gigi39 Posté(e) 25 avril 2009 Posté(e) 25 avril 2009 Etant pour quelques jours en Allemagne, j'ai souhaité visiter un jardin d enfants cad l'équivalent de notre école maternelle où les enfants sont scolarisés jusqu'à 6 ans. Et là grosse surprise, temps ensoleillé, enfants tous dehors pour la matinée et jeux libres, j'ai demandé si ils faisaient des fiches ou travail du genre initiation à la lecture ou aux maths, rien!! et je précise que c'était un jardin d'enfants normal, non pas pédagogie spéciale, aussi aucun écrit aux murs, bref choquant pour nous...La préparation au CP consiste pour eux à faire plein de sorties genre pompiers, dentiste, activités genre cheval, musique...Les enfants de 5 ans ne savent pas écrire leur prénom, nous on fait un signalement RASED pour moins que ca! Et inutile de dire quàu final les allemands se débrouillent aussi bien dans la vie qu nous... Et là vraiment je me demande ce qu'il faut en penser, un pays si proche et tant de différences, jer me pensais une plutot bonne instit de GS et toute contente de voir mes petits debuter en combinatoire, etc, d'un coup j'ai l'impression d'etre une dresseuse de petits singes savants mais je dois dire que mes élèves ont un réel désir d'apprendre, tout est fait dans ma classe de manière ludique et les enfants sont demandeurs... Bref, cette visite instructive m'a vraiment interpellé, voire décontenancé et je voulais avoir des avis, qu'en pensez-vous??
calia Posté(e) 25 avril 2009 Posté(e) 25 avril 2009 Ils passent l'équivalent du bac avec deux ans de retard sur nous si je ne m'abuse? C'était un de mes souvenirs lors d'un échange avec des correspondants allemands.
Laubu Posté(e) 25 avril 2009 Posté(e) 25 avril 2009 L'école maternelle allemande n'est pas une "école" comme en France, mais un jardin d'éveil genre garderie. Les enfants n'entrent à l'école proprement dit qu'à 7 ans. La langue allemande est bien plus facile à apprendre (une lettre = un son, en gros). Par le biais d'ERASMUS, j'ai fait un séjour de 3 mois en Autriche (pays qui fonctionne sur le même modèle que l'Allemagne) où je passais un jour par semaine en stage filé dans une classe d'équivalent CE1. Et là, oh miracle, les petits Autrichiens écrivaient une page entière avec 4 à 5 erreurs maximum en fin de CE1. Nos 2 langues ne sont malheureusement pas comparables. J'enseigne en Alsace dans un CE1-CE2. lorsque mes élèves connaissent l'alphabet en allemand ils sont capables de lire une phrase complète inconnue d'eux, sans erreur! L'orthographe allemande est bien plus simple. Ce n'est pas comme la nôtre!!!! lol
esterella Posté(e) 25 avril 2009 Posté(e) 25 avril 2009 En Allemagne ce ne sont pas des enseignantes en Kindergarten, mais des "Erzieherinen", des éducatrices de jeunes enfants. Il existe des Kindergarten en Sarre et Rhénanie-Palatinat, où des fiches de graphisme ou de maths sont proposés aux 5ans, mais à raison 1/2h par semaine. Tu ne peux pas comparer les deux systèmes, l'une est une école avec des objectifs d'apprentissages (l'instruction), l'autre est un lieu d'accueil payant, dont le but est d'éveiller l'enfant par le vécu. En France on veut que l'enfant apprenne à "être un élève", en Allemagne il est libre de refuser les activités proposées, ce qui apporte des soucis de comportement en 1.Klasse (CP). Mais tous les Länder ne fonctionnent pas de la même manière, il y a des Kindergarten qui sont influencés par la proximité de la France et commence à introduire des apprentissages plus "scolaires", mais toujours avec le vécu et la liberté de refus. Dans ma circonscription nous avons une école maternelle franco-allemande où les 2 systèmes co-habitent dans le même bâtiment. Pour résumer les petits français et allemands passent par les deux systèmes EM et Kindergarten toute la semaine, et bien aucun n'est perturbé par le système de l'autre. Les parents allemands sont ravis du système français et inversement. Des activités communes PE et Erzieherinen sont proposés chaque matin (l'EPS le plus souvent), ce qui montre bien qu'on peut accepter le système de l'autre sans conflits. J'ai moi-même fait l'échange franco-allemand des maîtres (niveau élémentaire) et je peux te dire que je suis revenue d'Allemagne avec une nouvelle vision de l'enseignement et du rapport enfant/enseignant. Je l'applique à notre système sans conflits avec nos directives. J'ai rapporté les bonnes choses que j'ai vu et testé, ça a fait évoluer positivement certains aspects de mon enseignement, mais je reste profondément attachée à notre système français et son EM. Et je peux te dire que beaucoup d'enseignants allemands en Sarre nous envient notre EM .
