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Problème de grammaire COI ou CCL


kazaance

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C'est une belle langue.
D'accord sur l'essentiel, sauf sur ce que j'ai mis en gras : jugement subjectif sans aucune base rationnelle... mais ô combien typique.

C'est évidemment un jugement subjectif, mais avec un fondement rationnel. Promis, je vous écris un de ces jours un bouquin pour vous le démontrer. En attendant quelques éléments. Il faudrait bien sûr commencer par réfléchir sur le sens de "rationnel". Qu'est-ce que la raison ? En tout cas voici quelques raisonS. Le français dont je parle, c'est la langue de Corneille, Pascal, Baudelaire, Hugo, Chateaubriand et Proust. Et celui-là, je dois vous le concéder, il n'est pas beau : il est sublime. Pour ce qui est des preuves, je vous suggère d'apprendre, si ce n'est déjà fait, par exemple, les stances de Rodrigue, une page de Chateaubriand... Je ne développerai pas plus avant : d'autres l'ont fait avec talent avant moi. D'autre part, je pourrais vous dire que cet entêtement que met le français à caresser certains souvenirs avec délicatesse est tout à fait magnifique. Prenons comme exemple ce que certains appellent fort justement les lettres quiescentes ou dormantes. Il s'agit, pour l'essentiel, des consonnes finales, muettes en l'absence d'une voyelle subséquente. Evidemment le rendement linguistique mesurable de ces réveils (les liaisons) en est fort ténu, sauf pour les cas les plus évidents de sonorisation de la marque du pluriel. Leur maîtrise demande un certain apprentissage et exige patience et doigté. Mais l'effet produit par ces barrières contre l'hiatus est assez merveilleux. Il participe évidemment de la netteté de l'articulation du français et de son organisation très syllabique, lui qui est pratiquement dépourvu de diphtongues. Il marque sourtout un souci gratuit de la forme, une délicatesse à l'égard du mot, que l'on sait traiter différemment en fonction de ceux qui l'environnent. Le français qui s'efforce de tenir sa langue apprend que les mots qu'il prononce sont des mots, produits par des sons, il s'arrache quelque peu du collage au signe qui fait croire à l'homme qu'il est la chose. Cette légèreté vis-à-vis de la parole est magnifique.

Au fait, typique de quoi ? Je n'ai pas bien compris.

Cordialement, NLM.

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"Quant à la grammaire qui s'occupe du sens, c'est bien de la grammaire stricto sensu. En effet, la grammaire est l'art d'apprendre à lire et à écrire une langue. Lequel art on étend généralement à la parole oratoire, et quelquefois à la conversation courante, quand bien même celle-ci ne saurait s'enseigner. Or une langue est constituée de signes, qui sont à la fois signifiants et signifiés ET qui sont attachés au monde et aux hommes. La langue fait sens. Et ce qui fait sens, c'est ce qui importe à la grammaire."Non. Vérification faite, on a tort tous les deux. La grammaire ne se résume ni à la sémantique, ni à la syntaxe.

Je n'ai certes pas voulu dire que la grammaire se limitait à la sémantique. Je dis que le sens est ce qui importe à la grammaire. C'est à dire les articulations du signe. Je ne sais pas ce que dit wikipedia. Je sais que la grammaire est un art pédagogique, contrairement à ce que certains Diafoirus voudraient nous faire accroire : elle s'élabore au contact des élèves au moins autant que dans les brumes des esprits érudits. Je sais que la grammaire, comme son nom l'indique, concerne la langue écrite (ta gramma, les lettres). Je sais que la grammaire ne méprise par la norme, puisqu'il s'agit de transmission, et que l'expression "grammaire normative" est, au mieux, un pléonasme.

Bien à vous, NLM.

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"D'autre part, cette grammaire que vous semblez voir comme archaïque est tout ce qu'il y a de plus moderne, issue de la révolution scientifique que constitua l'invention de l'école publique en 1882-1887-1911-1923-1938..." Etes-vous au courant que depuis "l'époque héroïque", il y a eu d'autres recherches, d'autres avancées... bref du changement ? On s'est notamment rendu à l'évidence : le français n'est pas une langue meilleure que les autres, faisant coïncider parfaitement la syntaxe et le sens.

D'abord, les instituteurs, savants et autres humanistes qui travaillèrent à la construction de l'instruction publique n'ont jamais, à ma connaissance, soutenu cette thèse, qui me paraît principalement relever du XVIIe siècle et de Port-Royal. Personne ne se bat autour de cette idée, qui me paraît en efet complètement dépourvue d'intérêt.

