que faire avec des élèves "déstabilisants"?

[bluelullaby]

Eva, tu as quel niveau ? Tu sembles avoir des cycle 2. J'ai l'impression que nous avons exactement le même gamin !

[Eva38]

J'ai des CP. Les parents... la mère ne dit rien mais alors rien, je ne la vois même pas. Et le père il fait ce qu'il peut il n'a son fils une semaine sur deux que depuis 4 semaines. Avant il n'était que chez sa mère.

Demain je dois y retourner j'ai passé la journée à pleurer.

[audreyg]

Bonsoir!

Il y a un moment que je n'étais pas venue sur le forum, et je remarque que le sujet que j'avais lancé continue d'avancer. Ce qui est rassurant (façon de parler, bien entendu), c'est de voir le nombre(affolant) de situations plus ou moins similaires à celle que j'ai vécue.

Voici un petit récpitulatif de ce qui s'est passé dans ma classe/école depuis le dernier message que j'ai posté:

- je rappelle juste que mon IEN m'avait interdit de faire quoi que ce soit en rapport avec l'école pendant les vacances d'hiver, de me reposer, de m'occuper de ma famille, etc

- rencontre avec les parents du plus "chieur" des gamins (que nous appellerons élève A.), parents conscients des problèmes et qui veulent aller dans mon sens

- mi-mars, mes autres collègues étaient partis en classe de mer, j'étais donc seule dans l'école avec mes terreurs qui m'en ont fait voir de toutes les couleurs. (Inutile de préciser qu'au retour de classe de mer, personne ne m'a demandé comment cela s'était passé pour moi).

- je continue à me débrouiller tant bien que mal à faire classe...

- fin mars, l'élève A., de lui-même, vient me présenter des excuses pour tout ce qu'il m'a fait subir depuis début janvier. A partir de là, on a pu instaurer tous les deux une relation de confiance, où le gamin a commencé à se confier... + des nouvelles tensions entre mes élèves déstabilisants (certains n'assumant pas leurs actes, surtout auprès de leurs parents, et se faisant victimiser)

- début avril, je rencontre mon IEN avec le directeur de l'école. L'IEN me demande comment je me sens (dans ma classe, perso...), me propose de mettre en place un suivi avec la conseillère péda, et demande au directeur si les problèmes que j'ai dans ma classe relève de la didactique ou de la pédagogie. Et là, le directeur qui répond: "d'un point de vue didactique, il n'y a strictement rien à redire; c'est juste la pédagogie où il y a tout à revoir." (propose que j'ai trouvés sympas et remotivants!!!!!)

- mi-avril (donc juste avant les vacances de Pâques), alors que le calme et le travail commençaient à revenir dans la norme, la conseillère péda (qui me connaît) vient passer une la matinée dans ma classe. Au final, elle m'a dit qu'il n'y avait rien à dire sur ma pédagogie, que tout allait bien. Le problème vient des enfants et des parents (génération qui ne va pas dans le sens de l'école). Elle m'a expliqué quelques petits trucs que tout enseignant a parfaitement le droit de faire pour pouvoir se protéger: se mettre en arrêt maladie, stopper la classe et appeler le 15 quand coup donné par un enfant... Bref! Sa venue (que je craignais un peu du fait des propos du directeur) m'a reboostée; ça fait du bien de sentir qu'on n'est pas de la M.....

- retour des vacances de Pâques: un retour à la norme du calme et du travail. Mon élève A. continue son travail sur lui-même (ce n'est pas facile tous les jours) et a même présenté, de lui-même, des excuses à l'ensemble de la classe!

- la semaine dernière, une réunion où étaient invités tous les parents de ma classe, ainsi les délégués parents, le directeur, réunion présidée par mon IEN qui a bien recadré les choses, qui a bien expliqué que le problème ne venait pas de moi, mais des enfants qui sont méchants (et qu'il relevait donc du rôle des parents de les recadrer), et qu'il est tout a fait normal qu'un enseignant se trouve à un moment ou un autre dans sa carrière face à un moment de cohorte.

Voilà! j'ai envie de dire, que les choses commencent à se remettre en place, même si je ne prends plus plaisir à venir dans ma classe.

Maintenant, j'attends la réponse pour mon ineat/exeat (mais j'ai un mauvais pressentiment; je m'attends à refaire une année dans cette école...). Sinon, j'ai appris aujourd'hui, que l'an prochain je n'aurai plus les CM1/CM2, mais les PS/MS. Je suis à la fois soulagée de savoir que je n'aurai plus mon groupe d'élèves durs, et à la fois inquiète, car je n'ai jamais eu d'aussi petits (jusqu'à présent, je n'ai eu que des collégiens et du cycle 3). Me reste plus qu'à faire des recherches sur le forum...

