Aborder le thème de la mort en primaire

[Invité Tancredi]

Bonjour à tous et à toutes,

je suis étudiante en 3e année normale primaire et je fais mon travail de fin d'études sur le thème de la mort. Dans mon TFE j'aimerais inclure les différentes opinions des instituteurs/trices sur cette thématique.

Donc: Êtes vous d'avis qu'il faut parler de la mort en classe, ou non? (Pourquoi, pourquoi pas)

Je vous remercie d'avance!

[esterella]

Tout dépend de l'âge. Avec mes cycle3 rien n'est taboo. Nos phasmes sont morts, nous utilisons le terme exact. Deux enfants de l'école n'ont plus de papa, ils disent "il est mort", ils en parlent librement à la maison et le font aussi à l'école et je suis là pour écouter quand ils en ressentent le besoin. On a parlé du jeu du foulard cet aprèm, car 2 enfants l'ont testé, on a clairement dit qu'on pouvait en mourir et que des enfants étaient déjà mort en y jouant (en expliquant ce que sont les carotides, la privation d'oxygène du cerveau et les liaisons encourues etc...).

A cet âge ils comprennent la notion de mort, le taboo de la mort est culturel. Dans certaines civilisation la mort n'est pas du tout taboo et au Moyen Age on montrait les morts.

Il y a toujours le pour et le contre, mais la mort existe. Les élèves en parlent librement, mort d'un jeune en scooter etc... ils ont besoin d'extérioriser certaines choses. Il vaut mieux que ça se fasse dans un cadre, avec un adulte, plutôt que pas du tout.

Je me souviens du 11 septembre, nous devions en parler aux enfants à cause des images et nous l'avons fait, des heures entières d'ailleurs, mais ça a atténué le choc des images trop violentes que mes CE1 avaient vu.

[def33]

Le thème de la mort est même parfois au coeur de certaines oeuvres jeunesse, "Le jobard" ou "La grève de la vie" par exemple. Aucune raison de ne pas traiter le sujet si celui-ci se présente.

Comme dirait l'autre, la mort fait partie de la vie...

[Dramstein]

En parler oui si l'occasion se présente (sciences naturelles, mort de l'animal de la classe ou questions des enfants....) en faire toute une tartine lors du décès d'un parent ou proche avec lectures d'albums traitant de la mort, non. Je ne souhaite pas remuer le couteau dans la plaie.

avec les CM2, on doit aborder la Shoah. La mort est présente.

[nagdum]

avec mes CP, nous avons travaillé sur comment distinguer le vivant du non-vivant. Lors de la première séance, ils m'ont dit : ce qui est vivant c'est ce qui n'est pas mort. Et finalement on a fini par comprendre que tout ce qui est vivant meurt un jour.

[loumaro]

bonjour

je ne sais pas si je suis sur le bon post...

Moi, je devrais aborder le "thème de la mort" dès jeudi au retour des vacances...

en effet une jeune maman (30 ans) d'élèves (7 ans, CP, et 10 ans CM1) est décédée subitement au début des vacances.

Le papa-lui-même très choqué- souhaite que nous informions tous les élèves car les petites craignent vraiment beaucoup le retour à l'école, et les réactions des autres... Il voudrait éviter les questions des enfants et les malentendus, je pense.

Quelqu'un a-t-il déjà eu à gérer ce genre de situation?

je ne voudrais pas causer plus de tort que de bien : quels mots utiliser ?

(j'ai eu l'ainée en classe, mais aucune des deux petites n'est cette année dans ma classe)

merci de votre réponse !

[lila_vf]

j'ai vécu la même situation que toi,

et il fallait y ajouter le fait que c'était un papa de 2 petits garçons et qu'il n'était pas du tout apprécié dans le village.(des fois la mentalité campagnarde fait des ravages...)

Dans l'équipe enseignante, nous avons eu peur que la situation dégénère et nous avons donc consulté la maman pour qu'elle nous autorise à en parler.

La psy scolaire nous a aiguillé.

Après, nous avons abordé ce sujet avec beaucoup de sensibilité surtout dans les classes des 2 petits garçons.

Pour ma part, en cycle 3, j'ai juste expliqué que ces deux enfants venaient de perdre leur papa, qu'il était mort sans donner plus de détail.

J'ai dis que je souhaitais aborder ce sujet avec ceux qui en avaient envie et que rien ne les y obligeait.

J'ai ensuite réunis les volontaires en cercle autour avec moi et je leur ai fait fermer les yeux et imaginer ce que ça leur ferait de vivre cette situation.

j'ai laissé la parole libre un moment, il y a eu quelques larmes (que j'ai verbalisé comme un droit absolu car classe avec une grosse tendance à la moquerie même dans ce genre de situation) puis nous avons réfléchis à ce que nous ferions quand ils reviendraient à l'école.

Bilan: des élèves apaisés, unis, pas de cartes ni de dessins collectif mais chacun à choisi sa solution: laisser tranquille, entourer, jouer avec, envoyer un dessin une lettre perso etc...

Tout au long de ce moment difficile, j'ai surtout fait attention à ce que chacun se sente libre de ressentir ce qu'il ressent, pleurer, ne pas pleurer, parler ou non, agir envers ces enfants ou non...

et j'ai insisté aussi sur le fait d'en parler à la maison avec les parents.

Le retour des 2 enfants s'est très bien passé, même si l'un d'eux a eu quelques difficultés de comportement, aucun dégénérement (ça se dit ce mot?)entre enfants et beaucoup de discrétion et de douceur de leur part.

voilà, je pense que pour des plus petits c aussi verbalisable mais sur du plus long terme...

Bon courage pour la suite.