Goëllette Posté(e) 22 octobre 2010 Posté(e) 22 octobre 2010 Et en même temps, tu sais bien que ce n'est pas possible pour tout le monde ... Je suis d'accord pour ce qui est de la longueur du temps d'apprentissage au regard de ce qu'on apprend réellement et c'est en partie pourquoi le nivellement par le bas m'horripile, car on complait certains élèves dans leurs difficultés (ou pseudos difficultés parfois), et tout en ne les rendant pas plus heureux pour autant, on les prive d'une partie de leurs chances de réussir. Et quelle joie de voir le sourire d'un élève de moyenne section qui réussit enfin à écrire son prénom de trois lettres en capitales, après qu'on lui ait bien rappelé qu'on est à l'école pour apprendre, donc qu'on peut tâtonner, mais qu'on n'a pas lâché prise pour autant (en acceptant qu'il continue à coller une étiquette ou en écrivant à sa place, en attendant que l'illumination lui vienne).
Betba Posté(e) 22 octobre 2010 Posté(e) 22 octobre 2010 Et en même temps, tu sais bien que ce n'est pas possible pour tout le monde ... Oui, oui, c'est bien ce que je disais. C'est une nécéssité, malgré ses défauts, on ne pourrait pas de manière collective se passer d'école Par contre, je suis persuadée que beaucoup plus de souplesse dans les apprentissages ne nuirait à personne
Goëllette Posté(e) 23 octobre 2010 Posté(e) 23 octobre 2010 Tout dépend aussi de ce que tu appelles "souplesse".
Invité mufab Posté(e) 23 octobre 2010 Posté(e) 23 octobre 2010 Justement, je trouve le concept même de "classe" anti-naturel et contre-performant... Aïe, je pense tout le contraire. Si justement tu ne nivelles pas par le bas, il y a des interactions dans une classe, du langage, de la communication... qui permet justement des enrichissements mutuels énormes, tant sur le plan social que sur le plan des savoirs. Et je ne parle pas de l'émulation... Tout dépend ce qu'on met derrière le verbe "différencier". Si on considère par là qu'on admet qu'un élève ne parviendra jamais à atteindre le niveau requis, oui, effectivement je ne différencie pas, car rien que l'idée me choque. On est d'accord Goëlette : les exigences sont les mêmes pour tous. Néanmoins je distingue nettement la différenciation (= ce que tu mets en place pour que chacun s'approprie le même savoir) et l'individualisation, qui consiste à écarter un ou quelques élève(s) des objectifs communs. Là, pour moi, c'est dangereux et pervers.
Goëllette Posté(e) 23 octobre 2010 Posté(e) 23 octobre 2010 C'est effectivement dangereux, mais c'est pourtant malheureusement ce qui se passe souvent. Pour les mêmes raisons, j'ai du mal avec les suivis rased, qui éloignent certains élèves du groupe classe à des moments importants, pour leur faire faire des activités parfois sans rapport avec le scolaire, ce qui leur fait perdre encore plus de distance par rapport aux autres. Et de nombreux élèves sont suivis par le rased de la maternelle au CM, où ils connaissent toujours des difficultés à suivre. Je modère cependant mon propos car je constate heureusement de plus en plus souvent que les maîtres E essaient de coller au travail de classe, surtout quand le suivi a lieu le matin, et qu'en CP, notamment, ils font davantage de lecture et se renseignent sur les sons déjà vus. Il y en a même, et c'est vraiment le must, qui suivent leurs élèves en classe, pendant la leçon, et leur rôle est d'aider ces élèves à intégrer la leçon et à faire le travail écrit. Il y a quelques années en arrière, j'ai eu des élèves qui quittaient la classe en pleine leçon de lecture pour aller faire ... des marionnettes, et le seul lien que le maître E souhaitait avec la classe, c'est la présentation de la saynette aux autres élèves ! A aucun moment il ne demandait quels sons avaient été vus, et les élèves en question et l'enseignant étaient obligés de "bachoter" l'après-midi, lors de moments où les autres avaient une activité récréative, pour rattraper ce qui avait été fait le matin.
Invité mufab Posté(e) 23 octobre 2010 Posté(e) 23 octobre 2010 Il y en a même, et c'est vraiment le must, qui suivent leurs élèves en classe, pendant la leçon, et leur rôle est d'aider ces élèves à intégrer la leçon et à faire le travail écrit. J'en rêve !
