info signalante

[Yaka...]

Je pensais avoir posté un sujet, mais je ne le trouve plus.

Dans quel cas faites-vous une info signalante aux services sociaux?

c'est ma 2ème année dans cette école, j'en ai déjà fait 7

2 élèves ont été placés (il y avait déjà eu des infos avant la mienne, et aucune amélioration de la part de la famille)

1 risque d'être placée, la mère refuse d'ouvrir aux services sociaux, donc le "parquet" va intervenir, avec placement très probable.

pour 2 autres, gros suivis, les parents ne se présentent pas chez le juge...risque de placement aussi

pour 2 autres, AEMO à la maison.....

Je suis quasiment la seule à faire des infos signalantes dans l'école, et très souvent, les parents concernés font des histoires...on m'a fait comprendre que c'est mieux de faire semblant de ne pas voir...;comme beaucoup de collègues d'ailleurs.

Seulement, je ne peux pas fermer les yeux quand les élèves me racontent leurs histoires.

Surtout que des collègues ont des frères et soeurs de mes élèves, refusent de faire l'info avec moi....et pour finir, les enfants concernés sont placés.

Mais ça leur cause beaucoup moins de soucis, puisque ce ne sont pas elles qui se font "agresser" par les parents, du coup

De plus, je parle toujours aux familles de mes inquiétudes, je ne leur balance pas une info signalante dans la figure comme ça.

De plus, dans les infos, je rapporte les paroles des enfants, et je n'invente rien du tout.

Mais je me dis aussi que les enfants sont placés à cause de moi d'un autre côté, il y a un jugement quand même avant qu'ils soient placés.

Je me dis que je devrais peut être faire autrement, mais comment?

Je précise que je suis dans une école bien difficile, l'an passé, la moitié de ma classe était suivie par les services sociaux....

Mais bon, je me remets beaucoup en question, là....

[mamiebrossard]

Non, tu as raison, à partir du moment où tu as un doute, tu fais bien de faire le signalement même si cela s'avérait faux !

Tant mieux si tes collègues peuvent faire avec leur conscience mais je te raconte ce qui est arrivée une fois dans ma première année de titularisation !

Des "personnes" (inspecteurs, assistantes sociales ...) sont venus poser des questions à une collègue sur un gamin qu'elle avait eu 10 ou 11 ans avant je crois et ce tout simplement parce que l'enfant devenu adulte a porté plainte contre ses parents pour mauvais traitements ou autres (je ne sais plus la cause exacte) et l'enquête remontait jusqu'à l'école pour savoir pourquoi jamais aucun signalement n'avait été fait !

Donc continue, pour ta conscience principalement mais aussi pour ta "sécurité" pénale future

[zavata]

Oui, je connais bien la situation. J'ai souvent été dans ce cas aussi. On se dit : c'est pas possible, c'est moi qui fabule ou ce sont les collègues qui font exprès de ne rien voir ?? La réponse est bien évidemment la deuxième. J'ai toujours trouvé cette attitude particulièrement lâche.

Tu as du courage et moi je te dis sans l'ombre d'un doute : continue, continue pour les enfants. Le fait qu'ils soient placés n'est pas ta faute. C'est une décision de justice prise par des tiers. Si tu commences à réfléchir aux conséquences de tes signalements, alors tu es foutue et les mômes aussi. Contente toi de signaler (c'est déjà beaucoup) et ne te préoccupe pas du reste. Ce n'est pas de ton ressort.

D'autre part, je te conseille de ne pas trop t'investir auprès des parents pour essayer de recoller les morceaux entre eux et leurs enfants. Tu risques d'y laisser des plumes personnellement et là encore, ce n'est pas ton rôle mais celui des services sociaux. A chacun son rôle : toi, tu signales ; les services sociaux enquêtent, suivent et aident les familles dans la mesure du possible, et la justice tranche et décide dans l'intérêt des enfants.