Quant aux "avancées" dans le domaine de la linguistique, elles sont évidemment nombreuses et passionnantes. Cela dit, rien ou presque, qui remette en cause raisonnablement les avancées réalisées en particulier en 1911, avec l'établissement de la nomenclature grammaticale, tout à fait révolutionnaire. En particulier, le structuralisme, dès lors qu'il est devenu une idéologie, a apporté, dans le domaine pédagogique, plus de mal que de bien. Mais on ne revient pas sur l'histoire, et il est assez ridicule de la juger. Le structuralisme peut être bien utile. Mais quand il conduit à faire croire qu'on peut étudier le fonctionnement d'une langue sans se préoccuper du sens, il est tout simplement un germe de délire.

Cela dit, vous pourrez peut-être me dessiller et m'indiquer quels sont les points que les avancées de la recherche ont permis de remettre en cause dans la grammaire que j'évoque - qui n'est certes pas celle du XIXe siècle.

Bien à vous. NLM.

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"élaboration patiente et passionnée de savants et de praticiens, qui affrontèrent la contradiction et l'expérience, mise à mal par la droite réactionnaire de l'entre-deux guerres et surtout par celle qui s'empara du pouvoir sous Vichy." Le rapport entre notre sujet et Vichy ? Je n'aurais jamais cru possible qu'on approche aussi prêt du point de Godwin en parlant de grammaire...

Je suis vraiment désolé de cette affaire : ce n'est pas mon intention de comparer qui que ce soit avec les nazis. Cela dit, vous noterez que je n'ai parlé que de la droite réactionnaire, laquelle pour moi est bien loin des nazis, malgré tout le mal qu'elle a pu faire, même sous Vichy. Carcopino n'est ni Doriot ni Déat. En outre, le fait que cette droite se soit attaquée à l'enseignement primaire n'est aucunement à imputer à quiconque est venu ensuite. Seulement il faut bien voir que ce que je défends, avec d'autres, c'est bien autre chose que ce qu'on peut croire lorsqu'on le voit à travers le brouillard qu'a jeté la catastrophe Vichyste. Il ne s'agit aucunement de retour en arrière, bien au contraire. Encore désolé, toutefois, d'avoir pu paraître insultant.

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"Ainsi, l'articulation entre le sens et la syntaxe pure dans l'analyse grammaticale s'y est-elle introduite avec précision, délicatesse et clarté. La syntaxe : complément direct ou indirect de tel mot. Le sens : objet, lieu, temps, attribution.."Sauf quand on tombe sur une contradiction toute bête, exemple donné mille fois :.

Je vais à Paris.

Sur le plan de la syntaxe, à Paris est un complément essentiel, un complément d'objet indirect ( construit de la même façon que : Je parle à mon voisin.). Sur le plan sémantique, c'est un complément de lieu précisant les circonstances de l'action.

Alors, pour ma part, tout cela relève de la sodomie de diptère. Qu'on choisisse une bonne fois pour toutes l'une ou l'autre des démarches. Cela suffira amplement pour les élèves de l'école élémentaire. Après tout, je ne pense pas qu'un grand nombre d'entre eux soient plus tard appelés à être des grammairiens distingués.

Vous affirmez qu'au plan de la syntaxe "à Paris" est un complément essentiel. C'est bien là que le bât blesse. D'une part cette notion est bien fragile et s'appuie sur des critères transformationnels très contestables. Ainsi dans "Longtemps je me suis couché de bonne heure", les deux compléments ne sont ni déplaçables ni supprimables... Quel intérêt de les nommer des complément essentiels. D'autre part, si vous pensez que "en son bec, Maître corbeau tenait un fromage" est une phrase française, vous vous trompez. Demander aux élèves de tordre les phrases pour étayer des théories vaseuses me semble tout à fait antipédagogique.

Au plan syntaxique, comme dans "je parle à mon voisin", "à Paris" est un complément de verbe indirect, parce qu'il est introduit par une proposition. Au plan sémantique, l'un indique le lieu, l'autre le destinataire. Il n'y a là nulle contradiction, mais articulation.

Pour les élèves, cela n'a rien de compliqué, au contraire. On leur demande au plan syntaxique quel mot complète ou précise quel mot, (avec l'aide de quel mot de raccord, le cas échéant) (c'est la syntaxe) (donc complément de..., direct ou indirect). On leur demande ensuite, éventuellement, quel rapport de sens est établi (objet, attribution, lieu, cause, but...) Je vous assure que n'importe quel élève comprend cela, et qu'en revanche, seuls les grammairiens distingués arrivent à comprendre quelque chose de l'opposition essentiel/non-essentiel.

Bien à vous, NLM

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