dhaiphi Posté(e) 3 février 2010 Partager Posté(e) 3 février 2010 "Moi, je suis sage et j'apprends bien parce que j'ai du vert partout et un seul orange, mais Mamadou, il a du rouge et de l'orange partout alors ça veut dire qu'il est trop nul". Voilà une petite digne héritière de sa maman. Et paf ! Dans les dents des couleurs "non traumatisantes" et des "compétences en cours d'acquisition" ! Y'avait pas besoin d'être un "enfant Champollion" pour le craquer, ce code-là... Tout cela est tellement vrai et tellement drôle ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
nadege76 Posté(e) 8 mai 2011 Partager Posté(e) 8 mai 2011 bonjour, je suis nouvelle arrivée sur le forum, j'ai, depuis la rentrée 2010, une classe unique (GS au CM2 avec 17 élèves), Je différencie beaucoup (par obligation d'abord) puis par nécessité à l'intérieur des niveaux (qui sont très disparates, soit 6/7 journée différentes pour maths et français Je rempile pour une année à la rentrée, mais je vais accueillir 2 petits Portugais ne parlant pas français (qui -semblerait-il, sont jeunes lecteurs dans leur langue natale); que faire? ils doivent parler français, c'est certain, mais quand dans une classe unique..., je leur fais faire quoi quand ils sont seuls? le tutorat ok, mais les autres doivent travailler et j'ai peu d'élèves capables de jouer ce rôle sérieusement.... Si quelqu'un à une expérience similaire, j'aimerais en discuter parce que là c'est le flou total ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
papili Posté(e) 8 mai 2011 Partager Posté(e) 8 mai 2011 Je suis étonné de voir à quel point ce sujet est lu. Pour ceux que cela intéresserait, sachez que certains intervenants de ce sujet dont Akwabon, R i k k i et bien d'autres interviennent dorénavant sur le forum N é o p r o f s. Pour ceux qui étaient intéressés par le fil de discussion intitulé "Ce qui est trop dur pour les maternelles" qui vient d'être fermé malgré sa popularité, rendez-vous sur cet autre forum où les intervenants essaieront de vous renseigner dans la mesure de leurs moyens. L'avantage de la classe unique, c'est que vous allez pouvoir les faire participer aux activités orales de vos élèves de Grande Section, leur apprendre à lire en français avec vos élèves de Cours Préparatoire, leur faire faire les exercices de calcul qui correspondent à leur niveau avec vos élèves de Cours Elémentaire ou Moyen, et ainsi de suite. Et puis, ne vous affolez pas, dans une classe unique de dix-sept élèves, ils ne resteront pas non-francophones très longtemps ! Entre l'éducation physique, les activités d'histoire, géographie, sciences, la musique, le travail manuel et les récréations, vos élèves auront vite fait de leur apprendre quelques mots, puis encore quelques-uns, tant et si bien que, deux mois après leur arrivée, vous vous rendrez compte qu'ils commencent à bien maîtriser notre langue ! J'en profite pour signaler l'édition en versions téléchargeables des livres de mathématiques et de grammaire pour le Cours Elémentaire 2° année édités par le Projet SLECC Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
tartinette Posté(e) 26 septembre 2011 Auteur Partager Posté(e) 26 septembre 2011 Ce fil a déjà quelques années mais ....certaines idées et certaines pédagogies, bien loin d'avoir fait la preuve de leur efficacité sont encore bien répandues.L'une d'entre elles est : les élèves forts tirent les plus faibles vers le haut , autrement dit "les classes hétérogènes sont une chance pour les élèves en difficulté"Et je l'ai entendu dire à la réunion des 2nde de l'établissement secondaire de mes enfants (d'où des groupes hétérogènes en langue cette année après des années de groupes homogènes, et ma fille qui fait partie des faibles est complètement perdue parce que la différenciation , c'est joli sur le papier mais concrètement à 25 avec les plus forts quasi-bilingues et les plus faibles qui déchiffrent à peine dans cette langue ce n'est pas facile ...)Moi, je suis loin d'en être convaincue. