débat philosophique

[lamainquiparle]

bonjour,

je recherche des témoignages de PE ayant expérimenté le débat philosophique à partir d'oeuvres artisiques ou littéraires car je m'interroge sur la faisabilité et les modalités de ce travail en C3; quelle place le PE joue-t-il? comment relancer, alimenter le débat tout en laissant les élèves sur le devant de la scène?

merci pour vos réponses

[helenel]

Ici un sujet sur le débat philo

(plutôt dans la section instruction civique)

[actimelle]

Tu peux peut-être trouver des réponses à tes questions en consultant ces mémoires professionnels.

[Nuagelunatique]

Je suis T1 donc je ne peux pas avoir beaucoup de recul sur cette pratique mais je suis très intéressée par ce type de débat j'en mène avec 3 groupes (2 de CM1 et 1 de CM2), je suis référente RAR en pôle excellence ce qui explique les groupes. Je m'appuie sur les philo-fables de Michel Piquemal. Pour qu'un débat-philo fonctionne il faut des règles très strictes en terme d'accès à la parole et de respect des pensées d'autrui. C'est un long processus de confiance mutuelle qu'il faut cultiver.

Voici comment je procède :

- les élèves sont disposés en cercle (sur chaise ou assis par terre selon l'espace disponible)

- il y a 1 bâton de parole

- il y a deux élèves qui sont chargé de reformuler les interventions des autres (toutes les trois interventions)

- je lis une philo-fable ou un évènement qui m'interpelle ou encore c'est un élève qui raconte quelque chose qui l'interpelle

- je traduis ce questionnement en question philosophique (j'ai essayé de laisser ce travail aux élèves mais de fut un échec)

- les élèves réagissent comme bon leur semble, ils peuvent raconter des anecdotes ou rester dans le général.

- quand un élève a terminé son idée, il dit :" j'ai terminé de parler " et vient replacer le bâton au centre.

- un autre demande si il peut avoir la parole (lève le doigt) et vient le récupérer selon l'assentiment du prof.

- je veille à équilibrer la parole entre les élèves pour éviter deux choses : - qu'il n'y ait que les garçons qui parlent, - que deux élèves s'opposent de façon stérile.

- certains élèves ne parleront pas, je leur montre juste que j'ai remarqué mais je ne force pas.

- les élèves qui ont le rôle de reformulateurs me dictent ce qu'ils ont retenu. J'écris au tableau ce qu'ils disent (parfois j'en profite pour travailler les synonymes, la syntaxe...).

- une fois le débat terminé les élèves recopient la question philo puis le texte issu de leurs réflexions.

- enfin dans un moment de pause ils sont invités à réagir une seconde fois au débat : exprimer par écrit ce qu'ils ne peuvent pas à l'oral, dessiner...

- je ne "corrige" jamais les idées énoncées par oral ou écrit, parfois j'induis l'idée que ce n'est pas la seule solution c'est tout.

Concernant les relances des débats, je crois qu'elles viennent naturellement avec le temps. Au début je préparais des relances : par exemple je travaillais sur le comportement d'Héra envers Hercule. Selon leurs réponses voici le fil que nous avons suivi. Héra était jalouse, pour qu'ils ressentent mieux ce sentiment je leur demandais si il leur arrivait d'être jaloux. Puis sur les conséquences : Héra essaie de tuer Hercule. Les élèves qu'ont-ils fait par jalousie? Par qui en ont-ils été empêchés ? Puis on dérive sur la colère : quelles peuvent être les raisons de la colère ? Comment la réfréner ? Ou sur l'innocence d'un enfant, pourquoi on en veut à Héra d'attaquer un plus faible ? Qu'est-ce qui est touchant ? Évidemment c'est parce qu'il ne peut pas se défendre (enfin on pense que) et que la faute ne lui incombe pas mais c'est celle de Zeus, on peut alors embarquer vers l'injustice. Qu'est-elle ? Comment arrive-t-elle? Comment la réparer? On peut alors parler de la justice. Est-ce qu'un juge peut se tromper?...

J'ai constaté deux choses depuis que je mène ce travail :

- les élèves progressent dans la capacité à verbaliser ce qui ne va pas et donc sortent de la violence verbale ou physique.

- ils sont très demandeurs concernant les grandes questions de l'humanité et trouvent souvent peu de réponses, ce lieu d'échanges et d'écoute mutuelle leur apporte incontestablement un sentiment d'avoir sa place dans la classe. Le débat les "élève".