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C’est le livre choc de la rentrée. "On achève bien nos écoliers" (Grasset), risque de faire du bruit dans les salles de profs et les réunions de parents. Pour le journaliste anglais Peter Gumbel, notre système d’éducation, élitiste et passéiste, n’est qu’une machine à broyer les élèves et à produire, en masse, de l’échec scolaire. Extraits.

« Entre toutes les nécessités du temps, entre tous les problèmes, j’en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j’ai d’âme, de cœur, de puissance physique et morale, c’est le problème de l’éducation du peuple », disait Jules Ferry, grand réformateur de l’éducation. Ses mots continuent de résonner aujourd’hui, 130 ans plus tard. […]

Comme il est étonnant alors, de constater à quel point la réalité des écoles françaises aujourd’hui est éloignée de ces nobles idéaux. Bien sûr, la vie n’a pas toujours l’élan positif qui traverse les Choristes ou Le Cercle des poètes disparus. Toujours est-il que le système actuel d’éducation non seulement ne correspond pas à son image idéale, mais n’atteint pas non plus le même niveau de résultats que dans une grande partie de l’Europe et du monde développé.

Comment est-il possible que 15% des élèves entrant en classe de sixième ne sachent pas correctement lire et écrire ? Que 130 000 jeunes quittent l’école chaque année sans diplôme ni qualification. Que, dans un pays obsédé par la notion d’égalité, les jeunes dont les parents sont travailleurs indépendants, cadres, enseignants ou issus des professions intermédiaires, aient deux fois plus de chance d’accéder à l’enseignement supérieur que les enfants d’ouvriers et d’employés ? Que, malgré toutes les discussions sur la nécessité d’excellence et l’accent mis sur la formation des élites, la moyenne des jeunes Français n’obtienne que des scores médiocres lors de tests comparatifs internationaux. […] Prenez l’étude PISA 2003 qui se focalise sur les mathématiques. La France, pays de matheux, compte seulement 3,5% d’élèves qui atteignent le niveau 6, le plus haut niveau, autrement dit celui des excellents élèves. En Finlande, en Suisse, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande, ce pourcentage et deux fois plus élevé.

Championne du stress

Dans les enquêtes internationales, les enfants français sont dans l’ensemble plus anxieux et intimidés dans une salle de classe et davantage angoissés par le peur de l’échec. Ils manquent de confiance en eux, même lorsqu’ils connaissent leurs leçons, et éprouvent le sentiment que leurs professeurs ne les aident pas.

Les élèves français préfèrent aussi ne pas répondre que de prendre le risque de faire une erreur. […] Je trouve le taux de non-réponse fort intéressant. Car la France est le seul pays où le « hors sujet » soit perçu comme un péché capital, un acte d’extrême nullité automatiquement sanctionné –et même sévèrement- par des générations de profs. Ceci est grotesque. La rigueur et la discipline intellectuelles sont bien sûr importantes, mais l’imagination et l’expérience également. La réticence des jeunes Français ne serait-ce qu’à tenter de répondre à une question est symptomatique d’un système où les enfants ont été conditionnés à « la fermer » plutôt qu’à exprimer ce qu’ils pensent, par peur de se tromper. Ce système promeut l’effacement de soi, le conformisme et l’obéissance aveugle au détriment du sens de l’initiative et de la curiosité intellectuelle.

Commentaire de Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’Education

« L’éducation en France a toujours insisté sur le développement de la raison –donc la mise sous le boisseau de la subjectivité- en visant une sorte d’idéal unique de culture. Nous en gardons les traces. L’école continue d’imposer sa norme. Nos manières de contrôler et d’évaluer découragent la créativité, l’engagement personnel de l’élève. D’où cette relative passivité que déplore Peter Gumbel. Si les élèves ne posent guère de questions en cours, c’est qu’ils ne se sentent pas vraiment concernés par ce qu’on leur dit. Ou bien ils craignent d’être stigmatisés par leurs camarades, peur qu’on se moque d’eux s’ils tâtonnent ou, simplement, s’ils sortent du rang. Le professeur a du mal à faire de sa classe un espace hors-menaces où l’on peut se tromper sans risque. »

Des méthodes rétrogrades

A partir des années 50,dans toute l’Europe, le nombre de jeunes qui poursuivaient leurs études jusqu’à la fin du second cycle a commencé à croître.

