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Monter une pièce de théâtre ou une comédie musicale


clairoub

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Merci Zanni. Après lecture /relecture et // digestion ... ça devient un peu plus clair.

Une question : dans ta première explication, tu décris le travail sur l'espace et les déplacements. La parole semble être absente dans ces exercices (ou bien ai-je mal compris ...) Tu disais pourtant, plus haut, que le travail du geste et de la parole devaient être liés. Si oui, quand et comment l'introduit-on au niveau des consignes ?

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Merci Zanni. Après lecture /relecture et // digestion ... ça devient un peu plus clair.

Une question : dans ta première explication, tu décris le travail sur l'espace et les déplacements. La parole semble être absente dans ces exercices (ou bien ai-je mal compris ...) Tu disais pourtant, plus haut, que le travail du geste et de la parole devaient être liés. Si oui, quand et comment l'introduit-on au niveau des consignes ?

En effet, au début il n'y a pas besoin de "parole"... avec du sens.

Ce que je demande dans un temps plus ou moins court selon les blocages, c'est que les enfants en se déplaçant chantonnent, comme on chantonne en bricolant ou en se promenant. J'appelle ça la petite musique du personnage.

Quand on commence à inventer des personnages, cela va modifier les chantonnements ;

quand on se déplace comme des robots ou comme des algues, on doit trouver ces chantonnements ou sons correspondant le mieux. Personne n'a juste ou faux, tout le monde cherche.

Il s'agit d'associer mouvements du corps et respiration car souvent lorsque l'enfant (ou l'adulte) est concentré sur la consigne, il oublie de respirer, se crispe et son corps se tend.

Ce que je n'ai pas encore dit, c'est que le mouvement doit partir du regard :

1 : on cherche puis on trouve une direction

2 : on se dirige vers le direction choisie sans que le regard ne se perde ailleurs que sur l'objectif choisi

3 : on s'arrête ( quand on veut en fonction des limites de l'espace et de l'équilibre du plateau à maintenir, ça peut être après 2 pas comme après une traversée complète)

Et on prend son temps entre chaque moment, le moment le plus important étant après le 3

( Revoir Tati, Charlot, tous les grands du burlesque possèdent cette précision-là)

Ramener aux mouvements de la pensée ( Bernardy) 1 et 2 correspondent à la protase et l'arrêt c'est l'acmée... la déception à l'arrêt qui suit est l'apodose.

Pour que les enfants s'amusent avec ça, je leur parle de Spiderman, sauf que là les "fils" sortent par les yeux.

1 : On cherche la cible

2 : on lance les fils, la tête part en premier, le corps suit

3 : Les fils se décrochent et , pour que les enfants ne repartent pas tout de suite, je leur dit qu'ils se transforment en "aspiratorman" , et comme un aspirateur, ils rembobinent les fils.

Ce temps est fondamental, c'est cette immobilité, ce silence dont je parle depuis le début.

Par exemple, Roméo cherche Juliette, il la voit, se précipite vers elle... et s'aperçoit qu'elle embrasse un autre. Ce temps "d'aspiratorman" sera d'autant plus important que l'évènement est important. Si on cherche des céréales dans un rayon de supermarché, et qu'on s'aperçoit qu'il n'y en a plus, on n'accordera très peu de temps à la reception de cette information... ou alors on est dans du burlesque, ce qui est possible : au théâtre on a jamais faux, on s'est juste peut-être trompé de registre.

Tout ça repose sur les phénomènes d'action/réaction : à toute action (entendre des mots prononcés par un autre est une action) correspond une réaction, dans la vie et dans le jeu théâtral, sauf qu'au théâtre c'est en variant ces choses très concrètes que sont le temps que le personnage va prendre avant de proposer une réaction, et la réaction que l'on v choisir que se fonde la direction d'acteurs, même de 10 ans.

On est donc souvent dans des jugements sur le temps, souvent trop court, des réactions.

Ce n'est qu'après tous ces exercices que j'introduis du texte dans une histoire support à ces consignes, une histoire de rêve où l'enfant fait des actions et parle ; j'ai choisi l'idée de rêve car comme ces actions sont répétitives, si ce n'était pas un rêve il y aurait au fur et à mesure modification du comportement.

Les histoires varient... à inventer avec eux.

