papillon2704 Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Je suis toujours consterné quand je lis de la part de Professeurs, de personnes instruites et cultivées, de tels propos ségrégationistes. Quelle est la norme ? A partir de quand un enfant n'est-il plus considéré comme normal ? Qui peut définir objectivement cette limite ? Comment ce raisonnement peut-il s'appliquer au quotidien ? Encore une fois, le piège tendu fonctionne parfaitement. La surenchère sécuritaire a gagné nos rangs. Ailleurs, hors de nos vues, les élèves qui nous dérangent, il sera bien plus facile d'imaginer comment s'en débarasser que d'inventer et de lutter pour un modèle éducatif plus juste, qui donne sa juste place à chacun et qui donne à ses agents les moyens de travailler dignement. Le même président sous la férule duquel les lits en hôpital psy ferment par paquets de 100 nous fait le coup du pensionnat, c'est pathétique, c'est manquer de respect à ces enfants, à leur souffrance et à leur détresse. Ces enfants existent, ils sont les nôtres, que cela vous plaise ou vous fasse peur. On ne pourra pas les faire disparaître en les cachant dans des maison de correction vaguement pédagogiques, vaguement psy, carrémént hors du monde, et dire que ce n'est plus notre problème. Croyez vous sérieusement qu'un président qui nous méprise à ce point, qui considère que la délinquance à des causes génétiques, va créer des structures avec des places suffisantes qualitativement et quantitativement pour les élèves qui posent de très gros problèmes dans les écoles? Ne croyez vous pas plutôt qu'il s'agit là d'une opération de com supplémentaire après l'annonce de la "revalorisation des salaires" (quelle blague) deux jours avant l'ouverture de négociations avec les syndicats ? ça ne vous rappelle pas les discours électoraux sur la sécurité, la racaille, le Karcher, tiens...et puis un petit coup de pouce à la loi de suppression des allocs pour couronner le tout, avec des portiques et des vigiles devant les collèges et les lycées ça devrait passer. Ni les enfants qui posent d'énormes problèmes dans les écoles, ni leurs Professeurs n'ont à faire les frais d'un système fait pour fabriquer des polytechniciens, d'une société en crise, d'une haine et d'un mépris grandissant pour les faibles, du culte du "pragmatisme" qui n'est qu'un habit pour masquer le simplisme et l'individualisme. La solution est dans les urnes.
clarinette2 Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Je suis toujours consterné quand je lis de la part de Professeurs, de personnes instruites et cultivées, de tels propos ségrégationistes. Quelle est la norme ? A partir de quand un enfant n'est-il plus considéré comme normal ? Qui peut définir objectivement cette limite ? Comment ce raisonnement peut-il s'appliquer au quotidien ? Encore une fois, le piège tendu fonctionne parfaitement. La surenchère sécuritaire a gagné nos rangs. Ailleurs, hors de nos vues, les élèves qui nous dérangent, il sera bien plus facile d'imaginer comment s'en débarasser que d'inventer et de lutter pour un modèle éducatif plus juste, qui donne sa juste place à chacun et qui donne à ses agents les moyens de travailler dignement. Le même président sous la férule duquel les lits en hôpital psy ferment par paquets de 100 nous fait le coup du pensionnat, c'est pathétique, c'est manquer de respect à ces enfants, à leur souffrance et à leur détresse. Ces enfants existent, ils sont les nôtres, que cela vous plaise ou vous fasse peur. On ne pourra pas les faire disparaître en les cachant dans des maison de correction vaguement pédagogiques, vaguement psy, carrémént hors du monde, et dire que ce n'est plus notre problème. Croyez vous sérieusement qu'un président qui nous méprise à ce point, qui considère que la délinquance à des causes génétiques, va créer des structures avec des places suffisantes qualitativement et quantitativement pour les élèves qui posent de très gros problèmes dans les écoles? Ne croyez vous pas plutôt qu'il s'agit là d'une opération de com supplémentaire après l'annonce de la "revalorisation des salaires" (quelle blague) deux jours avant l'ouverture de négociations avec les syndicats ? ça ne vous rappelle pas les discours électoraux sur la sécurité, la racaille, le Karcher, tiens...et puis un petit coup de pouce à la loi de suppression des allocs pour couronner le tout, avec des portiques et des vigiles devant les collèges et les lycées ça devrait passer. Ni les enfants qui posent d'énormes problèmes dans les écoles, ni leurs Professeurs n'ont à faire les frais d'un système fait pour fabriquer des polytechniciens, d'une société en crise, d'une haine et d'un mépris grandissant pour les faibles, du culte du "pragmatisme" qui n'est qu'un habit pour masquer le simplisme et l'individualisme. La solution est dans les urnes. En théorie, je suis entièrement d'accord avec toi. En pratique si tu as un élève qui empêche 29 autres de profiter pleinement de leur scolarisation en permanence et qu'il s'agit du seul choix disponible alors j'espère que je n'aurai jamais à choisir. Après, faire ce choix à un moment pour soulager les autres élèves et soi-même quand on est à bout n'empêche de dénoncer ces mesures répressives envers des jeunes qui, pour moi, sont d'abord en souffrance. Seulement, j'estime que je ne suis pas responsable de ce choix car on ne me laisserait pas d'autres alternatives pour exercer mon métier dans des conditions correctes. Je ne peux pas porter toute la misère du monde sur mes épaules. Et je ne m'estime pas ségrégationniste, tout simplement humaine avec des limites.
