison se fait en collectif avec les grands parleurs et seulement en duo avec toi à l'accueil avec les petits parleurs. - la marionnette qui elle-aussi transite à la maison avec un cahier où elle raconte son we, puis même principe que prédemment - albums constitués de photos de l'enfant ou de copain(s) sur des moements forts : EPS, anniversaire, sortie et organiser un atelier de langage en tutelle autour de ces photos. pas de mise en ordre chrono, d'abord rester sur le descriptif. Vince
montaw Posté(e) 12 mars 2008 Auteur Posté(e) 12 mars 2008 Merci pour tes idées Vince. Je travaille déjà beaucoup sur photos, j'aime bien que les enfants aient des traces de ce qu'on fait en classe : on fait déjà beaucoup de langage avec, très régulièrement, mais ça n'a aucun impact sur sa volonté d'ouvrir la bouche en classe. Ce n'est pas qu'il ne veut pas raconter, c'est qu'il s'empêche totalement de le faire. Des fois quand on lui pose une question il ouvre la bouche pour répondre puis la referme aussitôt. Il ne veut pas non plus compter les étiquettes des enfants absent le matin alors que les autres se battent pour le faire. Même "merci" quand on lui donne quelque chose c'est pas envisageable (il sourit, c'est déjà ça!). Je n'ai pas encore entendu le son de sa voix, excepté son rire. Je ne crois pas qu'un cahier de vie école-maison change quoi que ce soit car à l'école, il ne veut pas du tout "parler" de la maison : quand on lui demande si ça va bien à la maison, si son frère, sa soeur vont bien, il nous regarde et s'en va. Blocage, vous avez dit blocage ?
lilou20100 Posté(e) 12 mars 2008 Posté(e) 12 mars 2008 J'ai aussi un élève comme ça. Il est chez les MS, et il n'a pas ouvert la bouche pendant toute sa petite section. Aujourd'hui, il répond en faisant des phrases minimales, et il participe au quoi de neuf pour raconter avec mon aide, son cahier de vie. Il répond alors aux questions de ses camarades. Je m'inquiétais beaucoup. J'ai cherché des tas de manières de l'approcher. Il a progressé, à partir du moment où il a emmené "Chocolat" notre cobaye chez lui pendant les vacances. Il s'est un peu "ouvert". Et puis il continue de progresser mais c'est très très timide. Par contre il écoute et mémorise tout. Dès que sa mère arrive, un flot de paroles sort de sa bouche. J'ai l'impression de devoir l'apprivoiser, c'est long, il faut beaucoup de patience. Voilà pour mon expérience...
sandy15 Posté(e) 12 mars 2008 Posté(e) 12 mars 2008 J'en ai eu un comme ça aussi. Il ne disait pas un mot à l'école, mais parlait bien à la maison. Je n'ai pas cherché à le forcer, et bizarrement il s'est mis à parler dans les moments de langage vraiment pointus (répéter un mot précis par exemple). Petit à petit, il a parlé aussi dans les situations de vie de la classe. On a surtout bien veillé à ne pas "s'extasier" quand il a dit son premier mot, on a fait comme si c'était normal, et du coup il ne s'est pas senti observé et a pris confiance petit à petit. C'était un gros progrès, quand il est arrivé dans ma classe, il pleurait toute la matinée, refusait de quitter sa sucette, et on a passé plus d'une semaine à devoir même le prendre dans les bras pour avoir 5 minutes de calme et qu'il arrête de pleurer (et tant pis si ce n'est pas pédagogique, avec mon poste actuel j'ai appris à faire des croix sur beaucoup de belles théories...) Bref, pour en revenir à ton petit, je pense déjà que tu devrais demander aux parents de ne pas lui en parler à la maison. A mon avis, qu'on mette le doigt sans arrêt sur le fait qu'il ne parle pas à l'école, ça ne doit pas aider... L'envoyer chez le psy parcequ'il ne parle pas en classe en TPS, je trouve ça un peu tôt aussi... Surtout si on pense que la cause vient de la maison et d'une éventuelle comparaison avec les autres enfants, "brillants". N'y a t-il pas un risque de le stigmatiser encore plus? As-tu aussi demandé aux parents s'il n'a pas un défaut de prononciation par exemple, qui pourrait le complexer et le pousser à ne pas parler devant d'autres enfants? Bref, laisse lui le temps. Visiblement il comprend ce qui se passe, ce que vous lui dîtes, engage quand même une communication avec ton ATSEM et toi, même si elle est non verbale, et en plus a l'air content de venir à l'école... Je trouve que pour un petit bout de 2 ans, c'est déjà un bon début dans sa scolarité. S'il n'y a vraiment que le langage qui coince, je pense que ça viendra en son temps...
montaw Posté(e) 12 mars 2008 Auteur Posté(e) 12 mars 2008 Je suis tout à fait d'accord pour lui laisser le temps, mais pas du tout son père, qui en fait toute une montagne. Je lui ai beaucoup dit (et je continue à le faire) qu'il fallait arrêter et laisser faire le temps, que ça viendrait, mais il n'est pas du tout d'accord. Peut-être y attache-t-il tellement d'importance que ça bloque son fils... Avec mon Atsem et moi ça se passe très bien, donc tant qu'il est heureux de venir à l'école, c'est gagné ! Merci pour vos expériences, ça fait du bien !
