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Quel est le sujet dans la phrase ...?


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Posté(e)

Mais enfin, ce n'est pas sérieux, on ne peut pas décider d'un seul coup de modifier les règles de grammaire !

Bien sûr que le mot "fonction" en maths a quelque chose à voir avec le mot "fonction" dans le langage courant, mais pour autant, il n'est pas superposable !

Les mots en grammaire ont un sens précis, on ne peut pas les modifier à sa guise parce qu'on a envie que ça soit plus logique. Evidemment, si on considère que le sujet est ce dont on parle, on peut considérer que dans "Je suis allée faire une promenade en forêt", on parle d'une promenade en forêt, donc, le sujet est la promenade en forêt.

L'analyse logique d'une phrase ne permet pas de se baser sur le sens uniquement.

Nos élèves ont déjà bien du mal à dissocier le fond de la forme, il ne me semble pas adapté de leur compliquer la vie avec des notions comme celles de "sujet apparent" par opposition au "sujet réel", qui peuvent être utiles en linguistique mais certainement pas en école élémentaire. Encore une fois, cette logique amène à penser que le sujet peut être une notion discutable.

On peut disserter sur la question "quel est le sujet de tel livre ?". On n'a pas à disserter sur la question "quel est le sujet de tel verbe", la réponse est univoque.

Posté(e)

Par ailleurs, je dis que le sujet est le mot ou le groupe de mots qui entraîne l'accord du verbe, ce qui ne veut pas dire que c'est la manière dont il faut le présenter aux élèves de cycle 2.

Le sujet se trouve en posant la question "Qui est-ce qui" ou "Qu'est-ce qui" juste avant le verbe.

Mais il me semble bien évident aussi qu'il ne convient pas de présenter des phrases impersonnelles avant le CM2, ou au plus tôt le CM1, pour analyse grammaticale.

Posté(e)

Merci Archilecture pour votre point de vue. A votre avis, quelle fonction donner au groupe "de magnifiques livres" ? (C'est une question que je me pose, ce n'est pas pour l'enseigner aux enfants).

Posté(e)

Il faut sans doute parler plus simplement là pour des élèves.

"de magnifiques livres" : COD, c'est l'objet dont on parle, on peut le remplacer par le pronom "en" et dire "Il y en a". Trouver le COD en le remplaçant par un pronom "le", "la", "les", "en"... est plus facile pour les enfants.

On ne peut pas remplacer "de magnifiques livres" par un pronom comme "il" qui sera sujet du verbe "a" dans cette tournure de phrase.

Posté(e)

Cela dit, quelles que soient les explications (sujet grammatical ≠ sujet réel, objet grammatical qui est en fait le sujet), je pense qu'on peut tomber d'accord sur le fait qu'il n'y a pas d'urgence à analyser ce type de phrase en école élémentaire.

Si nos élèves savent déjà analyser des phrases où le sujet grammatical est bien sujet sans aucune ambiguïté, ce sera déjà pas mal !

Posté(e)

Ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas question de donner cette phrase à analyser à des élèves de primaire.

Posté(e)

Nous sommes d'accord à 100 % sur ce point, Charivari.

Posté(e)

Bonjour,

Des opinions très divergentes ayant été exprimées dans ce post concernant la fonction sujet, il me semble opportun de rappeler brièvement l’évolution historique de sa définition.

Les premières grammaires françaises, écrites en français, apparaissent au XVIe siècle. Palsgrave, un anglais, écrit en 1530 la première grammaire française. D’autres le suivront. A cette époque, l’analyse grammaticale étant encore balbutiante, on se concentre surtout sur l’accord du verbe avec le sujet, que le grammairien Meigret appelle «le surposé», tandis que le complément du verbe sera appelé «le sousposé», les deux notions étant liées par le verbe. Ainsi, le surposé (donc le sujet) est considéré comme celui qui fait l’action exprimé par le verbe, le sousposé la subissant.

Ce que l’on appelle aujourd’hui le sujet est donc déjà, à cette époque défini par le sens.

Au XVIIe siècle apparaît la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal, qui aura une influence considérable sur les grammaires des XVIIe et XIXe siècles. En effet, les auteurs, Arnauld et Lancelot, confèrent une dimension philosophique à l’analyse linguistique : toute phrase est une forme de jugement, exprimée par le verbe. Le cadre d’analyse n’est donc pas la phrase mais la «proposition» dont les trois termes sont «le sujet», la liaison et l’attribut.

