histoires entre eux qui "pourrissent" le climat

[helenel]

Voilà : dans une école de village (3 classes), j'ai les CM1/CM2 qui sont individuellement des crèmes et qui, objectivement, travaillent correctement.

Cependant s'ils sont relativement respectueux de l'adulte et du travail scolaire, ils ne se supportent pas entre eux, l'ambiance est honnêtement détestable.

Ils ont une minute de libre entre la fin d'un travail et le début de la séance suivante (ou quand je suis avec l'autre niveau quand je différencie, en maths, par ex.), ça ne tarde jamais à partir en live, parce que machin s'est retourné, que bidule l'a traité, que truc a dit que chose ceci cela... ils se sautent dessus (verbalement pour l'instant) à la moindre occasion, et la tension entre eux ne redescend jamais.

- J'exige le silence pour une passation de consigne? je dois attendre 3 minutes que tous soient "là", entre ceux qui sont prêts de suite et qui se permettent de rappeler à l'ordre l'un ou l'autre, ceux qui traînent ou qui discutent ou se disputent...

- Un travail de groupe? ça finit d'une manière ou d'une autre par des cris, voire pleurs parce que "je veux pas être avec lui/elle", "il veut pas écrire ce que je dis" "elle écrit trop petit sur l'affiche".

- Dans les couloirs, ils continuent à papoter/se disputer alors que j'attends le calme pour entrer en classe, si je rappelle à l'ordre Untel, ça fuse de tous les côté : "mais c'est bidule qui a commencé, et truc a fait ça, blablabla"

=> Sur des travaux de groupe hier, certains se disputaient tellement qu'ils ne faisaient même plus attention à moi!

A côté de ça, ils sont consuméristes à mort, tout est dû, sans délai, c'est super désagréable.

J'ai instauré un système : au bout du 2ème rappel à l'ordre en classe ( infraction au règlement de classe avec devoirs et droits habituels), j'écris le prénom au tableau, et si je dois reprendre l'élève, je lui donne une punition (un texte de longueur variable où je demande d'expliquer en quoi son comportement a perturbé la classe) qu'il doit faire signer de ses parents. Quand une punition tombe, c'est le calme pendant 2 minutes, et ça peut repartir de plus belle.

Donc deux choses :

- je voudrais ne pas rentrer dans leurs histoires (ils ont vécu toute leur scolarité ensemble, ils étouffent, ne se supportent plus pour plein de raisons), mais comment réguler l'ambiance de classe entre eux (je leur ai dit que l'année prochaine, ils seraient séparés, au collège, qu'ils devraient essayer de s'entendre, qu'à l'école, on essaie de mettre les soucis perso ou de la maison pour se concentrer sur ce qu'on apprend...). Comment mettre fin aux dénonciations, aux "maîtresse, machin se retourne, maîtresse, bidule fait bouger la table, maîtresse", j'ai l'impression d'être un bureau des plaintes!

- ils sont donc tellement accaparés par leurs histoires que le règlement de classe est complètement ignoré, les punitions n'y font rien. Comment les rendre partenaires du respect des règles?

Evidemment ce constat s'accompagne d'une grosse remise en cause : je n'ai sans doute pas été suffisamment ferme et me suis laissée "happer" par le climat en restant "pantoise" (je pousse un coup de gu***le, fais la mégère genre en cm2, ce n'est pas acceptable...). Comment corriger le tir?

merci d'avance pour vos interventions!

[Cuentine]

Bonjour Helenel,

J'ai le même problème avec mes CM et ça prend des proportions hallucinantes puisque les parents s'en mêlent. Hier une mère est entrée comme une furie dans la classe en me disant qu'elle en avait marre que sa fille X se fasse insulter par une fille Y, que je soutenais Y, qu'elle voulait retirer ses enfants de l'école... Vendredi, la mère de Y et la mère d'un gamin Z ont failli en venir aux mains, toujours pour ces histoires d'insultes. La mère de Y voulait aussi retirer sa fille de l'école et avertir l'inspecteur. Moi au milieu de tout ça je ne sais pas comment réagir. Les enfants X, Y et Z se chamaillent comme tous les gamins mais arrivent à jouer ensemble. Je n'ai jamais vu de grosse bagarre entre eux.