L’augmentation massive du nombre d’élèves […] ne crée pas seulement un problème matériel concernant les salles de classes et les professeurs ; cela requiert aussi un changement dans les mentalités et les méthodes d’enseignement. L’éducation n’étant plus réservée à une élite restreinte, les anciens critères de sélection doivent donc être révisés. En classe également, de nouvelles techniques sont désormais requises afin d’aider une population beaucoup plus large et plus hétérogène à atteindre un niveau acceptable. […]De nombreux pays ont revu leurs méthodes d'enseignement dans la perspective de porter une bien plus large proportion de jeunes à un niveau d'études élevé. [...]

Mais la France, elle, n’a pas fait sa révolution culturelle […] p 49 nombre d’enseignants réutilisent les mêmes méthodes que celles qu’ils ont connues enfants. C’est-à-dire une approche frontale, où l’enseignant est à la tête de la classe, transmettant les connaissances aux enfants qui les reçoivent et les mémorisent de manière passive. Même pour ceux qui refusent de telles méthodes, qui réorganisent la salle de classe et font de leur mieux pour encourager et motiver les enfants, les tests et les notes tiennent une place si prépondérante que leur marge de manœuvre est fortement limitée. Il semble inévitable que les enfants soient classés, rivalisant, ainsi, les uns avec les autres ».

Commentaire de Patrick Gonthier, secrétaire général de l’UNSA Education, deuxième organisation syndicale enseignante.

« Peter Gumbel met le doigt là où ça blesse. Il ouvre la boîte noire de la salle de classe. Nos collègues enseignants peuvent prendre ça pour une agression. Pourtant, ils ne sont pas en cause. C’est toute l’école française qui est rétive aux changements. Elle reste profondément élitiste, vouée au classement et à la sélection des meilleurs. Pour que ça change, et que d’autres méthodes d’enseignement soient introduites dans les classes, il faudrait qu’il y ait un consensus fort, un accord partagé par tous, les professeurs, les parents, les politiques, pour remettre en cause cet élitisme et mettre en œuvre la réussite pour tous à l’école. Nous en sommes loin. »

Trop de redoublements

Au collège John Adams de Santa Monica, en Californie, presque aucun jeune ne redouble de classe, aussi mauvais que soient ses résultats scolaires. Ce collège public est à moins de 2 km de la plage et certains des 950 élèves vivent juste à côté, dans des maisons valant 1 million de dollars ou plus. Ils se rendent à l’école dans de grosses berlines allemandes. Mais une partie importante d’entre eux vit dans des HLM, plus au sud ou à l’est. Ce sont pour beaucoup des immigrants mexicains de la première ou de la deuxième génération. Ils arrivent, eux, dans des bus jaunes gérés par la municipalité. Martha Shaw, la directrice de John Adams, affirme que cette diversité est son plus gros défi. Tout comme le milieu socio-économique, le niveau d’éducation de ces jeunes varie radicalement. Certains visent déjà Harvard ; d’autres ont des difficultés à lire à l’âge de 12 ans.

Durant les cinq années où elle a été la principale de John Adams, Martha Shaw n’a fait redoubler que deux enfants, et à chaque fois, « cela fut une horrible décision » à prendre, explique-t-elle. « Cela ne marche vraiment pas à cet âge-là. Ils sont tellement en colère qu’ils échouent partout l’année suivante. […] »

Comme la plupart des écoles américaines, John Adams se démène pour récompenser la réussite des élèves et motiver chacun d’entre eux. Elle honore les succès de tous types […].

En France, à l’inverse, 57% des élèves redoublent au cours de leur scolarité, en dépit des nombreuses études qui montrent que cela n’est pas utile.

Commentaire de Claude Rebaud, président d’Education et Devenir.

