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Posté(e)

Voilà, il semblerait que nous soyons déjà plusieurs à vouloir mettre ce projet en place cette année et que nous nous posions déjà beaucoup de questions quant à l'organisation et la préparation à cette activité, donc si cela vous dit d'échanger vos idées, trouvailles et expériences ....

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:smile: Merci Clairoub pour ce post !

Pour ma part, je souhaite mettre en place à la rentrée une lecture en réseau autour des contes détournés. Voilà les références que j'ai déjà :

- « Les contes ; la vérité vraie » de Gudule et Anne Wilsdorf

- « Barbe rose » et « la laide au bois dormant » de Grégoire Solotareff

- « Prince Gringalet » de Bebette Cole

- « Un conte peut en cacher un autre » de Roald Dahl

L'objectif de ce projet, avec une classe de CM2, serais d'écrire une pièce de théâtre en inventant un conte détourné inspiré des lectures faites en classe.

Si vous avez déjà mis en oeuvre un tel projet (soit uniquement théâtre, soit uniquement contes détournés, soit les deux ensemble !), je suis avide de bons conseils, d'erreurs à éviter, de références bibliographique et de documents que vous voudrez bien partager.

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Tu peux aller voir ICI, zanni y propose ses services.

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Tu peux aller voir ICI, zanni y propose ses services.

On vient justement d'y faire un renvoi Dhaiphi, afin de ne pas polluer le post des CM2 (plus général) avec ce projet particulier. :wink:

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Tu peux aller voir ICI, zanni y propose ses services.

On vient justement d'y faire un renvoi Dhaiphi, afin de ne pas polluer le post des CM2 (plus général) avec ce projet particulier. :wink:

Me voilà parmi vous. En effet, je peux vous aider... modestement. Surtout dans le domaine du théâtre, la comédie musicale dépasse mes compétences.

Je suis formateur en théâtre, j'encadre des stages sur comment faire un atelier théâtre ou lire à voix haute. C'est la première fois que j'essayerai d'aider "à l'écrit" ce qui ne sera pas simple tant le théâtre c'est avant tout un art vivant et qu'il n'est pas simple de comprendre ce qui se joue sans l'avoir expérimenté. Mais justement, ça m'intéresse d'essayer de vous aider... modestement.

Le plus simple est peut-être que j'essaye de répondre à vos questions. Quant à moi, avec ce CM2 tout nouveau pour moi à la rentrée, je vais sûrement faire du théâtre avec eux, c'est la seule vraie compétence que je possède ; aussi je partagerai avec vous, si ça vous intéresse, mes expérimentations.

Je sais que je commencerai par des jeux dans l'espace, librement inspiré des travaux de Jacques Lecoq dont le livre "le corps poétique" est une référence. Il existe également un DVD édité sous la houlette de Jean Claude Lallias ancien prof à l'IUFM de Livry Gargan et grand pédagogue. Même si la finalité de l'école de Jacques Lecoq est le jeu masqué, tous les exercices préparatoires sont fondamentaux pour l'atelier théâtre.

En gros, on débute par délimiter un espace qui sera l'espace de jeu, vide, débarrassé de tout, même un bout de préau peut faire l'affaire ; on travaille sur l'équilibre du plateau, sur les vitesses de déplacements et sur l'arrêt qui structure le mouvement comme le silence structure la parole ; c'est pourquoi mouvement du corps et mouvement de la parole se travaillent ensemble....

Ces fondamentaux que sont "silence" et " immobilité " sont mis en avant à la fois par tous les pédagogues du théâtre et les grands réformateurs ( Lecoq, Decroux, Brook, Jouvet, Copeau, Dullin...)

Je vous donnerai des précisions si ça vous intéresse au fur et à mesure. Moi ça me passionne !!!

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Concrètement, peux-tu nous décrire des exercices permettant de mettre en valeur le silence et l'immobilité dans cet espace vide ? (sous la forme de consignes à donner aux élèves par exemple...)