barbotinne Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Je ne comprends pas, ces structures existent déjà pour les élèves "perturbateurs" ce sont les ITEP. Ces mêmes ITEP qui voient leurs crédits baisser, leurs nombres de postes enseignants baisser aussi... et encore ceux qui ont le droit aux enseignants publics, de plus en plus rares... Donc on va créer des structures pour compenser la fermetures d'autres structures déjà prévues pour ces mêmes élèves si j'ai bien compris (je ris jaune je précise...) Et pour les collèges il y a les classes relais, entre autres.... (et non pas les SEGPA comme certains peuvent penser... )
Goëllette Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Moi, ce qui me chagrine, et j'espère que des personnes concernées de ce forum interviendront pour me détromper (des collègues de CLIS qui se battent pour conserver leur classe), c'est que je ne ressens pas de la part des collègues des CLIS que je côtoie la volonté de se battre pour conserver ces classes. On dirait qu'ils sont même plutôt contents de venir renforcer le bataillon des RASED sans classe-conseilleurs, leurs ex-élèves étant "inclus" dans les classes banales.
JBB Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Moi, ce qui me chagrine, et j'espère que des personnes concernées de ce forum interviendront pour me détromper (des collègues de CLIS qui se battent pour conserver leur classe), c'est que je ne ressens pas de la part des collègues des CLIS que je côtoie la volonté de se battre pour conserver ces classes. On dirait qu'ils sont même plutôt contents de venir renforcer le bataillon des RASED sans classe-conseilleurs, leurs ex-élèves étant "inclus" dans les classes banales. Les classes spés, c'est "l'artisanat", c'est souvent être seul (on fait souvent à "l'estime", dans le bon sens du terme en pouvant se permettre de "tout essayer", en prenant le temps,avec des élèves que les collègues voient d'un oeil "interrogateur"... C'est le boulot que pas grand monde ne veut faire, l'hétérogénéité des classes va grandissante, avec les situations qui vont avec... On peut comprendre que les personnels, après quelques années veuillent faire autre chose, mais "dans le temps (depuis 81)", on a encouragé ces mêmes personnels à abandonner leur poste "fixe", la classe, pour être plus visible, pour prendre en charge plus de clients... Perso, trente et quelques années de perf, puis Clad, pas de souci, je reste "au poste", et surtout, je ne veux conseiller personne , j'ai assez à faire avec moi... Mais pas de miracles, certains regagnent des classes normales", les autres vont en Segpa, le tout étant qu'ils ne s'emm... pas. Pour la défense de ces classes, on est "bien démuni", car il faut à la fois "se garder à droite" et se "garder à gauche", Akwabon a bien résumé la situation... Et Mokobédu113 dans un message plus haut fait une bonne analyse des limites de l'intégration (ou comment embrouiller les parents) qui peut évidemment s'appliquer à l'élève en (grande) difficulté. Attention, cependant à ne pas confondre les classes spés avec un repaire de "grands pénibles"... C'est pas forcément le but du "jeu"... JBB
JBB Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Lui aussi, en remerciement de ses bons et loyaux services, on lui a fermé son poste. Que voilà un bel et véritable exercice de réécriture : Vous remplacerez le pronom "lui" par "moi" en débutant la phrase par: En juin 2011 ou deux ans plus tard si la réforme des retraites n'aggrave pas mon "cas",..... et sans médaille du travail... JBB
Goëllette Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Contente de lire vos témoignages, mais déjà, il y a 10-15 ans, au moment de la fermeture des premières classes d'adaptation fermées, j'avais d'abord été étonnée du peu de résistance des collègues concernés, et puis, quand je les avais retrouvés, itinérants, distillant leurs "yakafoktu" aux collègues des classes "banales", j'avais un peu mieux compris. Et j'ai curieusement l'impression que ça se reproduit avec les clis, que les maîtres spé ne sont finalement pas si fâchés que ça d'abandonner éventuellement leur classe au profit d'un poste de conseilleur. Où est l'intérêt des élèves en difficulté, là-dedans ... Je précise que partout où je suis passée, j'ai entretenu de bonnes relations avec mes collègues de CLIS et ai toujours été partante pour organiser des décloisements avec eux. Mais j'ai beaucoup de mal à saisir l'intérêt des élèves aux changements qui se préparent et à comprendre qu'on n'entende presque personne pour s'élever contre, et particulièrement les maîtres de ces classes.