« De 1998 à 2007, j’ai été proviseur à la cité scolaire d’Andrézieux-Bouthéon, près de St Etienne, qui accueille 1800 élèves. 25% d’entre eux redoublaient à la fin de la seconde. J’ai décidé de faire baisser ce taux, alors j’ai d’abord fait campagne auprès des enseignants. Puis j’ai choisi avec soin les professeurs principaux, leur avis étant déterminant pour le passage ou non dans la classe supérieure. Nous avons adopté une charte du conseil de classe, pour qu’on y parle de l’élève, sans le juger. Cela incitait à réfléchir autrement à ses difficultés, à essayer de lui trouver des solutions mieux ajustées. Les enseignants n’étaient pas seuls responsables du taux élevé de redoublement, souvent, les parents eux-mêmes le demandaient pour que leur enfant puisse passer en première S l’année suivante. On leur a montré, statistiques à l’appui, que la filière S n’est pas le sésame pour l’enseignement supérieur. Mieux vaut avoir réussi en série technologique que galéré en série scientifique. Le taux de redoublement a fini par tomber à 13% ».

Les ravages de la notation

Si le redoublement est une maladie, le système français de notation, lui, peut tuer. C’est une véritable plaie qui exerce des effets nuisibles sur le moral, la confiance en soi et les performances des élèves. […]

En effet, le trait principal du système français ressemble à une distribution de type Gaussien. Les notes sont censées former une très jolie courbe en cloche, avec une majorité d’élèves groupés au centre. Certains approchent du haut de la courbe mais plus leur nombre diminue plus les notes augmentent. Par ailleurs, on trouve des élèves dispersés en bas ou près du bas de la courbe. La seule question est de savoir où est le point limite, mais une fois que cela est décidé –voilà : les élèves sont classés entre les bons, les moyens et les faibles. […]

Le problème avec ce système, c’est qu’il requiert des notes faibles pour fonctionner. Ce que André Antibi, professeur à l’université Paul-Sabatier de Toulouse décrit comme une « constante macabre ». […]

La recherche sur les méthodes d’évaluation ouvre des voies radicalement opposées aux pratiques françaises.

Les chercheurs britanniques Black et William […] montrent que les remarques constructives sont plus utiles que de distribuer des notes. L’idée de comparer continuellement les élèves les uns avec les autres ne les aide pas à s’améliorer, mais au contraire renforce le sentiment d’échec parmi les moins bons, les persuadant qu’ils sont incapables d’apprendre. Les remarques doivent se concentrer sur ce que l’élève a bien fait et sur ce qu’il a besoin de travailler pour s’améliorer. En d’autres termes, l’élève est évalué par rapport à lui-même et non par rapport aux autres.

Réponse d’André Antibi, professeur de mathématiques à l’Université Paul Sabatier de Toulouse (1)

« Je ne défends pas la suppression des notes, ce ne serait pas réaliste. Mais je défends une autre notation, basée sur la confiance. 30 000 professeurs, de maths, de français, d’histoire…de l’école primaire à la terminale, l’appliquent déjà. Ils offrent à tous la possibilité de réussir. Le principe est simple : le professeur distribue à l’avance la liste des exercices que les élèves doivent pouvoir refaire. Le jour du contrôle, il en choisit quelques uns. Pas de mauvaise surprise pour les élèves, donc. Seul un petit nombre de points est réservé (4 sur 20 par exemple) à une question qui fait appel à plus de créativité. Résultat : les élèves ont de bonnes notes, ils reprennent confiance en eux, et ils travaillent mieux ».

(1) André Antibi, « Les notes : la fin du cauchemar », Editions Math’Adore, 2007

Des profs déresponsabilisés

Citant Andreas Schleicher, à la tête de la direction de l’Education de l’OCDE, Pierre Gumbel critique « le mode industriel d’enseignement du XIXe siècle » en France.

Il s’agit d’un modèle extrêmement directif dans lequel le gouvernement décide du programme dans les moindres détails, depuis le nombre exact d’heures consacrées à chaque matière jusqu’à l’ordre précis dans lequel les connaissances doivent être acquises. Quels que soient leur formation et leur professionnalisme, les enseignants sont traités comme des ouvriers d’usine dont la fonction est d’appliquer le programme tel qu’il leur a été ordonné de le faire. Ils le font souvent de manière isolée, sans aucune aide ou presque, avec une formation quasi inexistante aux méthodes vraiment employées sur le terrain.