Une idée : Quand le rêve commence, ils sont dans une forêt cernés d'un cercle d'arbres qui les empêche de faire un pas, et ils disent " C'est par où ? " Puis , quand ils veulent, les arbres s'écartent et un chemin s'ouvre devant eux cerné d'arbres et ils disent " C'est par là ! " Ils s'engagent sur ce chemin ( spiderman) et soudain, quand ils le décident, les arbres se referment autour d'eux et coupent les fils et ils disent "C'est pas par là !... Mais alors, c'est par où ? " Ainsi de suite, toujours en équilibrant le plateau.

Autre idée : au départ ils regardent chacun leur télé, position libre ( sauf tous allongés par terre) leur maîtresse les appelle , ils répondent " Présent" en la regardant; la maîtresse à distance leur tend un contrôle où ils ont 20 sur 20 et ils disent en le voyant de loin " 20 sur 20 ? " Ils se précipitent, prennent (en mime) leur copie, mais quand ils la regardent, leur joie intense s'envole car ils découvrent et disent qu'ils ont " zéro sur 20 !?" Alors ils regardent à nouveau la maîtresse pour lui demander des explications : elle a disparu ; ils regardent à nouveau leur copie : elle a disparu.... alors ils regardent la télé là où ils sont.

L'idée est d'interpréter des premiers mots, avec du jeu, sans le regard de spectateurs, tout en ayant conscience des autres sur scène car il faut respecter l'équilibre du plateau. La "télé" permet d'une part d'avoir des attitudes un peu détendues et surtour d'avoir ce vrai temps d'attente qui permet d'éviter qu'ils n'enchaînent les actions.

L'équilibre du plateau est rarement respecté, de même pour les différentes consignes car ça demande à la fois rigueur et décontraction ; l'idée n'est pas de réussir mais de tendre vers un objectif , l'idéal étant qu'il soit ambitieux : " Le but du voyage, c'est le voyage lui-même" C'est comme ça que je comprends cette citation de Peter Brook

A suivre ....

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D'accord ! Immobilité et silence commencent à prendre tout leur sens dans ma p'tite tête ...

C'est vrai que chaque fois que je me suis trouvée en situation de travailler avec les enfants des petites scénettes, il fallait toujours les freiner dans les enchaînements d'actions ou de répliques, mais à part leur dire de prendre leur temps avant de faire ci ou de dire ça, pas facile de leur faire respecter ces pauses.

Alors je comprends maintenant l'intérêt de tout ce travail préalable.... et surtout l'intérêt d'avoir les conseils d'un pro...

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Merci Zanni ! Je relirai plusieurs fois tes explications pour bien me les approprier, mais tout ceci est très instructif ! :smile:

Penses-tu préparer une progression, des fiches de préparation de séquences pour ton projet théâtre ? Serais-tu prêt à partager ces documents ?

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Merci Zanni ! Je relirai plusieurs fois tes explications pour bien me les approprier, mais tout ceci est très instructif ! :smile:

Penses-tu préparer une progression, des fiches de préparation de séquences pour ton projet théâtre ? Serais-tu prêt à partager ces documents ?

oui ... à tout.

Je peaufine cette progression depuis une dizaine d'années, à l'oral, et je compte bien à l'occasion de mon retour dans l'enseignement tout mettre à l'écrit pour affiner progression et concept et également le transmettre à d'autres.

Je compte tester d'autres approches, notamment l'acupression le matin, technique que j'ai apprise en aïkido qui permet de mettre en éveil les corps et les "têtes" afin d'être prêt à pratiquer ; ça me semble intéressant de préparer les enfants, de les "éveiller" en début de journée. En faisant passer ça avec l'aïkido et ce que ça véhicule comme image , art martial, samouraï, ça va peut-être leur plaire...

Je teste ça en septembre

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  • 2 semaines plus tard...

Cela fait plusieurs années que nous avons des projets théâtre avec ma collègue (nous sommes toutes les 2 en CE1).

L'an dernier, nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec un intervenant théâtre! Lui et notre intervenante musicienne ont été super et se sont beaucoup investis dans ce projet!

Nous avons d'abord travaillé seules avec les élèves sur les déplacements, le corps, les mimes, les émotions...

Nous voulions faire écrire la pièce aux enfants et avons travaillé en classe les contes.

A partir de là, les enfants ont imaginé l'histoire et le résultat a été très chouette!

Nous avions donc la trame de l'histoire et le comédien a travaillé avec les élèves sur les dialogues de la pièce... Notre intervenante musicienne a composé elle-même les chansons en rapport avec notre pièce!

Nous sommes une école en zone violence, on avait monté la pièce avec nos 2 classes (52 élèves!)et les enfants se sont beaucoup investis!

