autisme et orientation scolaire

[mala]

Bonjour,

étant en plein doute quant à l'orientation d'un de mes élèves, je me permets de vous demander vos conseils, que vous soyez dans le milieu ordinaire ou spécialisé. En très gros, un de mes élèves présente des troubles autistiques depuis la petite section. Jusqu'à cette année, il était très renfermé sur lui-même et, même s'il ne faisait jamais de crise, les enseignantes n'envisageaient pas la possibilité pour lui de rester dans le milieu ordinaire après la maternelle. Or il se trouve qu'il a fait cette année des progrès considérables malgré son handicap. D'après le tout récent bilan de l'ITTAC (centre de diagnostic), son autisme se situe dans les plus bas puisqu'il ne présente plus qu'un léger retard de langage, qu'il va chercher le contact avec les autres à certains moments et, surtout, qu'il a tous les prérequis intellectuels d'un enfant de grande section (il commence même à déchiffrer !).

Personnellement, je serais ravie pour lui si, depuis le début d'année, ma collègue directrice de la maternelle n'était fermement opposée à son entrée au CP. Pour elle, puisqu'il est autiste, il doit aller dans une cliss le plus tôt possible et tenter un cp en sachant qu'il est impossible d'avoir une avs à temps plein (d'après elle) relève des bons sentiments. Etant T1, j'ai voulu attendre l'équipe éducative pour toute décision concernant son orientation. Or, elle a eu lieu seulement fin mars (beaucoup trop tard mais je n'avais absolument pas conscience des délais dans l'ash et j'ai laissé faire ma collègue) et elle a abouti au constat que "des questions se posent quant à l'avenir de Quentin" (sic). Comme je ne me suis pas positionnée frontalement pour un cp (j'ai souligné les réussites scolaires de Quentin mais aussi ses difficultés), c'est le positionnement de ma directrice qui a été noté en guise de conclusion de l'équipe, à savoir soit une orientation en cliss TSA (elle dit que c'est possible pour septembre mais cela me paraît fou) soit un maintien en GS. Les parents dans tout cela sont seuls. Ils viennent de recevoir le bilan de l'ITTAC et, après en avoir parler avec les membres de cet institut, ils ont décidé d'inscrire leur fils au cp malgré l'avis de la première équipe et, surtout, sans en parler ni à la directrice de la maternelle ni à moi-même (je le sais par la nourrice).

Dans ces conditions, il me semble important d'organiser une nouvelle équipe éducative même si, pour ma collègue, "cela ne change rien au fait qu'il soit autiste et qu'on ne va tout de même pas le faire passer au CP". Voilà, j'attends vos avis, témoignages, conseils

Marie-Laurence

[canoelo]

J'ai rencontré à de nombreuses reprises, dans le cadre du boulot, le pédo-psy qui s'occupe d'autisme dans mon coin.

Son discours est toujours le même, à savoir, privilégier le milieu ordinaire, chaque fois que c'est possible.

L'élève dont tu parles semble capable de pouvoir fréquenter un cp ordinaire (niveau autistique bas, commence à déchiffrer, seulement un léger retard de langage, pas de problème de comportement). A l'heure d'aujourd'hui, personne ne peut dire comment il évoluera au cp et il est toujours possible de trouver des aménagements (emploi du temps allégé, décloisonnement avec la maternelle (pour le langage par exemple), etc; alors, pourquoi ne pas lui laisser sa chance au cp; il sera toujours temps de proposer une orientation clis l'année prochaine, si c'est nécessaire.

Je comprends donc parfaitement ces parents qui veulent que leur enfant aille au cp. Et, dans le cadre de la loi de 2005 sur le handicap, ils sont parfaitement dans leur droit...

[mala]

Merci de ta réponse rapide. Cela me conforte car je pense qu'un cp vaut vraiment la peine d'être tenté étant donné l'évolution de cet élève.

Je vais en reparler avec ma collègue dès demain.

Marie-Laurence

[cécile Louvic]

[bonjour,

je t'apporte également un témoignage.

Mon AVS est maman d'un enfant autiste qui a maintenant 20 ans et qui a été scolarisé en milieu ordinaire jusqu'à la 3ème.

Elle a eu le courage et l'énergie de le suivre et d'entretenir des relations soutenues avec les enseignants qui ont suivi son fils. Mais, grâce à cela, il a aujourd'hui un métier et une certaine autonomie.

N'hésite pas à soutenir les parents si tu as la conviction que cet enfant est capapble de poursuivre en CP. Tu es un maillon-clé de la chaîne!

Bon courage!

Cécile

[gaellemorgane]

Je suis remplaçante dans ton secteur (Grezieu)et, pour avoir vu de nombreuses classes de CP, je te conseille de pousser un peu pour que ton élève soit intégré dans un CP classique. J'ai vu plusieurs autistes légers dans dans des classes et pour certains, cela fonctionnait très bien.

