Inertie d'une classe, pas de motivation

[Alet]

Je compatis, ça ne doit pas être simple d'avoir des élèves qui ne répondent pas à ce qu'on leur propose...

Pour ma part, quand j'ai un projet pour la classe par exemple, je fais toujours en sorte d'être moi-même passionnée par ce projet. Ca m'aide énormément à le transmettre si moi-même j'en ai super envie ! Ensuite, j'essaie de me mettre à leur place : si j'étais eux et que je devais écouter mon cours, est-ce que ça me plairait ? Ou ça m'ennuierait ? J'essaie du coup de rendre la chose plus attractive. Quand il y a des leçons moins passionnantes (genre de la grammaire) j'essaie toujours de leur dire "bon je sais que ça n'est pas passionnant mais on en a besoin donc il faut s'y coller et ensuite on pourra faire quelque chose de plus "stimulant".

Je ne sais pas si c'es très académique ce que je vous dis ! Mais forcément quand je suis moins bien et pas motivée, ben ils sont moins bien et pas motivés...

Courage en tout cas, c'est compliqué à gérer tout ça !

[sanleane]

Je précise que j'ai des CP et que certains ont une console de jeu depuis la GS !!!

Chez nous, on constate qu'une bonne majorité des enfants en a déjà une en GS, certains, dès la PS....

Je n'ai connu dans cette école qu'un seul élève dont la seule conversation et préoccupation en dehors de la classe était sa console de ses et les évolutions de ses personnages, pour autant, cela ne l'empêche pas d'être un excellent élève, très curieux, et qui participe.

En vous lisant, je compatis sincèrement, et en même temps, j'ai du mal à me représenter cela, tant cela est à mille lieux de mon vécu.

Comme le dit Alet, l'enthousiasme que peut montrer l'enseignant, peut-être un bon moteur.

Un petit exemple: quand je présente avec enthousiasme les premières pages d'un livre avant de le remettre dans la bibliothèque, je peux être sûr qu'il va finir par passer quasiment entre toutes les mains.

[cquinette]

Qui a volé mes élèves? Une petite description: nous sommes en train de faire une séance découverte pour une nouvelle leçon; si je pose une question, je les vois plonger dans un cahier, regarder ailleurs et bien sûr, aucune réponse; ou alors pendant des explications il y en un qui chantonne, un qui joue avec ses crayons (construction d'avion), un qui fait de la spéléo (à la recherche d'un crayon sous sa table, il est couché sur son siège, la tête sous la table)....J'ai essayé de les motiver en leur faisant faire un exposé par deux .... le résultat est déplorable!

Je pense que c'est:

- un problème d'éducation à la base (les attentes parentales de ce qu'est l'école et les attentes institutionneles de ce qu'est un élève ne sont pas les mêmes); comme l'a dit un parent à une collègue lorsque son enfant était au CP:" Oh, du moment que mon enfant prenne plaisir à venir à l'école, c'est tout ce qui compte".

- un problème de déficit d'attention: génération télé et zapping oblige; ils ne sont plus curieux, n'ont plus le goût de l'effort, et n'ont de respect que pour eux-mêmes (et encore!)

- sont de plus en plus égocentriques, il n'y a qu'eux qui comptent (tout comme pour les parents: il n'y a que leur petite merveille qui compte...)

Je suis assez pessimiste, mais gros soucis à l'école en ce moment et ce métier que j'adore commence à me peser de plus en plus: il y a un décalage de plus en plus grand entre la représentation que j'ai de notre métier et les attentes des parents (du moins dans notre école: il ne faut pas les rappeler à l'ordre, ne pas les gronder, ne pas faire de leçons trop compliquées, les mauvaises notes sont du fait de l'enseignant)...

[helenel]

Je compatis, ça ne doit pas être simple d'avoir des élèves qui ne répondent pas à ce qu'on leur propose...