calia Posté(e) 29 mars 2010 Posté(e) 29 mars 2010 Voilà les effectifs de mon école : CP : 19 CE1 :16 CE2 :15 CM1 :5 CM2 :15 Je vous laisse deviner l'année de naissance du zigoto qui a sévi plusieurs années dans l'école... Je crois que tout le monde sur ce sujet ne parle de la même chose : il y a les élèves perturbateurs, mais il y a aussi les élèves ingérables, qu'ils relèvent du handicap ou non. Pour moi, un élève perturbateur énerve, gêne, fait perdre du temps, etc... Un élève ingérable, c'est un élève qui empêche une classe de tourner : instit qui ne peut jamais être concentré sur ce qu'il fait car il doit toujours être sur le qui-vive (fugue, violences...), temps consacré à l'élève concerné plus important que celui consacré à tous les autres, climat de peur dans la classe... Enfermer ces enfants-là loin des regards, non... Réouvrir des places dans des structures adaptées (itep), avec des enseignants et des éducteurs formés, des effectifs réduits, oui... L'intégration ne marche pas pour eux. Au mieux, les autres arrivent (font semblant) à les ignorer, au pire, ils les fuient (peur + sentiment de haine qui augmente au fur et à mesure des coups encaissés). Je suis pour essayer l'intégration pour tous les élèves, et j'ai fait beaucoup d'efforts dans ce sens (en temps et en énergie). Mais je suis contre une intégration au forceps sous prétexte de bons sentiments.
papillon2704 Posté(e) 30 mars 2010 Posté(e) 30 mars 2010 Je suis toujours consterné quand je lis de la part de Professeurs, de personnes instruites et cultivées, de tels propos ségrégationistes. Quelle est la norme ? A partir de quand un enfant n'est-il plus considéré comme normal ? Qui peut définir objectivement cette limite ? Comment ce raisonnement peut-il s'appliquer au quotidien ? Quelle est la norme ? Je peux te répondre assez objectivement sur ce point-là : la norme pour pouvoir être dans une classe est de respecter un minimum les règles de vie, à savoir de ne mettre en danger personne, ni soi, ni les autres, et de permettre au groupe de recevoir l'enseignement auquel il a droit. Très objectif en effet... C'est bien ce que je craignais...avec ta définition de la norme, on peut exclure à peu près tous les élèves d'une école à un moment donné. Je te rappelle que tous les enfants ont droit à un enseignement.
