piemelia Posté(e) 28 juin 2011 Posté(e) 28 juin 2011 Merci Lullaby! En fait en parlant de cela je voulais juste dire à Boogie qu'il fallait rester positif, que moi je suis d'une part issue d'un milieu ouvrier, et d'autre part étranger, et que oui j'ai galéré pour en arriver là où j'en suis, mais je prouve aussi que c'est possible (oui, seulement 2% quand même), je suis partie moi-même avec des préjugés sur moi-même, mais en aucun cas, je n'ai subi du racisme ou autre, et je pense même que même si on dit qu'il y a une part de reproduction sociale, que l'école ne peut gommer toutes les inégalités, elle peut en partie le faire, ce qui est bien un des grands objectifs du PE (quelle que soit l'origine de l'inégalité !). Beaucoup de blabla là dessus, mais moi j'y crois. Je veux donner à chaque enfant la chance qu'on m'a donnée à moi... Piemelia je suis d'accord avec toi ! Je crois qu'au delà du souhait de transmettre des savoirs, d'apprendre à communiquer,c'est surtout pour ça que je souhaite enseigner, et de le faire en primaire. Vous allez trouver ça peut-être démago, mais je crois en l'école de la République, malgré tous les défauts qu'on peut lui trouver!
Boogie44 Posté(e) 28 juin 2011 Posté(e) 28 juin 2011 Vous allez trouver ça peut-être démago, mais je crois en l'école de la République, malgré tous les défauts qu'on peut lui trouver! Ca n'a rien de démago ! je suis complètement d'accord avec toi. C'est celle qu'il faut défendre ardemment, surtout en ce moment. Là où je ne te rejoins pas, c'est sur le fait d'y "croire". Pas question pour moi d'entrer dans le jeu des croyances, et a fortiori de se cantonner à ce périmètre - je l'écris même si ce n'est sans doute pas ce que tu as voulu dire. Croire qu'on peut travailler en fonction de ses principes fondateurs, oui, absolument oui. Mais croire, en dépit de tout bon sens quant aux politiques actuellement menées en matière éducative mais aussi relativement à l'ensemble de l'idée de service public, que l'école de la République "fonctionne", non, absolument pas. Et puis je veux dire aussi qu'il y a dans la fondation de l'école républicaine une fonction sociale originelle qui, si elle a largement perdue de sa prégnance, n'en existe encore pas moins de mon point de vue - je dirais même que cette fonction se trouve en voie de "réactivation" en ce moment. Il s'agit d'une fonction sociale de l'école qui est largement peu présente dans les travaux historiques et de fait se trouve reléguée dans ce qu'on pourrai appeler "l'inconscient social de la profession" enseignante, comme le dit une chercheuse (Francine Muel Dreyfus). En fait, souhaiter contribuer à l'éducation des enfants, pourvoir à leur instruction dans une optique de les accompagner dans la construction de leur individualité et également de leur citoyenneté (afin de les aider, grâce au savoir et à la socialisation, d'éviter d'être des "sujets" dans le sens de "assujettis") ne constitue que le versant positif du projet originel. Il y a aussi le versant "obscur", on dira : pour la bourgeoisie de la III république, qui a accentué le choix politique consistant à organiser la société en fonction des intérêts industriels (l'industrie était naturellement en grande partie détenue par les notables "républicains"), créer l'Ecole de la République était AUSSI (ça n'invalide pas le premier point) un projet destiné à pourvoir l'industrie alors en pleine expansion d'une main d'œuvre "éduquée" c'est à dire contrôlable (depuis la création de l'école il n'y a plus eu de révolution comme 1789, 1830n , 1848 ou 1870). Ces deux piliers, ces deux principes de l'école de la République sont toujours en lutte et en interaction. Je suis radicalement opposé au second, qui s'appuie aujourd'hui sur des victoires idéologiques telles qu'elles sont inscrites dans le langage même : on confond "emploi" et "travail" comme si on ne pouvait pas travailler en dehors de l'emploi. On dit d'une femme qu'elle "n'a jamais travaillé" alors même que c'est encore aujourd'hui sur elles, occupant un "emploi" ou pas, que repose le bon fonctionnement des économies domestique sans lesquelles nul marché ne pourrait fonctionner. On dit aussi "je cherche un travail" alors qu'on cherche un emploi. "Ce mois ci, vous n'avez pas travaillé" s'entend-on dire au téléphone quand la voix synthétique de Pôle Emploi résume votre déclaration mensuelle, alors même qu'on peut avoir beaucoup travaillé... en dehors d'un emploi. Bref, contribuer à "élever" les enfants doit être pris au premier degré, contribuer à les éduquer et à les instruire ne doit pas se résumer à les préparer à être de dociles employés et de gentils ouvrières (qui forment de toute façon 53% de la population active : dans des endroits "normaux" - c'est à dire en dehors des centres villes bourgeois -, plus de la moitié de nos classes aura un chef et gagnera, en se basant sur le salaire médian actuel, moins de 1 400 euros toute sa vie. COntribuer à "élever", à éduquer et à instruire les enfants c'est ne pas leur imposer les choix qu'on nous a imposé, c'est leur fournir la boîte à outils pour qu'ils et elles pensent le monde sans s'y inscrire comme ce qu'attend le système de production capitaliste, soit comme de serviles et besogneux citoyens de seconde zone. Cordialement Bubulle et Piemela.