natachalala Posté(e) 26 avril 2009 Posté(e) 26 avril 2009 En France on veut que l'enfant apprenne à "être un élève", en Allemagne il est libre de refuser les activités proposées, ce qui apporte des soucis de comportement en 1.Klasse (CP). Tout à fait, et il y a une raison historique à cela : l'Allemagne veut que ses concitoyens soient capables de refuser de suivre un nouveau dictateur. Dans le cadre de ma formation IUFM, j'ai effectué un stage d'observation d'une semaine dans une école élémentaire en Allemagne. La 1. Klasse ressemblait à un zoo (de quoi mettre n'importe quel instit français en dépression dès le mois de septembre) : on était en avril : ça criait dans la classe, ça bougeait dans tous les sens et il y en avait pas beaucoup qui suivaient l'enseignement qu'essayait de dispenser l'instit... A cette époque de l'année, certains n'étaient toujours pas entré dans la lecture. Le système est très sélectif : après 4 ans (ou 5 ans, je ne sais plus trop...), il y a déjà une première sélection. On est loin du système français ! Cela se ressent aussi dans les classes : beaucoup d'exercices d'entrainement et peu d'explications de la part des enseignants (c'est un peu marche ou crève, sachant quand même que, si l'enfant ne suit pas, on lui proposera une formation "à son niveau"). La finalité n'est pas la même. Je ne sais pas quel est le pourcentage, mais en Allemagne l'objectif n'est pas d'avoir 80% d'une classe d'âge au BAC, mais de donner à chacun un métier selon ses capacités (d'où des filières de formations professionnelles bien plus développées et performantes (je pense) que chez nous).
Puck Posté(e) 26 avril 2009 Posté(e) 26 avril 2009 J'ai moi-même fait l'échange franco-allemand des maîtres (niveau élémentaire) et je peux te dire que je suis revenue d'Allemagne avec une nouvelle vision de l'enseignement et du rapport enfant/enseignant. Je l'applique à notre système sans conflits avec nos directives. J'ai rapporté les bonnes choses que j'ai vu et testé, ça a fait évoluer positivement certains aspects de mon enseignement, Peux-tu donner des précisions, Esterella ?
esterella Posté(e) 26 avril 2009 Posté(e) 26 avril 2009 Peux-tu donner des précisions, Esterella ? Je suis nettement moins "distante" avec mes élèves qu'avant, je parle beaucoup plus avec eux de leur vie à l'extérieur de l'école qu'avant. Les Allemands sont beaucoup plus psychologiques que nous, ça fait partie de leur formation, là où ça manquait dans la mienne (l'IUFM a pas mal évolué depuis sur ce point). C'est là-bas que j'ai compris l'absurdité de la phrase qu'on m'a dite à l'IUFM : "Vous n'êtes pas là pour les aimer, mais pour les instruire". Le tutoiement, même en cycle 3 ne me gêne plus du tout, bien au contraire, j'ai appris qu'on peut se faire respecter différement. J'ai aussi appris à rendre les enfants bien plus acteurs dans les apprentissages, ils vont beaucoup plus au tableau qu'avant par exemple. L'apprentissage par le vécu, l'expérience, le jeu même en cycle3. C'était aussi l'époque de l'ORL que je me refusais à appliquer et le fait de voir le enseignants allemands enseigner leur langue m'a conforté dans ce choix, d'ailleurs l'ORL a été abandonné depuis, donc... Je pense surtout que là où j'ai radicalement changé c'est dans le regard porté sur les élèves, j'ai vraiment compris que si on veut faire évoluer un élève, il faut soi-même se convaincre de ses capacités, puis l'en convaincre (voir même les parents). Le lien de confiance est essentiel. Bien sûr ce n'est pas miraculeux, mais à moins d'une déficience de QI, ça marche pas mal quand même.
