Racontez moi vos expériences.

[Moodiie]

Bonjour,

Je suis actuellement en L3 et compte faire le master EEM, je fais vraiment ça par vocation et non pas par plan B, j'ai déjà effectué un stage en maternel et j'ai vraiment adoré!

Maintenant il est surement vrai que je vois que le bon côté des choses, l'émerveillement d'enseigner quelque chose, des enfants adorables bref une vie de bisounours!

Si je vous écris c'est donc pour avoir votre propre version de ce métier. Car j'ai eu l'occasion de rencontrer 2 instit' qui m'ont fait extrêmement peur! Comme quoi ni les parents ni les enfants ne vous respectent maintenant, plus de vie sociale, impression de ne vivre que pour l 'EN...

Je le répète je suis très motivée mais lorsque l'on me raconte tout ça et que l'on me dit de changer de voie je me pose des questions...

Vous allez peut être me dire que chaque expérience, chaque personne est différente et c'est vrai! Mais je voudrais quand même avoir vos avis et histoires sur ce sujet!

En vous remerciant!

Maud

[Plume29]

Pour te répondre brièvement; en effet le métier n'est plus aussi respecté qu'avant, les occasions de se mettre en colère sont nombreuses, le métier d'enseignant est très prenant et parfois moi aussi je m'inquiète pour mon épanouissement personnel; et pourtant malgré cela j'aime mon métier tellement il est riche en émotions, en rencontres, en réflexion, en découverte ...!

[boubiz]

Plume29 a tout bien résumé je trouve!

[doucette49]

coucou !

alors, je n'ai pas encore le concours ( pour l'instant admissible à créteil) , je sors tout juste du master, je me souviens donc très très bien de l'époque de la l3 ou je n'avais qu'une hâte: aller à l'iufm pour apprendre mon futur métier, avec la marre des cours type fac. Dans le métier depuis peu (je fais des suppléances depuis plusieurs mois, dans plusieurs écoles, plusieurs niveaux, j'habite à Angers) , je peux donc te donner mon avis de toute jeune prof (car il faut aussi faire attention aux discours nostalgiques du "bon vieux temps " du type : tu as du courage de faire ça aujourd'hui, si c'était à refaire, je ne serais pas enseignant... )

alors perso, il ne faut pas se le cacher, c'est un métier dur, il faut y être préparé avant de s"y lancer, c'est très clair. Je peux te citer une phrase de mon copain qui m'a dit: "quand je t'épouserais, je me marierais aussi avec ton métier et tes élèves " et c'est vrai !!! on ne pense qu'à ça, souvent on rêve de ses élèves, on pleure aussi, quelquefois ... ( à cause des parents notamment) s'ajoute à ça une fatigue énorme en fin de pèriode, donc moins de patience ( je me suis endormie au volant en rentrant de l'école, j'ai failli y passer, à la fête de noël, une collègue a fait un malaise...), les inspecteurs font même des notes par rapport à ça , quelques repas de famille doivent être écourtés car tu as des corrections ou des préparations. tout ça est une réalité, il faut être honnête aucun enseignant ne dira le contraire

mais après, chacun n'a pas la même résistance face à ça: certains vont faire des dépressions, d'autres n'y verront aucun obstacle , moi, j'adore mon métier et ferait clairement tout pour être titulaire ( même vivre seule à paris, loin de mon homme) , et ça, il n'y a que toi qui peux le savoir

[romy]

Pour te répondre, je suis instit depuis 10 ans, j'ai un peu tout fait avant d'avoir un poste définitif, des classes difficiles, spécialisées, des classes top, d'autres moins, des années galères et d'autres formidables... J'aime toujours mon métier, et j'évolue sans cesse ma façon d'appréhender ma classe du coup, je n'ai jamais eu l'impression de m'ennuyer ni d'être dans une routine.

La réalité n'est pas facile, certes, il faut être préparé dans tous les domaines, être organisé et consciencieux si on ne veut pas que les zozos, que sont nos élèves, s'infiltrent dans la moindre faille, il faut s'attendre à peu de reconnaissance des parents la plupart du temps...

