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Maintenant, ils n'auront plus rien. Les parents, '(éjà prévenus par mes soins sur le site de la classe ) de certains élèves (les "favorisés" ) me l'ont dit : ils chercheront dans le carnet de leçons de maths et de Français, dans les autres cahiers ce qu'il faut revoir ....Ce sont les autres, ceux qui ne sauront pas quoi revoir et sur quoi s'entraîner qui vont en pâtir ...Pour moi, elle est là la discrimination : ne pas donner de leçons et de devoirs très réduits (2 opérations simples au CM1 CM2 une fois par semaine...ça prend 3 minutes mais ça permet de ne pas "perdre" la main sur la technique ).

Sans parler de la préparation au collège (c'est loin...), j'ai un argument "béton" (enfin je trouve :blush: ) à servir à ce parent :

Si tous les collègues de l'école sont d'accord pour donner de petites choses à réviser le soir, ne dois-tu pas assurer la continuité et la cohérence ?

Mais ça dépend de la configuration de ton école et de l'avis de tes collègues...

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Il ne faut pas perdre de vue que l'interdiction des devoirs a été mise en place afin d'éviter de creuser les inégalités. Certains élèves n'ont pas les conditions pour les faire correctement (pas de lieu, des parents illettrés, etc). Beaucoup d'enseignants n'en ont pas forcément conscience car ils réagissent souvent par rapport à leur propre expérience d'élève (pas que pour les devoirs d'ailleurs). Et comme peu d'entre eux proviennent de milieux réellement défavorisés, ils ont souvent une idée fausse de certaines réalités sociales.

Pour l'anecdote, j'enseigne en cm2 depuis de longues années et en arrivant dans l'école où je suis actuellement, lorsque j'ai dit que je ne donnais pas de devoirs, certains parents ont poussé des cris d'orfraie. J'ai justifié mon choix et on m'a dit: "Oui mais les inégalités existent de toute façon!" J'ai répondu que ce n'était pas à l'école de les accentuer.

L'argument qui consiste à dire que cela les prépare au collège ne tient pas pour moi. Je pense que le développement de l'autonomie les y prépare beaucoup mieux.

Je suis issue d'un milieu très défavorisé : je dormais et travaillais donc dans la grande cuisine du studio de 36 M2 parisien où nous vivions à 6 avec mes grands-parents , mes parents et mon frère ...

Eh, oui, pas facile la vie d'immigrés dans les années 70.

J'ai tout de suite compris (et mes parents aussi) que l'école serait un des seuls moyens de me sortir de cette pauvreté.

Après dîner, les 5 autres se serraient dans la salle à manger pour que je puisse faire mes devoirs : je n'avais ni dictionnaire, ni livre, ni rien. Juste le sens de l'effort et l'amour du travail bien fait. Mes parents me faisaient réciter mes leçons auxquelles ils ne comprenaient pas grand-chose mais au moins ils avaient l'impression de participer, ils s'intéressaient à moi...Et cela me donnait le sentiment d'être comme les autres, comme mes copines qui habitaient les immeubles haussmanniens de 120 M2 du bd voltaire ....

L'école primaire de mon enfance pouvait être un ascenseur social (les études supérieures moins ...., j'ai dû choisir des études rémunérées ...) : les devoirs d'application ne sont pas discriminants.

Ils le sont beaucoup plus au collège quand il s'agit de faire des recherches et des exposés et qu'on a ni livre, (ni internet bien sûr à l'époque) , ni parents pour vous emmener à la bibliothèque (dans les petites classes 6e 5E ...), ni papa pour faire les photocopies au bureau (mon père était ouvrier , ma mère au foyer) ...J'ai eu beaucoup plus de mal après pour faire mes exposés sur ....la vie des grenouilles.

Mes élèves devaient apprendre la leçon du jour, la mettre en mémoire longue, apprendre une poésie expliquée , relue plusieurs fois, où des pistes de mémorisation avaient été données (on crée des images mentales ....)., relire une trace écrite en sciences ou en anglais avec le même objectif.

Maintenant, ils n'auront plus rien. Les parents, '(éjà prévenus par mes soins sur le site de la classe ) de certains élèves (les "favorisés" ) me l'ont dit : ils chercheront dans le carnet de leçons de maths et de Français, dans les autres cahiers ce qu'il faut revoir ....Ce sont les autres, ceux qui ne sauront pas quoi revoir et sur quoi s'entraîner qui vont en pâtir ...Pour moi, elle est là la discrimination : ne pas donner de leçons et de devoirs très réduits (2 opérations simples au CM1 CM2 une fois par semaine...ça prend 3 minutes mais ça permet de ne pas "perdre" la main sur la technique ).