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Nävis Posté(e) 26 septembre 2011 Partager Posté(e) 26 septembre 2011 Ce fil a déjà quelques années mais ....certaines idées et certaines pédagogies, bien loin d'avoir fait la preuve de leur efficacité sont encore bien répandues.L'une d'entre elles est : les élèves forts tirent les plus faibles vers le haut , autrement dit "les classes hétérogènes sont une chance pour les élèves en difficulté"Et je l'ai entendu dire à la réunion des 2nde de l'établissement secondaire de mes enfants (d'où des groupes hétérogènes en langue cette année après des années de groupes homogènes, et ma fille qui fait partie des faibles est complètement perdue parce que la différenciation , c'est joli sur le papier mais concrètement à 25 avec les plus forts quasi-bilingues et les plus faibles qui déchiffrent à peine dans cette langue ce n'est pas facile ...)Moi, je suis loin d'en être convaincue. Je dirais plutot qu'il faut qu moins quelques éléments moteurs dans un groupe, parce que sinon, on rame, on rame... et les élèves progressent quand même moins. Après, dans le cas de ta fille, la transition a été surement trop brutale. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
lisaa Posté(e) 12 novembre 2011 Partager Posté(e) 12 novembre 2011 Je fais remonter le sujet, car je me pose certaines questions. Je me demande, en français, quel taux horaire vous allouez à l'étude de la langue/littérature/rédaction ? Je n'ai pour l'instant que des ce2/cm1 et des cm1/cm2 (2 mi-temps), mais cela m'intéresse beaucoup pour les Cp et les ce1 (ma curiosité me perdra, j'ai passé 5h à lire ce topic aujourd'hui...). Comment travailler la compréhension alors qu'ils sont non-lecteurs (la réponse doit sembler évidente, mais moi, petite T1, elle ne me vient pas à l'esprit) ? Et comment vérifier que chacun a compris s'ils ne peuvent pas encore lire de questions ou écrire une réponse ? Quelle est la progression sur l'année ? Pour la rédaction, la faites-vous en lien avec la grammaire ? J'avoue que je galère un peu (bon, là on a fait le présent et les constituants du GN, donc pof, on va écrire un portrait au présent). En tout cas, je vous félicite, tous, de réfléchir autant à votre pratique et d'arriver à affiner les choses à un tel point. J'ai tellement le sentiment de patauger, de devoir tout dégrossir et tout découvrir, que je me demande comment un jour je pourrai me rendre compte spontanément de choses comme "il faut que les manuels abordent les révisions de l'année précédente dès septembre, et ne pas attendre le 2ème trimestre sinon tout sera oublié". J'ai enfin une dernière question : qu'en est-il de la "capacité créatrice" de vos élèves ? Je me pose cette question suite à une discussion avec une enseignante en école internationale, qui, pour avoir eu des élèves de nationalités différentes, a remarqué que là où, à équivalent ce1, les petits Français rédigeaient avec peine 3 ou 4 phrases, les petits Allemands remplissaient des pages et des pages et faisaient par exemple des dessins d'une grande richesse, là où nos loulous atteindront péniblement le schéma "maison-famille-soleil dans un coin". Merci beaucoup Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
papili Posté(e) 13 novembre 2011 Partager Posté(e) 13 novembre 2011 Je fais remonter le sujet, car je me pose certaines questions. Je me demande, en français, quel taux horaire vous allouez à l'étude de la langue/littérature/rédaction ? Je ne suis pas très au fait des dénominations et des horaires actuels, mais je vais essayer néanmoins de vous répondre, classe par classe : Cours Préparatoire, 1° trimestre : Étude de la langue (oral) : 15 minutes par jour ; littérature (écoute puis oral) : 15 minutes par jour ; rédaction (oral, collectif) : 20 minutes par semaine ; apprentissage de l'écriture-lecture (codage et