Betba Posté(e) 24 octobre 2010 Posté(e) 24 octobre 2010 Justement, je trouve le concept même de "classe" anti-naturel et contre-performant... Aïe, je pense tout le contraire. Si justement tu ne nivelles pas par le bas, il y a des interactions dans une classe, du langage, de la communication... qui permet justement des enrichissements mutuels énormes, tant sur le plan social que sur le plan des savoirs. Et je ne parle pas de l'émulation... Oui, mais il s'agit d'enfant du même âge : pour moi l'idéal de l'intéraction et de l'émulation, c'est avec des gens d'âges, d'origines sociales, culturelles différents. De ce point de vue, je trouve la classe unique, ou la "classe Montessori" (3-6, 6-9, 9-12) bien plus intéressantes : comme dans la société, les plus petits suivent les grands, les plus grands filent un coup de main au plus petits, les petits peuvent se découvrir parfois plus performants que les plus âgés etc. Chacun peut piocher là où il veut (en CM1, par exemple, j'avais le "droit" de faire la dictée des CM2 parce que j'étais vachement bonne en orhographe et que j'aimais ça). Ceci dit, là dessus, l'instruction en famille ne fait pas forcément mieux : elle se base certes sur un noyau humain qui existe depuis toujours ou presque, la famille, mais si elle reste cantonnée à ça, pour le coup, c'est un peu limite niveau interaction. C'est pour ça que les non-scos sortent souvent beaucoup, vont à la rencontre des gens, sinon, ça tourne un peu en rond et ça donne le modèle non-sco religieux américain (je garde mes enfants à la maison et ils ne fréquentent que des gens qui pensent pareil que nous pour éviter les mauvaises influences). Et pour moi, on ne devrait pas lier âge et apprentissage (oui, oui, je rêve), c'est en ça que je parle de souplesse ; j'aime bien une chose du système scolaire public ici aux Etats-Unis : les enfants appartiennent à une classe mais ensuite, il existe plein de niveaux qui permettent aux enfants d'avancer plus vite dans un domaine, moins dans un autre, groupes qui sont évidemment ouverts et les enfants progressent d'un groupe à l'autre, tout en retrouvant trés souvent leur groupe classe pour des activités communes. Je trouve juste complètement dingue qu'on décide que TOUS les enfants de 6 ans doivent apprendre à lire en même temps, au même rythme, que la division doit s'apprendre à tel âge, tous ensemble. Sérieusement, je trouve ça vraiment, vraiment hallucinant qu'on ait eu un jour cette idée
Invité mufab Posté(e) 24 octobre 2010 Posté(e) 24 octobre 2010 Je trouve juste complètement dingue qu'on décide que TOUS les enfants de 6 ans doivent apprendre à lire en même temps, au même rythme, que la division doit s'apprendre à tel âge, tous ensemble.Sérieusement, je trouve ça vraiment, vraiment hallucinant qu'on ait eu un jour cette idée Justement, la mise en place des cycles s'est fondée sur l'idée que l'on puisse apprendre à lire en 3 ans... Certaines écoles, encore rares, privilégient d'ailleurs les classes de cycles même si leurs effectifs leur permettent des niveaux simples. Cela demande des aménagements pédagogiques importants, sans quoi tu dérives vite dans l'occupationnel pour les enfants les plus à l'aise. Mais tu connais les résistances que les cycles ont rencontrées, ainsi que leur remise en cause plus que partielle dans les nouveaux programmes. Parce qu'il s'avère que sur le "terrain", on s'adresse à un groupe qui, même hétérogène, ne peut se gérer par le "préceptorat" (ce qui avait lieu au moyen âge, et qui a montré ses limites dans le sens où : - le maître et sa parole ne sont divisibles à l'infini - l'élève doit pouvoir (et doit apprendre à) intérioriser un discours qui ne s'adresse pas à lui individuellement. Il doit donc être capable, peu à peu, s'il veut réussir dans des groupes scolaires de plus en plus importants, exister et réfléchir sur des sujets communs.) pour moi l'idéal de l'intéraction et de l'émulation, c'est avec des gens d'âges, d'origines sociales, culturelles différents. C'est exactement ce qui se passe dans une classe lambda. Mis à part l'âge, et encore.