N'oublions que de mon temps on avait 27 H de cours par semaine. On en a plus que 24 ....et tellement plus de choses au programme (les TICE, l'histoire des ARTS, plus de sorties, d'interventions sur la santé et autres, les élections au Conseil Municipal , les tournois de sport et autres "imposés" par la Mairie, les nombreux spectacles "offerts" ...très bien tout cela mais pas avec 24H , des classes hétérogènes , des effectifs chargés et des enfants qui n'ont plus aucun sens de l'effort ...)

Ce n'est pas la peur de la hiérarchie qui me fait renoncer (aucun objectif "carrière" pour moi à mon âge). C'est le dégoût : la lâcheté du parent (lettre anonyme, menaces ), l'impression que mon travail et mon investissement n'ont pas été pas reconnus (j'alimentais mon site de classe tous les jours en jeux ludiques et éducatifs, en textes , en liens intéressants, en énigmes, en proverbes ...), l'impression de me battre contre des moulins à vent.

L'école d'aujourd'hui est structurellement inégalitaire. Dont acte.

Je jette l'éponge.

Ton cas est intéressant mais, même si les conditions matérielles n'étaient pas mirobolantes, tes parents étaient attentifs à ton travail scolaire et contribuaient au développement de ton autonomie.

Certains élèves n'ont pas les conditions matérielles et en plus n'ont pas de milieu familial structurant. C'est surtout pour ceux-là que je trouve que les devoirs accentuent les inégalités.

Je pense au contraire que les devoirs créent l'égalité

Tous les élèves ont la même chose à faire

Si l'enseignant ne donne pas de devoirs, les familles "structurantes" vont en donner (et vive la collection "réussir mon année en..." :D ), les autres non

L'absence de devoir, supposée rendre les élèves égaux devant le travail génère en 2010 des inégalités encore plus criantes .....

Les inégalités sociales et culturelles existent, c'est sûr. Mais ce n'est pas parce qu'on donne les même devoirs à tout le monde que dans certains familles on n'éveillera pas les enfants selon ses principes.

Posté(e)

Les inégalités sociales et culturelles existent, c'est sûr. Mais ce n'est pas parce qu'on donne les même devoirs à tout le monde que dans certains familles on n'éveillera pas les enfants selon ses principes.

Je suis d'accord sur le fait que certains ont plus de "devoirs" que leurs camarades de classe.

On ne peut l'éviter

Mais beaucoup de familles qui font confiance n'en rajoutent pas forcément (mais n'hésiteraient pas à le faire si ils estiment qu'il doit y en avoir)

En outre c'est l'occasion pour certains, voire beaucoup de "faire le point" avec leur enfant sur les apprentissages en mettant en place un temps de travail à la maison et ce même si ils ne comprennent pas tout. C'est un temps d'échange que beaucoup apprécient.

Finalement peu de parents négligent l'école et même si je suis la première à le regretter je préfère valoriser ceux qui s'y intéressent

Posté(e)

Je pense au contraire que les devoirs créent l'égalité

Tous les élèves ont la même chose à faire

Si l'enseignant ne donne pas de devoirs, les familles "structurantes" vont en donner (et vive la collection "réussir mon année en..." :D ), les autres non

L'absence de devoir, supposée rendre les élèves égaux devant le travail génère en 2010 des inégalités encore plus criantes .....

Complètement d'accord.

La preuve : seuls les parents "favorisés" de ma classe sont venus me dire que de toutes façons ils continueraient à essayer de poursuivre mon système : les 2 opérations par semaine, faire relire et a apprendre chaque soir les leçons de la journée en maths et français, revoir la leçon précédente avant d'aborder la suite en sciences et en anglais ...sans compter les exercices d'application que certains donneront eux-mêmes en plus pour s'assurer que la leçon est bien comprise (Vous ne le faites pas vous avec vos enfants ? Moi si !

S'il a une leçon sur "identifier le verbe" je lui donne souvent à l'oral 2 ou 3 phrases dans lesquelles il doit le faire ..ça prend moins de temps que de s'assurer de la compréhension de la leçon par des questions .... .)

Bien sûr que je suis sûre de la pertinence de mon système mais là, je suis en mode "représailles" et malheureusement comme je ne peux affronter directement mon "ennemi" , je suis obligée de choisir une solution collective donc injuste.