Il faut être polyvalent de plus en plus et être à bloc pour faire face à divers obstacles. Les IEN peuvent être de ton côté comme pas du tout, ne t'attends pas vraiment à avoir le soutien et l'aide de notre supérieur EN mais plutôt crée-toi un réseau de collègues, d'entraide en cas de pépins, de questions... Ce n'est que comme ça que tu trouveras tes réponses.

Franchement, votre situation n'est pas simple, encore moins qu'avant. Les élèves changent avec la société, nous n'avons que peu de formation concrète au jour le jour et vous êtes encore moins formés .... mais si tu est motivée, prête à entrevoir aussi le soleil derrière des moments de doutes, tu verras qu'il y a des tas de raisons de s'investir. Moi, la première est d'emmener le maximum d'enfants vers les sommets

Et puis, et surtout, il y a les collègues pour progresser quand on débute. Mais c'est sûr que le monde des bisounours est très loin du réel de l'enseignant. Il faut en être conscient. Ecoute ce que tu souhaites, laisse les mauvaises langues de côté et puis tu te feras ton opinion en travaillant. c'est le meilleur moyen de savoir si tu es faite pour ce métier ou pas.

[Gdine]

10 ans d'ancienneté et je rejoins l'avis de Doucette !

Moi, ce métier c'ést un rêve de gosse, une vraie vocation... Après le bac, je suis partie en école normale en Belgique (je suis frontalière), j'ai appris mon métier pendant 3 ans. Puis retour en France à l'iufm (grosse déprime, j'ai pas aimé l'ambiance)...enfin...

10 ans, plus tard donc... ben j'aime toujours autant mon métier. Mais l'administratif, les changements de programmes, le manque de confiance qu'on nous accorde (état, inspecteur,..) tout ça me fatigue. OUI, il y a des jours, où j'aimerais ne pas penser à mon boulot...

Il faut savoir dire stop, ne pas se mettre la pression en permanence. Ce n'est qu'un métier, la vie de famille passe avant tout ! On donne beaucoup mais on ne reçoit pas autant en retour !

Honnêtement, si c'était à refaire... je sais pas...

[evelynem]

Bonsoir

Après 17 ans, j'adore toujours mon métier, j'ai pris le parti de ma dire que je faisais le max pour mon métier mais qu'il y avait des limites !

Je travaille pour voir progresser tous mes élèves, les parents c'est une annexe, les ien aussi, je bosse, c'est vrai que c'est un métier prenant mais je n'en changerai pas, il est prenant, tu penses très souvent à la classe, à ce que tu pourrais faire, ce que tu dois acheter pour ta séance de sciences ! (elle n'avance pas !!!)

Bref, il faut aussi beaucoup de patience avec tout le monde, car c'est un monde qui change très vite !

ça doit être une passion car sinon le dégout arrive vite !

[Lady Oscar]

Franchement si tu ne fais pas instit' tu feras quoi?

C'est plutôt la fromation que je trouve déplorable: Déjà que je trouve que mes trois ans de licence ne m'ont rien apporté pour mon métier alors 5ans!!! Je n'aurais pas pu faire 5 ans d'études (financièrement impossible) sans certitude d'avoir le concours après et sortir même pas formée pour mon métier. C'est surtout ça qui m'empêcherait de refaire le même métier si c'était à refaire.

J'ai fais 4 ans de suppléances avant de décrocher le concours donc je savais que ça me plaisais et j'ai fait des sacrifices pour y arriver.

Sinon oui les parents peuvent être très pénibles et les enfants sont parfois plus proches du monstre. Le métier n'est pas reconnu et c'est encore pire en maternelle car même certains collègies pensent qu'on y fait rien C'est dificile d'être titulaire de sa classe au début donc les décharge peuvent dégoûtée quand on tombe sur des collègues qui veulent tout imposer. C'est dur aussi de faire face au difficultés des enfanst alors qu'on ne peut rien faire, d'attendre des mois pour avoir de l'aide, de gérer la détresse de certains familles, de passer du temps libres pour la kermesse, les réunions à gogo, le temps de préparation.

