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Elève qui ne veut pas parler (sauf à sa famille, dans sa maison)


noiramino

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L'élève d'une collègue est dans le même cas (il parle à ses parents + à un ou deux membres de sa famille mais c'est tout). Il est en CE2 et toujours aucun signe de déblocage... Je suis avec attention vos échanges.

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Oui, je pense qu'on peut "sentir" si l'enfant est mal, vraiment, ou juste bloqué, ou juste "pas dans le moule".

Perso, j'ai peut-être tort, mais je n'hésite pas à enguirlander mon élève au même titre que les autres, et je la secoue parfois. Comme tout le monde.

Mettre un mot sur les "troubles", c'est à double-tranchant : de nos jours, on invente des maladies pour tout. Tu ne veux pas parler ? Tu es atteint de mutisme sélectif. Tu fais des fautes d'orthographe ? Te voilà dysorthographique. Tu es mal élevé et égoïste ? Te voilà atteint de "troubles spécifiques du comportement". Tu es malin ? Te voilà "intellectuellement précoce". Et c'est aussi un problème, maintenant !

A force de mettre tout le monde dans des cases dès qu'on sort un tout petit peu du moule, je trouve qu'on atteint au principe de liberté et de responsabilité. On médicalise tout et n'importe quoi, voilà que les enfants sont anormaux, qu'il faut les traiter, qu'ils ont une maladie, il va y avoir des associations, des colloques, des experts, des traitements, qui sait, des médicaments ? Bonheur pour tous, norme pour tous...

Je sais, ce message va être mal vécu par tous les gens plein de bonne volonté et dont je ne remets pas une seconde en doute les excellentes intentions, qui vont m'expliquer que je ne sais pas à quel point les parents souffrent, se donnent du mal, ont besoin de soutien, etc. Mais je suis intimement persuadée que les enfants ont un libre arbitre, et que même s'ils sont souvent parasités par mille et mille choses ils ont aussi le droit de ne pas être comme tout le monde. L'école, elle, a certaines exigences, qui sont normales. Il s'agit de trouver un modus vivendi permettant que les apprentissages se fassent dans de bonnes conditions. Mais je ne me sens pas légitime à "soigner" un "trouble". Je me contente de faire humainement comme je peux avec les petites personnes têtues que j'ai en face de moi.

:thumbsup:

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J'ai eu un cas semblable en PS et MS. Comme toi, je n'insistais pas lors de l'appel, un simple regard justifié sa présence. Puis, un jour j'ai prêté un dictaphone aux parents en leur demandant s'ils voulaient enregistrer leur enfant durant le week'end juste pour que j'entends le son de sa voix et je voulais aussi voir s'il elle parlait correctemment.

Quelle fut ma surprise de l'entendre. Une gamine qui avait un vocabulaire précis, un langage posé............ Donc je lui ai dit que j'avais été contente de l'entendre et qu'il était dommage de l'entendre si peu en classe. Quelques mois après, elle venait me parler tout doucement (parfois je devais tendre l'oreille). Donc je l'ai prise en Aide Perso en langage/Théâtre, le son de la voix était un peu plus haut mais en classe ce n'était pas la même que le soir en aide perso.

Cette fille qui est en GS cette année, lorsqu'elle me voit au loin dans la rue, au magasin, elle court vers moi pour me saluer et me raconter sa GS. Je suis même parfois obligée de l'arrêter car c'est devenu un moulin à parole. Et quand je parle de cette ancienne élève avec le collègue, il est lui même étonné et pense qu'elle sera déjà lectrice en janvier.

Tout ça pour dire qu'il faut laisser du temps aux enfants qui ne veulent pas entrer dans le moule. :D

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Jolie idée, le dictaphone !

Pas forcément transposable chez moi, car je n'ai aucun doute sur le fait que la petite parle le chinois, et quand bien même j'aurais des doutes je risquerais d'avoir un peu de mal à juger de son niveau de langage... mais bravo pour vos idées imaginatives pour vous adapter aux enfants !

Oui, et l'effet est surprenant.

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Bien d'accord moi aussi avec Rikki,

Oui, je pense qu'on peut "sentir" si l'enfant est mal, vraiment, ou juste bloqué, ou juste "pas dans le moule".

Perso, j'ai peut-être tort, mais je n'hésite pas à enguirlander mon élève au même titre que les autres, et je la secoue parfois. Comme tout le monde.

Mettre un mot sur les "troubles", c'est à double-tranchant : de nos jours, on invente des maladies pour tout. Tu ne veux pas parler ? Tu es atteint de mutisme sélectif. Tu fais des fautes d'orthographe ? Te voilà dysorthographique. Tu es mal élevé et égoïste ? Te voilà atteint de "troubles spécifiques du comportement". Tu es malin ? Te voilà "intellectuellement précoce". Et c'est aussi un problème, maintenant !