décodage) : 2 heures par jour (4 séances de 30 minutes) Cours Préparatoire, 2° trimestre : Étude de la langue (collectif au tableau + exercices écrits sur le cahier du jour) 15 minutes + 20 minutes par jour ; littérature (écoute puis oral en début de trimestre, lecture puis oral quand la lecture courante est acquise) 15 à 30/45 minutes par jour ; rédaction (écrit au tableau, collectif) : 20 à 45 minutes par semaine ; apprentissage de l'écriture-lecture (codage et décodage uniqument, le temps restant étant consacré à : orthographe, grammaire, apprentissage de la rédaction ; littérature dès que la lecture quasi courante est acquise) : entre 2 heures par jour en début de trimestre et 1 heure en fin de trimestre Cours Préparatoire, 3° trimestre : Étude de la langue (leçon + exercices écrits) : 30 à 45 minutes par jour ; littérature (lecture + compréhension de texte) : selon le niveau de la classe et le nombre d'élèves une à deux fois 30 à 45 minutes par jour presque entièrement consacrées à la lecture cursive (c'est-à-dire au fil du texte) à voix haute ; rédaction : selon le niveau de la classe, deux à quatre fois 30 minutes par semaine d'écriture autonome sous forme de réponses à des questions fermées (qu'a fait Jack quand il a vu que le haricot avait poussé ? Qui le petit Chaperon Rouge a-t-il rencontré dans le bois ? etc.) ou sous forme de courtes phrases expliquant des illustrations simples (type "images séquentielles"). Cours Elémentaire 1° année, 1° trimestre : Si le niveau de lecture est faible à très faible, voir l'organisation prévue pour les élèves de Cours Préparatoire 2° (ou même 1°) trimestre. Insister énormément sur la partie "Apprentissage de l'écriture-lecture" en faisant même éventuellement passer une partie du temps prévu pour la Découverte du Monde dans le temps prévu pour cet apprentissage. Les élèves doivent absolument rattraper leur retard avant la fin du 1° trimestre quitte à faire du rabâchage et du bachottage. Si le niveau est normal (lecture quasi courante acquise par tous les élèves, même si les plus faibles en sont encore à l'oralisation mot à mot) : Étude de la langue (collectif au tableau) : 30 minutes par jour, (individuel sur cahier) : 30 minutes par jour ; Littérature (lecture oralisée "au fil du texte", celui-ci étant différent chaque jour pour éviter l'effet "récitation par cœur" + compréhension orale) : 30 à 45 minutes par jour (en deux fois, si classe très nombreuse : tous les élèves doivent avoir lu au moins un paragraphe à voix haute chaque jour) ; Rédaction : 30 à 45 minutes par jour (questions de compréhension fermées, mettant en jeu une part d'implicite ; images séquentielles à raconter) ; je rajoute à ceci Écriture (graphisme) : 15 minutes par jour et Dictée : 15 minutes par jour. Cours Elémentaires 1° (pour la suite de l'année scolaire), 2° années, Cours Moyens 1° et 2° années : Étude de la langue et Dictées : 1 h 15 par jour (dont 30 à 45 minutes de leçon) Littérature (lecture oralisée et compréhension) : 30 à 45 minutes par jour (que l'on peut organiser différemment sur la semaine aux CM afin de récupérer des plages horaires plus longues certains jour pour la Rédaction ou la Dictée ; aux CE, il est en revanche impératif que chaque élève lise chaque jour à voix haute des passages de plus en plus longs afin qu'il automatise totalement la lecture et en arrive au degré de maîtrise qui lui permette de déchiffrer instantanément ou presque quelque mot que ce soit, même si la forme en est compliquée et le sens inconnu). Rédaction : de 15 minutes par jour à 60 minutes par semaine selon l'âge des élèves et leurs facilités à écrire (plus ils sont jeunes et/ou faibles en orthographe, plus je vous encourage à opter plutôt pour la séance quotidienne très courte, mais dont le résultat doit être parfait, tant au point de vue syntaxique qu'orthographique). Nota bene : Le Cours Elémentaire 1° année étant au "régime" 2 heures 30 par