tasdeplumes Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 Je viens de prendre une direction dans une école élémentaire et nous avons un élève de 9 ans, victime d'ostracisation de la part d'un autre élève de sa classe, qui ne veut plus venir à l'école, tellement il n'en peut plus de se faire moquer et insulter. Bien sûr le harceleur-manipulateur invite les autres garçons à l'imiter. Les parents de l'enfant-victime ne savent plus quoi faire. Les parents de l'enfant-harceleur sont complètement givrés, imperméables au dialogue, et relèvent d'un psy plus que de tout autre chose. Ils ont fait tourner chèvre pas mal de collègues, créent des problèmes là où il n'y en a pas, soutiennent avec une mauvaise foi consommée que leur enfant est parfait, ne ment jamais et est victime de toute la planète, et sont connus dans la ville pour avoir été d'une mentalité détestable, se fichent des dames agées qui marchent en boitant, et encouragent leur fils à faire pareil. Tout le monde les fuit, et rien que de dire leur nom, tout le monde met les bras au ciel. Donc cela ne rate pas, leur fils fait pis que pendre depuis des années sur l'école, et moi j'arrive dans tout ça. Comment arrêter l'hémorragie, faire réellement cesser le comportement indésirable de cet enfant qui n'insulte que quand il sait qu'il ne sera pas pris, etc...? Tout ça bien sûr en n'enfreignant aucune loi du code de l'éducation, même de loin? Comment venir à bout de ce type de famille?
sammy63 Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 Du temps, beaucoup de temps. De la patience, beaucoup de patiente. Suivre l'enfant harceleur dans ses faits et gestes et le reprendre systématiquement lors des incidents, afin de limiter son influence sur ses autres camarades (en notant éventuellement les sus-dits incidents pour le moment où la famille viendra chercher noise). Travailler ensemble dans la classe sur la manière d'être. Sur ce qu'on peut faire et ne pas faire. Mettre des mots avec tous les élèves et en présence des deux enfants. Voir aussi le travail du "mieux vivre ensemble à l'école", dont voici le lien suissse Beaucoup de travail, pour faire une éducation civique qui devrait normalement être le fait des parents. (Et ta mère, quand elle sera agée, on pourra se moquer d'elle ?)
tasdeplumes Posté(e) 10 décembre 2010 Auteur Posté(e) 10 décembre 2010 Tout d'abord merci pour le lien, et aussi pour la réponse. En fait, j'aurais peut-être dû l'expliquer d'emblée, mais si j'ai mis ce message, c'est justement parce que les méthodes traditionnelles et patientes n'ont pas fonctionné. Cet enfant depuis la maternelle est repéré, ses parents encore plus que lui. Ils sont tellement bizarres que chez son grand frère ils ont inventé qu'il avait des phobies scolaires pour le déscolariser. Leur enfant actuellement chez nous (donc le harceleur), est porté au pinacle (mais il faut voir comment, c'est anormal) et bien sûr cet enfant fait toutes les bêtises du monde. Le résultat c'est qu'aujourd'hui, malgré une école en cohésion enseignants-familles qui a fait un gros travail autour du civisme et de la citoyenneté, un enfant-victime ne veut plus venir à l'école tellement il a peur du harceleur, -qui pourtant ne peut l'atteindre qu'en cour de récréation, soit 40 minutes par jour-. La famille de l'enfant harceleur fait vraiment penser à des fous à lier, des gens qu'il faudrait cadrer psychiatriquement; le dialogue n'est pas possible, envisager une équipe éducative c'est aller au pire des clashs, punir l'enfant-harceleur à chaque récré, c'est aller aussi au clash, car bien sûr le gamin, manipulateur comme pas deux, dit tout à sa mère et avec sa version, abondante de larmes, de mensonges et d'exagération, et bien sur la mère croit tout derrière. Même quand on lui a prouvé que son fils ment, elle embraye sur une mauvaise foi exaspérante. J'ai l'impression que beaucoup de choses ont déjà été essayées depuis 4 ans qu'il est sur l'école. Que faire de plus, comment punir cet enfant pour couper court à ce comportement, sans le stigmatiser, sans se mettre en faute, vu que le dialogue ne peut exister avec une famille mi-démoniaque mi-folle? Pour l'instant, on se demande si on ne va pas punir systématiquement chaque acte, l'ennui c'est qu'on a jamais pu le prendre en faute, on a seulement comme observation un gamin qui tourne et retourne dans la cour de récréation, et ensuite plusieurs enfants qui reviennent, un par un, vers nous, déconfits de l'avoir croisé. C'est une manipulation subtile, fugace, mais terriblement destructrice pour ceux qui la subissent. Le souci est d'établir les faits pour pouvoir les sanctionner, les victimes n'arrivant pas à mettre en mots clairs les faits, vu qu'ils n'arrivent pas à les caractériser, à cerner le comportement néfaste. Le corollaire à l'établissement des faits, c'est d'arriver à trouver la sanction à la fois pédagogique mais bien pénible pour que le harceleur comprenne qu'on ne lâchera rien, et que persévérer dans ce comportement ce n'est ni souhaité par tous, ni bénéfique pour lui. Autant dire que les moments d'isolement en récréation, il s'en fiche, les lignes, il a ordre par ses parents de ne pas les faire, et d'ailleurs, ses parents ne tolèrent aucune punition, etc...
sammy63 Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 Dans des cas "extrêmes",et le tien semble en être un, l'IEN peut avoir un rôle à jouer. Quand les autres élèves sont en danger, et que le dialogue avec la famille est devenu impossible (il faudra certainement pouvoir justifier des démarches entreprises, des dialogues, des faits de l'enfant..), mon IEN s'est déjà déplacé afin de constater les faits en personne. Par la suite, il a convoqué les parents, a demandé un suivi psy, a parlé de changement d'école afin de permettre à l'enfant de repartir dans un nouveau contexte... Enfin, un IEN qui se mouille quoi ! D'un côté, il prend un peu de tes missions, mais d'un autre, il n'a pas la famille au portail tous les jours ou dans le bureau toutes les semaines et peut se permettre des choses dont nous n'avons malheureusement souvent pas les moyens. Si tu penses avoir cette chance, c'est surement une nouvelle piste.. Sinon, pour le mieux vivre ensemble, les plaquettes sur le site de notre I.A. A.M.V.E.