Posté(e)

Quant à moi, avec ce CM2 tout nouveau pour moi à la rentrée, je vais sûrement faire du théâtre avec eux, c'est la seule vraie compétence que je possède ;

Que doit-on comprendre ? :blink:

Posté(e)

Quant à moi, avec ce CM2 tout nouveau pour moi à la rentrée, je vais sûrement faire du théâtre avec eux, c'est la seule vraie compétence que je possède ;

Que doit-on comprendre ? :blink:

Comme je l'ai déjà expliqué je reviens de 14 années de disponibilité pendant lesquels j'ai fait du théâtre en tant que comédien, metteur en scène et formateur ( pour enfants, ados, amateurs, professionnels et enseignants). J'ai animé des ateliers de pratique artistique ( de la 6ème à la Terminale), des classes APAC (du CP au CM2) et j'ai eu pendant 15 ans des ateliers théâtre avec des CE2, CM1 CM2. J'ai passé par ailleurs une licence professionnelle d'encadrement d'atelier théâtre et un Master 2 recherche en études théâtrales...

Donc pour tout ce qui tourne autour des textes à dire ou à jouer, du corps en mouvement ou de la gestion d'un groupe, j'ai pas mal d'expérience,

Par contre avant ma disponibilité j'étais en maternelle .... et à la rentrée je suis en ZEP en CM2.

Est-ce que ça t'éclaire un peu plus ?

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Concrètement, peux-tu nous décrire des exercices permettant de mettre en valeur le silence et l'immobilité dans cet espace vide ? (sous la forme de consignes à donner aux élèves par exemple...)

UP ! :smile:

Posté(e)

Concrètement, peux-tu nous décrire des exercices permettant de mettre en valeur le silence et l'immobilité dans cet espace vide ? (sous la forme de consignes à donner aux élèves par exemple...)

L'objectif est d'aboutir à ce que les enfants puissent se déplacer dans un espace et qu'à un signal sonore ils s'arrêtent tous en regardant avec inquiétude dans la direction du bruit, s'en approchent en formant un choeur, puis constatant qu'il n' y a rien d'inquiétant ni d'intéressant à regarder, retourner à leurs "préoccupations/déplacements" précédents.

Cela correspond à toute situation où une foule reçoit une information en même temps et réagit en même temps ( bruit de pot déchappement dans la rue, explosion, sifflets dans une cour de récré... ou plus simplement quelqu'un qui entre dans la classe ou qui frappe à la porte.)

A partir de cette base là, il suffit qu'un "comédien" fasse quelque chose de différent et on ne voit que lui, ce qui permet de le mettre en évidence... ou de faire rire, c'est l'une des bases du burlesque.

C'est l'arrêt qui va donner l'importance à l'action ; dans les rapports de dominant/dominé, c'est la réponse du dominé ( arrêt, inquiétude) qui donne de la force au dominant. Cela va de Laurel et Hardy à Jean Gabin.

De même la force est donnée par l'arrêt de la voix et du regard : si tu dis "Silence." et que tu mets un "point final" sonore après silence tout en arrêtant ton regard sur un élève et en dirigeant tout ton corps vers lui, tu as toutes les composantes de l'autorité. A l'inverse, si l'intonation de ta voix monte en fin de syllabe, si ton regard passe d'un élève à un autre sans se "poser" et que ton corps fuit en étant de trois quart , tu as les signes extérieures de la faiblesse. Entre les deux, tu peux avoir une sorte de points de suspension de la parole laissant sous entendre un "soyez raisonnables" avec des gestes et un corps détendus. Comme quoi dominé le jeu théâtral permet également de dominer son corps dans les situations de communication notamment seul face au groupe.

Ces petites précisions me semblaient utiles car la progression va prendre de nombreuses séances. Avec des ateliers à un cours par semaine, je fais presque un trimestre de travail sur le corps en mouvement, les textes qui arrive peu à peu au début sont très courts et ce sont avant tout des supports à "exercices de style" à partir desquels on invente des situations. ( La môme néant de Jean Tardieu est un excellent support que j'ai utilisé du CP aux professionnels et dont j'ai utilisé une dizaine de versions dans ma présentation d'atelier de juin avec des CE2, CM1, CM2) )

Concrètement, pour commencer :

Tu délimites un espace et tu demandes aux enfants de se déplacer en silence sans rentrer en contact même visuel entre eux ( comme des gens dans une gare ou un aéroport qui se croisent sans se regarder mais sans se cogner non plus)

A partir de cette base, tu vas ajouter des consignes de plus en plus précises.