Sans parler de la surveillance de l’inspecteur de l’éducation nationale, sorte de p 92 deux ex machina qui détermine toutes les actions, regarde par-dessus l’épaule des professeurs et fond ensuite sur eux, en intervenant quand bon lui semble.

Réponse de Daniel Robin, co-secrétaire national du SNES, principal syndicat enseignant du secondaire.

« Oui, nous avons des programmes nationaux, mais c’est une nécessité, pour maintenir des examens nationaux qui assurent l’égalité entre les élèves. Quant au manque de liberté des professeurs…le propos est très exagéré. Dans sa classe, le professeur organise la progression de son cours comme il veut. Il se sent personnellement responsable des progrès de ses élèves. Et cela ne me semble pas scandaleux qu’il soit évalué, -connaissez-vous en France une seule profession où l’on ne l’est pas ? Cela dit, on souhaiterait évidemment que les inspecteurs s’occupent davantage d’aider et de conseiller les enseignants que de les sanctionner ».

L’élite française : le syndrome de Stockholm

La première scène du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick sur la guerre du Vietnam, Full Metal Jacket, montre un groupe de nouvelles recrues du corps des Marines dont on passe le crâne à la tondeuse électrique. La scène se déroule à Parris Island, base des Marines en Caroline du Sud, où les jeunes incorporés se préparent à la guerre. Pendant les quarante minutes qui suivent, l’action porte sur celui dont le métier est de briser ces hommes, le brutal sergent Hartman, interprété par R. Lee Ermey. Celui-ci ne parle pas, il hurle. Il insulte les recrues, les traite de bons à rien et les ridiculise en les qualifiant de « tapettes ». Au moindre signe de rébellion, il les frappe. Il crie « Vous n’êtes pas ici pour vous amuser, bande de larves ! Vous allez me détester parce que je suis sévère, mais plus vous me haïrez, plus vous progresserez ».

Il n’y a pas grand-chose de commun entre Parris Island en 1967 et Les Editeurs, café huppé du sixième arrondissement de Paris où je suis assis en compagnie de trois étudiantes en Master à Sciences Po, par une chaude soirée de juin 2009. Je les ai invitées à prendre un verre, car elles ont étudié au sein des meilleures Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles. […]

Pendant que nous sirotons notre Perrier, les jeunes femmes commencent à raconter leur expérience. Au premier abord, elles semblent enthousiastes. Ca a été dur, mais ça en valait la peine, insistent-elles, les yeux étincelants à l’évocation de leurs souvenirs. Mais alors que, continuant à discuter, elles commencent à analyser plus profondément par quoi elles sont passées, j’ai soudain un flash –et quelques-unes de ces scènes de Full Metal Jacket que j’ai évoquées plus haut jaillissent dans ma tête. […]

Le fonctionnement de la prépa s’est avéré encore plus austère et éprouvant que je l’avais imaginé. On prend un groupe de jeunes gens particulièrement brillants, on les enferme ensemble à l’écart du monde pendant deux ou trois ans et on les pousse au bout de leurs limites. Si vous survivez, vous en sortez renforcé et vous vous identifiez avec les systèmes en dépit des épreuves subies. Si l’on était cynique, on pourrait décrire ce processus comme une forme du syndrome de Stockholm, au cours duquel les otages en viennent à s’identifier à leurs ravisseurs.

[…] Dans les pays anglo-saxons, les facultés intellectuelles sont importantes, mais ne sont pas tout. La personnalité, la coopération, les centres d’intérêt et les expériences personnelles qui contribuent à former le caractère sont tout aussi importants. Alors que les étudiants français les plus brillants sont coupés du monde, beaucoup de leurs contemporains britanniques ou américains partent découvrir le monde en prenant une année sabbatique à l’étranger, entre le lycée et l’Université. Cela leur permet de gagner en maturité dans d’autres domaines que la connaissance purement intellectuelle –et de prendre du bon temps.