Betba Posté(e) 24 octobre 2010 Posté(e) 24 octobre 2010 Mufab : tu as bien de la chance (en vrai, hein, je ne me moque pas) d'enseigner dans des classes culturellement hétérogênes : ma fille est allée une année à l'école, en PS, c'était une école dans un quartier "chic", ben y'avait pas de mélange du tout. Nous vivons, en France, dans un quartier trés populaire et défavorisé, il n'y a pas de mélange non plus Finalement, le mélange socio-culturel, c'est moi qui le provoque en vivant dans ce quartier, en m'impliquant bénévolement, du coup, mes enfants rencontrent des gens (pas que des enfants) de toutes origines, de tout milieu (des trés pauvres, des riches, certains vivent à la campagne, d'autres dans des lofts, dans des HLM), de toutes croyances (des femmes voilées, des cathos, des athés, des alcolos, des racistes, des écolos, des extrêmistes, des modérés, des gens de droite, de gauche, des militants, et même... des PROFS ), ils entendent plein de discours et ça les marque beaucoup parce que ce sont des discours bruts, non formatés. Et ils savent remettre en cause la parole de qq'un : mes enfants ne laissent par exemple pas passer un discours raciste ou homophobe. (et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, il va de soi qu'on peut faire tout ceci ET scolariser ses enfants, je dis juste que l'école pour moi, n'est pas comme on l'entend souvent "le reflet de la société", la société ça n'est pas un groupe d'individu du même âge qui écoute la parole d'un individu plus âgé, parole acceptée sans discuter par ce groupe - et ça serait la même chose dans le cas d'une non-sco enfermée sur elle-même). Sinon, pour les apprentissages : je n'aime pas - mais que ce soit à l'école ou à la maison, hein c'est pareil - le côté artificiel "aujourd'hui, nous allons étudier Napoléon"... mouais... Je sais bien qu'il est trés difficile de faire autrement, mais ça serait l'idéal. Et le coup des cycles : quand on voit la galère que c'est si un enfant lit trop tôt ou trop tard, et puis s'il ne sait pas lire mais qu'il sait déjà diviser, c'est fini! Plus personne ne sait quoi en faire... Et quand on lit des bouquins sur l'enseignement mutuel, je pense - au contraire - que ça reste une piste à explorer, en tout cas, il ne me convainc pas moins que l'enseignement simultané que je trouve trop rigide.
Invité mufab Posté(e) 24 octobre 2010 Posté(e) 24 octobre 2010 Mufab : tu as bien de la chance (en vrai, hein, je ne me moque pas) d'enseigner dans des classes culturellement hétérogênes Quartier mixte, pas classé ZEP, avec HLM et maisons individuelles. Ville de Province, moyenne, on fête l'Aïd et Noël, mes parents d'élèves vont de couples en recherche-galère d'emplois au chef d'entreprise-pharmacien... Je pensais sincèrement ne pas faire figure d'exception.
Betba Posté(e) 24 octobre 2010 Posté(e) 24 octobre 2010 Mufab : tu as bien de la chance (en vrai, hein, je ne me moque pas) d'enseigner dans des classes culturellement hétérogênes Quartier mixte, pas classé ZEP, avec HLM et maisons individuelles. Ville de Province, moyenne, on fête l'Aïd et Noël, mes parents d'élèves vont de couples en recherche-galère d'emplois au chef d'entreprise-pharmacien... Je pensais sincèrement ne pas faire figure d'exception. Honnêtemnt, je ne sais pas si tu fais figure d'exception, j'espère que non... je ne prétends pas rapporter mon expérience perso à la France entière Et quand j'étais petite, c'était pareil : pas de mélange social dans les deux écoles où je suis allée (ville de banlieue dans les Yvelines, et école de village en Normandie). Mais reste la question de l'âge (en gros, quand-même, tous les élèves d'une classe ont le même âge).
Invité mufab Posté(e) 26 octobre 2010 Posté(e) 26 octobre 2010 Mais reste la question de l'âge (en gros, quand-même, tous les élèves d'une classe ont le même âge). Ben justement, c'est quand même pratique. Sans faire de la psychologie à 20 centimes, on peut affirmer qu'il y a quelques grandes étapes dans le développement de l'enfant, qu'ils atteignent tous grosso modo au même âge, et qui permettent de moduler les contenus et les modalités d'enseignement. Je me demande justement si le risque de "clônage" des modes de pensée et des savoirs n'est pas plus grand dans le préceptorat, que dans le passage de classe en classe avec qqs enseignants différents. (Ce n'est pas une attaque, hein, juste une interrogation).
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