- Équilibre du plateau : il faut que pendant ces déplacements les élèves soient toujours répartis dans l'espace ( image de plateau posé sur un pieu central : Jacques Lecoq parle de "chauffer l'espace) et qu'ils "aillent" quelque part. Ce que je veux dire c'est que ces mouvements ne sont pas "à vide", mais dans des directions précises... et droites. En effet quand on va quelque part ( dans une gare, un aéroport, une ville) on avance tout droit tant qu'un "événement extérieur" n'intervient pas ( idée parasite, autre centre d'intérêt, obstacle...).

L'idée est de partir du jeu le plus sobre, le plus simple, il n'y a rien à jouer que d'aller dans une direction de même que lorsque l'on "dit" une phrase on doit aller tout droit au bout du sens.

Cette base servira ensuite dans des mise en espace ou tu mets tout le monde en jeu.

Elle est préparatoire également au travail sur le chœur qui me semble important d'utiliser avec un groupe, ne serait-ce que pour casser l'idée de rôle et privilégier la notion de groupe ( pour info, je partage presque tous les rôles en plusieurs comédiens, ainsi la difficulté est moindre pour chacun et surtout l'idée qui domine est que le projet appartient à l'ensemble des participants sa réussite dépend de tous et non des fameux "premiers rôles")

Et peut-être avant tout cela permet aux timides d'être tout de suite en jeu sans subir le regard des autres.

Il faut privilégier au début ces exercices collectifs sans regards extérieurs sinon le tien.

Entre chaque consigne, demander aux enfants de s'arrêter et leur faire prendre conscience du "déséquilibre du plateau"... à rééquilibrer avant de repartir.

Sur ces premiers déplacements il faut que les corps soient les plus simples, sobres possibles. J'emploie l'image de "Ficelle plafond". On imagine qu'une ficelle fixée au somment du crâne tire le corps vers le haut : cela provoque une tenue du corps et une ouverture au niveau du thorax. Cette image est souvent utilisée dans les cours de danse ( à demander aux enfants qui pratiquent la danse) C'est la même dans les arts martiaux ( je pratique l'Aïkido)

L'idée est qu'à partir de ce maintien de corps on pourra ensuite décider de faire subir à ces corps des déformations selon les corps à incarner.

En ce qui concerne les bras, ils doivent être "bras ficelles", c'est à dire comme si les mains étaient reliées aux épaules par des ficelles.

Pour leur faire prendre conscience de ça, à l'arrêt, je leur propose de faire " bras branches" , donc avec beaucoup de tension, tout en les laissant le long du corps, puis bras ficelle. On le fait plusieurs fois, et on constate que tout le dos se tend, comme lorsqu'on a peur d'aller au tableau.

C'est peut-être assez pour une première explication , surtout si tu as ( ou d'autres ont) déjà des questions ?

Pour info, ensuite on travaille sur les vitesses, de 0 à 9, 0 étant l'immobilité et 9 la vitesse qui précède la course ; sur les corps ( Robots, algues ...).

Ensuite je partage le groupe en deux pour que ceux qui regardent commencent à construire leur regard critique avec toute une série de consignes de prise de parole, que ce soit dans la forme ou les contenus ; on apprend en regardant puis en allant tester sur le plateau si on peut soi même appliquer les remarques que l'on vient de formuler.

Ensuite cette même base de travail est réalisée avec des musiques différentes afin de mettre en valeur l'influence de ces musiques à la fois sur celui qui fait et celui qui regarde.

Voilà, j'espère que ces premiers conseils seront utiles, excusez la longueur de mes explications et de mes digressions, je suis désolé mais je ne sais pas faire court.

Posté(e)

et à la rentrée je suis en ZEP en CM2.

Est-ce que ça t'éclaire un peu plus ?

Oh que oui ! Merci.

Posté(e)

Concrètement, peux-tu nous décrire des exercices permettant de mettre en valeur le silence et l'immobilité dans cet espace vide ? (sous la forme de consignes à donner aux élèves par exemple...)

J'ai oublié de te répondre concernant le silence dans la parole.

C'est plus simple à expliquer.

Rien ne sert de courir / il faut partir à point.

Rien ne sert de courir est ce qu'on appelle la protase : l'idée d'un sens qui monte, comme une fusée de feu d'artifice, et qui crée le suspens ...

il faut partir à point est ce qu'on appelle l'apodose : c'est la résolution.

entre les deux, à l'endroit du / c'est ce qu'on appelle l'acmée : c'est le moment où le suspens est à son maximum , c'est avant que la fusée ne retombe, et c'est l'endroit de la phrase où tu peux te permettre le silence le plus long.

