Complément du nom et COD

[clecle]

Dans quelle catégorie mettez-vous le complément du nom? Est-ce un complément essentiel?

Le COD est-il toujours essentiel? dans certains cas, il me semble que non. Par exemple dans la phrase "je lis une bande dessinée", on peut supprimer le COD?

[MartinRéveil]

Le COD est complément de verbe, non supprimable (sauf à changer le sens du verbe) et transformable en pronom; il devient sujet dans la phrase transformée au passif.

Le cplt du nom n'obéit pas à ces règles, on peut lui substituer un adjectif qualificatif et/ou une relative; il complète un nom.

ça t'aide?

[chomsky]

Bonjour,

D’accord pour le complément du nom, mais pas pour la définition du COD : si je dis « La colline domine le village », on ne va pas me faire croire que la colline fait l’action de dominer le village… De même, pour reprendre un exemple dans un autre post, si je dis « il crie sa douleur », « sa douleur » n’est pas l’objet de crier, puisque c’est la douleur qui le fait crier…

D’où le recours aux manipulations syntaxiques, qui ne sont pas seulement une technique, mais un critère de reconnaissance : certains groupes ne peuvent occuper qu’une place, d’autres peuvent être déplacés… Il ne s’agit donc pas seulement de mettre une étiquette sur des groupes, mais de comprendre pourquoi ces groupes ont une place ordonnée dans la phrase…

La définition entre complément essentiel et non-essentiel est donc tout à fait pertinente… MartinRéveil résume bien les critères de reconnaissance des COD. Et il a raison d’en donner plusieurs car, effectivement, certains verbes transitifs, par leur trait sémantique, n’admettent pas la passivation, et certains COD sont parfois effaçables… Encore faut-il se demander pourquoi.

Dans les phrases proposées par Akwabon, « je lis un livre » et « je mange une pomme», les COD « un livre » et « une pomme » sont des GN qui ont le même trait sémantique que le verbe dont ils dépendent. Si on peut employer les verbes « lire » et « manger » sans réaliser de COD, c’est que ceux-ci peuvent être reconstruits grâce au contexte énonciatif. Ainsi, si je dis « le ministre alimente la polémique », je ne peux pas supprimer « la polémique », car « alimente » est au sens figuré… et donc n’est pas restituable par le seul contexte énonciatif… La preuve, certains verbes peuvent changer de sens lorsqu’ils sont employés sans leur COD : Luc boit de l’eau -> Luc boit (il est alcoolique). C’est donc le contexte énonciatif qui décidera le locuteur à employer ou non un COD (mais c’est acte inconscient). La règle de l’effacement est donc fiable à condition qu’elle explique pourquoi, dans certains cas, ça n’est pas possible.

Je ne dis pas qu’il faut expliquer tout cela aux enfants, surtout le dernier point. Bien sûr, il faut s’adapter… Mais il est également important de signaler que le critère sémantique seul (le COD est un mot ou groupe de mots qui indique ce sur quoi porte l’action) ne suffit pas, car il ne répond pas à tous les cas de figures susceptibles d’être rencontrés au primaire…

En résumé, l’enseignant doit savoir que le COD :

- est introduit immédiatement, sans préposition, après un verbe transitif, sauf quand un COS s’intercale entre lui et le verbe ou quand il est pronominalisé par le ou la : dans ce cas, il se déplace gauche du verbe conjugué.

- n’est pas déplaçable ou détachable par une virgule, car il dépend du verbe

- devient sujet dans la voie passive lorsque celle-ci est possible (cela dépend du verbe)

- n’est généralement pas effaçable.

A lui de s’adapter à sa classe, de choisir ses exercices, ses phrases ou son texte selon l’objectif qu’il veut faire acquérir à l’élève.

Voilà, désolé d’être embêtant, mais ça me semble important…

Chomsky