Tout comme toi je ne sais pas comment réagir car je ne vois pas toujours tout ce qu'il se passe, donc il est délicat de punir sans preuve.

Merci pour vos conseils.

[romy]

tiens, on dirait mes cm2 et moi non plus je n'ai pas de solution car les maîtresses s'essoufflent sur mon groupe de 13 cm2 depuis la maternelle !!!

pas de solution miracle à part faire la chaase aux "bagarres", anticiper ce qui pourrait les faire chipotter, faire la morale et prévenir les parents, qui d'ailleurs savent désespérément ça. c'est encore pire pour moi car je ne peux physiquement pas les séparer dans ma classe.

[helenel]

tiens, on dirait mes cm2 et moi non plus je n'ai pas de solution car les maîtresses s'essoufflent sur mon groupe de 13 cm2 depuis la maternelle !!!

pas de solution miracle à part faire la chaase aux "bagarres", anticiper ce qui pourrait les faire chipotter, faire la morale et prévenir les parents, qui d'ailleurs savent désespérément ça. c'est encore pire pour moi car je ne peux physiquement pas les séparer dans ma classe.

On a les mêmes!

D'un côté on vient en classe pour travailler/apprendre, d'un autre côté, j'ai vraiment du mal à ne voir en eux que des élèves, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est leur dernière année d'élémentaire et que ce sont des enfants, je leur dois une certaine écoute, je veux qu'ils se sentent en confiance! après, je ne veux/peux pas régler toutes leurs histoires; je voudrais juste qu'ils soient capables de les mettre de côté le temps de la classe... mais sans les mettre à plat, ça semble impossible!

Je me demandais à quel point les ceintures de comportement pouvaient agir sur ces "difficultés". Dans une certaine mesure, depuis la maternelle, ils sont tous enfermés dans leur rôle (la bonne élève, la timide, le rigolo, les terribles, le blasé, etc...). Remettre tout le monde à égalité au niveau de ce qui se fait en classe et octroyer des "droits" à ceux qui le méritent par leur attitude vis à vis du travail, est-ce que ça ne permettra pas de recentrer la classe sur le travail scolaire justement?

J'ai des moments de débat/vie de classe; mais assez ingérables étant donné que ça commence et ça se termine par des doléances sur tel ou tel élève "pour que la classe aille mieux"...

La coopération marche à peu près quand ils choisissent les partenaires, mais dès que c'est imposé et je dois répéter régulièrement que les places ne changeront que quand MOI je le déciderai...

Toute suggestion ou commentaire seront bienvenus!

Hélène

[mistigri]

Je n'ai pas non plus de solutions miracles, mais j'ai les mêmes élèves que vous et les mêmes problèmes, en plus de bagarres physiques et pas uniquement verbales. Pour l'instant, je ne lâche rien, punition, dialogue, etc,etc...Ce soir, je suis si fatiguée et énervée que je n'ai pas du tout envie de travailler pour eux. J'ai donc décidé de convoquer tous les parents des élèves perturbateurs afin de leur exposer le problème, qu'ils ne viennent pas me dire ensuite que je n'avais pas prévenu. Ensuite, j'ai fait appel à l'Ase (aide sociale à l'enfance), au mois de novembre deux éducateurs vont venir dans la classe pour voir où se situe le problème.

A part ça, je ne vois pas encore comment faire, je pense aussi que mes cours sont trop transmissif, pas de travail en groupe mais si j'essaie, ils ne se supportent pas, ils sont calmes quand ils sont abrutis d'exercices, ça ne me plaît pas du tout, mais pour l'instant, je continue comme vous à chercher...