papillon2704 Posté(e) 30 mars 2010 Posté(e) 30 mars 2010 Je suis toujours consterné quand je lis de la part de Professeurs, de personnes instruites et cultivées, de tels propos ségrégationistes. Quelle est la norme ? A partir de quand un enfant n'est-il plus considéré comme normal ? Qui peut définir objectivement cette limite ? Comment ce raisonnement peut-il s'appliquer au quotidien ? "propos ségrégationnistes" ? Non, mais on croit rêver ! Je ne me considère pas comme partisan du tout-sécuritaire, mais quand une bande de jeunes a pris possession des parkings de mon immeuble pour y fumer tranquille, j'ai été bien contente que les flics les délogent. Je ne suis pas tout-sécuritaire, mais je compte sur la police pour faire régner un minimum la loi et l'ordre, parce que dans les pays où il n'y a pas de police, c'est la loi du plus fort ! ... Je revendique, haut et fort, le droit à la sécurité pour les élèves dans les écoles. Si c'est "sécuritaire" de vouloir être "en sécurité", alors, oui, je suis "sécuritaire". Du Sarko dans le texte. C'est sûr que nous vivons dans un pays dans lequel, grâce à la police, la loi du plus fort (grands patrons, banquiers, capitaines d'industrie) n'existe pas... Cet artifice rhétorique qui consiste à changer le sens des mots pour avoir raison, à substituer le pathos à la réflexion est typique, mais la ficelle est un peu grosse. Plus sérieusement, les lits en hopital psy ferment (merci pour la casse de l'hôpital, monsieur sécuritaire...trop cher) avec une habile écriture de la loi de 2005, et mécaniquement, le profil des élèves de Clis d se durcit, se "psychiatrise" de plus en plus. J'en sais quelque chose. Les élèves anciennement clients des Clis (merci de ne pas ouvrir de clis, monsieur sécuritaire...trop cher) ne trouvent plus de place dans le spé, ils sont accueillis en classes ordinaires avec, parfois des Avs-i (pas cher, donc bien). L'augmentation des effectifs dans les classes (merci pour les suppressions de postes, trop cher) la nullité de la formation continue (...) le démantellement des Rased, les nouveaux programmes, la nouvelle organisation de la semaine, l'insulte faite aux élèves en difficulté par l'aide personnalisée et les stages de remise à niveau, j'en passe... Voilà selon moi les raisons de la dégradation du climat, du fait que certains élèves font exploser les écoles, que les collègues souffrent de ne pouvoir faire leur métier dans des conditions décentes parcequ'ils sont placés dans des contextes d'exercice impossibles. Et je passe sur les causes sociétales que j'évoquais précédemment. Alors penser qu'on règlerait le problème en mettant ces élèves que le système a généré en dehors du système, en créant des "établissements " à la Sarko pour qu'ils arrêtent de nous empêcher de travailler en paix en nous renvoyant leur souffrance à la figure, c'est partir du postulat que ce sont les élèves qui sont coupables et qu'il faudrait les mettre à part... une forme de ségragation en somme...
tartinette Posté(e) 30 mars 2010 Posté(e) 30 mars 2010 en créant des "établissements " à la Sarko pour qu'ils arrêtent de nous empêcher de travailler en paix en nous renvoyant leur souffrance à la figure, c'est partir du postulat que ce sont les élèves qui sont coupables et qu'il faudrait les mettre à part... une forme de ségragation en somme... Non, en renforçant les structrures existantes par du personnel formé, volontaire, bien rémunéré ...ou en créant de nouvelles avec l'intérêt de ces enfants pour objectif. On est d'accord, c'est très loin de ce que semble proposer le président. Ceux qui comme moi sont intervenus ont exprimé leur accord sur une partie de la phrase : la fait qu'ils doivent être exclus (eh, oui, j'ose le mot, je suis ségrégationiste si tu veux nous appeler comme ç aet je l'assume parfaitement) s'ils ne peuvent respecter les règles d'une classe et profiter de l'enseignement qui s'y déroule. Sur l'autre partie , où ? On sait tous que les structures fermant une à une , il n'y aura bientôt plus d'établissement adapté pour eux ...Donc, les exclure c'est les condamner à ne pas recevoir d'enseignement, c'sst les traiter en coupables peut-être, les "punir" même pas car il est loin d'être sûr qu'un maintien dans nos classes banales soit une solution pour eux. J'aimerais bien trouver une autre solution mais à mon niveau je n'en vois aucune. Je dois faire un choix avec les éléments dont je dispose : faire classe à 28 élèves ou ne pas pouvoir faire classe à 29 élèves. Pour moi, le choix est fait. Sauf que très bientôt, je n'aurai plus le choix ....et je quitterai le métier puisqu'il n'aura plus grand-chose à voir avec celui que j'ai choisi.
Lougabeti Posté(e) 30 mars 2010 Posté(e) 30 mars 2010 J'aimerais bien trouver une autre solution mais à mon niveau je n'en vois aucune. Je dois faire un choix avec les éléments dont je dispose : faire classe à 28 élèves ou ne pas pouvoir faire classe à 29 élèves. Pour moi, le choix est fait. Sauf que très bientôt, je n'aurai plus le choix ....et je quitterai le métier puisqu'il n'aura plus grand-chose à voir avec celui que j'ai choisi. Je pense exactement la même chose...sauf que je vais plus loin! J'ai 3 enfants qui souffrent de ces situations, qui ont des possibilités et que nous allons changer de structures pour ne plus (enfin!) qu'ils soient sacrifiés sur l'autel de la Bonne Conscience Collective!!! Trop, c'est trop, nous, on vient de jeter l'éponge.
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