Donc, je pense à Clumby, ne t'inquiète pas. Tu es dans ton droit de faire état de la situation à ton IEN et tes conseillers péda. Ils sont justement là pour pouvoir t'aider à trouver des solutions, surtout quand tu n'as pas le soutien de tes collègues.

[bluelullaby]

quelle note positive ! c'est super Audrey ! et rassurant de voir que cela peut se passer comme ça ! Incroyable, le retournement de situation pour ton élève A !

Quand on n'a pas confiance en soi, il est clair qu'on doute beaucoup et qu'on se remet beaucoup en question face à ces élèves difficiles... Perso l'inspecteur est venu m'inspecter en début d'année, et m'a juste dit que c'était pas normal de ne pas avoir le silence dans ma classe au bout de 8 ans d'ancienneté.... Aucun conseil.

Tu verras les petits c'est super, en tout cas moi j'ai adoré, je donnerai tout pour y retourner d'ailleurs !

[nainess]

Super Audrey! Ca donne envie une belle évolution comme ça! Plus qu'une vingtaine de jours travaillés, allez!

Aujourd'hui ici, insupportables (malgré les évaluations nationales, de toute façon la plupart s'en fichent...). Et l'un des terribles en est venu à me menacer. Allez hop chez la directrice (CP)! Mais pfff ça me gave de faire ça... (il y en avait déjà un dans le couloir, et même pas la peine d'espérer en mettre plusieurs dans le couloir )

Bluelullaby, abusé l'inspecteur qui critique sans réel conseil!

[Rosemonde]

Oui, très contente pour toi Audrey. Je me souviens, dans tes précédents messages, que tu n'avais pas le soutien des adultes autour de toi. Est-ce que je me trompe ?

Et puis cette conseillère a compris le problème. Je crois que l'on a besoin de ça, que l'on ne nous enfonce pas encore plus mais, au contraire, que l'on nous déculpabilise. C'est super important.

Moi aussi je vais être en maternelle et j'ai commencé à demander des conseils dans la rubrique maternelle du forum. Mais je l'ai choisi. J'espère avoir des GS. On verra...

[Eva38]

C'est vraiment la galère ici. Vendredi il a essayé de me mordre, il m'a provoquer toute la journée, j'ai passé 5mn à lui courir après à 11h30, il a regardé les filles se rhabiller à la piscine. Aujourd'hui c'est à peine mieux propos insultant "elle va me faire chier longtemps" en parlant de moi. Il chante dans la classe, donne les réponses aux exercices en criant dans la classe... Après une journée comme celle ci je n'ai qu'une envie démissionner.

[bluelullaby]

comme Eva, plus les jours passent pire c'est. J'espère sincèrement que l'an prochain je n'en aurai pas 27, c'est très difficile en double niveau.

J'ai toujours mon asticot qui ne tient pas en place, agresse les autres (bon au moins lui il est suivi psychiatriquement et sous médicaments, et on a fait une demande d'avs).

Un autre qui parle tout le temps à voix haute, donne son avis, ne tient pas en place (enfant précoce). Je l'occupe avec du ce1 mais il y a des jours où il est tellement parasité par son comportement que c'est pas possible de travailler. Cet aprem il n'a rien fait à part écrire ses devoirs, il hurlait après les autres, j'ai fini par le mettre dans la classe de ma collègue 1/4 avant la récré, je ne tenais plus. Après la récré il était encore pire, il a essayé de courser un autre dans la classe en criant "je vais te défoncer la tête ! si j'avais un fusil, je te démolirai !" etc etc. Je l'ai sorti pour le calmer.

Un autre qui ne fait absolument rien : il est totalement immature, il ne peut que jouer (je ne dis même pas "veut" car c'est concrètement pas possible pour lui de travailler, il est pas du tout dans un fonctionnement "d'élève") : j'ai demandé le redoublement, les parents ont refusé.

Un autre qui me parle comme si j'étais son chien, qui ne fait que ce qu'il veut en classe. Concrètement, en ce moment, il s'assoit par terre avec l'enfant numéro 3 qui ne fait rien, et ils jouent sous les tables.

Aujourd'hui, je lui ai demandé de se relever en lui attrapant l'épaule et j'ai eu le malheur de frôler son oreille, il m'a direct menacée de le dire à ses parents et c'est ce qu'il a fait dès l'heure de la sortie, le père est venu me crier dessus.

Et les 23 autres : parlent tout fort, s'interpellent.... pas de "grosses bêtises" mais pénibles quoi... j'ai eu du mal à faire ce que j'avais prévu aujourd'hui, arrivé à midi il n'y avait plus personne. c'est déprimant....

[Crispy]

Bonjour,

j'ai suivi l'évolution de ce sujet sans intervenir sur ma situation et je le fais aujourd'hui car, arrêtée pour une semaine, je culpabilise.

