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PE dans les banlieues dites "difficiles"


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Posté(e)

Bonjour,

Je crée ce poste car, comme un certain nombre de provinciaux, j'envisage de passer le CRPE dans l'académie de Versailles ou dans celle de Créteil.

Or, dans ces académies, certains coins ont une très mauvaise réputation (drogue, violence...). Des témoignages de PE en place évoquent parfois des classes complétement ingérables dans lesquelles ils est difficile d'enseigner.

Nous pourrions évoquer les choix de société qui ont été opérés ces dernières décennies et leurs conséquences en termes d'inégalités économiques, sociales et de ségrégation sociale et culturelle dans certains quartiers de banlieue parisienne. Cependant, ce n'est pas directement le sujet de ce message.

Certes, les médias s'intéressent surtout à ce qui va mal et non à ce qui va bien comme certaines initiatives positives des habitants de ces quartiers.

Certes, on ne peut pas généraliser : chaque PE est unique, chaque classe aussi, chaque école est différente, chaque ville a ses particularités et les réalités diffèrent fortement selon les départements au sein des académies.

Toutefois, les postes les plus difficiles sont, me semble-t-il, réservés au PE débutants.

Je m'adresse donc en priorité aux personnes en poste dans des écoles "difficiles":

Avec toute la bonne volonté du monde, le désir d'enseigner, d'autant plus à des publics dits en difficulté, de la patience et du respect des élèves et de leurs familles, est-ce que vous avez pu vous adapter à la réalité du métier et du quotidien?

Cette question peut paraître très bête, pleine d'a priori. Je m'en doute. Mais nous avons tous des a priori sur ce (ceux) que nous ne connaissons pas ou que nous connaissons peu.

Quelques témoignages seraient les bienvenus. Je remercie d'avance ceux qui me répondront.

Bonne journée à tous,

Pauline

PS : il est vrai que les banlieues difficiles ne se trouvent pas uniquement en Ile de France.

Posté(e)

moi je suis de Bretagne.. et je suis venue passer le concours dans l'académie de versailles...

Et banlieues difficiles... je n'ai pas vraiment encore connue... si on peut parler de banlieue difficile..

Après il faut que tu sois prête à quitter ta région, pour plusieurs années.. et ne pas avoir en tête de revenir très vite, sinon tu ne seras pas épanouie là bas..

Moi je suis dans le 95, et je m'y sens très bien, j'ai pas prévu de repartir en Bretagne..

Après tu sais, être dans une école très prout prout... c'est pas forcément mieux, car certes les enfants auront moins de difficultés d'apprentissage, mais alors tu vas te payer les parents chiants, et les enfants sont pas forcément mieux niveaux comportements....

Donc à voir...

Posté(e)

J'enseigne dans le 93 depuis 5 ans. Les écoles sont différentes selon les villes. Moi je suis en ZEP, "zone sensible"... bref, l'enseignement est difficile par rapport à la difficulté de communication aussi bien avec les élèves qu'avec les parents. Les différences de valeurs sont assez difficiles pour moi à supporter dues en partie aux différences culturelles pour certains mais aussi et surtout au manque d'éducation des parents envers leurs enfants: "manque de respect aux enseignants" etc... Les parents n'ont plus le rôle de parent comme on l'entend traditionnellement.

J'ai eu une année horrible mais pourtant et heureusement toutes les années sont différentes. Il y a 2 ans j'ai eu une super classe. Mais bon, il est important malgré tout de travailler en équipe dans ces zones je pense. Le soutien entre collègues, les projets sont déterminants.

Si tu ne souhaites pas y rester, il vaut mieux choisir d'autres académies car pour en sortir c'est très long!

Si tu veux y rester ben là il n'y a pas de soucis tu seras la bienvenue dans l'académie de Créteil.

Pour ma part, je veux en SORTIR!!!!!!! ça commence à être usant là pour moi.

Courage et tente quand-même le CRPE dans ton académie d'origine!

Posté(e)

Voici mon petit témoignage... :)

Avant d'avoir ma mutation pour la province, j'ai passé 3 ans dans l'académie de Versailles.

J'ai fait ma T2 dans une cité, en maternelle. Les élèves étaient difficiles, mais je n'en garde pas un trop mauvais souvenir. Je pense qu'il me manquait surtout de l'expérience, car mes collègues ne se plaignaient pas trop.

