Mogwli Posté(e) 31 janvier 2010 Posté(e) 31 janvier 2010 Oserais-tu dire, Akwabon, que tes anciens élèves ne sont pas tous des intellos ? Est-ce qu'ils lisent Tolstoï et Proust, au moins ? Parce que moi je viens de m'attraper avec une collègue, sur le thème "si c'est pour qu'ils lisent et qu'ils ne comprennent rien, merci bien ! Ton projet c'est qu'ils lisent juste le minimum, juste pour se débrouiller, mais ils n'auront pas accès à la littérature. C'est une méthode qui a pour but la reproduction sociale et le maintien des gosses de pauvres dans la pauvreté intellectuelle". Moi, ça me fait mal, d'entendre ça. :lol: Eh ben moi, ta collègue... je lui tire mon chapeau. Parce qu'être capable de faire apprendre par coeur à des CP Ribambelle l'intégrale de la "Recherche du temps perdu" afin qu'ils puissent la lire, c'est pas donné à tout le monde hein. Tu serais cap, toi ? Moi, pas ! :
Mogwli Posté(e) 31 janvier 2010 Posté(e) 31 janvier 2010 Eurêka ! Ça y est, je viens de comprendre ! Vous savez pourquoi il est si important que les élèves accèdent au sens du fameux "J'ai rêvé que..." de Ribambelle ? Eh ben franchement, on est des benêts de ne pas avoir compris ça plus vite. C'est pour les préparer à lire Marcel dans le texte : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que..." :bleh:
dhaiphi Posté(e) 31 janvier 2010 Posté(e) 31 janvier 2010 Oserais-tu dire, Akwabon, que tes anciens élèves ne sont pas tous des intellos ? Et encore, ce sont des quatre ou cinq rescapés, dont elle a des nouvelles, qu'Akwabon évoquait dans le post précédent.
Zarko Posté(e) 31 janvier 2010 Posté(e) 31 janvier 2010 Oserais-tu dire, Akwabon, que tes anciens élèves ne sont pas tous des intellos ? Est-ce qu'ils lisent Tolstoï et Proust, au moins ? Parce que moi je viens de m'attraper avec une collègue, sur le thème "si c'est pour qu'ils lisent et qu'ils ne comprennent rien, merci bien ! Ton projet c'est qu'ils lisent juste le minimum, juste pour se débrouiller, mais ils n'auront pas accès à la littérature. C'est une méthode qui a pour but la reproduction sociale et le maintien des gosses de pauvres dans la pauvreté intellectuelle". Moi, ça me fait mal, d'entendre ça. Bah, ce n'est pas vraiment l'objectif de l'école élémentaire...Puis on pourrait aussi disserter sur la place de la "vraie culture" dans la société...Est-ce que les grands écrivains sont des modèles de réussite pour les ados ? etc. Ah, au fait tout n'est pas perdu: Lucien Auguste Camus, père d'Albert, est né en 1885 à Ouled-Fayet dans le département d'Alger. Il descend des premiers arrivants français en Algérie. Un grand-père, Claude Camus, né en 1809, venait du bordelais, un bisaïeul, Mathieu Juste Cormery, d'Ardèche, mais la famille se croit d'origine alsacienne5. Lucien Camus travaille comme caviste dans un domaine viticole, nommé « le Chapeau du gendarme », près de Mondovi, à quelques kilomètres au sud de Bône (Annaba) dans le département de Constantine, pour un négociant de vin d'Alger. Il épouse en novembre 1910 Catherine Hélène Sintès, née à Birkadem en 1882, dont la famille est originaire de Minorque. Trois mois plus tard, en 1911, naît leur fils aîné Lucien Jean Étienne et en novembre 1913, leur second fils, Albert. Lucien Auguste Camus est mobilisé en septembre 1914. Blessé à la bataille de la Marne il et évacué le 11 octobre à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc ou il meurt le 17 octobre 1914. De son père, Camus ne connaîtra que quelques photographies et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d'une exécution capitale. Sa mère est en partie sourde et ne sait ni