S'il ne fait pas de crises (c'est ce qui est le plus dur à gérer dans une classe ...), n'hésite pas à pousser un peu pour cette scolarité normale. Il aura bien le temps d'entre en cliss plus tard s'il ne s'adapte pas au CP...

Bon courage pour la suite et n'hésite pas à donner ton avis même si tu es débutante dans le métier. C'est toi qui es son enseignante, c'est toi qui le connais le mieux sur le plan scolaire donc ton avis est capital!

[pititesofy]

Je rejoins les autres avis!!

dans la mesure du possible il vaut mieux un CP pour lui!! s'il a la possibilité de suivre une scolarité ordinaire le plus longtemps que lui permettra son handicap (qui peut s'aggraver à tout moment ne l'oublions pas) alors il faut tenter!!

Si cela ne marche pas alors une réorientation pourra etre envisager, mais à partir du moment ou ça fonctionne et bien il faut tenter le coup!!

rapproche toi des parents aussi car ils doivent se sentir seuls contre tous!

n'hesite pas a donner ton point de vue en équipe educative!!!

[mala]

Merci pour ces conseils qui me soutiennent bien. J'ai mis les choses au point avec mes collègues jeudi et je crois qu'elles ont compris que, contentes ou non, les parents de mon élève l'inscriront de toutes façons au CP et en plus avec mon aval. Maintenant, il va falloir que j'insiste pour que se réunisse effectivement une nouvelle équipe avec les partenaires qui, parce qu'ils suivent cet élève, étaient à la fameuse réunion l'ITTAC. La directrice de la maternelle ne croit pas à son utilité mais personnellement, je pense que c'est indispensable pour préparer au mieux l'entrée de cet enfant en cp. Merci encore

Marie-Laurence

Pititsofy : je donne bien mon point de vue en équipe mais, comme j'ai tendance à toujours nuancer (je parle et des difficultés et des réussites), c'est finalement la parole de celle qui parle le plus fort que tout le monde retient

[panette]

Bonjour,

étant en plein doute quant à l'orientation d'un de mes élèves, je me permets de vous demander vos conseils, que vous soyez dans le milieu ordinaire ou spécialisé. En très gros, un de mes élèves présente des troubles autistiques depuis la petite section. Jusqu'à cette année, il était très renfermé sur lui-même et, même s'il ne faisait jamais de crise, les enseignantes n'envisageaient pas la possibilité pour lui de rester dans le milieu ordinaire après la maternelle. Or il se trouve qu'il a fait cette année des progrès considérables malgré son handicap. D'après le tout récent bilan de l'ITTAC (centre de diagnostic), son autisme se situe dans les plus bas puisqu'il ne présente plus qu'un léger retard de langage, qu'il va chercher le contact avec les autres à certains moments et, surtout, qu'il a tous les prérequis intellectuels d'un enfant de grande section (il commence même à déchiffrer !).

Personnellement, je serais ravie pour lui si, depuis le début d'année, ma collègue directrice de la maternelle n'était fermement opposée à son entrée au CP. Pour elle, puisqu'il est autiste, il doit aller dans une cliss le plus tôt possible et tenter un cp en sachant qu'il est impossible d'avoir une avs à temps plein (d'après elle) relève des bons sentiments. Etant T1, j'ai voulu attendre l'équipe éducative pour toute décision concernant son orientation. Or, elle a eu lieu seulement fin mars (beaucoup trop tard mais je n'avais absolument pas conscience des délais dans l'ash et j'ai laissé faire ma collègue) et elle a abouti au constat que "des questions se posent quant à l'avenir de Quentin" (sic). Comme je ne me suis pas positionnée frontalement pour un cp (j'ai souligné les réussites scolaires de Quentin mais aussi ses difficultés), c'est le positionnement de ma directrice qui a été noté en guise de conclusion de l'équipe, à savoir soit une orientation en cliss TSA (elle dit que c'est possible pour septembre mais cela me paraît fou) soit un maintien en GS. Les parents dans tout cela sont seuls. Ils viennent de recevoir le bilan de l'ITTAC et, après en avoir parler avec les membres de cet institut, ils ont décidé d'inscrire leur fils au cp malgré l'avis de la première équipe et, surtout, sans en parler ni à la directrice de la maternelle ni à moi-même (je le sais par la nourrice).

Dans ces conditions, il me semble important d'organiser une nouvelle équipe éducative même si, pour ma collègue, "cela ne change rien au fait qu'il soit autiste et qu'on ne va tout de même pas le faire passer au CP". Voilà, j'attends vos avis, témoignages, conseils

Marie-Laurence

Incroyable depuis la loi de 2005 que la directrice puisse tenir un tel discours.