La quête du Graal

A travers le monde, de nombreux pays ont envisagé de combiner une culture scolaire moins rébarbative que celle qui existe en France avec une rigueur intellectuelle plus importante qu’aux Etats-Unis. L’idée de trouver le juste équilibre entre l’excellence académique et le développement personnel des élèves, est devenu le Saint-Graal de la pédagogie mondiale. […]

Il y a un pays en Europe qui a fondamentalement transformé son système éducatif, à l’origine assez proche de celui de la France d’aujourd’hui. Il a utilisé des méthodes intelligentes se concentrant sur le bien-être individuel des élèves, en mettant l’accent sur le professionnalisme des enseignants, fortement encouragé, et en changeant radicalement la relation entre les écoles et les responsables des politiques éducatives. Les résultats sont spectaculaires : il est devenu la star du test PISA, le chouchou de l’éducation mondiale, le modèle que tout le monde veut comprendre. Ce pays, c’est la Finlande.

Le bonheur à l’école ?

L’une des questions les plus importantes est de savoir si les écoles ne devraient pas accorder moins d’importance aux performances académiques et laisser plus de place à d’autres éléments comme l’épanouissement individuel, le développement de la créativité ou le renforcement de la confiance en soi. Ceci risque de provoquer chez les traditionalistes français une crise d’apoplexie, mais dans de nombreux autres pays, les réussites non académiques représentent des objectifs éducatifs légitimes.

[…] l’une des grandes découvertes de la psychologie moderne est que le bonheur est un ingrédient clef d’un apprentissage réussi. Si vous appréciez ce que vous apprenez, cela vous stimule, et déclenche un cercle vertueux. […]

En 2008, Nicolas Sarkozy a demandé à Joseph Stiglitz, le prix Nobel d’Economie, de proposer de nouvelles statistiques qui prendraient en compte le bien-être, plutôt que seulement les chiffres usuels de production et de consommation.[…]

Il est temps pour le Président de commander un nouveau rapport, cette fois-ci sur la manière d’introduire le bonheur dans les écoles françaises.

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Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

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Ce journaliste a-t-il écrit quoi que ce soit sur le système éducatif de son pays ? D'autres pays européens ?

Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

On peut voir ça sous cet angle. Il n'empêche que l'acteur et l'observateur que je suis du système éducatif français est en grande partie d'accord avec l'analyse qu'il en fait.

Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

On peut voir ça sous cet angle. Il n'empêche que l'acteur et l'observateur que je suis du système éducatif français est en grande partie d'accord avec l'analyse qu'il en fait.

Il est vrai que dans toute cette littérature (parfois contradictoire, je l'ai précisé) il y a de pertinents éclairs de lucidité.

J'apprécie d'ailleurs plus les écrits émanant de personnes encore en activité et témoignant de leur désarroi ou de leurs inquiétudes.

Je souhaite que chacun de ces critiques œuvre de son côté pour mettre sa pratique en accord avec ses convictions.

Ce qui n'est pas le cas de ceux qui fuient au bout de deux ans, comme on le voit trop souvent hélas...

Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

Vous avez tout à fait raison

Mais vous omettez un élément essentiel, qui fait que je ne suis pas d'accord avec vous - votre position est incomplète, et ce qui manque est primordial

en effet il y a un agenda médiatico-éditorial qui fait de la rentrée scolaire un moment de choix pour fourguer des livres sur l'école et le système éducatif

en effet un nombre important de ces ouvrages n'ont pas d'autres intérêts que de nous aider à percevoir à quel point on peut à peu près publier n'importe quoi aujourd'hui, et surtout des points de vue absolument pas éclairés ni éclairants, et bien souvent extrêmement réactionnaire