jour, Je n'ai pour l'instant que des ce2/cm1 et des cm1/cm2 (2 mi-temps), mais cela m'intéresse beaucoup pour les Cp et les ce1 (ma curiosité me perdra, j'ai passé 5h à lire ce topic aujourd'hui...). Comment travailler la compréhension alors qu'ils sont non-lecteurs (la réponse doit sembler évidente, mais moi, petite T1, elle ne me vient pas à l'esprit) ? Tant que les élèves ne sont pas lecteurs, c'est le maître qui lit les "histoires" dont il veut travailler la compréhension. Mais, par ailleurs, dès que les enfants sont capables ne serait-ce que de lire "Lili a raté le rôti.", le maître doit aussi provoquer le réflexe de chercher à comprendre le sens, les tenants et les aboutissants de cette "histoire en miniature" : Qu'a raté Lili ? Qu'est-ce qu'un rôti ?Qu'est-il arrivé au rôti de Lili ? Qui doit être Lili, selon vous ? Et son rôti, comment doit-il être maintenant qu'il est raté ? En effet, il est primordial que le sens ne soit jamais dissocié du déchiffrage et que l'implicite soit forcément associé à l'explicite, si l'on veut que la lecture soit d'emblée "intelligente". Et comment vérifier que chacun a compris s'ils ne peuvent pas encore lire de questions ou écrire une réponse ? En instaurant des moments de langage quotidiens à différentes reprises dans la journée de classe. Il faudra en revanche que ces moments de langage soient "cadrés" et que tous les élèves, chacun à leur tour, soit sollicités. Le maître se rendra rapidement compte du niveau de chacun et pourra ainsi solliciter plus souvent les faibles et réserver aux enfants "sans souci" les questions plus pointues dont on réexpliquera la réponse aux plus faibles qui devront à leur tour la restituer avec leurs mots. Quelle est la progression sur l'année ? Elle dépendra du degré de maîtrise de la lecture et de l'écriture et de la façon dont le langage et la littérature ont été travaillés en maternelle. Dans certaines classes, vous aurez intérêt (souvent parce que la maîtresse de maternelle a été trop ambitieuse et a de ce fait laissé de côté tous les enfants qui n'ont pas la chance d'être suivis littérairement parlant par leur famille) à redémarrer très bas, allant jusqu'aux petits albums que vous liriez plutôt à des enfants de deux ans (je pense à la série Petit Ours Brun, par exemple) alors que dans d'autres classes, vous pourrez d'emblée partir sur des contes traditionnels dont vous n'aurez pas besoin de montrer les images. Pour la rédaction, la faites-vous en lien avec la grammaire ? J'avoue que je galère un peu (bon, là on a fait le présent et les constituants du GN, donc pof, on va écrire un portrait au présent). Il ne me semble pas que ce soit indispensable. Vous vous compliquez la vie et vous leur compliquez la leur. Si déjà ils arrivent à vous pondre un portrait organisé, avec une syntaxe, une orthographe et une ponctuation correcte, ce ne sera pas si mal que ça ! Pourquoi leur imposer en plus des contraintes que ne s'impose pas forcément un écrivain ? En revanche, si le présent et les "constituants du GN" ont été vus, soyez "sans pitié" pour les accords verbaux et les accords adjectifs/articles/noms ! J'expliquais souvent aux élèves qu'une rédaction, c'est une dictée qu'ils se font à eux-mêmes et que ce qu'ils sont capables de faire en dictée, ils doivent aussi l'appliquer en rédaction, dès le premier jet. Cela me fait penser que vous pourriez justement leur dicter au préalable plusieurs portraits rédigés au présent, l'imprégnation aidant, vous aurez du coup certainement des textes au présent. En tout cas, je vous félicite, tous, de réfléchir autant à votre pratique et d'arriver à affiner les choses à un tel point. J'ai tellement le sentiment de patauger, de devoir tout dégrossir et tout découvrir, que je me demande comment un jour je pourrai me rendre compte spontanément de choses comme "il faut que les manuels abordent les révisions de l'année précédente dès septembre, et ne pas