Ce n'est pas elle qui décide de son orientation heureusement ;-)

Panette

[Invité lenaki]

Je suis enseignante en Clis, avec une élève autiste qui a des troubles beaucoup plus importants que ceux que tu décris.

Il me semble évident qu'il doit être scolarisé en CP.

Une réorientation en Clis sera proposée si ça se passe mal.

Edit : et puis je ne vois pas en quoi ce serait à la directrice de décider. J'ai fait des 10aines d'équipes de suivi, et c'est l'enseignant qui parle, les services de soins éventuels (sessad, cmp...), et les parents.

La directrice peut donner son avis mais certainement pas décider de l'orientation de ce petit bonhomme.

Il n'y avait pas d'enseignant référent à l'équipe? Je te conseille de le contacter rapidement.

[bigoud]

Bonjour,

J'ai accueilli dans ma classe de cp un autiste typique , ça s'est très bien passé en lecture ,en maths, seule ,l'orthographe était un problème pour lui.

Je l'avais eu au cours de sa première grande section(absence de langage, écholalies mais pas de problèmes de comportement juste besoin de se déplacer en permanence) franchement je ne pensais pas aboutir à un tel résultat deux ans plus tard!!

Cette année ,il est en ce1 et il suit.

[egg53]

Bonjour,

moi aussi, l'année dernière, j'ai eu un élève autiste léger au cp et cela a été une vraie révélation pour lui : peut-être le cadre plus strict qu'en maternelle... peut-être autre chose... en tout cas en CP il a été un des premiers à avoir appris à lire (en MS il ne parlait pas du tout!). Il est excellent en orthographe et même si à l'oral cela reste très difficile et que la compréhension n'est pas toujours là, cette année il passe en CE2 (avec l'aide d'une AVS à 50%). Nous ne savons pas jusqu'où il ira, mais nous avons une ferme intention de l'accompagner jusqu'au bout, où qu'il se trouve! Il faut donner la chance à ton élève, bon courage!

[marieee]

Je découvre le post et je me permets de répondre, même s'il ne te sera plus d'une grande utilité pratique.

Je suis intéressée en deux points : l'année dernière j'étais T1, et cette année, je m'occupe d'autistes déficients lourds en IME.

L'année dernière, j'ai pris deux décisions importantes : j'étais en MS-GS et j'ai fait passer un élève de GS en CP en décembre, pas loin d'être surdoué et qui posait des problèmes sérieux de comportement. L'année d'avant, le T1 qui m'a précédé et qui avait aussi eu cet élève avait hésité, mais pas tranché, et s'était rangé à l'avis des instits plus aguéris, et l'avait gardé en maternelle.

Quand j'ai proposé, en équipe, de le faire passer, vu qu'il devenait de plus en plus taciturne, nous l'avons fait progressivement : par demi journées en cp, puis une demi semaine, puis on a vu que ça ne posait pas de problème. Il a finit premier de la classe!

J'ai également pris la décision, à la fin de l'année, de faire passer une petite de MS en CP. Elle en avait le niveau, et la maturité.

J'avais la chance de ne pas avoir l'équipe contre moi.

De plus, cette année j'ai des enfants autistes. Et des enfants que les parents ont retiré de l'école ordinaire pour intégrer l'ime où je travaille, et qui viennent dans ma classe, qui est intégrée dans une école ordinaire. Les enfants qui ont été retirés sont, pour l'un un enfant avec autisme lourd et épilepsie grave qui nécessite un traitement de chameau qui le rend larvaire. Alors la scolarité en CP était inefficace et gênante en plus parce que ses crises et son auto-stimulation ne passent pas inaperçues. De plus, il ne parle pas, juste en écholalies différées.

L'autre a plus de langage, mais n'a aucune compétence graphique. Il connait les lettres mais a des intérêts tellement restreints qu'il ne rentre pas dans les livres et les exercices non ludique (avec ludisme qui lui plait en plus!). Sa maman a décidé que les apprentissages stagnant, il fallait envisager une autre solution. Alors intégration de l'IME, et direction ma classe annexée.

Enfin, dans cet IME, il y a un petit qui allait à la maternelle cette année et qui part l'an prochain : après commission MDPH, il a été décidé d'un passage en clis, avec décloisonnement en CP, et AVS à temps plein je crois. Il parle, a des capacités, mais est aussi hyperactif, et très agité en général. Cette année lui convenait parce qu'il avait encore de la liberté, mais le cadre plus strict et la nécessité de plus de calme du CP lui aurait difficile à supporter.

Voilà mon cas : quand on est T1, on a du mal à prendre des décisions face à des personnes sensées être plus aguéries, mais mine de rien, on n'a pas moins de jugement, et tu es maitresse dans ta classe!

En ce qui concerne l'autisme, tant que la classe ordinaire n'est un frein pour personne en situation (enseignant, enfants, autistes ou non), et bien on fonce!

Courage à toi.