lafrancilienne Posté(e) 28 juin 2011 Posté(e) 28 juin 2011 Lullaby, ce que tu racontes sur ta grand-mère me rappelle la mienne; elle me répétait tout le temps, dès qu'elle me voyait plongée dans un livre : "mais arrête donc de lire; les gens qui lisent trop, ils deviennent feignants..."
zebu_01 Posté(e) 29 juin 2011 Posté(e) 29 juin 2011 Ce post a véritablement dévié! Perso, au collège ou lycée, j'avais du apprendre que la plupart des personnes se marient avec des personnes de la même CSP (catégorie socio-proffesionnelle) qu'eux, que le niveau d'étude est souvent fonction de celui des parents, que les personnes se marient souvent avec des personnes de même origine... Oui mais, je suis issue d'une famille atypique: Mon bronzage trahit mes origines, famille monoparentale avec une mère OSQ (ouvrier sans qualification) n'ayant pas dépassé le CM2... Pour ma part, j'ai fait mentir les stats: J'ai atteint le statut de cadre dans le privé malgré le faible niveau d'étude de mes parents, j'ai épousé un ouvrier d'origine 100% française. Une de mes sœurs a également bac+5 et réussit brillamment. Je suis consciente que le racisme existe bien, que certains préjugés ont la vie dure... Mais je pense que c'est aussi à nous d'avancer sans se poser de questions. On est refusé à un entretien d'embauche? Et bien on se remet en question, on ne se dit pas que c'est à cause de nos origines (ethniques ou sociales d'ailleurs). Idem si on est recalé à un examen... Certains ont trop tendance à tout mettre sur le compte de la discrimination, sans jamais se remettre eux-même en question du coup. C'est véritablement regrettable. Tout cela pour dire que OUI on vit dans un pays qui permet de se sortir de sa condition, mais cela dépend avant tout de notre motivation. Et ceci n'est pas réservé aux personnes issues de l'immigration: Bon nombre de français d'origine ont des parents qui galèrent financièrement, qui n'ont pas fait d'études... Pour eux aussi, la clé est la motivation, le travail... Personnellement, si j'échoue je chercherai ce que j'aurais pu améliorer, je ne me dirai pas que mon profil atypique ne leur a pas plu. Si je pensais être "condamnée" à cause de mes origines, je n'aurais jamais rien tenté de ma vie, et je serais bien amère aujourd'hui.