Par contre, j'ai fait ma T3 au coeur d'une autre cité (zone violence), avec des cycles 3 cette fois ci... L'année a été vraiment difficile. Pas tellement pour moi (j'ai eu la chance de tomber enceinte en cours d'année, et je me suis sentie moins atteignable sur mon petit nuage ;) ), mais pour l'ensemble de l'équipe. (2-3 collègues en dépression).

Nous avons essuyé des insultes, des caillassages, jets de pétards dans la cour de récré (par les élèves ou les jeunes qui trainent autour de la cour).

L'ambiance avec les élèves (surtout les plus grands) était toujours tendue, sur le fil. Dans la cour, il fallait régler les bagarres, les petits trafics... Ca dégénérait parfois violemment.

Enceinte, je me suis pris un coup en séparant deux élèves.

Et le dernier jour d'école, j'ai eu droit à une menace de mort de la part d'un élève que j'empêchais de s'enfuir en escaladant le grillage de l'école.

Et je passe sur les mains courantes déposées par mes collègues, les signalements à l'IEN pour violences physiques ou verbales...

Bref... c'était loin d'être évident...

Pourtant, le directeur était très présent, et imposait du respect. Et à côté de ça, l'équipe enseignante (nous étions 14), très soudée. Ce côté là était très sympa.. c'est indispensable! ;)

Posté(e)

Je suis de Bretagne à l'origine et ai passé le concours sur Versailles. Je suis dans le 95 depuis 3 ans maintenant, j'entame ma 4ème année.

En PE2, je suis allé en stage sur Sarcelles en MS : ca a été un peu sport car des élèves pas toujours élèves, des problèmes de communication mais surtout des malentendus d'ordre culturel ... mais ce n'était pas non plus la zone ! En revanche là où j'ai morphlé c'est au niveau de l'équipe : pas du tout soudée alors quand on dit qu'en ZEP les équipes sont soudée etc, moi je dis oui le plus souvent mais pas toujours.

J'ai fait ma T2 sur Argenteuil, l'école était en ZEP mais tout s'est bien passé - évidemment les CM2 étaient chauds mais je pense que c'est un peu partout ...

Donc oui il y a des coins sensibles mais pas que et puis des écoles difficiles il y en a un peu partout en France je pense, surtout dans les grandes villes.

Si tu veux passer ton concours ici ou à Créteil, il ne faut pas t'arrêter à l'image trop négative qu'on donne à ces deux académies, il faut surtout que tu saches si tu te sens capable de quitter ta région pour quelques années...

Posté(e)

Bonjour,

Je crée ce poste car, comme un certain nombre de provinciaux, j'envisage de passer le CRPE dans l'académie de Versailles ou dans celle de Créteil.

Or, dans ces académies, certains coins ont une très mauvaise réputation (drogue, violence...). Des témoignages de PE en place évoquent parfois des classes complétement ingérables dans lesquelles ils est difficile d'enseigner.

Nous pourrions évoquer les choix de société qui ont été opérés ces dernières décennies et leurs conséquences en termes d'inégalités économiques, sociales et de ségrégation sociale et culturelle dans certains quartiers de banlieue parisienne. Cependant, ce n'est pas directement le sujet de ce message.

Certes, les médias s'intéressent surtout à ce qui va mal et non à ce qui va bien comme certaines initiatives positives des habitants de ces quartiers.

Certes, on ne peut pas généraliser : chaque PE est unique, chaque classe aussi, chaque école est différente, chaque ville a ses particularités et les réalités diffèrent fortement selon les départements au sein des académies.

Toutefois, les postes les plus difficiles sont, me semble-t-il, réservés au PE débutants.

Je m'adresse donc en priorité aux personnes en poste dans des écoles "difficiles":

Avec toute la bonne volonté du monde, le désir d'enseigner, d'autant plus à des publics dits en difficulté, de la patience et du respect des élèves et de leurs familles, est-ce que vous avez pu vous adapter à la réalité du métier et du quotidien?

Cette question peut paraître très bête, pleine d'a priori. Je m'en doute. Mais nous avons tous des a priori sur ce (ceux) que nous ne connaissons pas ou que nous connaissons peu.

Quelques témoignages seraient les bienvenus. Je remercie d'avance ceux qui me répondront.