On adore faire du théâtre car les enfants aiment beaucoup et certains sont réellement surprenants! Beaucoup de compétences sont travaillées et c'ets un vrai plaisir de montre la pièce avec eux (même si c'est épuisant!!!)

On recommence cette année!

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  • 2 semaines plus tard...

Merci Zanni de nous faire partager tes compétences. J'ai déjà mis en scène 5 pièces (dont une comédie musicale) avec mes élèves (CP, CE1, CE2 ou CM1), c'est une activité passionnante, qui demande beaucoup d'investissement et je remets ça cette année. Je choisis des pièces déjà écrites par contre, je n'ai pas le courage de leur faire écrire la pièce en plus de la leur faire jouer.J'attends également avec impatience la suite de ton partage !!

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Je serais vraiment très intéressée d'avoir des exemples de fiches de préparation d'exercices autour du jeu théâtral. Zanni, ce que tu nous as longuement expliqué est très intéressant mais je ne m'imagine pas en train de la faire car j'ai peur de donner les mauvaises consignes, les mauvaises indications aux élèves...

Si quelqu'un a ce genre de fiche et veut bien les partager, cela m'aiderait beaucoup.

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Très très intéressant !!!

Bonjour,

Ce que tu as fait dans ta classe a l'air très sympa et se rapproche beaucoup de ce que je souhaiterai faire avec ma classe de CM2 à savoir, écrire une histoire policière, retravailler les dialogues afin d'en faire une petite pièce et mêler à tous cela quelques musiques grâce à notre intervenante en musique.

Pourrai tu m'éclairer davantage sur ton projet?

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Concrètement, peux-tu nous décrire des exercices permettant de mettre en valeur le silence et l'immobilité dans cet espace vide ? (sous la forme de consignes à donner aux élèves par exemple...)

L'objectif est d'aboutir à ce que les enfants puissent se déplacer dans un espace et qu'à un signal sonore ils s'arrêtent tous en regardant avec inquiétude dans la direction du bruit, s'en approchent en formant un choeur, puis constatant qu'il n' y a rien d'inquiétant ni d'intéressant à regarder, retourner à leurs "préoccupations/déplacements" précédents.

Cela correspond à toute situation où une foule reçoit une information en même temps et réagit en même temps ( bruit de pot déchappement dans la rue, explosion, sifflets dans une cour de récré... ou plus simplement quelqu'un qui entre dans la classe ou qui frappe à la porte.)

A partir de cette base là, il suffit qu'un "comédien" fasse quelque chose de différent et on ne voit que lui, ce qui permet de le mettre en évidence... ou de faire rire, c'est l'une des bases du burlesque.

C'est l'arrêt qui va donner l'importance à l'action ; dans les rapports de dominant/dominé, c'est la réponse du dominé ( arrêt, inquiétude) qui donne de la force au dominant. Cela va de Laurel et Hardy à Jean Gabin.

De même la force est donnée par l'arrêt de la voix et du regard : si tu dis "Silence." et que tu mets un "point final" sonore après silence tout en arrêtant ton regard sur un élève et en dirigeant tout ton corps vers lui, tu as toutes les composantes de l'autorité. A l'inverse, si l'intonation de ta voix monte en fin de syllabe, si ton regard passe d'un élève à un autre sans se "poser" et que ton corps fuit en étant de trois quart , tu as les signes extérieures de la faiblesse. Entre les deux, tu peux avoir une sorte de points de suspension de la parole laissant sous entendre un "soyez raisonnables" avec des gestes et un corps détendus. Comme quoi dominé le jeu théâtral permet également de dominer son corps dans les situations de communication notamment seul face au groupe.

Ces petites précisions me semblaient utiles car la progression va prendre de nombreuses séances. Avec des ateliers à un cours par semaine, je fais presque un trimestre de travail sur le corps en mouvement, les textes qui arrive peu à peu au début sont très courts et ce sont avant tout des supports à "exercices de style" à partir desquels on invente des situations. ( La môme néant de Jean Tardieu est un excellent support que j'ai utilisé du CP aux professionnels et dont j'ai utilisé une dizaine de versions dans ma présentation d'atelier de juin avec des CE2, CM1, CM2) )

Concrètement, pour commencer :

Tu délimites un espace et tu demandes aux enfants de se déplacer en silence sans rentrer en contact même visuel entre eux ( comme des gens dans une gare ou un aéroport qui se croisent sans se regarder mais sans se cogner non plus)

A partir de cette base, tu vas ajouter des consignes de plus en plus précises.