Je te conseille aussi de faire flipper un peu tes collègues en leur disant qu'à force de faire l'autruche, la justice pourrait bien finir par les rattraper, même une dizaine d'années plus tard et les condamner pour non dénonciation de maltraitance sur mineur. La peine est encore plus grave lorsque l'on est fonctionnaire et que l'on travaille avec des enfants.

Ton attitude et ton courage ne te vaudront certainement pas les palmes académiques et tu trouveras peut-être un jour un inspecteur pour se mettre en travers de ta route (ça m'est déjà arrivé). Mais si un jour tu fatigues un peu devant toute cette misère sociale, alors souviens-toi que sans ton intervention les mômes sont condamnés à vivre un véritable calvaire toute leur enfance et qu'ils auront bien du mal à se construire sereinement pour devenir adulte.

Dernière chose : si un jour tu te trouves dans une situation où aucun adulte ne prend en compte ton signalement, alors il reste le 119. C'est le numéro gratuit d'"enfance maltraitée". Au bout du fil, tu auras des professionnels qui sauront t'écouter et prendre les choses en main. Tu peux même les appeler pour parler si tu commences à faiblir sous le poids de la fatigue et de la lassitude devant tant de cas. Et comme la prévention vaut toujours mieux que la guérison, tu peux faire une information sur le 119 auprès de tes élèves avec vidéo à l'appui (fournie gracieusement par les services du 119) et autorisation préalable des parents. La vidéo ne montre évidemment aucune scène de maltraitance mais explique comment fonctionnent les services du 119. D'ailleurs, pendant le visionnage, il est très intéressant d'observer la réaction de certains enfants. C'est parfois très révélateur.

J'en profite pour rappeler au passage que l'information sur le 119 est obligatoire dans toutes les écoles (en fait, tous les lieux fréquentés par des mineurs). Donc, n'hésitez pas à appeler le 119 pour qu'ils vous envoient toutes les affiches et autocollants nécessaires.

Les enseignants comme toi sont rares. Continue !

[Louisine31]

Je ne me suis encore jamais retrouvé dans ce type de situation, mais je me mets à ta place.

Ce n'est pas évident, mais je suis sûre que tu fais bien. Tu signales et c'est ton devoir. On n'est pas là pour mener l'enquête, déceler le faux du vrai. Mieux vaut signaler pour lance l'enquête et éclaircir au plus vite la situation que de la laisser pourrir (rumeurs, sous-entendu, mais surtout santé physique et morale de l'enfant).

Et comme tu dis, tu ne fais que rapporter la parole de l'enfant. Je pense que je noterais au jour le jour les faits, les paroles sans essayer de faire plus parler l'enfant (ce n'est pas notre rôle, enfin je crois) tout en le rassurant et en signalant comme tu le fais.

Bon courage pour assumer cette situation et

Amaurie

[Yaka...]

Je te conseille aussi de faire flipper un peu tes collègues en leur disant qu'à force de faire l'autruche, la justice pourrait bien finir par les rattraper, même une dizaine d'années plus tard et les condamner pour non dénonciation de maltraitance sur mineur. La peine est encore plus grave lorsque l'on est fonctionnaire et que l'on travaille avec des enfants.

Il y en a même une qui m'a dit que je suis la "méchante de l'école qui balance les parents et fait des infos"; pour moi, les "méchantes" sont plutôt celles qui font l'autruche, et qui laissent les enfants en danger chez eux...

Que veux-tu faire avec des gens comme ça??

[delphinie]

Je te conseille aussi de faire flipper un peu tes collègues en leur disant qu'à force de faire l'autruche, la justice pourrait bien finir par les rattraper, même une dizaine d'années plus tard et les condamner pour non dénonciation de maltraitance sur mineur. La peine est encore plus grave lorsque l'on est fonctionnaire et que l'on travaille avec des enfants.

Il y en a même une qui m'a dit que je suis la "méchante de l'école qui balance les parents et fait des infos"; pour moi, les "méchantes" sont plutôt celles qui font l'autruche, et qui laissent les enfants en danger chez eux...

Que veux-tu faire avec des gens comme ça??

Rien t'as vraiment affaire à des gens bêtes et méchants!

Je plains les mômes si tu changes d'école...