Le sujet est l’objet à propos duquel j’affirme quelque chose, c’est-à-dire ce dont on parle, la liaison est réalisée le verbe, et l’attribut est ce que l’on affirme à propos du sujet. A noter que pour les auteurs, tout verbe dérive du verbe être. Par exemple, «vivre» signifie «être vivant». La grammaire de Port-Royal vient en fait d’inventer l’analyse logique qui trouvera son essor au XIXe siècle.

Au XVIIe siècle, le sujet est donc encore une fois défini par le sens, puisqu’il représente ce dont on parle. On retrouve ici l’opposition thème-prédicat qui existait déjà chez les grecs et les latins.

Au XVIIIe siècle, on reprend et développe l’analyse du sujet telle que les auteurs de la grammaire de Port-Royal l’ont présentée : le sujet est défini par le sens puisqu’il constitue le thème de la phrase, ce dont on parle.

Les grammaires scolaires apparaissent peu à peu, et c’est dans ce cadre que les grammairiens, notamment Restaut, inventent les questions «qui est-ce qui...» permettant de trouver le sujet et «qu’est-ce que...» permettant de trouver le «cas régime» (autrement dit le complément du verbe).

Le grammairien Beauzée commence également à distinguer l’analyse grammaticale (les formes et catégories de mots) et l’analyse logique (le sens) dès lors que l’on est confronté à une phrase complexe. Par exemple, dans la phrase « la gloire qui vient de la vertu est supérieure à celle qui vient de la naissance», «la gloire» est le sujet grammatical de la proposition ; «la gloire qui vient de la vertu» en est le sujet logique : «supérieure» est l’attribut grammatical ; «supérieure à celle qui vient de la naissance» est l’attribut logique.

Au XIXe siècle, les manuels de grammaire scolaire se développent et deviennent de véritables best-sellers. Parmi eux, on trouve celui rédigé par Noël et Chapsal, La Nouvelle grammaire française. Ils reprennent la distinction entre analyse grammaticale et analyse logique : l’analyse grammaticale consiste à définir la nature et la fonction des mots qui composent la phrase, l’analyse logique s’inspire de la grammaire de Port Royal et considère toute proposition comme «l’objet d’un jugement»

Le sujet est, encore une fois, défini sémantiquement : il s’agit d’un nom ou d’un pronom qui «fait l’action marquée le verbe». Ils développent ainsi la distinction entre «sujet apparent» et le «sujet réel». Ainsi, dans la phrase «Il me faut un livre», « le pronom il, mot vague qui signifie ceci, n’est pas le véritable sujet ; il l’annonce, il est le sujet apparent ; mais le sujet réel vient après le verbe».

Au XXe siècle, la nomenclature grammaticale de 1910 donne naissance à ce que l’on a appelé «la grammaire traditionnelle», dont le grammairien le plus célèbre est Grevisse (prononcer Greuvisse, celui-ci étant belge). Il continue à définir le sujet comme «l’être ou la chose qui fait ou qui subit l’action ou qui est dans l’état exprimé par le verbe». Il reprend la distinction entre sujet apparent et sujet réel, parfois appelée «sujet grammatical» et «sujet logique». Cette distinction est justifiée par des phrases telles que «il est nécessaire d’enseigner autrement la grammaire» sont équivalentes à «enseigner la grammaire autrement est nécessaire».

La grammaire moderne, dérivée de courants linguistiques, a beaucoup critiqué cette approche mentaliste qui consiste à définir les fonctions par le sens plutôt que par les propriétés syntaxiques (déplacement, effacement, commutation, etc.) En effet, dans une phrase telle que «il faut enseigner la grammaire autrement», je ne peux pas permuter «enseigner autrement la grammaire» avec le pronom «il». Comme le pronom sujet n’a pas de contenu sémantique, on dira qu’il s’agit d’un pronom «non référentiel» qui occupe la fonction sujet.

Tout cela pour dire qu’il n’y a pas une grammaire mais des grammaires. Les manuels, aujourd’hui, mélangent souvent plusieurs courants d’analyse, d’où certaines confusions terminologiques. Selon moi, l’opposition sujet apparent/sujet réel ne tient pas, car cela revient à définir le sujet sémantiquement. Or cette approche manque de cohérence. Définir le sujet comme étant le mot ou groupe de mots qui impose des accords en nombre et en personne avec le verbe est, me semble-t-il, beaucoup plus simple pour les élèves.

Carole Tisset propose une progression par niveau sur ce thème dans son excellent ouvrage «Enseigner la langue française à l’école».

Posté(e)

merci

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