en effet ceci nous invite à considérer les dommages que l'invasion de la caution scientifique par le mauvais journalisme peut causer - le plus souvent, les auteurs de ces "livres-chocs" sont des benêts qui ignorent à peu près tout de l'état des connaissances sur ce qu'ils écrivent mais qui bénéficient de puissants plans de promotion (bien articulés autour de ce que Pierre Bourdieu nommait avec raison le principe de "circulation circulaire de l'information" entre chaque média : si un en parle, ils vont tous en parler, faudrait pas être à la bourre non plus des fois hein)

seulement, ceci ne doit pas nous masquer le fait qu'au milieu du torrent de livres sans intérêt (autre que celui de nous faire réaliser l'état de délabrement de la surface médiatique en matière de sélection de la pensée à présenter au plus grand nombre - mais il faut dire qu'on a des BHL et des Attali chez nous aussi, présentés par les médias dominants comme le must en matière d'intellectuel, ce qui fait frémir quand même) il y a ou peut avoir de vrais livres vraiment intéressant

et cela ne doit pas nous faire croire non plus que notre système éducatif n'a aucune critique à recevoir, et qu'aucune ne peut porter

seulement la critique, pour être efficace, doit être radicale, au sens premier (centrée sur les racines), donc nécessairement historique

c'est là un (je dirais même "le") premier indice pour juger et jauger de la qualité d'un livre qui se propose de critiquer le système éducatif français : c'est le degré de son adossement aux connaissances historiques en la matière (qui est un corps vivant, et qui connaît encore de nombreux travaux, débats, divergences, etc.)

bref : oui le livre sur l'école est un marronnier, oui c'est souvent piteux, mais cela ne doit pas conduire à considérer que toute critique de l'école est le fait de "pourfendeur" et de "donneur de leçon" : ne pas, surtout ne pas opérer de telle réductions (en voilà une, de leçon, n'est-ce pas ?)

(petite précision : je n'ai pas d'avis sur ce livre, je ne l'ai pas lu)

cordialement

Posté(e)

je vais me procurer ce livre pour y jeter un oeil

il ose écrire ce que beaucoup pense tout bas

il est vrai que notre système éducatif va mal mais ce qui va mal aussi c'est le "Système Educatif " dans son ensemble avec tous les partenaires de l'enfant parlons un peu des parents aussi

Posté(e)

Il n'empêche que l'acteur et l'observateur que je suis du système éducatif français est en grande partie d'accord avec l'analyse qu'il en fait.

Parole, parole, parole, parole, parole

encore des paroles qu'il sème au vent...

J'ai de super références culturelles, non ? :wink:

Dalida, Delon 1973 pour les incultes. :lol:

Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

Vous avez tout à fait raison

Mais vous omettez un élément essentiel, qui fait que je ne suis pas d'accord avec vous - votre position est incomplète, et ce qui manque est primordial

en effet il y a un agenda médiatico-éditorial qui fait de la rentrée scolaire un moment de choix pour fourguer des livres sur l'école et le système éducatif

en effet un nombre important de ces ouvrages n'ont pas d'autres intérêts que de nous aider à percevoir à quel point on peut à peu près publier n'importe quoi aujourd'hui, et surtout des points de vue absolument pas éclairés ni éclairants, et bien souvent extrêmement réactionnaire

en effet ceci nous invite à considérer les dommages que l'invasion de la caution scientifique par le mauvais journalisme peut causer - le plus souvent, les auteurs de ces "livres-chocs" sont des benêts qui ignorent à peu près tout de l'état des connaissances sur ce qu'ils écrivent mais qui bénéficient de puissants plans de promotion (bien articulés autour de ce que Pierre Bourdieu nommait avec raison le principe de "circulation circulaire de l'information" entre chaque média : si un en parle, ils vont tous en parler, faudrait pas être à la bourre non plus des fois hein)

seulement, ceci ne doit pas nous masquer le fait qu'au milieu du torrent de livres sans intérêt (autre que celui de nous faire réaliser l'état de délabrement de la surface médiatique en matière de sélection de la pensée à présenter au plus grand nombre - mais il faut dire qu'on a des BHL et des Attali chez nous aussi, présentés par les médias dominants comme le must en matière d'intellectuel, ce qui fait frémir quand même) il y a ou peut avoir de vrais livres vraiment intéressant

et cela ne doit pas nous faire croire non plus que notre système éducatif n'a aucune critique à recevoir, et qu'aucune ne peut porter

seulement la critique, pour être efficace, doit être radicale, au sens premier (centrée sur les racines), donc nécessairement historique

c'est là un (je dirais même "le") premier indice pour juger et jauger de la qualité d'un livre qui se propose de critiquer le système éducatif français : c'est le degré de son adossement aux connaissances historiques en la matière (qui est un corps vivant, et qui connaît encore de nombreux travaux, débats, divergences, etc.)