lire ni écrire : elle ne comprend un interlocuteur qu'en lisant sur ses lèvres. Avant même le départ de son mari à l'armée elle s'était installée avec ses enfants chez sa mère et ses deux frères, Étienne, sourd-muet, qui travaille comme tonnelier, et Joseph, rue de Lyon à Belcourt, un quartier populaire d'Alger. Elle y connaît une brève liaison à laquelle s'oppose son frère Étienne. « Il y avait une fois une femme que la mort de son mari avait rendue pauvre avec deux enfants. Elle avait vécu chez sa mère, également pauvre, avec un frère infirme qui était ouvrier. Elle avait travaillé pour vivre, fait des ménages, et avait remis l'éducation de ses enfants dans les mains de sa mère. Rude, orgueilleuse, dominatrice, celle-ci les éleva à la dure », écrira Camus dans un brouillon de « L'Envers et l'endroit ». Albert Camus fait ses études à Alger. À l'école communale, il est remarqué en 1923 par son instituteur, Louis Germain, qui lui donne des leçons gratuites et l'inscrit en 1924 sur la liste des candidats aux bourses, malgré la défiance de sa grand-mère qui souhaitait qu'il gagnât sa vie au plus tôt. Camus gardera une grande reconnaissance à Louis Germain et lui dédiera son discours de prix Nobel. Reçu, Camus peut entrer comme demi-pensionnaire au lycée Bugeaud (aujourd'hui lycée Émir Abd-el-Kader). « J'avais honte de ma pauvreté et de ma famille (...) Auparavant, tout le monde était comme moi et la pauvreté me paraissait l'air même de ce monde. Au lycée, je connus la comparaison », se souviendra-t-il. Il commence à cette époque à pratiquer le football et se fait une réputation de gardien de but. Mais, à la suite de ses crachements de sang, les médecins diagnostiquent en 1930 une tuberculose et il doit faire un bref séjour à l'hôpital Mustapha. Son oncle, voltairien et anarchiste, et sa tante Acault, qui tiennent une boucherie dans la rue Michelet, l'hébergent ensuite, rue du Languedoc, où il peut disposer d'une chambre. Camus est ensuite encouragé par Jean Grenier - qui lui fera découvrir Nietzsche.
Zarko Posté(e) 31 janvier 2010 Posté(e) 31 janvier 2010 Tous les autres sont devenus des grands savants, professeurs d'IUFM ! :lol:
Zarko Posté(e) 1 février 2010 Posté(e) 1 février 2010 Ah, avant de vouloir en faire des prix Nobel ou plus modestement des profs d'IUFM , :lol: , les médias nous rappellent aujourd'hui une petite réalité que toute "pédagogie" ne pourra pas "soigner": 10 millions de mal logés dont au moins 600 000 enfants... Voilà le véritable b.a.-ba. ( et c'est la bonne orthographe)
Goëllette Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 Ah, avant de vouloir en faire des prix Nobel ou plus modestement des profs d'IUFM , :lol: , les médias nous rappellent aujourd'hui une petite réalité que toute "pédagogie" ne pourra pas "soigner": 10 millions de mal logés dont au moins 600 000 enfants... Voilà le véritable b.a.-ba. ( et c'est la bonne orthographe) En même temps, ceux qu'on appelle les mal logés de maintenant correspondent à une réalité plus générale d'il y a 50-70 ans et, s'il est évident qu'on ne peut pas se satisfaire, en tant que citoyens, de cette situation, force est de constater que nombre de ceux-là, à cette époque, ont malgré tout réussi, grâce à l'école, à se sortir de leur situation, et que nous ne pouvons pas, de nos jours, nous arrêter devant ça et ne pas faire le nécessaire pour que cette ascension sociale soit toujours réelle. Je ne crois pas que la pédagogie de l'excuse perpétuelle soit efficace. Je pense que nous avons, malgré tout, un grand rôle à jouer avec ces enfants, et que nous ne devons d'être exigeants.