Bon courage

[enzof]

Une chose qui améliore bien l'ambiance d'une classe et qui renforce les liens entre enfant, c'est la classe transplantée. En début d'année, genre maintenant, c'est très positif (ça ne t'aidera pas pour cette année..). Si en plus on peut les emmener dans un milieu qu'ils connaissent peu, les rôles dans lesquels ils se sont enfermés depuis longtemps sont quelques peu bouleversés. Vivre des expériences particulières ensemble, ça laisse des souvenirs....

Quant aux mamans un peu trop intrusives dans les conflits des enfants, bien leur rappeler qu'au niveau de l'école, le rôle des enseignants est de redonner les cadres grâce au règlement, que ceci a été fait, que punition il y a eu (si nécessaire), et que pour l'école, l'histoire s'arrête là. Les enfants sont aussi à l'école pour apprendre à gérer leurs différents, qu'il est normal qu'ils ne sachent pas le faire encore parfaitement et que les adultes sont là pour les aider, pas pour envenimer les choses. Après ça, tu leur fais bien savoir que tu ne veux plus en entendre parler.

Tu peux difficilement attendre des enfants qu'ils s'entendent bien si leurs parents en sont à ce niveau d'agressivité entre eux...

[Myadde]

J'ai l'impression de me retrouver dans vos témoignages. J'ai un Cm2 à mi-temps et je décharge un directeur.

La classe est assez difficile, beaucoup de tensions verbales, et même physique parfois, alors qu'en récréation tous sont plus ou moins amis.

Une de mes élèves est le bouc émissaire de quasiment l'ensemble du groupe (on n'ose pas la toucher, distribuer les polys, quand elle répond aux questions j'ai toujours le droit "ah c'est faux alors!" alors que non c'est plus que correct... ).

Pour couronner le tout, je suis enceinte de 5mois et demi, et ils en profitent un peu même si je reste dynamique et ne montre pas ma fatigue.

Mardi après-midi, j'ai encore eu le droit à des propos verbaux assez violents tout ça parce que "truc" avait mis une bague alors "bidule" trouvait que c'était de la "prétention" (je reste polie dans mes propos, mais c'était plus fort que ça). J'ai du envoyer bidule se calmer dans le couloir et réclamer à truc de ne pas le provoquer.

J'ai l'impression à chaque fois de faire de la discipline et de perdre du temps... Plusieurs fois il m'est arrivé de garder quelques élèves durant le temps de la récréation pr leur parler, leur faire comprendre que même si parfois il y avait des tensions entre eux, il était important de se concentrer et de faire abstraction de leurs petites histoires. Tous ont quelques difficultésmais j'estime que tous ont droit à une chance grâce à l'école et qu'il leur appartient de ne pas gacher leur potentiel...

Lorsque j'en parle au titulaire de la classe, il ne se rend compte de rien, pour lui c'est une bonne classe et je n'ai pas à régler leurs petits problèmes, je dois les laisser se débrouiller... mais lorsque je ne tiens pas compte de ces petits problèmes, la situation s'envenime et je suis donc obliger de mettre un stop à tout cela. Il a fallu qu'une maman prenne rendez-vous mardi soir avec lui (d'ailleurs je n'étais pas au courant mais je suis restée tout de même car ce sont aussi mes élèves! ) pour qu'il ouvre enfin les yeux sur la situation...

Actuellement je suis en arrêt jusqu'à la fin de la semaine car je suis devenue trop anxieuse et cela se ressent sur ma grossesse, j'espère que des solutions auront été apportées au niveau du règlement de la classe...

Bref comme vous, je suis un peu perdue en ce début d'année (cela fait quand même plus d'un mois)...

[°Vanille°]

Tiens tiens, je reconnais les miens. Des crèmes avec moi, mais toujours prêts à se balancer, à rapporter, dès que je ne regarde pas en récré, il y en a 5 de sûr qui vont venir me dire que untel a essayé d'escalader la grille etc... C'est agaçant. Je leur ai donc dit que tant qu'il n'y aurait pas une bonne ambiance entre eux, pas la peine de me demander en récré des jeux, je ne prêterai rien.