bref : oui le livre sur l'école est un marronnier, oui c'est souvent piteux, mais cela ne doit pas conduire à considérer que toute critique de l'école est le fait de "pourfendeur" et de "donneur de leçon" : ne pas, surtout ne pas opérer de telle réductions (en voilà une, de leçon, n'est-ce pas ?)

(petite précision : je n'ai pas d'avis sur ce livre, je ne l'ai pas lu)

cordialement

Certes, mais en bon helvète, aux leçons, tout comme le renard de la fable, je préfère un excellent fromage. :D

Posté(e)

Ce livre ne semble rien apporter de nouveau, juste ce que la recherche démontre depuis des années :wink:.

En revanche, j'ajouterais un problème supplémentaire: la difficile adéquation des résultats de la recherche avec les contraintes du terrain rencontrées par les acteurs....

Posté(e)

Faut-il rappeler que depuis une bonne dizaine d'années chaque rentrée scolaire, sans exception, voit paraître sa cohorte de pamphlets et manifestes contre l'Ecole, ses dérives, ses difficultés.......etc....etc..... ?

C'est une manne éditoriale, un marronnier pour la presse, une routine pour le libraire........et tout cela finit un peu plus tard au pilon ou dans les bacs à 2€ des solderies de bouquins.

Puissent tous ces donneurs de leçons et autres pourfendeurs de l'école moderne ou traditionnelle enfiler un bleu de chauffe et réaliser quelques bonnes années scolaires pour prouver sur le terrain leur talent au lieu de déserter le champ de bataille et de disserter depuis Vénus!

Bonnes lectures, bon courage, et vive l'Ecole ! :D:wink:

Vous avez tout à fait raison

Mais vous omettez un élément essentiel, qui fait que je ne suis pas d'accord avec vous - votre position est incomplète, et ce qui manque est primordial

en effet il y a un agenda médiatico-éditorial qui fait de la rentrée scolaire un moment de choix pour fourguer des livres sur l'école et le système éducatif

en effet un nombre important de ces ouvrages n'ont pas d'autres intérêts que de nous aider à percevoir à quel point on peut à peu près publier n'importe quoi aujourd'hui, et surtout des points de vue absolument pas éclairés ni éclairants, et bien souvent extrêmement réactionnaire

en effet ceci nous invite à considérer les dommages que l'invasion de la caution scientifique par le mauvais journalisme peut causer - le plus souvent, les auteurs de ces "livres-chocs" sont des benêts qui ignorent à peu près tout de l'état des connaissances sur ce qu'ils écrivent mais qui bénéficient de puissants plans de promotion (bien articulés autour de ce que Pierre Bourdieu nommait avec raison le principe de "circulation circulaire de l'information" entre chaque média : si un en parle, ils vont tous en parler, faudrait pas être à la bourre non plus des fois hein)

seulement, ceci ne doit pas nous masquer le fait qu'au milieu du torrent de livres sans intérêt (autre que celui de nous faire réaliser l'état de délabrement de la surface médiatique en matière de sélection de la pensée à présenter au plus grand nombre - mais il faut dire qu'on a des BHL et des Attali chez nous aussi, présentés par les médias dominants comme le must en matière d'intellectuel, ce qui fait frémir quand même) il y a ou peut avoir de vrais livres vraiment intéressant

et cela ne doit pas nous faire croire non plus que notre système éducatif n'a aucune critique à recevoir, et qu'aucune ne peut porter

seulement la critique, pour être efficace, doit être radicale, au sens premier (centrée sur les racines), donc nécessairement historique

c'est là un (je dirais même "le") premier indice pour juger et jauger de la qualité d'un livre qui se propose de critiquer le système éducatif français : c'est le degré de son adossement aux connaissances historiques en la matière (qui est un corps vivant, et qui connaît encore de nombreux travaux, débats, divergences, etc.)