Pour ma part, quand j'ai un projet pour la classe par exemple, je fais toujours en sorte d'être moi-même passionnée par ce projet. Ca m'aide énormément à le transmettre si moi-même j'en ai super envie ! Ensuite, j'essaie de me mettre à leur place : si j'étais eux et que je devais écouter mon cours, est-ce que ça me plairait ? Ou ça m'ennuierait ? J'essaie du coup de rendre la chose plus attractive. Quand il y a des leçons moins passionnantes (genre de la grammaire) j'essaie toujours de leur dire "bon je sais que ça n'est pas passionnant mais on en a besoin donc il faut s'y coller et ensuite on pourra faire quelque chose de plus "stimulant".

Je ne sais pas si c'es très académique ce que je vous dis ! Mais forcément quand je suis moins bien et pas motivée, ben ils sont moins bien et pas motivés...

Courage en tout cas, c'est compliqué à gérer tout ça !

je fonctionne pareil, mais avec bcp de doutes cette année, vu les retours que j'ai de mes élèves partis en 6ème et qui sont confrontés au collège à des contenus "bruts" sans "emballage" attractif. Du coup, je fais quand même de temps en temps de l'explicite et les projets sont ponctuels, pas systématiques. Après tout il y a des trucs qui sont dans les IO et qui même moi me gonflent (oui, oui, la grammaire!! )

Sinon, je crois aussi qu'il y a une sacrée notion de groupe/phénomène de groupe. L'année dernière, j'avais un "cru" qu'il fallait pas mal tirer, cette année, ce sont des bosseurs, ils sont là pour réussir. Les CE2 à venir par contre, c'est un groupe qui a besoin de "l'emballage" attractif dont je parlais plus haut... il faut composer...

[Alet]

Ah oui mais par contre, je fonctionne toujours en explicite.... mais ça n'est pas incompatible !

[helenel]

Ah oui mais par contre, je fonctionne toujours en explicite.... mais ça n'est pas incompatible !

je sais, mais en projet, souvent, je fais enfiler un camouflage aux notions

[romy]

Je connais aussi ça cette année. J'ai une moitié motivée, une moitié larve. Mais je m'accroche, je booste, motive, met une couche aux parents de temps en temps, fais des projets motivants.

Parfois, avec mes collègues, nous ronchonnons car nous remarquons aussi cette génération bougeotte, zapping et en plus parents qui se fichent de l'école...

c'est un constat, certes. Cependant, je pense qu'il faut s'accrocher justement pour leur montrer que ce n'est qu'à force de persévérer et de se motiver qu'ils arriveront à quelque chose.

[Valda80]

Je me retrouve bien dans vos témoignages! J'ai une classe de GS/CE1 avec 10 ce1 très bavards, absolument pas intéressés par l'école et ce que je leur propose... J'essaye pourtant de mettre en place des situations de découverte ludiques mais rien n'y fait... Je passe mon temps à faire le gendarme et je suis épuisée. De plus, n'étant pas du tout autonomes, je délaisse beaucoup (trop) mes GS pour être avec les ce1. Bref, vivement l'année prochaine parce que là, je ne prends vraiment aucun plaisir à enseigner.

[nicolasd.22]

J'essaye pourtant de mettre en place des situations de découverte ludiques mais rien n'y fait...

Alors cesse de mettre en place des situations ludiques. Qui ne font qu'amuser les élèves et les détourner de l'effort, du courage...

Explication, exemple par la maîtresse, re-explication puis travail individuel des élèves non ludique: copier copier copier...

Ils n'apprendront peut être pas mieux mais en tout cas pas plus mal et en te prenant moins la tête...

Bon courage.

[genevièveT]

Je vois que c'est un constat que nous sommes nombreux-ses à partager.

Certains propos des parents sont malheureusement le reflet d'une certaine réalité : pour ces personnes, soit par constat soit par vécu personnel, l'école ne semble pas/plus être un lieu qui garantit la réussite des enfants! Ils ne voient donc pas ce que leurs enfants vont y trouver, il y a donc une démobilisation, un désinvestissement à la maison et nous, nous entendons les propos relatés ci-dessus.

Après, cet aspect des choses ne concerne qu'une partie de la population; une autre, au contraire, sur-investit plutôt l'école et peut-être démobilise les enfants en étant tout le temps sur leur dos ?