maiden Posté(e) 27 avril 2009 Posté(e) 27 avril 2009 Je ne sais pas si ça a une influence mais j'ai cru comprendre qu'en Allemagne le pourcentage de mères, voire pères au foyer était nettement plus important que chez nous. Peut-on en déduire qu'il y a plus de participation de la famille à l'instruction des petits, ce qui compenserait l'absence de programmes d'enseignement des kindergarten ?
esterella Posté(e) 27 avril 2009 Posté(e) 27 avril 2009 Je ne sais pas si ça a une influence mais j'ai cru comprendre qu'en Allemagne le pourcentage de mères, voire pères au foyer était nettement plus important que chez nous. Peut-on en déduire qu'il y a plus de participation de la famille à l'instruction des petits, ce qui compenserait l'absence de programmes d'enseignement des kindergarten ? C'est exact, en Allemagne ce sont surtout les mères qui cessent de travailler et le pourcentage est nettement supérieur au nôtre. D'ailleurs une collègue qui est partie vivre en Allemagne et a continué à enseigner dans une école française là-bas, c'est vu dire en pleine figure par sa voisine allemande, qu'elle n'est qu'une "Rabemutter" (traduction : "la mère-corbeau", une mère indigne ), pourtant elle n'avait qu'une fille. Même mes collègues allemandes à l'époque, me disaient clairement qu'elles cesseraient de travailler une fois le premier enfant venu, parce qu'elles ne veulent pas être une "Rabemutter". Bon là c'est vraiment un choc culturel pour nous, habituées au concept du mi-temps. Mais de là à compenser l'absence d'une école avec des programmes là je dirai que ça dépend du milieu. C'est comme chez nous tout dépend des parents . Le vrai problème soulevé, c'est le fait que ces Kindergarten soient payants et pas donnés d'après les collègues allemands.
cleo17fr Posté(e) 27 avril 2009 Posté(e) 27 avril 2009 donner à chacun un métier selon ses capacités Ce devrait être l'objectif de n'importe quel système éducatif... Un problème bien français est que le travail manuel est dévalorisé....et qu'on cherche coute que coute à laisser des enfants "pas scolaires" le plus longtemps possible dans la même voie que tous. C'est dommage car on a besoin de plombiers etc...
Sapotille Posté(e) 27 avril 2009 Posté(e) 27 avril 2009 Je suis étonnée de lire que le Kindergarten est payant. Ma soeur qui habite en Allemagne y a mis ses filles qui s'y sont beaucoup ennuyées mais n'a jamais parlé d'une queLconque somme à payer pour cette prise en charge. Cela dépendrait-il des Länder qui sont indépendants les uns des autres et n'ont pas les mêmes lois.
gigi39 Posté(e) 29 avril 2009 Auteur Posté(e) 29 avril 2009 Dans celui que j'ai visité, je confirme qu'il était payant, selon les revenus mais je crois minimum 70 euros/mois, maxi presque 300...en même temps c'est comparable à une nounou et là je ne sais pas s'il y a une grande différence. Vos éclairages sont très interessants, et je pense vraiment qu'il y a du bon dans les 2 systèmes. Je retiens tout de même qu'on en demande vraiment beaucoup aux enfants français à l'école maternelle et que ce n'est pas nouveau, les compétences manuelles ne sont pas prises en comte, seule la réussite intellectuelle comme pendant les années d'école, laissant à vie des traces de sous-estime de soi à ceux qui sont plus foués de leurs mains qu'intellectuels, il serait tant de changer ça! Par ailleurs, même si cette visite m'a un peu décontenancée dans un premier temps, je trouve cela très interessant de voir d'autres systèmes fonctionner, ça permet de prendre de la distance ar rapport à notre travail et tout ce qu'on veut nous imposer ou nous faire croire...après il faut essayer de faire la synthèse....suite au prochain épisode, je fais cet été un stage Comenius en Finlande sur l'observation de leur système scolaire...
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