Bonne journée à tous,

Pauline

PS : il est vrai que les banlieues difficiles ne se trouvent pas uniquement en Ile de France.

J'ai passé le concours sur Créteil et j'ai atterri dans le 93. Mes stages de PE2 ont eu lieu au Blanc Mesnil en maternelle , au milieu des cités avec 8 francophones, mais ça allait.. C'était un stage filé, avec les enfants ( PS) c'était cool, les parents aussi, par contre l'équipe, no commentglare.gif

Ensuite, des stages de 3 semaines à Noisy le Sec en ZEP ( CE1), c'était sensé être dans un quartier chaud mais avec les CE1; ça allait, ils avaient pour habitude d'avoir une maîtresse très sévère, donc ils se tenaient comme à l'armée et m'avaient couvert de cadeaux et dessins lors de mon départ.

Dernier stage à Pavillon sous bois ( CM1), une commune sensée être parmi les 3 plus bourgeoise du 93, et là je suis tombée sur des enfants dissipés qui n'écoutaient pas du tout le titulaire, il n'avait aucune autorité ni crédibilité ( ils lui envoyaient des avions dans son dos, lui répondaient etc) , j'ai réussi avec beaucoup de fermeté et d'outils ( contrat de comportement , débat etc) à instaurer des règles de vie permettant leur respect, mais ils restaient quand même bavards. Ils m'ont dit avoir adoré ce changement d'enseignant et cette instauration de règles et de limites, comme quoi, un peu d'autorité , ça ne déplait pas!

Enfin, une année à Bobigny en maternelle( PS/MS) dans une ZEP, dans les quartiers chauds, des non francophones, un enfant autiste et trisomique sans AVS jusqu'en JUINglare.gif mais j'ai adoré l'ambiance avec les instits, les enfants, les parents, tout!

Tout ça pour te dire que tout dépend où tu tombes et dans ce cas, il faut user de patience et de fermeté, mais c'est possible de tomber dans une école sympa...

Ensuite, j'ai été mutée puisque j'étais du 13, sinon, je serais bien restée dans mon école à Bobigny que j'ai préférée aux écoles embourgeoisées de campagne où j'ai enseigné dans mon département!glare.gif

Bon courage!smile.gif

Posté(e)

Oui tout dépend de l'école où tu tombes dans l'académie. Dans une même zone difficile, 2 écoles à proximité peuvent être complétement différentes au niveau de la difficulté de la gestion des élèves.

L'important c'est l'équipe pédagogique qui doit être solidaire, unie et avoir une forte cohérence dans le fonctionnement de l'école.

Se soutenir, mener des projets communs, montrer aux élèves que la vie de l'école est construite collectivement par l'équipe c'est très important et permet d'affirmer un cadre clair que les élèves recherchent (surtout les perturbateurs).

Pour ça, il faut connaître les écoles et leur équipe avant de demander un poste.

Bon courage pour la suite.

Posté(e)

Je suis en zep depuis que j'ai commencé il y a 7 ans. J'ai surtout fait de la maternelle. Tu veux savoir la meilleure? J'appréhende ma rentrée car justement je ne serai plus en ZEP :lol:... (je n'ai pas choisi, c'est un poste obtenu au placement).

Je trouve qu'en ZEP, comme c'est plus dur, il y a plus de solidarité entre collègues, on se comprend, on s'aide, on se remet en question... J'aime aussi les projets en direction des familles (même si là on sort du cadre strictement scolaire) : les faire participer à la vie scolaire, leur ouvrir les portes des lieux culturels de la ville. Le contact avec les familles est plus direct : le ton peut monter vite, mais tu es aussi très vite adoptée (une maman d'élève a pleuré le dernier jour de classe quand elle a su que je partais! pourtant je n'ai passé qu'un an dans cette école!)

Tout n'est pas rose bien sûr, j'étais un peu tombée des nues quand une remplaçante chevronnée qui avait passé une semaine dans ma classe m'avait dit que j'avais 4 élèves qui, s'il avait été dans une école hors zep, auraient eu des dossiers MDPH pour problèmes de comportement, avec demande d'AVS (en tout cas les enseignants auraient fortement fait pression sur les parents pour qu'un dossier MDPH soit monté). Pour moi, c'étaient juste des enfants "turbulents"... En plus, j'en avais un autre qui avait une AVS qui était bien pire qu'eux!