Ce qui reste, dans toutes les familles (ou presque) c'est la présence et le temps d'utilisation des écrans en tout genre. Il y a avait ce matin, sur France Inter une émission sur ce sujet. L'invité, Michel Desmurget, est docteur en neurosciences. Il travaille depuis quelques années sur l'influence des écrans sur les jeunes enfants. Les conclusions de ses travaux, telles qu'il les présentait ce matin, sont effrayantes : affaiblissement de l'imagination, concentration en baisse vertigineuse, appauvrissement du langage, perte ou non acquisition du goût de l'effort, comportement attentiste et passif, diminution de l'esprit critique.... Bref, que des choses que nous observons aussi en classe avec nos élèves.

Après, cela ne doit pas nous bloquer, je pense qu'il est nécessaire d'en parler avec les parents; c'est ce que je fais chaque année lors de la réunion de rentrée mais ça ne passe pas toujours bien ; les réactions ne sont pas enjouées,je dois dire, les parents me demandent souvent de quoi je me mêle!

[oursbleu]

Juste une petite piste sur le sujet en tant que parent. J'ai un petit bonhomme dont je sais qu'il ne participe pas en classe. Mais la raison principale n'est ni un manque de motivation, ni un désintérêt, ni un manque d'imagination mais une véritable "phobie" de l'erreur. Il préfère se taire plutôt que se tromper. S'il n'est pas sûr à 100% de sa réponse parce que cela correspond à quelque chose de déjà fait, il ne lévera pas le doigt. Il a peur d'avoir faux.

Il ne posera pas non plus de questions en classe: il rapporte ses questions à la maison, aussi bien sur ce qu'il n'est pas sûr d'avoir compris, que sur des points de curiosité. Par exemple, quand il a eu l'occasion de lire le mot parpaing, il m'a demandé s'il y avait d'autres mots de cette famille et d'où venait le mot. Il n'oserait pas poser la question à son maître...

Je ne dis pas que tous les enfants sont comme le mien mais s'il y en a plusieurs du même genre dans la classe, c'est autant de loulous silencieux qui ne veulent pas faire de vagues...

[Théoboulo]

Juste une petite piste sur le sujet en tant que parent. J'ai un petit bonhomme dont je sais qu'il ne participe pas en classe. Mais la raison principale n'est ni un manque de motivation, ni un désintérêt, ni un manque d'imagination mais une véritable "phobie" de l'erreur. Il préfère se taire plutôt que se tromper. S'il n'est pas sûr à 100% de sa réponse parce que cela correspond à quelque chose de déjà fait, il ne lévera pas le doigt. Il a peur d'avoir faux.

Il ne posera pas non plus de questions en classe: il rapporte ses questions à la maison, aussi bien sur ce qu'il n'est pas sûr d'avoir compris, que sur des points de curiosité. Par exemple, quand il a eu l'occasion de lire le mot parpaing, il m'a demandé s'il y avait d'autres mots de cette famille et d'où venait le mot. Il n'oserait pas poser la question à son maître...

Je ne dis pas que tous les enfants sont comme le mien mais s'il y en a plusieurs du même genre dans la classe, c'est autant de loulous silencieux qui ne veulent pas faire de vagues...

+1 avec mon loulou qui pourtant travaille bien et qui est en GS! S'il n'est pas sûr à 100%, il ne dit rien et il est aussi timide.

Ce n'est pas un manque de motivation car c'est un enfant TRES curieux et qui s'intéresse énormément à tout mais c'est sa nature depuis petit. Il se lance qu'une fois qu'il a observé, intégré et qu'il est sûr de lui. J'essaye de dédramatiser l'erreur, de lui dire que c'est pas grave d'avoir des points orange ou rouges (alors qu'il a des verts tout le temps) de lui dire qu'il vaut mieux parler même si l'on se trompe etc...et ça va mieux en classe. J'essaye de lui faire prendre confiance en lui mais ce n'est pas facile du tout. Et pourtant, je ne pense pas être derrière lui et lui mettre la pression. Je pensais qu'il était différent à l'école mais la maitresse m'a rapporté le contraire donc on fait comme on peut pour le débloquer un peu et qu'il soit à l'aise l'année prochaine...