Boogie44 Posté(e) 29 juin 2011 Posté(e) 29 juin 2011 Ce post a véritablement dévié! Perso, au collège ou lycée, j'avais du apprendre que la plupart des personnes se marient avec des personnes de la même CSP (catégorie socio-proffesionnelle) qu'eux, que le niveau d'étude est souvent fonction de celui des parents, que les personnes se marient souvent avec des personnes de même origine... Oui mais, je suis issue d'une famille atypique: Mon bronzage trahit mes origines, famille monoparentale avec une mère OSQ (ouvrier sans qualification) n'ayant pas dépassé le CM2... Pour ma part, j'ai fait mentir les stats: J'ai atteint le statut de cadre dans le privé malgré le faible niveau d'étude de mes parents, j'ai épousé un ouvrier d'origine 100% française. Une de mes sœurs a également bac+5 et réussit brillamment. Je suis consciente que le racisme existe bien, que certains préjugés ont la vie dure... Mais je pense que c'est aussi à nous d'avancer sans se poser de questions. On est refusé à un entretien d'embauche? Et bien on se remet en question, on ne se dit pas que c'est à cause de nos origines (ethniques ou sociales d'ailleurs). Idem si on est recalé à un examen... Certains ont trop tendance à tout mettre sur le compte de la discrimination, sans jamais se remettre eux-même en question du coup. C'est véritablement regrettable. Tout cela pour dire que OUI on vit dans un pays qui permet de se sortir de sa condition, mais cela dépend avant tout de notre motivation. Et ceci n'est pas réservé aux personnes issues de l'immigration: Bon nombre de français d'origine ont des parents qui galèrent financièrement, qui n'ont pas fait d'études... Pour eux aussi, la clé est la motivation, le travail... Personnellement, si j'échoue je chercherai ce que j'aurais pu améliorer, je ne me dirai pas que mon profil atypique ne leur a pas plu. Si je pensais être "condamnée" à cause de mes origines, je n'aurais jamais rien tenté de ma vie, et je serais bien amère aujourd'hui. Je ne crois pas qu'il faille opposer systématiquement causalité interne et causalité externe, comme dit la psychologie sociale. Je ne défend pas personnellement un discours consistant à dire que les causes d'un échec sont systématiquement "externes" aux individus - mais je refuse tout autant à dire comme toi que tout repose sur l'"interne" - qu'on parle ici de l'âge, de l'origine sociale ou autre. En fait, je pense que ça se joue en dehors de cette opposition, qui enferme notre pensée. Il y a tout d'abord des faits statistiques, incontestables, que pourtant certain.es ici contestent, ce qui me paraît étrange. On ne peut pas se dire "pas d'accord avec la théorie de la reproduction sociale des inégalités" puisqu'il n'existe pas de théorie de la sorte, seulement une réalité statistique démontrant que majoritairement les inégalités se reproduisent, inégalités d'accès au savoir, d'accès à la formation professionnelle, d'accès à des niveaux de formation professionnelle. Et ces inégalités ne se limitent pas à l'appartenance socio économique ou au fait d'être immigré ou enfants d'immigrés ; on peut aussi parler du genre, du fait d'habiter les villes ou la campagne, etc. Il existe des théories explicatives de ce phénomène, démontré et redémontré statistiquement. Mais il s'agit toujours de dominantes statistiques, et de fait on ne fait pas mentir les statistiques, on s'y trouve dans les marges, simplement. Et quand on se trouve dans les marges statistiques, on a une tendance "naturelle" à se dire qu'il ne s'agit QUE de mérite personnel et que si la réussite a été permise pour certain.e, elle peut l'être pour tous. Alors que c'est tout simplement impossible. A titre personnel je trouve la sociologie de Bourdieu très éclairante et utile pour dépasser la dualité "interne/externe". Cette sociologie postule que les structures sociales existent deux fois : une fois dans la réalité des choses matérielles, des institutions, et une deuxième fois inscrites dans les corps (et les inconscients). De fait, on a tous une tendance à se conformer à ce que nous avons intériorisé comme étant notre destination sociale "naturelle", et cette destination se trouve à la fois inscrite dans "l'opinion commune" et dans nos propres corps. Attendus qu'ils sont à se comporter violemment, beaucoup d'élèves se comportent violemment. Attendus qu'ils sont à ne même pas penser à faire autre chose qu'un métier d’exécution à 1 000 euros, beaucoup de familles et d'élèves ne pensent même pas pouvoir faire autre chose qu'un métier d'exécution à 1 000 euros. Attendues qu'elles sont à prendre en charge la majorité de l'économie domestique, la majorité des filles et des jeunes femmes trouvent normal que leur mec ne s'occupe que du strict minimum. A ce propos, la sociologie de la domination parle de mécanismes "d'auto exploitation" : c'est quand les individus, inscrits dans des logiques sociales très puissantes qui ont pour elles la force de l'évidence et la force de la preuve dans l'ensemble du monde social, se conforment et même travaillent à ce qu'ils et elles deviennent ce qu'"on" attend qu'ils et elles deviennent. A ce titre, je trouve admirable de parvenir, à force de travail (que je ne nie pas du tout) à s'extraire des forces déterministes - qui sont une réalité ! Bref, en appeler à la seule responsabilité individuelle me déplaît beaucoup, bien qu'il soit indispensable de le faire. Il faut le faire en sachant aussi reconnaître le fait que ça ne suffit pas : ça peut être d'une violence inouïe pour des élèves ou des personnes que de sans cesse recevoir cette injonction qui peut revêtir un caractère d'impossibilité. Et puis le monopole de cet appel à "se prendre en main" répond très exactement à l'idéologie dominante qui consiste justement en une négation (ou plutôt à une invisibilisation) des effets de structures. Dans cette logique poussée à l'extrême, si les personnes ont une place dans la société qui est pourrie, qui est caractérisée par l'exploitation et la domination à tous les étages, par la survie économique et toutes ses conséquences, c'est... que c'est de leur faute, après tout, elles ne se sont pas "prises en main". Pour revenir sur le concours, je veux rappeler qu'il ne s'agit pas d'externaliser les causes de l'échec en se dédouanant de toute responsabilité dans le fait d'être non admis.