Tout ça pour dire, que quand on est en ZEP, on a pas les mêmes références au niveau du comportement et au niveau scolaire que quand on est dans un autre milieu.

Comme le disait mon IEN (sa circo comprenait surtout des écoles ZEP + quelques écoles de villages plutôt bourgeois qui s'y étaient retrouvées rattaché certainement parce qu'on ne savait pas où les mettre) : "Que j'aille dans n'importe quelle classe de la circo, en gros les enseignants considèrent qu'ils ont 1/3 d'élèves faibles, 1/3 de moyens, 1/3 de bons. Sauf que les faibles des uns n'ont pas du tout le même niveau que les faibles des autres."

Posté(e)

Comme le disait mon IEN (sa circo comprenait surtout des écoles ZEP + quelques écoles de villages plutôt bourgeois qui s'y étaient retrouvées rattaché certainement parce qu'on ne savait pas où les mettre) : "Que j'aille dans n'importe quelle classe de la circo, en gros les enseignants considèrent qu'ils ont 1/3 d'élèves faibles, 1/3 de moyens, 1/3 de bons. Sauf que les faibles des uns n'ont pas du tout le même niveau que les faibles des autres."

C'est bien vrai ça! :)

Posté(e)

Pendant ma PE1 j'ai été vacataire en classe relais. Le lundi matin, de 9h à 12h je leur faisais 3h de maths :bleh:

J'avais grosso modo 8 ados en pleine rebellion, dont beaucoup avec des hsitoires familiales catastrophiques (viol, partouse à la maison, drogue, plusieurs vivaient en foyer). Ce qui m'a profondément attristé, c'est qu'un bon nombre de ces gamins passe un jour par la case prison...

Cela s'est formidablement bien passé, il y a eu des clashs entre eux mais jamais envers moi. Ce sont des ados qui sont à fleur de peau et un simple regard peut les faire démarrer. Une fois seulement j'ai eu à vraiment hausser le ton et j'ai fait reculer l'ado contre un mur. J'ai la chance de ne pas avoir peur et c'est ce qui m'a sauvé. ILs ont apprécié que je prenne du temps pour eux, ils sont perdus et se sentent honteux de ne rien comprendre, c'est pour ça qu'ils font tant d'histoires. La majorité à a coeur de réussir l'exercice proposé. Ce sont des jeunes vraiment touchants.

Mon directeur me disait qu'il avait beaucoup de mal à trouver des profs pour venir enseigner, car cela fait peur. Il est depuis décédé tragiquement d'une crise cardiaque et j'ai hésité à demander la direction, mais je ne connais pas les rouages (PMI, juges, foyer...) et ça m'a découragé. Peut être que dans quelques années je passerai le cap, je ne sais pas.

Posté(e)

""Avec toute la bonne volonté du monde, le désir d'enseigner, d'autant plus à des publics dits en difficulté, de la patience et du respect des élèves et de leurs familles, est-ce que vous avez pu vous adapter à la réalité du métier et du quotidien?""

JE serais T2 à la rentrée, et comme toi je viens de province. J'avais peur de me retrouver dans ces villes souvent montrées du doigt par les médias. Certes , il y a un contexte social différent , de la violence mais il y a des familles qui vivent très bien dans ces milieux, d'autres qui essaient de s'en sortir .

Je pense que s'adapter, on est obligé de le faire dans n'importe quel milieu. N'ayant pas bpc d'expérience, forcément les débuts sont difficiles, mais c'est difficile pour tout le monde j'imagine, comme l'a dit quelqu'un un peu plus haut, les profs avec plus d'ancienneté n'ont pas l'air de se plaindre et gèrent très bien.

Il y a des avantages ( des familles qui "t'adoptent" plus facilement et te respectent, des enfants qui ont envi d'apprendre (du moins en mater))et des inconvénients( de la violence à l'extérieure de l'école et à l'intérieur qui arrive trop rapidement, des conditions sociales difficiles de certaines familles).

Concernant le niveau, oui je pense qu'on est décalé par rapport à d'autre milieu , peut être + d'enfants en difficultés par rapport à leur contexte familiale, mais aussi des enfants non francophones .

En tout cas je regrette pas mon choix d'être venue dans cette académie même si c'est très difficile d'en sortir....

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