attendre le 2ème trimestre sinon tout sera oublié". J'ai enfin une dernière question : qu'en est-il de la "capacité créatrice" de vos élèves ? Je me pose cette question suite à une discussion avec une enseignante en école internationale, qui, pour avoir eu des élèves de nationalités différentes, a remarqué que là où, à équivalent ce1, les petits Français rédigeaient avec peine 3 ou 4 phrases, les petits Allemands remplissaient des pages et des pages et faisaient par exemple des dessins d'une grande richesse, là où nos loulous atteindront péniblement le schéma "maison-famille-soleil dans un coin". Il y a bien longtemps que je n'enseigne plus et quelques années que je ne fréquente plus les classes de ma circonscription, mais j'avoue préférer quelques phrases correctement écrites et ponctuées à une loghorrée sans suite bourrée de fautes d'orthographe. Les jeunes Allemands sont sans doute bien aidés par leur orthographe transparente (un son : un graphème et un seul) pour l'écriture de longs textes. J'aimerais néanmoins en discuter avec les professeurs de la Realschule et leur demander ce qu'ils pensent de l'intérêt des longs textes de plusieurs pages des élèves qui entrent dans l'équivalent de notre 6° des collèges ! En revanche, pour les dessins, je vous rassure, c'est dans les classes où l'enseignement est le plus riche et le plus structuré que j'ai vu les plus beaux dessins ! Et ceci, sans aucun consteste possible. Lorsqu'au cours de l'année scolaire, on a lu avec le maître qui nous aide à le comprendre, un récit complet par semaine au Cours Préparatoire ou au Cours Elémentaire et qu'on a fréquenté quotidiennement les grands auteurs dans ce qu'ils ont écrit d'accessible aux enfants de dix ans au Cours Moyen, quand on a, de plus, appris à observer le Monde précisément, lors des séances quotidiennes d'Histoire, de Géographie, de Leçon de Choses, on est d'autant plus créatif et exigeant avec soi-même et tout s'en ressent, y compris les dessins. Merci beaucoup C'est un plaisir pour moi de voir renaître ce fil de discussion que j'ai découvert en arrivant sur ce forum et que j'étais bien marri de n'avoir jamais vu fonctionner. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
lisaa Posté(e) 13 novembre 2011 Partager Posté(e) 13 novembre 2011 Merci beaucoup pour toutes ces réponses, précises et exhaustives, comme j'aime Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
papili Posté(e) 11 mars 2012 Partager Posté(e) 11 mars 2012 Merci beaucoup pour toutes ces réponses, précises et exhaustives, comme j'aime Je vous remercie. Dans la mesure de mes moyens, je me tiens à votre disposition pour d'autres questions. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
papili Posté(e) 18 mars 2012 Partager Posté(e) 18 mars 2012 Je viens de lire ce texte et j'ai pensé que ceux qui lisent ce sujet seraient peut-être intéressés. J'ai demandé à l'auteur, un professeur des écoles, son autorisation de le coller sur EDP, il en a été d'accord et le voici. À nos jeunes collègues : Recette Prenez un toit de vieilles tuiles Un peu avant midi. Placez tout à côté Un tilleul déjà grand Remué par le vent. Mettez au-dessus d'eux Un ciel bleu, lavé Par des nuages blancs. Laissez-les faire. Regardez-les. Guillevic Euh... Excusez-moi, erreur, je recommence. 1) Considérez avant toute chose que vous êtes là pour eux et que ce n'est pas à vous qu'il s'agit de procurer de la nouveauté et du plaisir. 2) Rappelez-vous que vous n'avez pas à décider de ce qu'ils feront ou ne feront pas ce soir, à la maison, dans un à huit ans, au collège, dans une vingtaine d'années, quand ils seront adultes. 