Lena Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 A-t-on le droit de limiter l'espace de récré d'un enfant? Lui n'ayant pas le droit d'en sortir, les autres y entrant... en connaissance de cause?
piloute87 Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 Notre assistante sociale (de l'inspection) dirait que ce petit (le harceleur, j'entends) est en carence éducative puisque ses parents ne lui montre que des comportements incompatibles à la vie en société et que par conséquent un signalement à ses services est nécessaire. Peut-être peux-tu demander son avis à votre assistante sociale. Au vu de tes dires, l'aide d'une pro pourra sans doute vous offir de nouvelles perspectives d'actions. Sinon au pire tu as la loi du talion. Ah non!!Oublie ça on n'a pas le droit!!
dada Posté(e) 10 décembre 2010 Posté(e) 10 décembre 2010 Je dirais observations et noter au jour le jour les inconduites ( mm rapporter par les enfants) , contacter l'IEN et sans doute Equipe Educative avec IEN , RASED, Services sociaux . Il faut tirer les bonnes sonnettes, et là c'est à l'Inspection qu'il faut aller, un autre enfant est en souffrance à cause des comportements déviants du premier ce n'est pas tolérable, le petit harcelé à le droit à l'école lui aussi.
Marielle Posté(e) 11 décembre 2010 Posté(e) 11 décembre 2010 A-t-on le droit de limiter l'espace de récré d'un enfant? Lui n'ayant pas le droit d'en sortir, les autres y entrant... en connaissance de cause? Je l'ai déjà vu faire dans une école pour éviter justement que deux élèves ne se rencontrent. Après, question légalité, je ne sais pas.
hamster Posté(e) 11 décembre 2010 Posté(e) 11 décembre 2010 Ayant de l'espace dans notre école, nous le faisons régulièrement et sans nous poser de questions. C'est trop facile de dire que les enseignants ne font rien, et de venir râler pour ça. Mais les parents ne viennent pas (pas encore) râler pour ça.
joelafrite Posté(e) 11 décembre 2010 Posté(e) 11 décembre 2010 Je sais que c'est facile à dire comme ça, hors contexte, mais je pense qu'il faut punir l'enfant harceleur et, si ses parents viennent te casser les pieds, leur dire fermement qu'eux et toi connaissent la situation, que tout le monde connaît le comportement du gamin et qu'il sera puni à chaque fois que l'équipe l'estimera juste. Ne pas essayer de dialoguer, puisque c'est inutile, mais expliquer que dans l'enceinte de l'école certains comportements sont intolérables et que c'est toi qui est le garant du respect des règles de vie commune dans l'école. Dans tous les cas, prévenir l'IEN, et noter dans un cahier chaque incident avec le contexte et le nom d'éventuels témoins.
maiden Posté(e) 11 décembre 2010 Posté(e) 11 décembre 2010 Je rejoins l'idée d'un signalement. Afin d'avoir des arguments lors de l'équipe éducative, il faudrait noter quotidiennement sur un cahier les faits et gestes de l'enfant. Cela permet de ne pas s'enfermer dans des impressions générales (parce qu'à force ce sont des enfants dont on ne supporte plus rien, et on rejette chez eux ce qu'on accepterait des autres).
tasdeplumes Posté(e) 16 janvier 2011 Auteur Posté(e) 16 janvier 2011 D'abord merci à tous de toutes vos réponses, et suite et fin de l'histoire. L'enfant harceleur, qui n'est jamais qu'un enfant, a récemment été le bras armé d'un autre plus malin, et a fini par taper son meilleur copain. J'ai donc pris cet enfant dans mon bureau et je lui ai demandé s'il avait des choses à me dire, des choses qu'il aurait gardé en lui depuis longtemps, et qu'il avait envie d'exprimer. Ce fut le cas, et ça remontait à loin. Ensuite, on a pu parler librement, sans accusation enfermante, enfin j'ai pu faire entendre ma voix, encourager l'enfant sur une voie autre que celle qu'il avait envisagée jusque-là. Suivant l'exemple d'un copain (autrement plus sociable), il a accepté de s'excuser auprès de ses camarades, et ensemble, on a demandé aux autres enfants de l'aider à persister dans une voie où on posé quelques jalons de comportement citoyen, l'objectif étant de les respecter ou de s'entraider à les respecter. Bon, je me berce peut-être de belles illusions, mais du coup j'ai pu avoir un discours d'accueil et rassurant pour la maman, et c'est toujours ça de pris. On verra pour la suite des événements, mais je préfère cette graine-là, même illusoire, au bras de fer qui était déjà engagé et qui semblait enfoncer cette famille dans une image de paria. Ils trainent déjà cette image dans le village, justifiée sur certains points, ce ne sont pas des anges, mais bon, au moins j'aurais essayé... Du coup la maman met en sommeil ses plaintes en gendarmerie et mairie. Merci à tous pour les tuyaux, ça me forme au métier de directrice, et ça peut se révéler très utile un jour. Les faits sont cependant notés à chaque fois que nécessaire, pour lui et pour d'autres.
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