bref : oui le livre sur l'école est un marronnier, oui c'est souvent piteux, mais cela ne doit pas conduire à considérer que toute critique de l'école est le fait de "pourfendeur" et de "donneur de leçon" : ne pas, surtout ne pas opérer de telle réductions (en voilà une, de leçon, n'est-ce pas ?)

(petite précision : je n'ai pas d'avis sur ce livre, je ne l'ai pas lu)

cordialement

Certes, mais en bon helvète, aux leçons, tout comme le renard de la fable, je préfère un excellent fromage. :D

Ah mais si ça n'est que ça...

En vous penchant un peu au dessus de mon message vous pourrez constater que ça sent un peu des pieds - ce qui est bon signe, généralement (de mon point de vue hein)^_^

Posté(e)

j'ajouterais un problème supplémentaire: la difficile adéquation des résultats de la recherche avec les contraintes du terrain rencontrées par les acteurs....

Je ne répondrais que sur ce point (sur le premier je ne peux rien dire je n'ai pas lu le livre et ne connaît pas vraiment "ce que la recherche montre depuis des années" - mais je suis un peu dubitatif quand même puisque "la recherche" n'est pas toujours d'accord avec les différentes parties d'elle même, ce qui fait que ça dépend de quelle recherche on parle mais enfin je m'étends et je m'en voudrais de trop remplir le sac de mes parenthèses donc bref)

bref

pour moi cette question des relations entre recherche et terrain ne se pose pas en ces termes

sans doute parce que je défends en particulier une conception de la recherche qui se trouve être dégagé des "modes" et urgences politiques. La recherche n'a pas à répondre aux attentes du terrain

je veux dire : elle ne doit pas s'organiser pour y répondre

elle doit seulement répondre de ses logiques internes, soit ce qui structure (ou devrait structurer) l'économie des échanges scientifiques : la raison, la non validité des arguments d'autorité, de pouvoir, d'imposition quelconque

un "intérêt au désintéressement" (ça va faire deux fois que je cite bourdieu, je vais finir par avoir des ennuis)

c'est si la recherche s'efforce de s'organiser comme ça (de mon point de vue) qu'elle a le plus de chances de répondre à ce qu'on est en droit d'attendre d'elle

(paradoxalement donc, si elle s'efforce de répondre aux demandes ou à ce que les chercheurs se figurent être des demandes, elle y parviendra d'autant moins).

ça c'est la première chose que je souhaitais dire

la seconde c'est qu'il manque aux enseignants une formation continue, élargie aux disciplines que sont la philosophie et la sociologie de l'éducation. Et il faut aussi apprendre à lire la sociologie... quand je vois les sommes de bêtises que peuvent proférer des gens sur cette dernière, tout ça parce qu'ils pensent qu'il n'y a pas besoin d'être formé pour la lire ! Ils se trouvent un peu dans la position d'élèves très orgueilleux qui pensent avoir tout compris alors qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent (les enseignants ont bien du mal à admettre qu'il y a des choses qu'ils ne savent pas ou, comme les élèves, qu'il serait bon qu'ils se débarrassent de certaines représentations erronées qu'ils croient parfaites)

tout ça pour dire que pour faire une bonne réception des produits la recherche, il ne suffit pas de les lire, il faut aussi être formé à leur lecture pour éviter les réceptions foireuses

par ailleurs (désolé mais) ça m'agace de lire "le terrain" versus "la recherche"

la recherche est un terrain, les chercheurs sont des acteurs, ils pratiquent aussi, ils ne sont pas des ombres flottantes qui se meuvent dans l'opacité inquiétante des "théories"

ils luttent entre eux, il y a plein de traditions, de courants (normalement la lutte n'est que scientifique...)

voilà bon j'en fait trop probablement m'enfin

cordialement sophsoph

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