3) Donnez-vous comme mission de mettre une clé dans chacune des serrures qu'ils auront la possibilité d'ouvrir, plus tard, quand l'âge du choix sera venu. En français, cela consiste à leur apprendre à lire, avec suffisamment de fluidité et de compréhension pour que, plus tard, ils puissent "tout" lire, même si ce sont des passionnés de mathématiques pures ou de physique quantique, de chimie organique ou de musique sérielle, d'histoire de la philosophie ou de littérature guatémaltèque du XIV° siècle, de séries B indiennes de Bollywood ou de romans Harlequin produits entre le 16/04/1973 et le 22/07/1981... Cela consiste à les faire lire tous les jours quelque chose de différent pour éviter qu'ils ne se mettent à réciter la page maintes fois ressassée, pour les ouvrir à des centaines de thèmes, auteurs, styles, sensibilités, à des milliers de phrases, expressions, mots, figures, pour donner à chacun, au cours de chaque mois de classe l'occasion de découvrir une nouvelle passion, d'avoir un contact avec sa passion actuelle, d'apprendre à apprivoiser ce qui l'effraie et à connaître ce dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Cela consiste à offrir à tous, dès le plus jeune âge, l'occasion de s'accrocher à la branche sans papa et maman derrière pour leur faire fréquenter la médiathèque municipale, leur lire la petite histoire du soir, remplir leur bibliothèque personnelle de tous les bouquins conseillés par la dernière officine à la mode. C'est donc dès les plus petites classes qu'il faut offrir toutes ces occasions d'apprendre à mieux parler, vouloir comprendre à tout prix, puis mieux lire et mieux écrire. Facile quand on est "en début de chaîne", me direz-vous, et qu'on arrive à captiver tous les jeunes regards vers le bel album coloré, l'histoire adorable, les formulettes faites pour attirer l'oreille enfantine ! Facile encore lorsqu'à l'aube de la Grande Section ou du CP, on choisit la méthode qui amène lentement, patiemment, mais sans trop d'anicroches, tous les élèves de la classe vers un déchiffrage intelligent ! Mais beaucoup moins facile quand, à l'aube du CE1, ou pire du CE2 ou du CM, on n'a dans sa classe que les "fils et filles de..." qui savent lire et y prennent plaisir, pendant que les autres rament lamentablement pour déchiffrer une phrase un peu longue et la comprendre ! Et quand en plus de cette lenteur et de cette incompréhension, ils affirment haut et fort qu'ils n'aiment pas lire et qu'ils ne lisent surtout pas en dehors de l'école ! Évidemment qu'ils ne lisent pas... S'ils en sont restés au niveau qu'ils avaient à la fin du CP, ils ne peuvent pas avoir envie de lire. Nous même, nous ne grimperions pas à l'Alpe d'Huez ou au Ventoux avec un vélo à roulettes ou un tricycle ! Une remédiation s'impose et même un remède de cheval ! Ces petits ont déjà deux années de retard sur ceux dont les parents complémentent régulièrement le régime de famine imposé par l'école à leurs enfants par des lectures riches et propres à susciter chez eux l'envie d'en réclamer toujours plus ! Le régime enrichi consistera en : - une lecture offerte par jour, choisie parmi des œuvres qui ont toujours fonctionné auprès des enfants, en fonction de l'âge moyen de la classe, bien sûr... - une lecture à haute voix par jour, pendant laquelle chacun des élèves de la classe lira au moins un paragraphe ; la lecture sera interrompue aussi souvent que nécessaire pour des questions de vocabulaire et de compréhension ; au début, l'extrait sera court, écrit gros, le vocabulaire et les tournures de phrases simples, puis, au fur et à mesure des textes, on allongera le texte, diminuera la police, complexifiera le vocabulaire, les tournures de phrases et l'intrigue (pour ceux qui ne sont pas capables de juger eux-mêmes de la valeur d'un texte, le tome 2 de Borel Maisonny, utilisé par des orthophonistes en cabinet tant pour des enfants de sept ans que pour des ados de douze ou treize ans, pourra servir de modèle). Ensuite, c'est très simple des amis sont en train de compiler des dizaines et des dizaines de textes de valeur dans lesquels il leur suffira d'aller piocher jusqu'à ce qu'ils se sentent suffisamment forts pour trouver tout seuls si un texte est enrichissant