A force de mettre tout le monde dans des cases dès qu'on sort un tout petit peu du moule, je trouve qu'on atteint au principe de liberté et de responsabilité. On médicalise tout et n'importe quoi, voilà que les enfants sont anormaux, qu'il faut les traiter, qu'ils ont une maladie, il va y avoir des associations, des colloques, des experts, des traitements, qui sait, des médicaments ? Bonheur pour tous, norme pour tous...

Je sais, ce message va être mal vécu par tous les gens plein de bonne volonté et dont je ne remets pas une seconde en doute les excellentes intentions, qui vont m'expliquer que je ne sais pas à quel point les parents souffrent, se donnent du mal, ont besoin de soutien, etc. Mais je suis intimement persuadée que les enfants ont un libre arbitre, et que même s'ils sont souvent parasités par mille et mille choses ils ont aussi le droit de ne pas être comme tout le monde. L'école, elle, a certaines exigences, qui sont normales. Il s'agit de trouver un modus vivendi permettant que les apprentissages se fassent dans de bonnes conditions. Mais je ne me sens pas légitime à "soigner" un "trouble". Je me contente de faire humainement comme je peux avec les petites personnes têtues que j'ai en face de moi.

Néanmoins, mis à part des cas réellement pathologiques (dont l'autisme), il me semble important de prendre en compte qu'un enfant qui ne parle pas est un enfant "qui a peur".

Ensuite, il faut voir ce qu'est cette peur :

- est-ce une simple timidité ? (la timidité étant bien une forme de "peur"),

- est-ce un enfant installé dans la douleur ? (perte d'un parent par exemple)

- est-ce la terreur de s'exprimer au sens le plus large du terme ? (par exemple enfant qui se fait frapper dès qu'il fait quelque chose qui sort de la plus stricte "conformité" (je ne trouve pas d'autre mot): choses aussi bêtes que prendre sa fourchette tant qu'il n'y a rien dans son assiette)

- est-ce un enfant "interdit de parole" ? (il ne parle pas parce que s'il venait à dire ce qui se passe chez lui et/ou ce qu'il subit ce serait très grave de conséquence);

Toutes les gradations sont possibles.

La difficulté est d'abord d'avoir une idée de l'intensité du problème, ça aide. Un timide a bien le droit d'être timide, entièrement d'accord avec Rikki. En revanche, c'est un devoir de tenter de venir en aide ou d'aider à venir en aide à un enfant en souffrance.

La difficulté est ensuite, dans bien des cas, d'apprivoiser l'enfant pour que lui-même apprivoise sa peur et puisse la dominer. Pas si facile !

Bon, ce que j'en dis là est très banal. Ce sont tous des cas que j'ai rencontrés, autisme compris. Mon grand bonheur a été de faire parler une enfant du dernier cas ; ça lui a changé la vie à l'école (GS à l'époque). Ma grande tristesse a été de ne pas avoir pu faire assez pour l'enfant de l'avant dernier cas. A plus de 40 ans, elle est restée très timide avec une forte agressivité de défense.

Se dire que le rôle de l'enseignant a aussi ses limites aide à avoir un regard plus serein - si possible - sur ces situations.

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Je persiste : dans ces cas de mutismes (je ne pose pas de diagnostic sur une gamine dont une collègue parle sur un forum, je soulève la question), il n'est pas question de ne pas vouloir parler, de s'intéresser à autre chose que ce qu'il se passe en classe.

Là, c'est une vraie souffrance, l'enfant (enfin, la personne, parce que ça peut perdurer jusqu'à l'âge adulte), souffre de ne pouvoir s'exprimer.

Je sais que sur ce forum on est souvent adeptes d'analogie apprentissages-grand bain... Un enfant qui a une phobie de l'eau, vous le secoueriez en se disant qu'en le balançant avec les autres il s'en sortira bien ? Imaginez maintenant que pour un enfant mutique l'école (ou plus généralement l'extérieur de chez lui), c'est comme s'il y avait piscine tous les jours pour un enfant phobique de l'eau.

Maintenant, entre tout médicaliser et nier une vraie souffrance, je pense qu'il y a un sacré pas.

(Enfin bref, je paraphrase enviedespoir).

PS. D'ailleurs, le dictaphone est une des méthodes de "petits pas" qu'on utilise pour les enfants mutiques sélectifs. Que l'on appelle ça thérapie ou "petit truc pratique", le résultat est le même.

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