Je ne vais quand même pas "obéir" en réduisant (encore) mes leçons : ce serait acquiescer "Oui, vous aviez raison, j'en donnais trop", ni enlever seulement les 2 opérations pour me mettre en conformité avec un système que je réfute mais qui me contraint légalement (les leçons sont bien plus difficiles à apprendre pour les élèves défavorisés que les devoirs à faire bien souvent, surtout les opérations ...). Donc, je pousse sa démarche à l'extrême : je donnais trop de devoirs pour ton gamin, et bien je n'en donnerai plus du tout et tu vas voir comment tu vas t'en mordre les doigts mon coco !

Posté(e)

Si l'enseignant ne donne pas de devoirs, les familles "structurantes" vont en donner (et vive la collection "réussir mon année en..." :D ), les autres non

L'absence de devoir, supposée rendre les élèves égaux devant le travail génère en 2010 des inégalités encore plus criantes .....

Donner des devoirs n'empêchera pas les familles "structurantes" d'en donner d'autres... Pour aider un enfant en difficulté à mieux comprendre une notion, pour donner du grain à moudre à un enfant très curieux qui veut aller plus loin, pour vérifier qu'un enfant a bien compris, parce que les parents en voyant la leçon savent à quoi ressemblera le contrôle et vont entraîner l'enfant pour augmenter ses chances...

L'école peut peut-être lutter contre les inégalités sociales dans la classe mais je doute qu'elle puisse réduire les inégalités à la maison.

Posté(e)
Si l'enseignant ne donne pas de devoirs, les familles "structurantes" vont en donner (et vive la collection "réussir mon année en..." ), les autres non

Tout-à-fait d'accord !!

Moi aussi, j'adhère totalement mais je crois que nous sommes aussi convaincus du bien fondé de notre analyse et notre raisonnement que les enseignants "anti-devoirs" le sont des leurs.

Posté(e)

Au lieu de râbacher "pas de devoirs", peut-être faudrait-il mettre en place des heures d'aide rémunérée, comme ça s'est fait parfois.

Y'a un truc qui coûtait pas un dinar, c'était les deux heures du samedi matin... Les aides rémunérées ou pas ne s'adressent qu'au "volontaires"... L'idée dans l'air, c'est que notre temps d'enseignement est déjà trop long (d'autres pays "occupent" leurs élèves moins longtemps à l'école)... Les résultats sont soi-disant meilleurs... Alors soit on est pas bien malin dans la profession, soit on n'a pas la même population scolaire, soit... soit... En atttendant, je donne quelques "bricoles" à faire le soir à mes élèves de CLAD, les familles (souvent très modestes) ne râlent pas, bien conscients pour la plupart que leurs enfants au vu des difficultés "massives, durables et persistantes" ont besoin de "râbacher" que ce soit la lecture à voix haute, quelques opés... Pas de travail de recherche, mais des exos qu'ils sont capables de faire seuls et rapidement...

JBB

Posté(e)

L'école peut peut-être lutter contre les inégalités sociales dans la classe mais je doute qu'elle puisse réduire les inégalités à la maison.

L'école n'a pas vocation à réduire les inégalités sociales.

Posté(e)

L'école peut peut-être lutter contre les inégalités sociales dans la classe mais je doute qu'elle puisse réduire les inégalités à la maison.

L'école n'a pas vocation à réduire les inégalités sociales.

Certes, mais ce n'est pas pour ça qu'elle doit les creuser :wink:.

Posté(e)

Certes, mais ce n'est pas pour ça qu'elle doit les creuser :wink:.

Certes aussi.

Mais comme il a été très bien dit de pas en donner peut tout autant "creuser les inégalités" que le contraire.

Posté(e)

L'école peut peut-être lutter contre les inégalités sociales dans la classe mais je doute qu'elle puisse réduire les inégalités à la maison.

L'école n'a pas vocation à réduire les inégalités sociales.

Ah bon ! Alors je n'ai rien compris à la trilogie gratuite, laïque et obligatoire...

L'obligation scolaire pour tous les enfants promulguée en mille-huit-cent-je-ne-sais-plus-combien (82?), c'était pas pour réduire les inégalités sociales entre ceux qui y allaient et ceux qui bossaient dans les champs (ou ailleurs) ??

Posté(e)

Ah bon ! Alors je n'ai rien compris à la trilogie gratuite, laïque et obligatoire...

Gratuite, bien qu'un investissement pécuniaire (même modeste), comme en psychanalyse où il montre l'investissement du patient n'est peut-être pas à exclure; laïque, je la préférerais athée et militante; obligatoire, mais pas pour ceux qui ne montrent pas la volonté d'en tirer bénéfice et dont la présence incommode.

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