ou sans intérêt scolaire pour leurs élèves)... - ce texte sera donné à relire à la maison ou à l'étude mais cette relecture ne sera pas contrôlée... en lecture, le par cœur n'est jamais souhaitable... - dans un premier temps, tant que les élèves liront mal parce qu'ils n'en sont en fait qu'au stade du déchiffrage, il pourra être judicieux que le maître relise le paragraphe lu par un des élèves afin de donner un modèle, encourager à progresser, permettre aux enfants de suivre l'intrigue de l'histoire... - dans un troisième temps, lorsque tous les élèves seront habitués à ces lectures quotidiennes et commenceront à y prendre un goût certain, on pourra donner le texte à préparer la veille au soir à la maison, non pour obtenir le par cœur qui masque les "faibles lecteurs" et les habitue à faire plus confiance à leur mémoire auditive qu'à leurs capacités de décodage, mais simplement pour qu'ils puissent jouer le texte dont ils connaissent déjà l'intrigue et les difficultés... - on ne le fera que si l'on sait que la très grande majorité des élèves trouvent en dehors de l'école une "personne ressource" (parents, grands parents, éducateurs, PE) avec laquelle ils pourront préparer cette lecture ; si c'est pour donner à nouveau à Louis-Thaddée et à Sixtine-Marie l'occasion de briller devant les petits copains, on ne le fera pas... - il faudra alors trouver un autre subterfuge... il en existe un, tout simple, qui consiste à faire relire le texte plusieurs fois... le lundi, c'est Abel qui commence à lire le premier paragraphe, Bérénice prend sa suite, puis Charles, puis Doriane... Lorsqu'on arrive à Karim, le texte est fini. Léo reprend donc le paragraphe d'Abel, Maia, celui de Bérénice, etc. jusqu'à Zéphyrin qui clôt la lecture du lundi... le mardi, ce sera Bérénice qui lira le premier paragraphe, puis Charles, puis Doriane... Grosso modo, on aura Maia qui reprendra le premier paragraphe, Nestor le deuxième et ainsi de suite jusqu'à Zéphyrin puis Abel qui, de premier lecteur ayant le droit d'ânonner un peu, sera passé au "grade" de relecteur prié de faire un peu de théâtre puisqu'il sait déjà de quoi l'on parle... - avant-dernier conseil, faire lire, lire et encore lire, toujours du nouveau, en première, deuxième ou troisième lecture maximum, aussi bien pendant l'heure de lecture qu'en grammaire, conjugaison, vocabulaire, histoire, géographie, sciences et mathématiques et faire lire de tout : des consignes, des phrases à transformer, des listes de mots à réintégrer dans des phrases, des définitions de dictionnaire, des documentaires, des problèmes, des explications... - et le dernier : ouvrez toutes grandes les portes de votre bibliothèque de classe, autant pour y faire entrer des livres neufs ou plus anciens que pour les en faire sortir, pendant les temps libres du temps de classe, le soir après l'école, le week-end et pendant les vacances scolaires ; conseillez des ouvrages, encouragez les enfants à se raconter mutuellement leurs histoires ; lisez-leur les deux premières pages des livres que vous sélectionnez ; racontez-leur comment, lorsque vous étiez enfants, vous avez aimé telle histoire, tel conte, comment tels autres vous faisaient rire aux larmes et comment celui-ci vous faisait pleurer... Je ne dis pas que vous aurez tout fait, mais au moins, vous pourrez vous dire qu'après tout, ce n'est déjà pas si mal, et qu'à part l'adoption, vous ne voyez pas très bien ce que vous pourriez faire de plus. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Pauline2323 Posté(e) 20 mars 2012 Partager Posté(e) 20 mars 2012 Merci à tous et à toutes d'avoir contribué à la richesse des discussions sur ce fil. Je passe les oraux cette année et j'ai étalé la lecture des 111 pages sur plusieurs semaines. Tout cela m'a semblé fort intéressant! Bonne continuation! Pauline Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
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