- Équilibre du plateau : il faut que pendant ces déplacements les élèves soient toujours répartis dans l'espace ( image de plateau posé sur un pieu central : Jacques Lecoq parle de "chauffer l'espace) et qu'ils "aillent" quelque part. Ce que je veux dire c'est que ces mouvements ne sont pas "à vide", mais dans des directions précises... et droites. En effet quand on va quelque part ( dans une gare, un aéroport, une ville) on avance tout droit tant qu'un "événement extérieur" n'intervient pas ( idée parasite, autre centre d'intérêt, obstacle...).

L'idée est de partir du jeu le plus sobre, le plus simple, il n'y a rien à jouer que d'aller dans une direction de même que lorsque l'on "dit" une phrase on doit aller tout droit au bout du sens.

Cette base servira ensuite dans des mise en espace ou tu mets tout le monde en jeu.

Elle est préparatoire également au travail sur le chœur qui me semble important d'utiliser avec un groupe, ne serait-ce que pour casser l'idée de rôle et privilégier la notion de groupe ( pour info, je partage presque tous les rôles en plusieurs comédiens, ainsi la difficulté est moindre pour chacun et surtout l'idée qui domine est que le projet appartient à l'ensemble des participants sa réussite dépend de tous et non des fameux "premiers rôles")

Et peut-être avant tout cela permet aux timides d'être tout de suite en jeu sans subir le regard des autres.

Il faut privilégier au début ces exercices collectifs sans regards extérieurs sinon le tien.

Entre chaque consigne, demander aux enfants de s'arrêter et leur faire prendre conscience du "déséquilibre du plateau"... à rééquilibrer avant de repartir.

Sur ces premiers déplacements il faut que les corps soient les plus simples, sobres possibles. J'emploie l'image de "Ficelle plafond". On imagine qu'une ficelle fixée au somment du crâne tire le corps vers le haut : cela provoque une tenue du corps et une ouverture au niveau du thorax. Cette image est souvent utilisée dans les cours de danse ( à demander aux enfants qui pratiquent la danse) C'est la même dans les arts martiaux ( je pratique l'Aïkido)

L'idée est qu'à partir de ce maintien de corps on pourra ensuite décider de faire subir à ces corps des déformations selon les corps à incarner.

En ce qui concerne les bras, ils doivent être "bras ficelles", c'est à dire comme si les mains étaient reliées aux épaules par des ficelles.

Pour leur faire prendre conscience de ça, à l'arrêt, je leur propose de faire " bras branches" , donc avec beaucoup de tension, tout en les laissant le long du corps, puis bras ficelle. On le fait plusieurs fois, et on constate que tout le dos se tend, comme lorsqu'on a peur d'aller au tableau.

C'est peut-être assez pour une première explication , surtout si tu as ( ou d'autres ont) déjà des questions ?

Pour info, ensuite on travaille sur les vitesses, de 0 à 9, 0 étant l'immobilité et 9 la vitesse qui précède la course ; sur les corps ( Robots, algues ...).

Ensuite je partage le groupe en deux pour que ceux qui regardent commencent à construire leur regard critique avec toute une série de consignes de prise de parole, que ce soit dans la forme ou les contenus ; on apprend en regardant puis en allant tester sur le plateau si on peut soi même appliquer les remarques que l'on vient de formuler.

Ensuite cette même base de travail est réalisée avec des musiques différentes afin de mettre en valeur l'influence de ces musiques à la fois sur celui qui fait et celui qui regarde.

Voilà, j'espère que ces premiers conseils seront utiles, excusez la longueur de mes explications et de mes digressions, je suis désolé mais je ne sais pas faire court.

Merci pour ces conseils! C'est très intéressant ! :applause: Ah si je t'avais rencontré avant ! Il y a deux ans, on a monté une comédie musicale (mon cm1+un cm2d'une collègue) et tes conseils m'auraient aidée sans aucun doute!! Nous n'avions pas d'intervenants, pas de subventions classe à PAC, pas de soutien de la direction :thumbdown: Ce fut très difficile, surtout l'utilisation de l'espace et les rentrées et sorties des différents élèves/acteurs. Le résultat fut quand même pas mal avec un investissement à 200% des élèves!

Cette année je descends en CP et je vais travailler sur les 5 sens! Je compte bien mettre en pratique tes conseils.

A bientôt!

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