En effet, j'ai récupéré en cours d'année une classe très difficile en ZEP 5 (un CE2-CM1 avec deux non-lectrices et un mini-effectif). Je ne devais rester que quelques semaines mais les brigades appelés ont tous refusé et j'ai donc hérité de cette classe malgré le fait que je sois T1.

Les problèmes sont nombreux : violence entre élèves, manque de respect, provocations à mon égard et attaques limite personnelles, quasiment aucune reconnaissance (je suis toujours traitée comme la remplaçante), absence de travail pour beaucoup d'élèves, montées et descentes d'escaliers qui durent, niveau sonore qui monte très rapidement.

L'équipe me soutient, me valorise car ils connaissent la composition de la classe qu'ils critiquent et savent comment les choses se passaient avec la titulaire avant moi. Ils étaient contents de voir que c'était moi qui allait garder la classe. Heureusement, car même si je sais que la classe est plus que difficile, je commence à me questionner sur ma capacité à tenir une classe sur la durée.

Pendant un moment, j'ai vu une nette amélioration et là j'ai l'impression que tout retombe. Peut-être ai-je oublié comment ils étaient? En tout cas, ils m'épuisent et m'insupportent même si j'arrive à garder mon calme.

Depuis le retour des vacances, je me suis demandé comment j'allais tenir sans arrêt (j'en ai parlé plusieurs fois avec mes collègues qui comprennent, d'après certains, je ne me plains pas assez). Et j'ai l'impression que le "n'importe quoi" ambiant de la classe contamine aussi les quelques "mignons".

La semaine dernière n'a pas été la pire avec la classe (à l'exception de mardi qui a été une très dure journée). Mais, j'ai senti le directeur me lâcher peu à peu et il a fini vendredi en me disant "il va absolument falloir recadrer car là ça ne va plus.". Cela m'a d'autant plus affectée qu'en séparant une bagarre en classe entre deux élèves, j'ai reçu un coup au visage (involontaire et sans trace) et que le directeur a (je pense) oublié d'intervenir. Du coup, l'élève en question a passé l'après-midi en classe à mettre le bazar et ne m'a présenté d'excuse ni n'a été "grondé".

Suite à la conversation avec le directeur, j'ai craqué et décidé d'aller chez le médecin.

J'ai rencontré mon nouveau médecin qui m'a arrêtée pour la semaine, même si je n'ai pas de souci de santé apparent. J'ai été très soulagée de son verdict et je me suis immédiatement sentie beaucoup mieux.

Je sais que j'en ai besoin pour récupérer afin de finir l'année correctement, elle ne m'a pas arrêtée pour rien et tout mon entourage (famille, amis profs et non profs) m'a dit que j'avais bien fait et m'encourage à profiter de cette semaine pour me vider la tête. Seulement, je culpabilise parce que je me sens aller mieux et ça me fait étrange de ne pas travailler.

De plus, je crains la réaction du directeur à mon retour.

Merci de m'avoir lue.

[karene]

C'est vraiment la galère ici. Vendredi il a essayé de me mordre, il m'a provoquer toute la journée, j'ai passé 5mn à lui courir après à 11h30, il a regardé les filles se rhabiller à la piscine. Aujourd'hui c'est à peine mieux propos insultant "elle va me faire chier longtemps" en parlant de moi. Il chante dans la classe, donne les réponses aux exercices en criant dans la classe... Après une journée comme celle ci je n'ai qu'une envie démissionner.

Moi, je crois que je ne l'emmènerai plus à la piscine, il est dangereux, il ne respecte pas les règles (de sécurité et les règles tout court), bah il ne sort plus de l'école.

Tant pis ........Mais est ce possible?

Je suis peut être trop dure et pas assez psychologue (une maman en colère me l'a dit , je ne décolère pas après tout ce que le gamin a fait et surtout tout ce que j'ai mis en place pour lui. Elle était très psychologue quand il lui a rayé son bel écran de télévision , j'ai oublié de lui rappeler.)

Courage à toi,

[Rosemonde]

On ne s'arrête jamais pour son petit plaisir Manooosh, quand on s'arrête c'est que l'on sent que ce n'est plus possible.

Et ça fait un bien fou !

Ne t'arrête pas à ce que t'a dit ton directeur. Je sais que c'est très difficile de ne pas tenir compte de l'avis des autres... Je suis pareil... Mais tant pis, son avis, c'est son avis, mais il n'y a que toi qui sait ce qui est bien pour toi.

On a métier qui peut être passionnant mais qui peut être extrêmement difficile !

J'ai repris, je prends plus de distance, mais quand même, je fais le décompte des jours.

[nadege]

J'ai aussi repris début mai après 3 mois d'arrêt pour dépression, et comme beaucoup de collègues l'ont dit ici, malheureusement on rencontre de plus en plus de classes difficiles, et tellement peu de soutien ...

Et ma fille qui veut être maîtresse Je vais tout faire pour la faire changer d'avis !! (ça va j'ai le temps, elle n'a que 7 ans