Sapotille Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 Je viens de vivre une journée catastrophe avec très très gros problèmes dans une famille de l'école au cours de laquelle j'ai été obligée de contacter l'IEN, le maire, de répondre à plusieurs coups de fil de parents qui s'entredéchirent leurs enfants. La seule chose qui me console, c'est que D., CP, a lui passé une aussi bonne journée que possible dans sa classe, avec ses copains, et qu'en corrigeant ses cahiers, j'ai pu mettre un 10/10 en écriture, un 9,5/10 en exercice de français, un 9/10 en dictée, un 10/10 en maths et un 10/10 en fiche de lecture et qu'en plus de tout ce travail qui l'a sorti des problèmes familiaux dans lesquels il se débat, il a chanté, fait de la gym, écouté la suite de Pinocchio et récité "Le lièvre et la tortue". Pour ces gamins-là, l'école est leur seule chance d'être "comme les autres". Misère... Merci de permettre à D. de trouver à l'école un lieu de paix où il a une vie normale.
Sapotille Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 J'ai fait encore plus durant 3 ans. Les gamins du CP devaient relire le soir ce que nous avions lu dans la journée et une des gamines menait sa maman par le bout du nez, ne voulant pas lire, et chaque matin maman venait plaider l'immense fatigue de sa fille la veille au soir au moment de relire sa page... Cela a été relativement catastrophique pour la demoiselle qui se sentant soutenue en faisait le moins possible en lecture comme dans bien d'autres circonstances. Quand son frère est arrivé et a commencé le même genre de comédie, j'ai expliqué aux enfants qu'il fallait relire la page à la maison car le lendemain matin je les ferais lire et je mettrais une note sur 20. Et ça a été surprenant d'efficacité et radical. Quand ce gamin a quitté ma classe, j'ai arrêté ce système qui n'avait plus lieu d'être puisque chacun relisait sa page sans contrainte......
JBB Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 Je viens de vivre une journée catastrophe avec très très gros problèmes dans une famille de l'école au cours de laquelle j'ai été obligée de contacter l'IEN, le maire, de répondre à plusieurs coups de fil de parents qui s'entredéchirent leurs enfants. La seule chose qui me console, c'est que D., CP, a lui passé une aussi bonne journée que possible dans sa classe, avec ses copains, et qu'en corrigeant ses cahiers, j'ai pu mettre un 10/10 en écriture, un 9,5/10 en exercice de français, un 9/10 en dictée, un 10/10 en maths et un 10/10 en fiche de lecture et qu'en plus de tout ce travail qui l'a sorti des problèmes familiaux dans lesquels il se débat, il a chanté, fait de la gym, écouté la suite de Pinocchio et récité "Le lièvre et la tortue". Pour ces gamins-là, l'école est leur seule chance d'être "comme les autres". Quand ça se passe comme ça... Mais la fréquence d'incident graves "plombe" souvent cette "chance" ou leur demande des ressources personnelles hors du commun... ou alors il faut faire avec les jours "d'embrouilles"... (Lorsqu'on arrive à savoir, ce qui n'est pas toujours le cas...) JBB
Sapotille Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 J'ai tenté de plaider la lisibilité, mais il m'a expliqué que les familles comprennent très bien, voire mieux, le livret par compétences. Comme si un GI pouvait savoir si les parents comprennent 4 pages de petites croix ou non !!!
Sapotille Posté(e) 2 février 2010 Posté(e) 2 février 2010 C'est un travail impressionnant !! Mais comment faisait-on autrefois, sans ordinateur pour présenter un bilan aux parents? L'informatique devait faciliter la vie et dans l'enseignement il rend les gens esclaves... Toujours plus de papiers à rédiger et à lire...
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