zebu_01 Posté(e) 29 juin 2011 Posté(e) 29 juin 2011 Boogie, je ne nie en aucun cas les effets de structures! Je n'ai pas non plus écrit que celui qui échoue, échoue faute de travail. Ce que j'affirme en tout cas, c'est que si chacun peut s'extraire de sa condition, c'est véritablement à force de travail.
Bubulle0169 Posté(e) 30 juin 2011 Posté(e) 30 juin 2011 Boogie ! Je suis admise sur Lyon ! 61e sur 115, après tant d'efforts, tant d'obstacles, tant de larmes, 2 ans de concours seulement, mais beaucoup beaucoup de galères AVANT le concours crois-moi, ce qui d'ailleurs m'a poussée à vouloir enseigner pour aider comme on m'a aidée, alors je te demande d'y croire, de persévérer, quelles que soient tes origines, tes problèmes, oui je suis fille d'ouvrier, fille d'immigrés, mais la France, mon beau pays, m'a prouvé qu'au moins, ici, on peut réaliser nos rêves, il y a une ascension sociale, si on s'accroche, même si oui, je ne renie pas ce que j'ai dit avant, et oui, j'ai eu bien plus de difficultés que certaines personnes (et moins que d'autres aussi!). Merci à tous ceux qui m'ont soutenue, rêve réalisé, je n'y crois toujours pas. Et ceux qui ont échoué, ne laissez pas tomber, j'ai AUSSI échoué avant de réussir, croyez en vous, persévérez, et ça n'est pas une leçon de "morale" d'une candidate admise.
Carburantbio Posté(e) 30 juin 2011 Posté(e) 30 juin 2011 Pareil pour moi, j'ai réussi enfin, après tant de galères... Et ce malgré mon profil atypique qui ferait bondir Polgar : 36 ans, un simple BTS pour tout bagage et 3 enfants, et avec un beau 19 à mon oral de maths avec ça ! J'envoie 1000 pensées à Piemelia et Zebu dont les posts m'ont beaucoup touchée...
sophie crp Posté(e) 30 juin 2011 Posté(e) 30 juin 2011 Pareil Polgar : je vais rester polie mais j'ai 36 ans et demi, 2 beaux enfants qui dorment, pas de pb d'autorité ni de légitimité, une réelle envie d'enseigner (tellement d'idées, d'envies, que j'ai mises en sommeil) : j'ai fini avec une moyenne de 16,5/20, un 20/20 en oral de français/afe, comme quoi, malgré mon grand $age, je faisais réellement envie... Je vais rester polie pour faciliter le travail des modos mais je veux juste que tu n'en saches pas moins quant à mon mépris vis à vis de ta toute petite personne....
bil Posté(e) 1 juillet 2011 Posté(e) 1 juillet 2011 Bonjour, Pareil je viens d'un milieu modeste, j'ai du travailler dur pour payer mes études depuis l'âge de 16 ans. Alors oui les enfants de cadre réussissent mieux c'est statistiquement indéniable mais si on lit les derniers posts on verra qu'il n'y a pas de fatalité et que justement l'envie de soulevé des montagnes a permis a d'autres que moi dans une situation semblable de réussir. C'est vrai que c'est un concours et qu'on est pas toujours récompensé a la hauteur de son travail mais la persévérance et la remise en cause de sa personne permettent d'avancer et j'ai envie de croire qu'il n'y a pas de fatalité d'ou qu'on vienne on peut réussir meme si oui le chemin est parfois bien plus laborieux pour certains que pour d'autres.
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