tartinette Posté(e) 16 mars 2008 Posté(e) 16 mars 2008 Je suis tout à fait d'accord pour lui laisser le temps, mais pas du tout son père, qui en fait toute une montagne. Je lui ai beaucoup dit (et je continue à le faire) qu'il fallait arrêter et laisser faire le temps, que ça viendrait, mais il n'est pas du tout d'accord. Peut-être y attache-t-il tellement d'importance que ça bloque son fils... Avec mon Atsem et moi ça se passe très bien, donc tant qu'il est heureux de venir à l'école, c'est gagné ! Merci pour vos expériences, ça fait du bien ! Pour rassurer le père, tu peux peut-être lui raconter l'histoire de ma fille aînée, mutique pendant ses ...4 ans de maternelle alors qu'elle a commencé à parler à 16 mois et qu'elle avait un vocabulaire très large et précis à 2ans. Elle adorait aller à l'école pourtant. Nous avons eu le droit à tout : psychologue scolaire, suspicion de mauvais traitement, pédopsychiatre pendant 30 séances ....Tout cela n'a rien donné. Elle a parlé spontanément à sa maîtresse le 1er jour du CP. Elle a parlé à ses camarades de classe le 1er jour du CE1 Elle a eu le droit à "quelques bavardages" en CE2 ...et à bavardages incessants en fin de 3E. Elle a sauté le CM1 et a toujours été en tête de classe. A 20 ans tout juste aujourd'hui, elle termine sa 3e année de Sciences-Po et est un véritabel boute-en-train. Elle n'arrive pas à expliquer son mutisme.... S'il parle à la maison et que ses apprentissages scolaires se font et qu'il a l'air heureux d evenir à l'école, pas d'inquiétude. Donnez-lui du temps. Il va sûrement étonner tout le monde !
montaw Posté(e) 16 mars 2008 Auteur Posté(e) 16 mars 2008 Je suis tout à fait d'accord avec toi... Le papa a rencontré la psychologue scolaire de l'école jeudi dernier et elle lui a dit de laisser tranquille son petit garçon et d'arrêter d'en parler. Elle a ajouté qu'on commencerait à s'inquiéter le s'il ne parle toujours pas en fin de grande section. J'ai l'impression qu'il a entendu ce qu'elle a dit et j'espère que son attitude va changer. On est sur la bonne voie... Merci pour ton témoignage !
Susie Posté(e) 17 décembre 2008 Posté(e) 17 décembre 2008 Je remonte cet ancien sujet pour vous faire part de "mon expérience". Dans mon école, une petite fille de CE1 a été diagnostiquée mutique sélective depuis la maternelle. Elle ne parle pas en classe, ni à l'extérieur de la maison, si elle craint de se faire surprendre par des gens connus. Elle parle chez elle uniquement avec des gens très proches (amies de classe, grands-parents...) Depuis, son frère qui est dans ma classe montre quasi les mêmes symptômes. Après de nombreuses consultations, il semble que la thérapie comportementaliste soit la plus efficace, en tout cas qu'il ne faille pas prendre trop de temps avant de traiter le problème, car si comme la fille de tartinette il se peut que la scolarité puisse se passer normalement, l'enfant peut être en grande souffrance, en désir profond de parler, mais en incapacité totale de le faire. Dans le cas des deux enfants de cette famille, les parents viennent faire des jeux dans l'école avec leurs enfants après la classe, quand il n'y a plus que la femme de ménage, afin que les enfants s'approprient les lieux, etc. Beaucoup de pistes sur ce lien : http://www.mutismeselectif.org/ Bref, sans s'alarmer s'il n'y a pas lieu, il ne faut pas non plus sous-estimer ce qui peut s'avérer un vrai problème, qui ne se résout pas toujours tout seul.
liloh Posté(e) 17 décembre 2008 Posté(e) 17 décembre 2008 Moi j'en ai plusieurs comme ça, et petit à petit ça vient, certains me répondent tout bas, ou chantent mais ne parlent pas en dehors, d'autres parlent avec le cahier de vie seulement, mais je ne leur ai jamais parlé du fait qu'ils ne parlent pas.
Susie Posté(e) 17 décembre 2008 Posté(e) 17 décembre 2008 Moi j'en ai plusieurs comme ça, et petit à petit ça vient, certains me répondent tout bas, ou chantent mais ne parlent pas en dehors, d'autres parlent avec le cahier de vie seulement, mais je ne leur ai jamais parlé du fait qu'ils ne parlent pas. En quel niveau de classe ? Edit. J'ai vu ta signature. Chez des TPS-PS, effectivement, pas de quoi s'affoler, mais là je parle de mutisme bien plus profond... Les enfants que j'évoque éprouvent des difficultés (croissantes, puisqu'en PS les maîtresses les ont entendu chuchoter en classe, ce qu'ils ne faisaient plus en MS ou GS) à parler dans tous les lieux hors de leur domicile, et aux "intrus" chez eux. Chez eux ça va s'apparenter à une phobie, le mutisme décrit par des adultes qui le vivent ou l'ont vécu ressemble à une crise d'angoisse permanente, comme s'ils manquaient d'air pour parler, si les mots se bloquaient dans la gorge. Bref, je ne veux pas voir de mutisme partout, mais maintenant que je connais l'existence de cette pathologie, je voulais savoir si certains l'avaient rencontré, et ce qui avait été mis en place.
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