MAIS: oui il y a un mais les classes avec des enfants motivés et des parents pas trop casse pieds ça existe, les collègues sympa aussi ça existe et les IEN on ne les voit pas souvent

Je suis en maternelle multi niveaux par choix, à 30 min de chez moi par choix car mon école est correcte malgré un manque de moyen, je travaille beaucoup le soir et le mercredi et le weekend et les vacances mais je ne me vois pas faire autre chose à part gagner au loto!

[Gribouillette]

Je ne suis que T3, j'ai donc peu de recul sur le métier, mais voilà ce que je pense:

Je n'ai pas (du moins, je n'ai plus) l'impression de vivre pour l'école, mais parce que je me suis imposée des limites. C'est un métier qui peut en effet devenir chronophage si on n'y prend pas garde. Or, ma vie privée passe avant le boulot. C'est sûr, ça demande beaucoup de travail, mais si on veut préserver sa vie sociale, on y arrive!

Par contre, enseigner n'est pas aussi sympa qu'on pourrait le penser. Les enfants ne sont pas suspendus à tes lèvres et impatients d'apprendre, non. Tu dois sans cesse maintenir leur attention, jouer un show en permanence, et te battre pour tenter de leur apprendre quelque chose. Et là je parle de classes "normales", sans élèves affreux. Or, des "cas", il y en a maintenant dans presque toutes les classes. Et encore, quand c'est un par classe, ça reste gérable, mais quand c'est 3 ou 4, ça dégoute vite.

Bon, je dresse un portrait un peu noir, mais il faut être préparée à ça je pense (je ne l'étais pas assez).

Il faut dire aussi que j'ai eu pas mal de mauvaises expériences, qui m'ont rendu un peu aigrie je crois!

Et il y a aussi la non considération du métier, par les parents et la toute la société en général, que je trouve très dur à vivre.

[carocoline]

Pour ma part, cela fait 4 ans que je suis titulaire, en zone "éclair" comme ils appellent maintenant les ZEP et je me régale. De temps en temps, je m'arrête, je regarde ces 26 petites bouilles que j'ai devant moi et je me dis que j'ai énormément de chance, que je fais un métier qui me passionne, que le matin j'ai envie de me lever, et que je n'ai pas envie de partir en vacances (même si je suis ravie après de mes vacances ;-). J'ai l'impression de ne jamais faire pareil, j'adore bosser avec de jeunes enfants qui s'émerveillent devant tout, c'est tellement mieux car après, ils sont blasés de tout, et je parle aussi des adultes en général.

Je pense aussi que la vision du métier est très personnel ... Des cas difficiles, j'en ai eu plein, tous les ans ... Et ce sont ceux que je préfère, qui me touche énormément, qui ont le plus besoin de nous, et qui donne aussi énormément. Mais le métier ne se fait pas seul. Il se fait avec une équipe, des parents, une hiérarchie. Je pense que chacun(e) de nous a sa propre expérience. on peut te donner nos points de vue mais comme l'a dit romy, il n'y a que toi qui verra comment tu le vis, sur le moment.

Moi je me sens à ma place !

[Moodiie]

Merci beaucoup pour toutes ces réponses, ça conforte ce que je pensais et comme il me l'a été dit ce n'est qu'en enseignant que je saurai si je suis faite pour ça ou pas

Merci merci!

[Gribouillette]

Des cas difficiles, j'en ai eu plein, tous les ans ... Et ce sont ceux que je préfère, qui me touche énormément, qui ont le plus besoin de nous, et qui donne aussi énormément.

Personnellement, les "cas difficiles" que j'ai eu m'ont effectivement touché énormément : je pleurais tous les soirs.

Ils m'ont également beaucoup donné en effet. Donné beaucoup de soucis et de coups de pieds.

Et les autres enfants aussi ont besoin de nous, notre boulot c'est de s’occuper de tous, et ces enfants là accaparent toute notre attention.

Les enfants qui, quotidiennement, piquent des crises de nerf en balançant les cahiers, trousses et on donnant des coups de pieds partout, fuguent de la classe, se trainent à 4 pattes, déplacent les tables des copains, se couchent sous les chaises, se planquent dans le placard, m'insultent et tabassent les autres, bizarrement, ce ne sont pas mes préférés...