Les protases peuvent être nombreuses, elles entretiennent le suspens et donnent encore plus d'importance à l'acmée.

J'expliquai ça à des élèves de CM1 CM2 , et après leur avoir jouer toute une série de protases , au moment de l'acmée je leur ai demandé " et maintenant, qu'est-ce qu'il se passe ? " L'un deux m'a répondu " C'est la pub !" Il avait tout compris ; la télévision, les séries télé américaines avec coupures publicitaires sont construites comme ça : la pub intervient à l'acmée ( dans l'écriture du scénario àa s'appelle le climax) et l'apodose doit être courte et rapidement déboucher sur une nouvelle protase.

Autre règle de base, c'est le silence qui donne de l'importance aux mots ; comme on encadre des mots sur une feuille on encadre avec des silences les mots à l'oral, avant et après les mots qu'on considère comme importants ( technique utilisée par tous les hommes politiques)

A utiliser avec modération, car si tous les mots ont de l'importance, l'auditeur relâche son attention.

Exemples :

Tous les proverbes sont construits selon cette forme.

Les mots d'esprit s'amuse à bifurquer après l'acmée sur une autre apodose que celle attendue

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise. ou Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse.

Proverbe connu

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin / elle s'emplit.

Beaumarchais Le Mariage de Figaro, Acte 1 scène 2

Beaumarchais s'amuse avec l'horizon d'attente du spectateur.

Le travail sur la lecture à voix haute est un travail sur les coupures de la parole, l'importance des silences, et les mouvements de la pensée de l'auteur.

Pour finir, je vous propose une petite explication utilisée dans le jeu verbal à partir du Corbeau et du renard, car il faut savoir que les fables de La Fontaine sont très difficiles à dire si on ne possède pas de base technique.

Maître Corbeau sur un arbre perché

le jeu verbal ( faire contrôle F puis Corbeau pour trouver le passage en entier que j'ai coupé et vous propose en dessous )

Qu'est-ce qu'un « arbre perché » ? L'on ne dit pas « sur un arbre perché», l'on dit « perché sur un arbre ». Par conséquent, il faut parler des inversions de la poésie; il faut dire ce que c'est que prose et que vers. Rousseau, Émile ou De l'éducation, 2.

Voici l'explication de Bernardy :

" Tant qu'on n'aura pas donné à l'écolier notion de ce qu'est le jeu verbal, il restera pantois devant la chose écrite comme devant un langage énergumène [...]

Si, au regard de la norme du langage qu'il utilise, un enfant prend conscience que « sur un arbre perché » ne veut rien dire, mais que « perché sur un arbre » est habituellement admis comme significatif, et que le poète a joué avec l'ordre des mots, il ouvrira son esprit à d'autres possibles que peut lui offrir son propre langage, il sera prêt à accueillir la nouveauté des langues étrangères contenues dans sa langue maternelle, et, partant, la singularité de celles que l'on parle ailleurs qu'en son pays.

Or le langage énergumène est aujourd'hui le langage officiel véhiculé par les media, avec son vocabulaire réduit, sa syntaxe élémentaire et répétitive, ses tics qui se propagent comme des virus, ses néologismes barbares et ses anglicismes, son phrasé souvent aberrant, conditionné par la lecture d'un texte qui défile sous la caméra. Et je ne parle pas des clichés d'intonation des films doublés. "

Maître Corbeau / sur un arbre / perché // tenait / en son bec / un fromage ou Maître Corbeau / sur un arbre / perché // tenait en son bec un fromage

Les / indiquent des césures, des endroits où on peut couper le flot de la parole.

Maître Corbeau qui était perché sur un arbre tenait un fromage en son bec pourrait être la phrase complète à partir de laquelle le poète à travailler.

Si on l'écrit sur une bande de papier qu'on place au tableau, qu'on supprime et déplace ce qui doit l'être et qu'on scotche les mots restants, cela donne

Maître Corbeau qui était / perché / sur un arbre / tenait / un fromage / en son bec

Maître Corbeau / sur un arbre / perché tenait / en son bec / un fromage

On retrouve les césures.

Je compte faire ce jeu de découpage avec mes élèves cette année.

A suivre ....

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