J'essaie (quand je suis de bonne humeur) de valoriser les ''bons comportements camarades'', genre 2 qui se détestent, s'il y en a un qui est + intelligent, je vais lui demander d'expliquer à l'autre un exercice, puis les féliciter. Je les félicite aussi quand l'un d'entre eux n'a pas son matériel et que d'office 4 ou 5 élèves proposent immédiatement de prêter, même s'ils ne s'aiment pas.

Ah si, pas mal de chantage, j'ai aussi dit que je voulais faire une sortie sympa en fin d'année, mais s'ils continuent de se tirer dans les pattes, ben ça leur passerait sûrement sous le nez.

J'en ai marre c'est vrai de faire du chantage...

A part ça, je ne vois guère ce que je peux faire.

[numero12]

J'ai des moments de débat/vie de classe; mais assez ingérables étant donné que ça commence et ça se termine par des doléances sur tel ou tel élève "pour que la classe aille mieux"...

Dans ma classe, le "conseil de classe" fonctionne plutôt bien ; les élèves formulent des critiques, des félicitations et des propositions.

Ce sont les critiques qui risquent de se tranformer en lynchage : pour éviter ça, je garde mon droit de couper court à la conversation (en général, j'interviens très peu) et ils ne doivent pas écrire les critiques dans le cahier du conseil, mais la solution choisie, en généralisant. Par exemple, on passe du A ne veut jamais que je joue avec eux, du coup je suis seule à Si on voit quelqu'un de seul dans la cour, on doit lui proposer de jouer avec nous. Bon, la nuance est faible, mais ça permet à tout le monde de se sentir un minimum concerné.

Nous faisons ce conseil une fois par semaine, et ça me permet de dire aux victimes en tout genre : "On verra ça au conseil !". On diffère, le cadre évite aux élèves de s'emporter, mais ils ont quand même un lieu pour exposer leurs soucis (ou joies ).

Voilà ma petite expérience.

[scisciula]

J'ai des moments de débat/vie de classe; mais assez ingérables étant donné que ça commence et ça se termine par des doléances sur tel ou tel élève "pour que la classe aille mieux"...

Dans ma classe, le "conseil de classe" fonctionne plutôt bien ; les élèves formulent des critiques, des félicitations et des propositions.

Ce sont les critiques qui risquent de se tranformer en lynchage : pour éviter ça, je garde mon droit de couper court à la conversation (en général, j'interviens très peu) et ils ne doivent pas écrire les critiques dans le cahier du conseil, mais la solution choisie, en généralisant. Par exemple, on passe du A ne veut jamais que je joue avec eux, du coup je suis seule à Si on voit quelqu'un de seul dans la cour, on doit lui proposer de jouer avec nous. Bon, la nuance est faible, mais ça permet à tout le monde de se sentir un minimum concerné.

Nous faisons ce conseil une fois par semaine, et ça me permet de dire aux victimes en tout genre : "On verra ça au conseil !". On diffère, le cadre évite aux élèves de s'emporter, mais ils ont quand même un lieu pour exposer leurs soucis (ou joies ).

Voilà ma petite expérience.

J'applique également ce que nous appelons le "Conseil des élèves" avec 3 rubriques "J'annonce", "J'aime/je n'aime pas" et "Je propose". A chaque fois qu'un enfant n'aime pas quelques chose, ils en discutent, proposent des solutions puis votent. Chaque proposition adoptée par les élèves en conseil est écrit dans le compte rendu et rappelé au conseil suivant.

Le conseil permet aux enfants de parler librement de leurs problèmes, de différer les soucis comme l'a dit numero12, et vu qu'il est géré par les élèves, ils respectent ce qui a été dit. Et malheur à moi si je ne leur laisse pas de temps de faire le Conseil des élèves ! Ils adorent ce moment !

Je l'ai mis en place l'année dernière ; je ne dis pas que ça règle tout, et il faut être patient, mais l'ambiance s'est nettement améliorée...